Entre humour survolté et poésie élégiaque, le spectateur de "Pour Bobby" est capté par l'histoire personnelle de cette jeune femme pleine de vitalité, tout comme il l'est par celle de Bobby, diminutif affectif de Robert (dont le patronyme est Cohen), disparu tragiquement et qui hante la mémoire de la narratrice oscillant entre fous rires et douleur retenue.
Sans la tragédie, la vie serait une comédie humaine incomplète. Protagoniste seule au plateau, dans une scénographie dépouillée lui faisant la part belle, "elle" éprouve à son corps défendant cette vérité primale, elle qui, visage lunaire aux yeux éclairés par des paillettes scintillantes, se trouve parfois désappointée lorsqu'elle sent bien, que quelque chose résiste à son désir d'être de ce monde.
Déployant, gestes à l'appui, des trésors de bonne volonté pour montrer à quel point elle sait faire plein de choses - trieuse d'enveloppes, releveuse, fileuse, distributrice, coureuse, metteuse générale, et pourquoi pas gardienne ? -, plein de choses dont personne ne semble vouloir, la renvoyant à une détresse intérieure qu'elle se cache à elle-même.
Sans la tragédie, la vie serait une comédie humaine incomplète. Protagoniste seule au plateau, dans une scénographie dépouillée lui faisant la part belle, "elle" éprouve à son corps défendant cette vérité primale, elle qui, visage lunaire aux yeux éclairés par des paillettes scintillantes, se trouve parfois désappointée lorsqu'elle sent bien, que quelque chose résiste à son désir d'être de ce monde.
Déployant, gestes à l'appui, des trésors de bonne volonté pour montrer à quel point elle sait faire plein de choses - trieuse d'enveloppes, releveuse, fileuse, distributrice, coureuse, metteuse générale, et pourquoi pas gardienne ? -, plein de choses dont personne ne semble vouloir, la renvoyant à une détresse intérieure qu'elle se cache à elle-même.
Pourtant, combien elle aimerait décrocher un travail susceptible de lui ouvrir les portes d'un "chez-moi avec tout ce qui faut, acheté avec mon argent de distributrice". Et puis elle pourrait se faire des frichtis pour son ventre, se rendre avec une camionnette une fois par semaine - le jour où ne travaillant pas, elle serait acheteuse ! - au grand magasin de la ville pour y faire ses provisions… Un rêve de normalité intégrative joyeuse pour celle dont la vie semble avoir basculé avec le grand saut du mari de sa mère se jetant par la fenêtre, un choc à tenir à tout prix à distance en comblant par un flot de mots et d'actions compulsives le vide toujours prêt à l'engloutir.
Et puis cette belle robe bleue de diva exhumée d'une armoire, le souvenir des photos prises et l'attente vaine de l'appel d'une agence. Mais si être artiste, c'est se transformer soi-même en quelqu'un d'autre pour redonner vie aux gens que l'on a connus, pourquoi ne pas raconter sur le champ l'histoire du petit Cohen qui l'a tellement troublée ? Une histoire d'enfant, fait juif par le désir d'une mère en manque de bébé… qui l'avait obtenu d'une mère qui n'en voulait pas…
À peine né, son sort était scellé. Émue par ce destin, elle ressent que son histoire, c'est aussi un peu la sienne, la nôtre, soumise à cette force implacable des événements qui trace notre ligne de vie à la manière du fatum des Grecs anciens. Bobby est devenu le petit ange emblématique dont on chante les louanges tant est immense le besoin de consolation des humains.
"S'il n'y a plus les sentiments, il n'y a plus rien", dit-elle. Et le théâtre de Serge Valletti regorge de tendresse pour les acteurs de ces vies minuscules, si doués d'humanité troublante. Que le petit Bobby, de là où il est, soit rassuré : grâce au talent d'écriture de Serge Valletti, à la mise en jeu d'une plastique impeccable d'Alain Timár, et à la belle interprétation de Charlotte Adrien, il ne mourra pas une seconde fois.
Et puis cette belle robe bleue de diva exhumée d'une armoire, le souvenir des photos prises et l'attente vaine de l'appel d'une agence. Mais si être artiste, c'est se transformer soi-même en quelqu'un d'autre pour redonner vie aux gens que l'on a connus, pourquoi ne pas raconter sur le champ l'histoire du petit Cohen qui l'a tellement troublée ? Une histoire d'enfant, fait juif par le désir d'une mère en manque de bébé… qui l'avait obtenu d'une mère qui n'en voulait pas…
À peine né, son sort était scellé. Émue par ce destin, elle ressent que son histoire, c'est aussi un peu la sienne, la nôtre, soumise à cette force implacable des événements qui trace notre ligne de vie à la manière du fatum des Grecs anciens. Bobby est devenu le petit ange emblématique dont on chante les louanges tant est immense le besoin de consolation des humains.
"S'il n'y a plus les sentiments, il n'y a plus rien", dit-elle. Et le théâtre de Serge Valletti regorge de tendresse pour les acteurs de ces vies minuscules, si doués d'humanité troublante. Que le petit Bobby, de là où il est, soit rassuré : grâce au talent d'écriture de Serge Valletti, à la mise en jeu d'une plastique impeccable d'Alain Timár, et à la belle interprétation de Charlotte Adrien, il ne mourra pas une seconde fois.
"Pour Bobby"
Texte : Serge Valletti.
Mise en scène, scénographie : Alain Timár.
Avec : Charlotte Adrien.
Création lumière : Richard Rozenbaum.
Musique originale : Quentin Bonami, Richard Rozenbaum.
Arrangements : Quentin Bonami.
Construction décor : Éric Gil.
Costumes : Laurette Paume.
Texte publié aux Éditions L'Atalante.
Durée : 1 h10.
À partir de 12 ans .
•Avignon Off 2019•
Du 5 au 28 juillet 2019.
Tous les jours à 14 h, relâche le mardi.
Théâtre des Halles, Salle Chapiteau
4, rue Noël Biret.
Réservations : 04 32 76 24 51.
>> theatredeshalles.com
Mise en scène, scénographie : Alain Timár.
Avec : Charlotte Adrien.
Création lumière : Richard Rozenbaum.
Musique originale : Quentin Bonami, Richard Rozenbaum.
Arrangements : Quentin Bonami.
Construction décor : Éric Gil.
Costumes : Laurette Paume.
Texte publié aux Éditions L'Atalante.
Durée : 1 h10.
À partir de 12 ans .
•Avignon Off 2019•
Du 5 au 28 juillet 2019.
Tous les jours à 14 h, relâche le mardi.
Théâtre des Halles, Salle Chapiteau
4, rue Noël Biret.
Réservations : 04 32 76 24 51.
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