Lorsque Olivier Py, fidèle à son engagement au service d'une "politique d'accessibilité de la culture à tous les publics", réalise en actes (théâtraux) son discours en proposant avec Enzo Verdet, son complice artistique, un travail suivi avec les pensionnaires du centre pénitentiaire autour de l'œuvre monde de William Shakespeare, cela donne Hamlet, en 2017, et Macbeth Philosophe, cette année. Et ce qui vaut de la démarche tient - avant tout - à la réussite artistique de l'affaire.
Interprétant "la pièce écossaise" - longtemps non jouée parce que réputée porter malheur - avec une fougue sans retenue, les acteurs détenus font littéralement exploser le texte traduit dans une langue sans concessions par Olivier Py. Leurs voix - peut-être un peu trop, même si, sans aucun doute, cela fait partie du contrat artistique - s'enflent pour faire chœur afin de délivrer les paroles convoquant le déchaînement des meurtres perpétrés "sous influence".
Car, cette tragédie, sans doute la plus noire du natif de Stratford, pousse jusqu'à la nausée les répercussions du désir de pouvoir lorsque celui-ci trouve dans des appuis inattendus l'occasion de flamber. Macbeth était un général loyal et vaillant au service de Duncan, roi d'Écosse. Ne venait-il pas de mettre en déroute les armées norvégiennes soutenues par un félon dont, pour récompense, il venait d'hériter des mains de son Roi du titre de thane de Cawdor ?
Interprétant "la pièce écossaise" - longtemps non jouée parce que réputée porter malheur - avec une fougue sans retenue, les acteurs détenus font littéralement exploser le texte traduit dans une langue sans concessions par Olivier Py. Leurs voix - peut-être un peu trop, même si, sans aucun doute, cela fait partie du contrat artistique - s'enflent pour faire chœur afin de délivrer les paroles convoquant le déchaînement des meurtres perpétrés "sous influence".
Car, cette tragédie, sans doute la plus noire du natif de Stratford, pousse jusqu'à la nausée les répercussions du désir de pouvoir lorsque celui-ci trouve dans des appuis inattendus l'occasion de flamber. Macbeth était un général loyal et vaillant au service de Duncan, roi d'Écosse. Ne venait-il pas de mettre en déroute les armées norvégiennes soutenues par un félon dont, pour récompense, il venait d'hériter des mains de son Roi du titre de thane de Cawdor ?
Mais il aura suffi qu'il entende le bruit des sirènes - en l'occurrence les incantations prédictives de Trois sorcières croisées dans les landes - pour que se réveille en lui un irrépressible désir de puissance, déclenchant, dans son esprit faible, un processus imparable de folies meurtrières accompagnées d'hallucinations douloureuses. Il faut dire que Lady Macbeth sera, dans cette fièvre funeste qui s'empare de lui, une alliée déterminante. Attisant les braises de son aspiration démente à devenir le maître absolu du Royaume, elle fera tomber les derniers remparts de sa pauvre raison.
Macbeth rentre en cela en écho - du moins peut-on à notre tour risquer "le prédire" - avec des éléments de l'itinéraire des acteurs. Non pas dans l'extrême violence, dont Macbeth est la première victime en tant qu'acteur impuissant de sa propre destruction à l'œuvre… Mais dans l'épuisement du symbolique les ayant, un temps, fait confondre l'illusion des rêves inassouvis avec la réalisation "coûte que coûte" de ces insatisfactions ne trouvant pour se dire d'autres issues qu'un passage à l'acte.
Et lorsque la raison émergera des brumes funestes où elle sombre pour le malheur de tous, lorsque cessera l'influence mortifère de sa lady engluée jusqu'à en mourir elle-même dans la culpabilité du sang collé à ses mains rougies par les crimes en cascade, il sera trop tard. Les deux dernières prédictions qui, croyait-il, le rendaient invulnérable, se réaliseront : "la forêt" (sous la forme de guerriers dissimulés derrière des branches feuillues) marchera vers lui et un homme non né d'une femme (naissance par césarienne) lui portera le coup fatal, libérant ainsi le peuple d'Écosse du tyran sanguinaire.
Macbeth rentre en cela en écho - du moins peut-on à notre tour risquer "le prédire" - avec des éléments de l'itinéraire des acteurs. Non pas dans l'extrême violence, dont Macbeth est la première victime en tant qu'acteur impuissant de sa propre destruction à l'œuvre… Mais dans l'épuisement du symbolique les ayant, un temps, fait confondre l'illusion des rêves inassouvis avec la réalisation "coûte que coûte" de ces insatisfactions ne trouvant pour se dire d'autres issues qu'un passage à l'acte.
