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Danse

"Les chats" Véritable kaléidoscope artistique, original et amusant, qui associe habilement politique et comédie musicale

Montée en novembre 2024, la création de Jonathan Drillet et Marlène Saldana est à la croisée du théâtre, du mime, du chant et de la musique, en comportant un riche volet politique qui donne à la représentation une dynamique particulière avec sa trame comique. Entre légèreté et propos politiques, les discussions et échanges qui s'enchaînent font une large place à des sujets de société comme le dérèglement climatique ou le racisme.



© Philippe Lebruman 2024.
© Philippe Lebruman 2024.
C'est un spectacle étonnant, autant par ses protagonistes que par sa trame. Présentée comme une comédie musicale, elle l'est en étant assortie aussi de gestes corporels et facétieux, avec un pendant politique.

Dès les premiers instants, ce sont des miaulements qui se font entendre avec dix chats joués par les interprètes au travers de leurs nonchalances, démarches, mines chafouines, étirements et ronronnements. C'est une véritable incarnation dans les gestuelles, les tensions et les prélassements. Le démarrage est un peu trop long de quelques minutes, mais ensuite, c'est un délice dans lequel surprises, comique, théâtre, musique et chant se donnent la répartie.

Le spectacle est très politique. Les scènes s'enchaînent dans lesquelles cela chante, paresse, miaule, joue, discute, débat, parle en dénonçant l'extrémisme et le déni au travers de différentes figures, connues ou inconnues, racistes et négateurs du changement climatique. Dans cette double focale où l'animal, symbole d'astuce et d'intelligence, se mêle à différentes figures, autant extrémistes que modérés, on y devine la figure de Jean-Marie Le Pen, sous les traits d'une sorte de mouton, avec la voix de celui-ci et plus loin le personnage de Neuneuille (Marlène Saldana) qui retrace quelques éléments de sa biographie.

© Philippe Lebruman 2024.
© Philippe Lebruman 2024.
Pourquoi l'utilisation de chats ? Les concepteurs et metteurs en scène, Marlène Saldana et Jonathan Drillet l'expliquent, car "… sacralisés dans l'ancienne Égypte ou bien jetés au feu avec les sorcières pendant des siècles, devenus aujourd'hui les icônes kawaï et lol des réseaux sociaux et des childless cat ladies, les chats comme les humains ne choisissent pas leur famille". Bref, nous sommes à un carrefour symbolique où ils sont appréhendés comme quelque peu iconiques aujourd'hui, sacrés comme des dieux ou chassés comme des diables par le passé, tout en étant proche de l'espèce humaine dans sa relation à lui.

Plusieurs profils du félidé sont représentés par une kyrielle de gestiques dans des costumes très variés. C'est de l'anthropomorphisme dans des élans anthropologiques et sociologiques, si nous souhaitons être pompeusement savants. Il s'agit surtout d'une comédie audacieuse où la focale est double, avec un animal qui joue à l'humain avec son inverse, l'humain qui joue à être l'animal.

Cela débute par des miaulements, pour ensuite basculer sur la parole où le racisme est étalé pour être toujours combattu et où le changement climatique est affiché pour être, à dessein, contrecarré. Nous sommes au centre de ce qui fait notre actualité sous le prisme décalé de la gestique des félidés, avec chacun son rôle, ses idées et son personnage. La nuit, tous les chats sont gris. À croire que dans la représentation, il fait plein jour et le tout fait société avec ses tensions, ses acceptations et ses combats.

© Philippe Lebruman 2024.
© Philippe Lebruman 2024.
L'aspect comique, et surtout décalé, est omniprésent, dans lequel la voix et le corps sont dans une théâtralité où le décalage est opéré entre la véracité du verbe et le geste, entre le sérieux du propos et parfois la facétie corporelle.

Il y a deux plans, l'avant-scène et l'arrière-scène, dans lesquels le jeu des comédiens a toujours cours, mais différemment, à savoir en arrière-plan de façon souvent lente et décalée alors qu'en avant-scène, pour certains tableaux du moins, le jeu est de temps en temps plus sobre, mais toujours vif et marqué. Dans ces gestuels, il y a de la théâtralité dans laquelle le cabotinage est exclu et où le geste fait toujours sens. On se plaît à jouer son propre personnage, celui d'un chat qui se mire aussi au travers des uns et des autres.

Véritable kaléidoscope artistique, cette création manie habilement politique et comédie en faisant passer l'actualité au premier plan dans une approche espiègle et très originale.
◙ Safidin Alouache

"Les chats (ou ceux qui frappent et ceux qui sont frappés)"

© Philippe Lebruman 2024.
© Philippe Lebruman 2024.
Spectacle de Marlène Saldana & Jonathan Drillet.
Collaboration artistique et assistante : Céline Peychet.
Créé en collaboration avec et interprété par : Alina Arshi, Jonathan Drillet, Mai Ishiwata, Christophe Ives, Dalila Khatir, Aurélien Labenne, Mark Lorimer, Guillaume Marie, Marlène Saldana, Stephen Thompson, Charles Tuyizere.
Scénographie : Théo Mercier assisté de Marius Belmeguenaï et Moustache.
Construction décor : Ateliers de la MC93.
Dessin moquette : Jérémie Piningre.
Création musicale et clavier : Laurent Durupt.
Batterie : Stan Delannoy.
Saxophone : Rémi Fox.
Shakuhachi : Jean-François Lagrost.
Contrebasse : Raphaël Schwab.
Mix : Paulie Jan.
Costumes : Jean Biche.
Assistante costumes et habillage : Zoé Lachaud.
Mouton et masques : Vanessa Riera assistée d'Elena Sideri.
Lumières : Fabrice Ollivier, Yarol Stuber, Lise Blanckaert.
Son : Guillaume Olmeta.
Durée : 2 h.

© Philippe Lebruman 2024.
© Philippe Lebruman 2024.
Le spectacle s'est déroulé du 7 au 11 janvier 2025 à Chaillot Théâtre national de la danse, Paris 16ᵉ.
>> theatre-chaillot.fr

Tournée
17 et 18 janvier 2025 : La Comédie - Scène nationale, dans le cadre du festival Transforme, Clermont-Ferrand (63).
27 et 28 mars 2025 : MC2: - Scène nationale, Grenoble (38).
3 et 4 avril 2025 : Maison de la danse, en coréalisation avec Les Subs, dans le cadre du festival Transforme, Lyon (69).
Du 10 au 12 avril 2025 : MC93, Maison de la Culture de Seine-Saint-Denis, Bobigny (93).
26 avril 2025 : Charleroi Danse, Bruxelles (Belgique).
27 et 28 mai 2025 : Théâtre National de Bretagne, dans le cadre du festival Transforme, Rennes (35).

Safidin Alouache
Jeudi 23 Janvier 2025

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© PKL.
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10/12/2024
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© Pierre Gondard.
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Safidin Alouache
17/12/2024
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© DR.
C'est l'injustice sociale que les auteurs et la metteure en scène Maïa Sandoz veulent mettre au premier plan des thèmes abordés. Notre époque, qui veut que les riches soient de plus en plus riches et les pauvres de plus pauvres, sert de caisse de résonance extrêmement puissante à cette intention. Rien n'étonne, en fait, lorsque la mère de Robin et de sa sœur, Christabelle, est jetée en prison pour avoir volé un peu de nourriture dans un supermarché pour nourrir ses enfants suite à la perte de son emploi et la disparition du père. Une histoire presque banale dans notre monde, mais un acte que le bon sens répugne à condamner, tandis que les lois économiques et politiques condamnent sans aucune conscience.

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Bruno Fougniès
13/12/2024