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Nomination de Jūratė Trimakaitė et Marie Godefroy à la direction du Tas de Sable - Ches Panses Vertes, Centre national de la marionnette de Rivery - Amiens  15/11/2024

"Le petit musée des horreurs (dites) ordinaires" de Fanchon Guillevic © Aurélien Frérot.
Rachida Dati, ministre de la Culture, en plein accord avec Alain Gest, président d'Amiens Métropole, de Stéphane Haussoulier, président du Conseil départemental de la Somme et de Xavier Bertrand, président du Conseil régional des Hauts-de-France, a donné son agrément à la proposition du conseil d'administration du Tas de Sable - Ches Panses Vertes de nommer à sa direction Marie Godefroy et Jūratė Trimakaitė.

Âgées respectivement de 37 ans et 40 ans, Jūratė Trimakaitė et Marie Godefroy sont toutes deux diplômées de l'École Supérieure Nationale des Arts de la Marionnette (8e et 9e promotion). Elles ont également bénéficié d'un compagnonnage au Tas de Sable - Ches Panses Vertes. Marie Godefroy, enfant d'Amiens, a un fort attachement au territoire et aux marionnettes traditionnelles picardes de Lafleur. Depuis une dizaine d'années, elle a cocréé, au sein du collectif Projet D implanté en Bourgogne-Franche-Comté, plusieurs spectacles de théâtre de rue. Jūratė Trimakaitė, quant à elle, développe son cheminement artistique à l'échelle internationale. Elle partage son travail entre la France et la Lituanie. Depuis 2023, elle transmet également sa pratique au sein du Conservatoire à Rayonnement Régional d'Amiens.

En s'appuyant sur la récente labellisation du Tas de Sable - Ches Panses Vertes en tant que Centre National de la Marionnette, Jūratė Trimakaitė et Marie Godefroy continueront d'œuvrer au rayonnement de la structure sur le territoire des Hauts-de-France grâce à la saison itinérante Marionnette en Chemins, dont la programmation se déploie en zone rurale, et au festival biennal MFest qui s'attache à célébrer la diversité des arts de la marionnette.

Elles développeront de nouvelles coopérations régionales et nationales, notamment autour du volet spécifique "marionnette et espace public", fortement lié à l'histoire de la ville d'Amiens et des coopérations internationales avec le Sénégal, la Belgique, le Royaume-Uni, l'Allemagne, la Slovénie ou encore la Lituanie. Sensibles à la question de la recherche, elles proposeront la création de laboratoires artistiques internationaux et de temps de réflexions communs sur la pratique des marionnettistes.

Grâce à la marionnette, elles souhaitent mettre en valeur des thématiques sociales variées, en donnant la parole à des voix marginalisées ou peu représentées. Enfin, elles renforceront le pôle formation, qui représente déjà un champ d'action important avec la classe marionnette en convention avec le C2R d'Amiens Métropole, afin de faire du Tas de Sable - Ches Panses Vertes un tremplin vers la professionnalisation des jeunes générations d'artistes.

La Ministre tient à rendre hommage aux codirecteurs et fondateurs du Tas de Sable - Ches Panses Vertes, Éric Goulouzelle et Sylvie Baillon. Cette dernière est largement reconnue par l'ensemble de la profession pour son engagement sans faille en faveur du développement des arts de la marionnette, tant au niveau régional que national.

>> letasdesable-cpv.org

Photo : "Le petit musée des horreurs (dites) ordinaires" de Fanchon Guillevic – artiste compagnonne du Tas de Sable Ches Panses Vertes (CNMa) –, les 9 et 10 janvier 2025 à la Maison du Théâtre d'Amiens © Aurélien Frérot.
La Rédaction

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"Bienvenue Ailleurs" Faire sécession avec un monde à l'agonie pour tenter d'imaginer de nouveaux possibles

Sara a 16 ans… Une adolescente sur une planète bleue peuplée d’une humanité dont la grande majorité est sourde à entendre l’agonie annoncée, voire amorcée diront les plus lucides. Une ado sur le chemin de la prise de conscience et de la mutation, du passage du conflit générationnel… à l'écologie radicale. Aurélie Namur nous parle, dans "Bienvenue ailleurs", de rupture, de renversement, d'une jeunesse qui ne veut pas s'émanciper, mais rompre radicalement avec notre monde usé et dépassé… Le nouvel espoir d'une jeunesse inspirée ?

© PKL.
Sara a donc 16 ans lorsqu'elle découvre les images des incendies apocalyptiques qui embrasent l'Australie en 2020 (dont l'île Kangourou) qui blessent, brûlent, tuent kangourous et koalas. Images traumatiques qui vont déclencher les premiers regards critiques, les premières révoltes générées par les crimes humains sur l'environnement, sans évocation pour elle d'échelle de gravité, cela allant du rejet de solvant dans les rivières par Pimkie, de la pêche destructrice des bébés thons en passant de l'usage de terres rares (et les conséquences de leur extraction) dans les calculettes, les smartphones et bien d'autres actes criminels contre la planète et ses habitants non-humains.

