La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.



Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager
Danse

"Voces, suite flamenca"… Hommage d'une étoile du flamenco aux grandes figures de son Art

"Voces, suite flamenca", Théâtre des Champs-Élysées, Paris

Sara Baras rend hommage aux grands artistes qui ont laissé leur empreinte dans l'histoire du Flamenco. Dans des solos marqués par les différents rythmes de ses taconeos, la danseuse déploie une chorégraphie faite d'énergie, de grâce et de tension maîtrisée.



© Vincent Pontet.
© Vincent Pontet.
Une lumière bleue obscure baigne la scène où apparaissent six panneaux sur lesquels sont dessinées Santana de Yepes, Paco de Lucia, Camarón de la Isla, Antonio Gades, Enrique Morente et Moraíto Chico. En arrière-scène sont situés deux guitaristes, deux musiciens de cajón et trois chanteurs.

Le spectacle rend hommage aux différentes figures, chanteurs, guitaristes ou danseurs, qui ont marqué l'histoire du Flamenco et le parcours artistique de Sara Baras. À tour de rôle, chacun d'eux, à chaque chorégraphie et par le biais d'un enregistrement sonore, prend la parole. Nous nous retrouvons devant les artistes traditionnelles et modernes qui ont consolidé, popularisé ou fait évoluer le Flamenco.

Le spectacle montre un large panorama des rythmes flamencos, du plus vif au plus lent avec différents compás (1), libres, réguliers ou alternés comme entre autres le Tientos, la Soleá, la Soleá por Bulería, la Farruca, la Seguirilla, la Llama ou encore la Taranta.

© Vincent Pontet.
© Vincent Pontet.
Sara Baras déploie un Flamenco fait de tensions et d'énergie. Faisant du taconeo (2) la base essentielle de son jeu, ses bras donnent à sa gestuelle une allure énergique et presque immobile au niveau du tronc quand ses taconeos donnent du mouvement et de la rapidité à sa danse. Elle arrive à créer différents rythmes de taconeos en attaquant les solos de façon vive et rapide. Sa force réside dans le fait de pouvoir moduler la vitesse de ses taconeos. La gestuelle des bras a deux amplitudes de jeu avec des mouvements amples, élevés bien au-dessus de la taille ou beaucoup plus serrés, tendus et maintenus au niveau de la taille.

Les mouvements des bras de José Serrano ont des amplitudes aussi ouvertes que serrées. Il déploie une force et une dextérité autant technique que gracieuse dans ses solos avec des taconeos d'une amplitude, du talon au sol, légèrement plus grande que Sara Baras. Nous sommes dans une tension perpétuelle qui ne se relâche pas.

Le parti pris artistique de Sara Baras est de jouer sur la tension du Flamenco en délaissant les mouvements ondulés des bras. Elle prend à rebours l'attitude de la danseuse flamenca en la déshabillant de sa féminité.

© Vincent Pontet.
© Vincent Pontet.
Les taconeos de Sara Baras sont très rapides et deviennent autant un instrument de rythme que de déplacement. Ainsi, les taconeos ont une vertu rythmique et de mouvement. Ils deviennent aussi le point d'entrée d'un solo quand la danseuse les fait démarrer sur une flexion arrière pour les déplacer aussitôt vers l'avant, leur donnant ainsi un mouvement rotatif.

Les taconeos ont une place prépondérante dans les chorégraphies de Sara Baras. C'est sur ceux-ci que ses solos démarrent, se prolongent et finissent avec une gestuelle des bras plutôt anguleuse et assez proche du corps. Le tout est allié à la fougue et à la grâce... Et à une technique que les grandes personnalités du Flamenco auraient sans doute appréciée à sa juste mesure.

(1) Un compás est un schéma rythmique présent dans chaque chant Flamenco et est basé sur une mesure (4, 8 ou 12 temps) et sur des temps forts.
(2) Le taconeo est le mouvement de tape du talon sur le sol que font les danseurs donnant un rythme à leur danse.

