C'est un drame dansé qui se joue. Assises côte à côte, au nombre de quatorze, nos belles au bois dormant ont toutes les atours d'automates. Les regards sont vides, comme animés d'aucune vie. Aucun prince charmant dans les parages. Elles sont bien seules, même ensemble. Nous nous retrouvons comme devant une vitrine avec ses robots. La fable a perdu sa poésie. Du conte, il ne reste que des pantomimes. À dessein. Comme des objets de consommation en articles de foire présentés au public en attente. Mais de quoi ? Du prince ou d'une liberté à acquérir et qui viendra les quérir.
En groupe, serrées, les unes contre les autres, elles tournent leurs têtes vers la droite et vers la gauche, dans un mouvement quasi hypnotique. Des gestuelles, de même allure, gagnent tous nos protagonistes, femmes et hommes habillés en femmes. La belle au bois dormant a tous les sexes et pas de personnalité. Car c'est celle d'une pantomime avec des gestuelles hachées à dessein, comme portées par un influx électrique que l'on devine un moment quand l'une des interprètes ouvre une armoire électrique où apparaissent différents boutons actionnables. Elles sont comme des robots commandés à distance et qui souhaiteraient se libérer du joug d'un conte qui les emprisonne dans une position docile. Celle de l'attente d'un prince charmant trop bien peigné sans doute.
En groupe, serrées, les unes contre les autres, elles tournent leurs têtes vers la droite et vers la gauche, dans un mouvement quasi hypnotique. Des gestuelles, de même allure, gagnent tous nos protagonistes, femmes et hommes habillés en femmes. La belle au bois dormant a tous les sexes et pas de personnalité. Car c'est celle d'une pantomime avec des gestuelles hachées à dessein, comme portées par un influx électrique que l'on devine un moment quand l'une des interprètes ouvre une armoire électrique où apparaissent différents boutons actionnables. Elles sont comme des robots commandés à distance et qui souhaiteraient se libérer du joug d'un conte qui les emprisonne dans une position docile. Celle de l'attente d'un prince charmant trop bien peigné sans doute.
Les interprètes ne se touchent pas, ne se regardent pas. Ensemble, mais séparés, comme si aucune solidarité entre eux n'existait. Différentes séquences s'enchaînent avec des déplacements, rapides ou lents, le long de la scène. Nos artistes semblent rouler sur les planches. Puis ce sont des lumières vives qui les baignent dans une atmosphère de modernité. Il y a de beaux tableaux avec des bouquets portés par eux dont un final avec une danseuse nue qui prend dans ses bras un vieillard, baignés par une lumière qui tombe sur eux comme le rideau.
La scénographie se dénude de ses éléments. On entend par deux fois une voix féminine qui ordonne, avec vivacité et politesse, de retirer un rideau. Les pantomimes deviennent humaines. Elles se dénudent et courent. Elles défilent côté jardin vers cour en démontant le décor. Les formes deviennent plus libres et moins hachées. Ce qui était mouvement saccadé devient course. Il y a aussi un mannequin, habillé comme nos protagonistes, jeté brutalement au-dessus des escaliers. Cette violence semble exorciser toute docilité passive, créant une rupture de jeu.
Les danses sont de groupe avec des mouvements en cœur ou légèrement décalés. Les gestiques sont très robotiques, nulle once d'humanité chez elles. Deux artistes s'en détachent à tour de rôle et créent un solo d'une énergie qui déborde d'automatisme avec des membres inférieurs et supérieurs qui se déhanchent largement et de façon rapide comme pris de soubresauts. Le corps est animé d'un trop-plein d'énergie, comme pris par un influx nerveux qui coulerait dans les veines de nos deux interprètes.
La scénographie se dénude de ses éléments. On entend par deux fois une voix féminine qui ordonne, avec vivacité et politesse, de retirer un rideau. Les pantomimes deviennent humaines. Elles se dénudent et courent. Elles défilent côté jardin vers cour en démontant le décor. Les formes deviennent plus libres et moins hachées. Ce qui était mouvement saccadé devient course. Il y a aussi un mannequin, habillé comme nos protagonistes, jeté brutalement au-dessus des escaliers. Cette violence semble exorciser toute docilité passive, créant une rupture de jeu.
Les danses sont de groupe avec des mouvements en cœur ou légèrement décalés. Les gestiques sont très robotiques, nulle once d'humanité chez elles. Deux artistes s'en détachent à tour de rôle et créent un solo d'une énergie qui déborde d'automatisme avec des membres inférieurs et supérieurs qui se déhanchent largement et de façon rapide comme pris de soubresauts. Le corps est animé d'un trop-plein d'énergie, comme pris par un influx nerveux qui coulerait dans les veines de nos deux interprètes.