Et lorsque la raison émergera des brumes funestes où elle sombre pour le malheur de tous, lorsque cessera l'influence mortifère de sa lady engluée jusqu'à en mourir elle-même dans la culpabilité du sang collé à ses mains rougies par les crimes en cascade, il sera trop tard. Les deux dernières prédictions qui, croyait-il, le rendaient invulnérable, se réaliseront : "la forêt" (sous la forme de guerriers dissimulés derrière des branches feuillues) marchera vers lui et un homme non né d'une femme (naissance par césarienne) lui portera le coup fatal, libérant ainsi le peuple d'Écosse du tyran sanguinaire.
Édifiante en soi, cette histoire dans laquelle l'illusion entraîne le tragique de destinées frappées par le malheur, sa portée est d'autant plus forte que sa mise en jeu en renforce grandement l'impact. En effet, le dispositif scénique inventé immerge les acteurs, surgissant des deux extrémités de l'immense Chartreuse, parmi les spectateurs rangés de part et d'autre de la travée centrale. Ce faisant, est rendu "palpable" leur corps dont les tensions resurgissent jusqu'à nous dans la proximité que nous entretenons avec eux.
Quant à la contrainte imposée de fait par la présence d'acteurs exclusivement masculins, Olivier Py et Enzo Verdet ont su la transformer en un atout : Lady Macbeth devient ainsi le double intérieur de son mari torturé, elle "est" en chair et en os sa folie incarnée. Dire que l'on est touché par cette proposition artistique tonitruante (les acteurs, sans micro, développent une force vocale exceptionnelle), donnerait au bas mot une pâle idée du choc ressenti face à la réception de cet objet artistique porté par de vrais acteurs, engagés dans un combat qui dépasse, certes, le cadre de la simple représentation.
C'est peut-être sans doute là, à cet endroit précis où le Théâtre révèle les puissances tragiques à l'œuvre en chacun, que "se joue" la réussite de ce très beau travail. Au théâtre, les mots sont des actions.
Spectacle créé le 10 juillet au Centre pénitentiaire Avignon-Le Pontet.
Quant à la contrainte imposée de fait par la présence d'acteurs exclusivement masculins, Olivier Py et Enzo Verdet ont su la transformer en un atout : Lady Macbeth devient ainsi le double intérieur de son mari torturé, elle "est" en chair et en os sa folie incarnée. Dire que l'on est touché par cette proposition artistique tonitruante (les acteurs, sans micro, développent une force vocale exceptionnelle), donnerait au bas mot une pâle idée du choc ressenti face à la réception de cet objet artistique porté par de vrais acteurs, engagés dans un combat qui dépasse, certes, le cadre de la simple représentation.
C'est peut-être sans doute là, à cet endroit précis où le Théâtre révèle les puissances tragiques à l'œuvre en chacun, que "se joue" la réussite de ce très beau travail. Au théâtre, les mots sont des actions.
Spectacle créé le 10 juillet au Centre pénitentiaire Avignon-Le Pontet.
"Macbeth Philosophe"
D'après William Shakespeare.
Traduction et adaptation : Olivier Py.
Avec les participants de l'atelier théâtre du Centre pénitentiaire Avignon-Le Pontet : Christian, Mohamed, Mourad, Olivier, Philippe, Redwane, Samir, Youssef.
Ateliers de création théâtrale dirigés par : Olivier Py et Enzo Verdet.
Production Festival d'Avignon.
Avec le soutien de la Fondation M6, du Fonds interministériel de prévention pour la délinquance / Ministère de l'Intérieur
en collaboration avec la Direction de l'Administration pénitentiaire
Durée : 1 h.
•Avignon In 2019•
A été représenté le 17 juillet à 15 h, les 18 et 19 juillet à 11 h et 15 h
La Chartreuse-CNES
58, Rue de la République,
Villeneuve-lès-Avignon.
Réservations : 04 90 14 14 14.
>> festival-avignon.com
Traduction et adaptation : Olivier Py.
Avec les participants de l'atelier théâtre du Centre pénitentiaire Avignon-Le Pontet : Christian, Mohamed, Mourad, Olivier, Philippe, Redwane, Samir, Youssef.
Ateliers de création théâtrale dirigés par : Olivier Py et Enzo Verdet.
Production Festival d'Avignon.
Avec le soutien de la Fondation M6, du Fonds interministériel de prévention pour la délinquance / Ministère de l'Intérieur
en collaboration avec la Direction de l'Administration pénitentiaire
Durée : 1 h.
•Avignon In 2019•
A été représenté le 17 juillet à 15 h, les 18 et 19 juillet à 11 h et 15 h
La Chartreuse-CNES
58, Rue de la République,
Villeneuve-lès-Avignon.
Réservations : 04 90 14 14 14.
>> festival-avignon.com