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Nomination de Clément Hervieu-Léger en tant qu'administrateur général de la Comédie-Française  19/02/2025

© Jebulon.
Sur proposition de Rachida Dati, ministre de la Culture, le président de la République confiera à Clément Hervieu-Léger la direction de la Comédie-Française, en tant qu'administrateur général. Il prendra ses fonctions pour un mandat de cinq ans, à l'issue du troisième et dernier mandat d'Éric Ruf qui se terminera en août 2025.

Formé au Conservatoire du Xᵉ arrondissement de Paris dans la classe de Jean-Louis Bihoreau, Clément Hervieu-Léger fait ses premiers pas à la Comédie-Française en 2000 dans "L'Avare" de Molière mis en scène par Andrei Serban. Il intègre la troupe de la Comédie-Française en 2005 et il en devient le 533ᵉ sociétaire en 2018. Dès lors, il est régulièrement membre du comité d'administration.

Ces vingt années au cœur de la Troupe sculptent son travail d'interprète au gré des figures incarnées : Robespierre dans "La Mort de Danton" de Georg Büchner dirigé par Simon Delétang ; Dorante dans "Le Bourgeois gentilhomme" de Molière créé par Valérie Lesort et Christian Hecq ; Günther von Essenbeck dans "Les Damnés" de Visconti distribué par Ivo van Hove ; Prior Walter dans "Angels in America" de Tony Kushner, puis "Angels - Salle Escande", le film qui a suivi réalisé par Arnaud Desplechin. Sous la direction de Robert Wilson, Marcel Bozonnet, Anne Delbée, Denis Podalydès, Jean-Pierre Vincent, Muriel Mayette ou Lilo Baur, il poursuit son exploration du répertoire des Fables de Jean de la Fontaine à Molière en passant par Copi, Shakespeare, Racine Corneille, Hugo, Musset ou Gogol.

Metteur en scène, il dirige la Troupe dans "La Critique de L'École des femmes" et "Le Misanthrope" de Molière, "Le Petit-Maître corrigé" de Marivaux, "L'Éveil du printemps" de Wedekind et "La Cerisaie" de Tchekhov.

Hors de la Comédie-Française, Clément Hervieu-Léger fonde en 2010, avec Daniel San Pedro, la Compagnie des Petits Champs avec laquelle il présente ses propres projets de mise en scène : "On achève bien les chevaux" d'après Horace McCoy avec le Ballet de l'Opéra national du Rhin, "Un mois à la campagne" de Tourgueniev au Théâtre des Célestins, "Une des dernières soirées de carnaval" de Goldoni aux Bouffes du nord ou encore "Le Pays lointain" de Lagarce au Théâtre National de Strasbourg. Il a également collaboré avec Patrice Chéreau pendant une dizaine d'années : il l'assiste à la mise en scène d'opéras, joue dans le long métrage "Gabrielle" ainsi que dans "Rêve d'automne" de Jon Fosse au musée du Louvre.

Attaché à la transmission, il préside la Société d'Histoire du Théâtre et enseigne le théâtre à l'école de danse de l'Opéra de Paris.

En tant qu'administrateur général, Clément Hervieu-Léger sera chargé de poursuivre le rayonnement du premier établissement théâtral de France, tant sur le plan artistique que sur le développement des publics. Pour cela, il œuvrera à la présentation et à l'exploitation du répertoire actuel de la Comédie-Française tout en veillant à son élargissement à des œuvres contemporaines ou anciennes qui n'y ont pas été encore présentées. Il aura à cœur de piloter le développement des tournées, de la politique audiovisuelle, ainsi que de politiques en direction des jeunes et des publics éloignés de la culture. Il aura également la responsabilité de mener d'importants travaux de mises aux normes, de restauration et de rénovation énergétique des différents sites de la Comédie-Française.

Il succèdera à Éric Ruf qui, depuis 2014, a su impulser une dynamique d'ouverture de la Comédie-Française à de nouveaux talents, que ce soit dans sa programmation, en donnant une large place aux femmes, dans son répertoire, via notamment des commandes à des autrices et auteurs contemporains. En 2016, il a amené à la création de la FonDation pour la Comédie-Française et permis ainsi un fort développement du mécénat. Son action a aussi été marquée par une meilleure diffusion des spectacles de la Comédie-Française au-delà de ses murs, un travail de fond sur l'égalité femme-homme, la diversité de la Troupe, son retour dans les grands festivals français et internationaux, le développement du numérique à la Comédie-Française, un renforcement important des politiques et de la diversité des publics ou l'amélioration de l'accessibilité aux personnes en situation de handicap.
La Rédaction

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"La Chute" Une adaptation réussie portée par un jeu d'une force organique hors du commun

Dans un bar à matelots d'Amsterdam, le Mexico-City, un homme interpelle un autre homme.
Une longue conversation s'initie entre eux. Jean-Baptiste Clamence, le narrateur, exerçant dans ce bar l'intriguant métier de juge-pénitent, fait lui-même les questions et les réponses face à son interlocuteur muet.

© Philippe Hanula.
Il commence alors à lever le voile sur son passé glorieux et sa vie d'avocat parisien. Une vie réussie et brillante, jusqu'au jour où il croise une jeune femme sur le pont Royal à Paris, et qu'elle se jette dans la Seine juste après son passage. Il ne fera rien pour tenter de la sauver. Dès lors, Clamence commence sa "chute" et finit par se remémorer les événements noirs de son passé.