"Voces, suite flamenca"

© Vincent Pontet.
© Vincent Pontet.
Sara Baras Ballet Flamenco.
Direction artistique et chorégraphie : Sara Baras.
Lumières : Oscar Gomez de los Reyes.
Danseuse : Sara Baras.
Danseur invité : José Serrano.

Sara Baras Grupo Flamenco :
Keko Baldomero, directeur musical.
Keko Baldomero, Andrés Martínez, guitares.
Antonio Suarez Salazar, Manuel Muñoz, percussions.
Rubio de Pruna, Israel Fernández, Miguel Rosendo, chanteurs.
Danseurs : Cristina Aldón, Charo Pedraja, Maria Jesús García, David Martín, Alejandro Rodriguez, Daniel Saltares.
Durée du spectacle : 1 h 30.

© Vincent Pontet.
© Vincent Pontet.
Du 22 décembre 2014 au 11 janvier 2015.
Du lundi au samedi à 20 h, le dimanche à 17 h.
Dimanche 11 janvier 2015 : 17 h et 20 h.
Relâches : jeudi 1er janvier et mardi 6 janvier 2015.
Théâtre des Champs-Élysées, Paris 8e, 01 49 52 50 50.
>> theatrechampselysees.fr

Safidin Alouache
Mardi 30 Décembre 2014

Théâtre | Danse | Concerts & Lyrique | À l'affiche | À l'affiche bis | Cirque & Rue | Humour | Festivals | Pitchouns | Paroles & Musique | Avignon 2017 | Avignon 2018 | Avignon 2019 | CédéDévédé | Trib'Une | RV du Jour | Pièce du boucher | Coulisses & Cie | Coin de l’œil | Archives | Avignon 2021 | Avignon 2022 | Avignon 2023 | Avignon 2024 | À l'affiche ter





Numéros Papier

Anciens Numéros de La Revue du Spectacle (10)

Vente des numéros "Collectors" de La Revue du Spectacle.
10 euros l'exemplaire, frais de port compris.






À Découvrir

•Off 2024• "Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
14/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• Lou Casa "Barbara & Brel" À nouveau un souffle singulier et virtuose passe sur l'œuvre de Barbara et de Brel

Ils sont peu nombreux ceux qui ont une réelle vision d'interprétation d'œuvres d'artistes "monuments" tels Brel, Barbara, Brassens, Piaf et bien d'autres. Lou Casa fait partie de ces rares virtuoses qui arrivent à imprimer leur signature sans effacer le filigrane du monstre sacré interprété. Après une relecture lumineuse en 2016 de quelques chansons de Barbara, voici le profond et solaire "Barbara & Brel".

© Betül Balkan.
Comme dans son précédent opus "À ce jour" (consacré à Barbara), Marc Casa est habité par ses choix, donnant un souffle original et unique à chaque titre choisi. Évitant musicalement l'écueil des orchestrations "datées" en optant systématiquement pour des sonorités contemporaines, chaque chanson est synonyme d'une grande richesse et variété instrumentales. Le timbre de la voix est prenant et fait montre à chaque fois d'une émouvante et artistique sincérité.

On retrouve dans cet album une réelle intensité pour chaque interprétation, une profondeur dans la tessiture, dans les tonalités exprimées dont on sent qu'elles puisent tant dans l'âme créatrice des illustres auteurs que dans les recoins intimes, les chemins de vie personnelle de Marc Casa, pour y mettre, dans une manière discrète et maîtrisée, emplie de sincérité, un peu de sa propre histoire.

"Nous mettons en écho des chansons de Barbara et Brel qui ont abordé les mêmes thèmes mais de manières différentes. L'idée est juste d'utiliser leur matière, leur art, tout en gardant une distance, en s'affranchissant de ce qu'ils sont, de ce qu'ils représentent aujourd'hui dans la culture populaire, dans la culture en général… qui est énorme !"

Gil Chauveau
19/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• "Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles…

… face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
26/03/2024