Dans l'écrin d'une scénographie teintée de noir, gris, blanc et sobrement raffinée, enveloppée par les musiques analogiques produites en live et distillant de petites notes "fossement" douces, sur les images grisées et floutées d'une vidéaste-plasticienne à l'unisson, la comédienne ingénument innocente égrène cette écriture qui, de boucle en boucle, reprend les mêmes motifs comme pour mieux distiller l'étrangeté de la banalité ordinaire.
Entre la lumière d'une lampe jaune - "la belle lampe jaune de son frère" - et la fascination qu'elle ressent pour la cave - "à la cave il fait noir et humide et il y a des odeurs noires et humides" - va se jouer et se rejouer jusqu'à plus soif le désir de Lene, une petite fille semblable à toutes les autres.
Lorsque le plus important au monde pour elle, Lene - petite fille attirée irrésistiblement par les mystères du "noir et humide" qu'elle sent palpiter en elle comme la promesse de plaisirs indicibles -, se focalise sur la lampe de poche susceptible "d'éclairer" l'obscur objet du désir, elle est prête à braver l'interdit érigé en tabou : "emprunter" à son grand frère Asle, aux pieds chaussés accessoirement de longs skis, et malgré le refus catégorique de ce dernier, le sésame ouvrant la porte de la caverne secrète.
Entre la lumière d'une lampe jaune - "la belle lampe jaune de son frère" - et la fascination qu'elle ressent pour la cave - "à la cave il fait noir et humide et il y a des odeurs noires et humides" - va se jouer et se rejouer jusqu'à plus soif le désir de Lene, une petite fille semblable à toutes les autres.
Lorsque le plus important au monde pour elle, Lene - petite fille attirée irrésistiblement par les mystères du "noir et humide" qu'elle sent palpiter en elle comme la promesse de plaisirs indicibles -, se focalise sur la lampe de poche susceptible "d'éclairer" l'obscur objet du désir, elle est prête à braver l'interdit érigé en tabou : "emprunter" à son grand frère Asle, aux pieds chaussés accessoirement de longs skis, et malgré le refus catégorique de ce dernier, le sésame ouvrant la porte de la caverne secrète.
C'est alors, une plongée dans l'inconscient du désir où des épisodes d'ordre hallucinatoire - "alors qu'elle monte l'escalier du premier étage, elle voit à la cave un animal poilu aux grandes moustaches" - font irruption dans la narration répétitive de menus faits apparemment sans importance la laissant in fine au seuil de la cave, interdite, dans une tension palpable. Mais comment aurait-il pu en être autrement, le désir étant par nature obscur et devant le rester pour exister… Ni le soleil, ni la (petite) mort ne peuvent se regarder en face.
La parole incantatoire se déroulant sans autre ponctuation que les pauses musicales éclairant tour à tour les objets miniatures en papier sortis tout droit du récit (le canapé où Lene est assise, la porte d'entrée, le lit de son frère, les escaliers menant à la cave, etc.), a ce pouvoir d'envoûter le spectateur-auditeur pris à son tour dans le flux de cette prose épurée jusqu'au minimalisme. Entre lumières et ombres, le sens advient donné par les sens.
Un très grand moment de poésie pure, où la plastique des compositions de la vidéaste-sculptrice Pauline Léonet se fondant dans l'univers sonore créé par Vincent Hours vient épouser le jeu épuré de Camille Carraz, interprète semblant faite pour ce rôle au point où l'on imagine mal autre qu'elle pour "rendre conte" (sic) de l'innocence de cette petite fille habitée par le désir. Frédéric Garbe, le mentor resté dans l'ombre de cette belle entreprise collective, n'a décidément pas choisi au hasard le nom de sa compagnie, lui qui fait si bien entendre "l'autre scène" sur le plateau de ses créations.
La parole incantatoire se déroulant sans autre ponctuation que les pauses musicales éclairant tour à tour les objets miniatures en papier sortis tout droit du récit (le canapé où Lene est assise, la porte d'entrée, le lit de son frère, les escaliers menant à la cave, etc.), a ce pouvoir d'envoûter le spectateur-auditeur pris à son tour dans le flux de cette prose épurée jusqu'au minimalisme. Entre lumières et ombres, le sens advient donné par les sens.
Un très grand moment de poésie pure, où la plastique des compositions de la vidéaste-sculptrice Pauline Léonet se fondant dans l'univers sonore créé par Vincent Hours vient épouser le jeu épuré de Camille Carraz, interprète semblant faite pour ce rôle au point où l'on imagine mal autre qu'elle pour "rendre conte" (sic) de l'innocence de cette petite fille habitée par le désir. Frédéric Garbe, le mentor resté dans l'ombre de cette belle entreprise collective, n'a décidément pas choisi au hasard le nom de sa compagnie, lui qui fait si bien entendre "l'autre scène" sur le plateau de ses créations.
"Noir et Humide"
Texte : Jon Fosse, paru aux éditions de L'Arche.
Traduction : Terje Sinding.
Mise en scène : Frédéric Garbe.
Avec : Camille Carraz.
Sculpture papier et vidéo : Pauline Léonet.
Dessin : Julien Chiclet.
Univers sonore : Vincent Hours.
L'Autre Compagnie.
Durée : 1 h.
À partir de 9 ans.
•Avignon Off 2019•
Du 5 au 28 juillet 2019.
Tous les jours à 10 h 50, relâche le mardi.
Théâtre Transversal, Salle 2
10, rue d'Amphoux.
Réservations : 04 90 86 17 12.
>> theatre-transversal-avignon.com
Traduction : Terje Sinding.
Mise en scène : Frédéric Garbe.
Avec : Camille Carraz.
Sculpture papier et vidéo : Pauline Léonet.
Dessin : Julien Chiclet.
Univers sonore : Vincent Hours.
L'Autre Compagnie.
Durée : 1 h.
À partir de 9 ans.
•Avignon Off 2019•
Du 5 au 28 juillet 2019.
Tous les jours à 10 h 50, relâche le mardi.
Théâtre Transversal, Salle 2
10, rue d'Amphoux.
Réservations : 04 90 86 17 12.
>> theatre-transversal-avignon.com