Il en est ainsi à chaque fois que nous prévoyons d'assister à une adaptation d'une œuvre d'Albert Camus : un frémissement d'incertitude et la crainte bien tangible d'être déçue nous titillent systématiquement. Car nous portons l'auteur en question au pinacle, tout comme Jacques Galaud, l'enseignant-initiateur bien inspiré auprès du comédien auquel, il a proposé, un jour, cette adaptation.

Pas de raison particulière pour que, cette fois-ci, il en eût été autrement… D'autant plus qu'à nos yeux, ce roman de Camus recèle en lui bien des considérations qui nous sont propres depuis toujours : le moi, la conscience, le sens de la vie, l'absurdité de cette dernière, la solitude, la culpabilité. Entre autres.

Brigitte Corrigou
09/10/2024
Spectacle à la Une

"Very Math Trip" Comment se réconcilier avec les maths

"Very Math Trip" est un "one-math-show" qui pourra réconcilier les "traumatisés(es)" de cette matière que sont les maths. Mais il faudra vous accrocher, car le cours est assuré par un professeur vraiment pas comme les autres !

© DR.
Ce spectacle, c'est avant tout un livre publié par les Éditions Flammarion en 2019 et qui a reçu en 2021 le 1er prix " La Science se livre". L'auteur en est Manu Houdart, professeur de mathématiques belge et personnage assez emblématique dans son pays. Manu Houdart vulgarise les mathématiques depuis plusieurs années et obtient le prix de " l'Innovation pédagogique" qui lui est décerné par la reine Paola en personne. Il crée aussi la maison des Maths, un lieu dédié à l'apprentissage des maths et du numérique par le jeu.

Chaque chapitre de cet ouvrage se clôt par un "Waooh" enthousiaste. Cet enthousiasme opère aussi chez les spectateurs à l'occasion de cet one-man-show exceptionnel. Un spectacle familial et réjouissant dirigé et mis en scène par Thomas Le Douarec, metteur en scène du célèbre spectacle "Les Hommes viennent de Mars et les femmes de Vénus".

N'est-ce pas un pari fou que de chercher à faire aimer les mathématiques ? Surtout en France, pays où l'inimitié pour cette matière est très notoire chez de nombreux élèves. Il suffit pour s'en faire une idée de consulter les résultats du rapport PISA 2022. Rapport édifiant : notre pays se situe à la dernière position des pays européens et avant-dernière des pays de l'OCDE.
Il faut urgemment reconsidérer les bases, Monsieur le ministre !

Brigitte Corrigou
12/04/2025
Spectacle à la Une

"La vie secrète des vieux" Aimer même trop, même mal… Aimer jusqu'à la déchirure

"Telle est ma quête", ainsi parlait l'Homme de la Mancha de Jacques Brel au Théâtre des Champs-Élysées en 1968… Une quête qu'ont fait leur cette troupe de vieux messieurs et vieilles dames "indignes" (cf. "La vieille dame indigne" de René Allio, 1965, véritable ode à la liberté) avides de vivre "jusqu'au bout" (ouaf… la crudité revendiquée de leur langue émancipée y autorise) ce qui constitue, n'en déplaise aux catholiques conservateurs, le sel de l'existence. Autour de leur metteur en scène, Mohamed El Khatib, ils vont bousculer les règles de la bienséance apprise pour dire sereinement l'amour chevillé au corps des vieux.

© Christophe Raynaud de Lage.
Votre ticket n'est plus valable. Prenez vos pilules, jouez au Monopoly, au Scrabble, regardez la télé… des jeux de votre âge quoi ! Et surtout, ayez la dignité d'attendre la mort en silence, on ne veut pas entendre vos jérémiades et – encore moins ! – vos chuchotements de plaisir et vos cris d'amour… Mohamed El Khatib, fin observateur des us et coutumes de nos sociétés occidentales, a documenté son projet théâtral par une série d'entretiens pris sur le vif en Ehpad au moment de la Covid, des mouroirs avec eau et électricité à tous les étages. Autour de lui et d'une aide-soignante, artiste professionnelle pétillante de malice, vont exister pleinement huit vieux et vieilles revendiquant avec une belle tranquillité leur droit au sexe et à l'amour (ce sont, aussi, des sentimentaux, pas que des addicts de la baise).

Un fauteuil roulant poussé par un vieux très guilleret fait son entrée… On nous avertit alors qu'en fonction du grand âge des participant(e)s au plateau, et malgré les deux défibrillateurs à disposition, certain(e)s sont susceptibles de mourir sur scène, ce qui – on l'admettra aisément – est un meilleur destin que mourir en Ehpad… Humour noir et vieilles dentelles, le ton est donné. De son fauteuil, la doyenne de la troupe, 91 ans, Belge et ancienne présentatrice du journal TV, va ar-ti-cu-ler son texte, elle qui a renoncé à son abonnement à la Comédie-Française car "ils" ne savent plus scander, un vrai scandale ! Confiant plus sérieusement que, ce qui lui manque aujourd'hui – elle qui a eu la chance d'avoir beaucoup d'hommes –, c'est d'embrasser quelqu'un sur la bouche et de manquer à quelqu'un.

Yves Kafka
30/08/2024