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Danse

"Zéphyr"… Soufflé de talents !

Compagnon de route depuis trente ans de La Villette, Mourad Merzouki nous emmène au large, avec ses artistes, à la rencontre de Zéphyr, luttant contre, au-dehors ou dans une cale de bateau. Au travers de différentes musiques, l'ailleurs est à l'horizon avec sa force, ses espoirs, sa résistance physique et parfois ses tragédies.



© Laurent Philippe.
© Laurent Philippe.
Zéphyr, dans la mythologie grecque, est la personnification du vent de l'ouest ou du nord-ouest. Par extension, il est désigné aussi comme doux et agréable. Celui de Mourad Merzouki est chargé de beaucoup plus de signification. Poétique, il l'est assurément.

Un vent souffle au travers de ce qui semble être des hublots répartis le long de parois ocre. Deux danseurs arpentent la scène comme des équilibristes. Les corps s'allongent avec les jambes écartées et légèrement repliées. Comme des vagues, ils se font porter, entraîner par ces souffles brassés par des ventilateurs, calés dans ces ouvertures circulaires.

D'autres interviennent, autour de duos et de chorégraphies de groupe dans une harmonie où celles-ci s'intercalent les unes aux autres sans rupture. Ces dernières mettent en avant aussi chacun dans son individualité, comme s'ils étaient leur propre îlot luttant contre une même force éolienne.

Mourad Merzouki © Julie Cherki.
Mourad Merzouki © Julie Cherki.
Les tableaux sont découpés musicalement avec, pour l'un, une scénographie qui donne un autre rythme et nous fait basculer dans un autre univers, plus féérique. Dans celui-ci, une danseuse porte une longue et très grande robe faite d'un seul drap aidée par l'ensemble des interprètes qui se cache au pourtour de celle-ci, mi-agenouillé, mi-allongé. Elle tourne autour de sa robe, portée en hauteur tel un soleil. Ses bras enclenchent un mouvement de tournoiement, comme une manivelle. Ce n'est pas l'élégance qui prime, mais plutôt la force qui se dégage. Les bras sont mi-repliés, les coudes à quasi quatre-vingt-dix degrés.

Il y a plusieurs tempos avec, à un moment, le temps qui s'arrête presque. La gestuelle devient beaucoup plus lente, comme au ralenti. Tous les artistes sont sur la même latitude, la même ligne contre la paroi ocre qui semble celle d'un bateau. Flirtant presque avec elle, étalés contre elle, glissant dessus comme pour fuir un danger.

Puis, la mer arrive avec sa poésie bleue. Celle-ci est incarnée par des draps bleutés qui balaient la scène avec des danseurs en position mi-allongés, mi-repliés sur les genoux, parfois légèrement debout. Ils sont dans une mer, agités, pour finir, un moment, recouverts par elle. Puis, on découvre quatre d'entre eux allongés au sol sans bouger. À d'autres moments, les membres, inférieurs et supérieurs, s'étendent comme sur une ligne de crête, pouvant basculer d'un fléchissement vers l'autre, d'un équilibre vers un déséquilibre.

Les interprètes s'agrippent à la gravité pour rester debout. Les postures sont toujours courbes. Presque au ralenti, ils avancent, lestés de résistance éolienne, pour gagner une course contre la montre, vers un ailleurs de liberté ou de fuite, mais qui peut être aussi celui de la mort comme nous le rappelle depuis bien trop longtemps ceux que l'on nomme, pour nier leur tragédie, les "migrants", alors que ce sont des réfugiés qui fuient massacres et guerre.

Tout se mélange avec beaucoup d'harmonie. Le contemporain fait la bise au hip-hop qui l'embrasse de son côté. Les mouvements, à l'exception de la dernière scène avec la danseuse habillée de sa longue robe, sont dans un registre corporel où l'espace est épousé dans ses courbures pour sculpter la puissance d'un vent qui prend ainsi toute sa matérialité. Éole n'a qu'à bien se tenir !

"Zéphyr"

© Laurent Philippe.
© Laurent Philippe.
Direction artistique et chorégraphie : Mourad Merzouki, assisté de Marjorie Hannoteaux.
Avec : Soirmi Amada, Ethan Cazaux, Ludovic Collura/Wissam Seddiki, Ana Teresa de Jesus Carvalho Pereira, Nicolas Grosclaude, Simona Machovičová, Camilla Melani, Mourad Messaoud, Thibault Mieglietti, Wissam Seddiki, Adrien Tan.
Création musicale : Armand Amar.
Scénographie : Benjamin Lebreton.
Lumières : Yoann Tivoli assisté de Nicolas Faucheux.
Costumes : Emilie Carpentier.
Crédits musicaux additionnels
Long Distance Productions.
Chants : Isabel Sörling.
Violon : Sarah Nemtanu.
Alto : Lise Berthaud.
Violoncelle : Grégoire Korniluk.
Piano : Julien Carton.

© Julie Cherki.
© Julie Cherki.
Enregistrement, mixage, création sonore : Vincent Joinville aux Studios Babel de Montreuil-sous-Bois.
Production : Katrin Oebel.
Production : Centre chorégraphique national de Créteil et du Val-de-Marne/Cie Käfig.
Coproduction : Département de la Vendée, Maison des Arts de Créteil.
Durée : 1 h 20.
Spectacle tout public, recommandé à partir de 7 ans.
Créé le 3 novembre 2021 au Vendéspace (85).

Le spectacle s'est joué du 20 au 23 décembre 2021 à la Grande Halle de la Villette.

Tournée
Du mardi 11 au samedi 22 janvier 2022 : Maison de la Danse, Lyon (69).
Samedi 9 avril 2022 : Palais des Congrès, Issy-les-Moulineaux (92).
Du jeudi 2 au samedi 4 juin 2022 : Wolubilis, Bruxelles (Belgique).

Safidin Alouache
Vendredi 31 Décembre 2021

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