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Festivals

Festival Paris l'été… un puissant souffle d'air frais artistique !

Focus sur deux spectacles de la 8ᵉ édition du festival "Paris l'été" qui s'est déroulée du 3 au 16 juillet avec, pour cette dernière édition, toujours Laurence de Magalhaes et Stéphane Ricordel aux commandes (aujourd'hui à la direction du théâtre du Rond-Point). Comme chaque année, rendez-vous avec la danse, le théâtre, le cirque, la musique et, dans notre article, "La saga de Molière", une création déjantée et joyeuse, ainsi que, dans un tout autre registre, "Jazz club", une odyssée musicale allant de Lester Young à Mulatu Astatke autour de superbes Maquettes de clubs et d'intérieur.



© Cédric Messemanne.
© Cédric Messemanne.
Le festival "Paris l'été", c'est aussi son décor et ses tréteaux avec une régie souvent très dépouillée et qui transforment des endroits de Paris, comme le lycée Jacques Decour, en lieu culturel et artistique.

Créée en septembre 2021, "La saga de Molière" est un formidable pied de nez comique et, ô combien déjanté, au Classique. Du moins à Molière. Le propos est avant tout affabulateur, même s'il se nourrit de parts de vérité historiques. Aussi, l'histoire est bousculée, la légende rhabillée, le mythe Molière renversé pour dessiner l'homme à travers une projection toute personnelle de l'autrice et metteuse en scène Johana Giacardi. La distance est maquillée par une légèreté salvatrice de la vie d'un homme qui a transformé le 6ᵉ art en le marquant de son empreinte indélébile au travers de situations, que peut rencontrer toute troupe, rehaussées toujours d'humour.

C'est vif et joyeux. On assiste à la naissance de Molière, sa rencontre amoureuse avec Madeleine Béjart, puis son amour pour Armande Béjart, la fille de celle-ci. Sa prime jeunesse aussi avec son désir de la scène entre les souhaits d'un père afin qu'il reprenne son métier de tapissier et les compréhensions d'une mère face à son fils. Puis la maturité de l'homme avec ses doutes, ses échecs et ses succès sur les planches. Molière est souvent occulté par Jean-Baptiste.

© Cédric Messemanne.
© Cédric Messemanne.
La troupe des Estivants, composée d'Anne-Sophie Derouet, Nais Desiles, Johana Giacardi, Édith Mailaender et Olivia Ouki, vient de Marseille. Alors que le public n'a pas fini de s'installer, chacune explique les scènes aux spectateurs, situés face à elle, qui ne vont pas être jouées dans une pièce qui, au premier abord, semble ne pas avoir commencé. Et pourtant, elle a déjà démarré. Les comédiennes deviennent des protagonistes pour redevenir l'instant d'après des interprètes. Via ces bascules et à dessein, il n'y a souvent pas de frontière nette entre scène et gradins, comédiennes et spectateurs, les unes se mariant aux autres. Le théâtre dans le théâtre est aux premières loges.

On découvre des "manifestantes de droite", comme dit dans le texte, scandant "Faîtes des enfants, pas des intermittents. Tous à Lourdes, tous à Lourdes !", les comédiens n'étant pas considérés à l'époque de Molière. Cette fausse plongée historique complètement décalée est un joli pied de nez aux manifestations contre le mariage pour tous et met en écho les peurs et rejets qui sont rencontrés contre toute forme de minorité.

Les costumes sont parfois facétieux, voire lunaires, comme dans le dernier tableau où les comédiennes vont en direction de la lune. Quel rapport avec Molière ? Aucun sauf que la trame s'y prête absolument bien, car elle lie l'absurde et le décalé, portée par une réelle qualité de jeu. Les artistes rentrent, sortent, se maquillent de rouge pour illustrer la mort et de noir et blanc pour incarner la vieillesse. Même la musique est là avec son tout petit clavier noir que l'on voit à peine et sur lequel s'épanchent des doigts pour nous sortir quelques simples mélodies. La représentation est un très beau moment de théâtre frais et joyeux.

© Cédric Messemanne.
© Cédric Messemanne.
Autre création avec "Jazz Box" de Cécile Léna qui, dans des espaces réduits de 3m² fermés par un rideau, laisse découvrir de superbes maquettes où le jazz se fait entendre. C'est une véritable odyssée musicale à laquelle nous sommes conviés. On entend ainsi, dans l'un d'eux, une lecture de "L'écume des jours" (1947) de Boris Vian qui a contribué à introduire cette musique en France. Les maquettes sont des intérieurs tels que ceux d'un club de jazz, d'un domicile, d'une sorte de saloon ou un extérieur, comme un toit parisien ou l'entrée du club "Landbird". Tout un univers feutré s'en dégage, aux lumières changeantes guidant le regard du spectateur sur tel ou tel élément. De grands cartels devant chaque espace racontent quelques moments du Jazz. La création est originale et de très belle facture avec ses maquettes qui dégagent une atmosphère à la fois intime et très personnelle.