L'opéra monté par Marcos Morau montre, sous un aspect des plus modernes, une figure de la belle au bois dormant esseulée. Ce qui fait fable devient presque objet de consommation superbement interprété dans des mouvements au combien mécaniques, telles des marionnettes, devenues objets d'attention du public, portées par des chorégraphies qui montrent la dépossession d'un conte par la modernité d'un temps qui robotise et mécanise un personnage dont l'attente est sans fin et qui trouve sa liberté en s'en échappant. La fable est ainsi mise à l'envers. Nul mot, nulle réplique. Ce qui fait rapports et relations sont des gestes marqués d'automatisme, reflet d'un monde moderne où le mouvement ne s'arrête pas comme embarqué par un temps qui coure.
De nos caractères, il ne reste que leur silence, leur mutisme et leur attente. D'une position assise, elles se lèvent. De pantomimes, elles deviennent des êtres humains qui courent sur la scène dans une scénographie qu'elles font disparaitre, le démontant, arrachant les rideaux et déshabillant l'escalier. De ce qui faisait une somme d'individualités, nous découvrons enfin un groupe. D'objets quasi inanimés, elles courent à pleine jambe pour retrouver une liberté qu'elles se refusent à abandonner. L'opéra de Marcos Morau est très original et surprenant par son approche bousculant un conte pour le plonger dans l'actualité d'une époque qui fait émerger les voix plurielles du genre et de l'indépendance.
De nos caractères, il ne reste que leur silence, leur mutisme et leur attente. D'une position assise, elles se lèvent. De pantomimes, elles deviennent des êtres humains qui courent sur la scène dans une scénographie qu'elles font disparaitre, le démontant, arrachant les rideaux et déshabillant l'escalier. De ce qui faisait une somme d'individualités, nous découvrons enfin un groupe. D'objets quasi inanimés, elles courent à pleine jambe pour retrouver une liberté qu'elles se refusent à abandonner. L'opéra de Marcos Morau est très original et surprenant par son approche bousculant un conte pour le plonger dans l'actualité d'une époque qui fait émerger les voix plurielles du genre et de l'indépendance.
"La belle au bois dormant"
Chorégraphie et mise en scène : Marcos Morau.
Musique : Piotr Illitch Tchaïkovski, Juan Cristóbal Saavedra.
Assistants chorégraphiques : Ariadna Montfort, Shay Partush, Marina Rodriguez.
Avec : Marie Albert, Kristina Bentz, Caelyn Knight, Maeva Lassere, Yan Leiva, Albert Nikolli, Lore Pryszo, Raul Serrano Nuñez, Giacomo Todeschi, Paul Vezin, Merel Van Heeswijk, Katrien De Bakker, Anna Romanova, Noëllie Conjeaud, Edi Blloshmi.
Scénographie : Max Glaenzel.
Costumes : Silvia Delagneau.
Dramaturgie : Roberto Fratini.
Éclairagiste collaborateur lumière : Mathieu Cabanes.
Conception sonore : Juan Cristóbal Saavedra.
Directrice du Ballet : Julie Guibert.
Maîtresse de Ballet Amandine : Roque De La Cruz.
Régisseur du Ballet : Alexandre Mesta.
Régie technique : Guillaume Ponroy.
Régie son/vidéo : Jean-Pierre Barbier.
Musique : Piotr Illitch Tchaïkovski, Juan Cristóbal Saavedra.
Assistants chorégraphiques : Ariadna Montfort, Shay Partush, Marina Rodriguez.
Avec : Marie Albert, Kristina Bentz, Caelyn Knight, Maeva Lassere, Yan Leiva, Albert Nikolli, Lore Pryszo, Raul Serrano Nuñez, Giacomo Todeschi, Paul Vezin, Merel Van Heeswijk, Katrien De Bakker, Anna Romanova, Noëllie Conjeaud, Edi Blloshmi.
Scénographie : Max Glaenzel.
Costumes : Silvia Delagneau.
Dramaturgie : Roberto Fratini.
Éclairagiste collaborateur lumière : Mathieu Cabanes.
Conception sonore : Juan Cristóbal Saavedra.
Directrice du Ballet : Julie Guibert.
Maîtresse de Ballet Amandine : Roque De La Cruz.
Régisseur du Ballet : Alexandre Mesta.
Régie technique : Guillaume Ponroy.
Régie son/vidéo : Jean-Pierre Barbier.
Régie lumière : Yohann Fourcade, Jeremy Stenou.
Habilleuse : Valérie Spery.
Production Opéra national de Lyon.
Déconseillé aux moins de 12 ans.
Durée : 1 h 20.
Le spectacle a eu lieu du 15 au 18 décembre 2022 à la Grande Halle de la Villette à Paris.
Tournée
6 et 7 avril 2023 : MC2, Grenoble (38).
14 au 16 avril 2023 : Opéra de Reims, en coréalisation avec le Manège, Reims (51).
Habilleuse : Valérie Spery.
Production Opéra national de Lyon.
Déconseillé aux moins de 12 ans.
Durée : 1 h 20.
Le spectacle a eu lieu du 15 au 18 décembre 2022 à la Grande Halle de la Villette à Paris.
Tournée
6 et 7 avril 2023 : MC2, Grenoble (38).
14 au 16 avril 2023 : Opéra de Reims, en coréalisation avec le Manège, Reims (51).