Puisant ici son sujet dans les questionnements et problèmes écologiques actuels ou récurrents depuis de nombreuses années, Aurélie Namur explore le parcours de la révolte légitime d’une adolescente, dont les constats et leur expression suggèrent une violence sous-jacente réelle, puissante, et une cruelle lucidité, toutes deux fondées sur une rupture avec la société qui s'obstine à ne pas réagir de manière réellement efficace face au réchauffement climatique, à l'usure inconsidérée – et exclusivement humaine – de la planète, à la perte de confiance dans les hommes politiques, etc.

Composée de trois fragments ("Revoir les kangourous", "Dézinguée" et "Qui la connaît, cette vie qu'on mène ?") et d'un interlude** – permettant à la jeunesse de prendre corps "dansant" –, la pièce d'Aurélie Namur s'articule autour d'une trajectoire singulière, celle d'une jeune fille, quittant le foyer familial pour, petit à petit, s'orienter vers l'écologie radicale, et de son absence sur le plateau, le récit étant porté par Camila, sa mère, puis par Aimé, son amour, et, enfin, par Pauline, son amie. Venant compléter ce trio narrateur, le musicien Sergio Perera et sa narration instrumentale.

Gil Chauveau
10/12/2024
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"Dub" Unité et harmonie dans la différence !

La dernière création d'Amala Dianor nous plonge dans l'univers du Dub. Au travers de différents tableaux, le chorégraphe manie avec rythme et subtilité les multiples visages du 6ᵉ art dans lequel il bâtit un puzzle artistique où ce qui lie l'ensemble est une gestuelle en opposition de styles, à la fois virevoltante et hachée, qu'ondulante et courbe.

© Pierre Gondard.
En arrière-scène, dans une lumière un peu sombre, la scénographie laisse découvrir sept grands carrés vides disposés les uns sur les autres. Celui situé en bas et au centre dessine une entrée. L'ensemble représente ainsi une maison, grande demeure avec ses pièces vides.

Devant cette scénographie, onze danseurs investissent les planches à tour de rôle, chacun y apportant sa griffe, sa marque par le style de danse qu'il incarne, comme à l'image du Dub, genre musical issu du reggae jamaïcain dont l'origine est due à une erreur de gravure de disque de l'ingénieur du son Osbourne Ruddock, alias King Tubby, en mettant du reggae en version instrumentale. En 1967, en Jamaïque, le disc-jockey Rudy Redwood va le diffuser dans un dance floor. Le succès est immédiat.

L'apogée du Dub a eu lieu dans les années soixante-dix jusqu'au milieu des années quatre-vingt. Les codes ont changé depuis, le mariage d'une hétérogénéité de tendances musicales est, depuis de nombreuses années, devenu courant. Le Dub met en exergue le couple rythmique basse et batterie en lui incorporant des effets sonores. Awir Leon, situé côté jardin derrière sa table de mixage, est aux commandes.

Safidin Alouache
17/12/2024
Spectacle à la Une

"R.O.B.I.N." Un spectacle jeune public intelligent et porteur de sens

Le trio d'auteurs, Clémence Barbier, Paul Moulin, Maïa Sandoz, s'emparent du mythique Robin des Bois avec une totale liberté. L'histoire ne se situe plus dans un passé lointain fait de combats de flèches et d'épées, mais dans une réalité explicitement beaucoup plus proche de nous : une ville moderne, sécuritaire. Dans cette adaptation destinée au jeune public, Robin est un enfant vivant pauvrement avec sa mère et sa sœur dans une sorte de cité tenue d'une main de fer par un être sans scrupules, richissime et profiteur.

© DR.
C'est l'injustice sociale que les auteurs et la metteure en scène Maïa Sandoz veulent mettre au premier plan des thèmes abordés. Notre époque, qui veut que les riches soient de plus en plus riches et les pauvres de plus pauvres, sert de caisse de résonance extrêmement puissante à cette intention. Rien n'étonne, en fait, lorsque la mère de Robin et de sa sœur, Christabelle, est jetée en prison pour avoir volé un peu de nourriture dans un supermarché pour nourrir ses enfants suite à la perte de son emploi et la disparition du père. Une histoire presque banale dans notre monde, mais un acte que le bon sens répugne à condamner, tandis que les lois économiques et politiques condamnent sans aucune conscience.

Le spectacle s'adresse au sens inné de la justice que portent en eux les enfants pour, en partant de cette situation aux allures tristement documentaires et réalistes, les emporter vers une fiction porteuse d'espoir, de rires et de rêves. Les enfants Robin et Christabelle échappent aux services sociaux d'aide à l'enfance pour s'introduire dans la forêt interdite et commencer une vie affranchie des règles injustes de la cité et de leur maître, quitte à risquer les foudres de la justice.

Bruno Fougniès
13/12/2024