Sur fond d'une musique envoûtante, faisant interférer musique électro et musique classique, les souvenirs de M. livrent leurs fragments douloureux pour mieux l'en délivrer. Surgissent en nous les notes de "O solitude, my sweetest choice", chanson du compositeur baroque anglais Henry Purcell, où l'ostinato obsédant rend sensibles les souvenirs stagnants… Libre association autorisée par Marguerite Duras lorsqu'elle avance que "chaque phrase, chaque écrit a en lui tous les sens du monde. Comme chaque homme a en lui tous les sens de la création du monde. Le limiter à une interprétation, c'est le limiter complètement. C'est le tuer".
De même les évanescentes images vidéo projetées sur les délicats bustes de papier de soie suspendus aux cintres et figurant des torses de statues grecques, peuvent-elles subrepticement évoquer les hommes ayant traversé sa vie, dont celui dont elle eut du mal à se défaire - tant il prétendait la modeler à l'image de son fantasme à lui - mais aussi l'ombre lancinante du petit frère aimé plus que de raison, mort en quelques jours.
De même les évanescentes images vidéo projetées sur les délicats bustes de papier de soie suspendus aux cintres et figurant des torses de statues grecques, peuvent-elles subrepticement évoquer les hommes ayant traversé sa vie, dont celui dont elle eut du mal à se défaire - tant il prétendait la modeler à l'image de son fantasme à lui - mais aussi l'ombre lancinante du petit frère aimé plus que de raison, mort en quelques jours.
Immergé dans ce bain post-amniotique où la mémoire remonte aux origines afin de s'en extraire, les images traumatiques obsédantes revivent en elles. Celle de John, cet homme ô combien séducteur qui prétendait confisquer sa vie jusqu'à ce qu'elle s'en déprenne, refusant la "perfidie du désir, de la passion, de l'amour qui donne l'illusion d'exister" en ne faisant d'elle qu'un objet modelé au gré des fantaisies d'un autre qu'elle, l'amenant elle, M., à se noyer dans sa propre invisibilité.
Celle de sa mère omniprésente, incarnant à jamais "l'amour maternel… la seule calamité du monde… une calamité qui donne l'illusion d'exister. Le premier signe de vie, c'est le hurlement de douleur, le cri de quelqu'un qui veut pas.". Mais aussi celle du frère disparu à 27 ans qui la hante au point de se fracasser la tête contre les murs, "c'est étrange de souffrir à ce point-là de la mort d'un frère", jusqu'à découvrir, tardivement, qu'elle "l'avait sans doute aimé, plus que tout", aimé en dehors de toute norme admise.
Lorsque les mots, si puissants soient-ils, sont impuissants à dire l'indicible, le corps prend alors le relais pour exsuder les soubresauts de l'âme. Au son amplifié d'une musique électro, allant crescendo jusqu'à un paroxysme avant de retomber, épuisée, dans des tonalités plus calmes, M. se lance dans une "danse des cinq rythmes" donnant à voir tous les états émotionnels traversés dans cette tentative effrénée d'exorcisme de ses tourments.
Celle de sa mère omniprésente, incarnant à jamais "l'amour maternel… la seule calamité du monde… une calamité qui donne l'illusion d'exister. Le premier signe de vie, c'est le hurlement de douleur, le cri de quelqu'un qui veut pas.". Mais aussi celle du frère disparu à 27 ans qui la hante au point de se fracasser la tête contre les murs, "c'est étrange de souffrir à ce point-là de la mort d'un frère", jusqu'à découvrir, tardivement, qu'elle "l'avait sans doute aimé, plus que tout", aimé en dehors de toute norme admise.
Lorsque les mots, si puissants soient-ils, sont impuissants à dire l'indicible, le corps prend alors le relais pour exsuder les soubresauts de l'âme. Au son amplifié d'une musique électro, allant crescendo jusqu'à un paroxysme avant de retomber, épuisée, dans des tonalités plus calmes, M. se lance dans une "danse des cinq rythmes" donnant à voir tous les états émotionnels traversés dans cette tentative effrénée d'exorcisme de ses tourments.