Nous sommes à Chicago, New-York, Casablanca avec son film dans lequel l'on voit, entre autres, Humphrey Bogart et Ingrid Bergman sur une musique de Dooley Wilson, ou à Paris, Cuba ou encore Tokyo. C'est une immersion dans un univers qui laisse place à la propre projection que chacun peut se faire dans un espace aussi réduit qu'intime. Casque aux oreilles, une voix et une atmosphère enveloppent l'écoute quand souffle dans un décor presque cinématographique des plus américains avec ses couleurs sombres et ses lumières tamisées une musique de Lester Young, Barney Willen, Billie Holiday, Charlie Parker, Duke Ellington, Jelly Roll Morton ou Mulatu Astatke pour accompagner rêveries ou pensées. Un délice !

Les représentations de "La saga de Molière" se sont déroulées les 10, 11 et 12 juillet et "Jazz box" a été exposé du 3 au 13 juillet, le tout au lycée Jacques Decour.
◙ Safidin Alouache

"La saga de Molière"

© Cédric Messemanne.
© Cédric Messemanne.
Librement inspiré de "Le Roman de monsieur de Molière" de Mikhaïl Boulgakov.
Écriture et mise en scène : Johana Giacardi.
Avec : Anne-Sophie Derouet, Nais Desiles, Johana Giacardi, Edith Mailaender, Olivia Oukil
Décors et accessoires : Camille Lemonnier.
Assistée de Julie Cardile et Edith Mailaender.
Création lumière : Lola Delelo.
Création costumes : Albane Roche Michoudet, Naïs Desiles, Johana Giacardi et Camille Lemonnier.
Collaboratrice artistique : Lisiane Gether.
Compagnie Les Estivants.
Durée : 1 h 35.

Tournée
6 et 7 mars 2025 : Le Safran - Scène Conventionnée, Amiens (80).
8 mars 2025 : Théâtre Louis Aragon, Tremblay-en-France (93).
11 mars 2025 : Communauté de Communes du Mont des Avaloirs, Pré-en-Pail (53).
12 au 14 mars 2025 : La Faiencerie - Scène conventionnée, Creil (60).
28 et 29 mars 2025 : Théâtre Brétigny, Brétigny (91).
8 au 10 avril 2025 : L'Azimut, Antony (92).
22 avril 2025 : Théâtre de La Licorne, Cannes (06).
24 avril 2025 : Théâtre de La Colonne, Miramas (13).
29 avril 2025 : Théâtre Le Carreau - Scène nationale, Forbach (57).
5 au 7 mai 2025 : Le Cratère - Scène Nationale, Alès (30).
17 mai 2025 : Théâtre Le Sémaphore, Irigny (69).
20 au 22 mai 2025 : MC2 -Scène Nationale, Grenoble (38).
27 au 31 mai 2025 : Théâtre de Namur, Namur (Belgique).

"Jazz box"

Maquette de Cécile Léna © Phannara Bun.
Maquette de Cécile Léna © Phannara Bun.
Conception et réalisation : Cécile Léna.
Bande sonore : Loic Lachaize.
Création lumière et conception technique : José Victorien.
Textes et propositions musicales : Philippe Méziat.
Conception et réalisation du module extérieur : Marc Valladon.
Administration de production : Morgan Helou.
Voix : Elleni Barral Virna, Jonathan Beagley, Christophe Brioul, Alain Chaniot, Cécile Léna, Stéphanie Moussu, Masahide Otani, Étienne Rolin.
Durée : 40 minutes.
Production : Léna d'Azy.
Coproduction OARA - Office Artistique de la Région Nouvelle-Aquitaine, Conseil général des Landes, Théâtre des Quatre Saisons de Gradignan.

Festival Paris l'été
A eu lieu du 3 au 16 juillet 2024.
>> parislete.fr

Safidin Alouache
Jeudi 25 Juillet 2024

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© Betül Balkan.
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On retrouve dans cet album une réelle intensité pour chaque interprétation, une profondeur dans la tessiture, dans les tonalités exprimées dont on sent qu'elles puisent tant dans l'âme créatrice des illustres auteurs que dans les recoins intimes, les chemins de vie personnelle de Marc Casa, pour y mettre, dans une manière discrète et maîtrisée, emplie de sincérité, un peu de sa propre histoire.

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