Ainsi des mouvements souples et harmonieux de gestes arrondis, elle passera au staccato de gestes saccadés, pour se perdre dans le chaos du déchaînement psychédélique de gestes anarchiques surlignés par les flashs des spots discontinus, avant que l'excitation ne retombe, semblable à la vague sur le rivage, afin d'aboutir à la sérénité de l'immobilité recouvrée. Alors, visage et corps ruisselant de sueur, mine illuminée, M., rayonne, lavée de ses tensions anciennes.
"Il fallait que je sois seule tout à fait. Seule tout à fait oui", comme un leitmotiv ressassé en boucle, l'évidence apparaît à M. À l'opposé des idées communes, ce n'est pas dans la "relation sociale" que le sujet advient mais dans l'état de solitude propice à sa recomposition.
Privée de soi, c'est en laissant "agir" le magma confus de ces autres, ayant déposé leurs traces encombrantes en elle, que quelque chose du "singulier pluriel" de M. émerge. Il aura fallu le concours de ressources pluridisciplinaires - jeu, danse, musique et arts plastiques - pour que cette traversée de mots, de corps en mouvement, de sons syncopés et autres images projetées, aboutisse à la "mise à jour" d'un sujet qui se reconnaisse dans la somme d'émotions anciennes enfouies.
Projetée hors de M., délivrée, cette "masse du vécu non inventorié, non rationalisé" devient alors une fabuleuse matière artistique, sensuel "ouvroir de littérature potentielle" propre à enivrer.
"Il fallait que je sois seule tout à fait. Seule tout à fait oui", comme un leitmotiv ressassé en boucle, l'évidence apparaît à M. À l'opposé des idées communes, ce n'est pas dans la "relation sociale" que le sujet advient mais dans l'état de solitude propice à sa recomposition.
Privée de soi, c'est en laissant "agir" le magma confus de ces autres, ayant déposé leurs traces encombrantes en elle, que quelque chose du "singulier pluriel" de M. émerge. Il aura fallu le concours de ressources pluridisciplinaires - jeu, danse, musique et arts plastiques - pour que cette traversée de mots, de corps en mouvement, de sons syncopés et autres images projetées, aboutisse à la "mise à jour" d'un sujet qui se reconnaisse dans la somme d'émotions anciennes enfouies.
Projetée hors de M., délivrée, cette "masse du vécu non inventorié, non rationalisé" devient alors une fabuleuse matière artistique, sensuel "ouvroir de littérature potentielle" propre à enivrer.
"Be my Marguerite ! (Ou dans l'étrangeté de la solitude)"
Création collective.
Jeu, écriture : Madeleine Bongard.
Dramaturgie : Tali Serruya.
Scénographie, dessin : Claire Finotti.
Composition et interprétation piano : Thomas Kohler.
Création sonore : Sor_L.
Vidéos : Julien Petit.
Aide à la direction d'acteur : Hanna Lasserre.
Lumière, régie principale : Helena Payan.
Coaching danse : Marc Silvestre.
Compagnie Dyki Dushi.
Durée : 50 min.
À partir de 14 ans.
Jeu, écriture : Madeleine Bongard.
Dramaturgie : Tali Serruya.
Scénographie, dessin : Claire Finotti.
Composition et interprétation piano : Thomas Kohler.
Création sonore : Sor_L.
Vidéos : Julien Petit.
Aide à la direction d'acteur : Hanna Lasserre.
Lumière, régie principale : Helena Payan.
Coaching danse : Marc Silvestre.
Compagnie Dyki Dushi.
Durée : 50 min.
À partir de 14 ans.
•Avignon Off 2019•
Du 5 au 28 juillet 2019.
Tous les jours à 22 h 20, relâche du 9 au 13, et les 16 et 23 juillet.
Théâtre Transversal, Salle 1
10, rue d'Amphoux.
Réservations : 04 90 86 17 12.
>> theatre-transversal-avignon.com
Du 5 au 28 juillet 2019.
Tous les jours à 22 h 20, relâche du 9 au 13, et les 16 et 23 juillet.
Théâtre Transversal, Salle 1
10, rue d'Amphoux.
Réservations : 04 90 86 17 12.
>> theatre-transversal-avignon.com