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Danse

"Tutu"… Les petits pas burlesques de petits rats déjantés !

"Tutu", Bobino, Paris

Chico Mambos revisite la danse classique dans sa gestuelle, ses déplacements et ses figures... Mais par le biais de l'humour voire du burlesque. Créant un univers original mais fantasque, six danseurs jouent d'imitations dans différentes chorégraphies, entre dérision et exigence, faisant de la danse classique un Art joyeux et pouvant bousculer les codes artistiques.



© DR.
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Six danseurs, habillés en tutu, arrivent côté cour les uns à la suite des autres. La danse classique est revisitée dans sa gestuelle et ses aspects scéniques et chorégraphiques. De cette danse aérienne, les danseurs décollent peu du sol. D'une attitude altière et droite, nos danseurs empruntent une gestuelle faite de courbes et de contorsions. D'un positionnement essentiellement symétrique et central, ils investissent toute la scène dans des déplacements souvent diagonaux ou longitudinaux. Tout est bousculé avec grâce et intelligence par la compagnie Chico Mambos.

Les Chico Mambos sont nés il y a vingt ans en 1994 à Barcelone avec Philippe Lafeuille, actuel directeur artistique de la compagnie.

La danse classique est vue au travers de l'humour voire du burlesque par le biais de jeux d'imitations, de légèreté mais aussi loufoques et décalés. Au fil des "numéros" chorégraphiés, les danseurs se transforment en poussins, en divas, sylphides ou en danseurs modernes, branchés, ou ambiance rap/Street dance... Dans un solo de pointes, les danseurs jouent d'équilibres et de déséquilibres. Dans un autre solo, Loïc Consalvo a une gestuelle faite de grâce et "d'ironie" artistique avec des mouvements très appuyés dans ses arrondis et ses finales.

© DR.
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Dans chaque chorégraphie, les danseurs déploient, de façon inspirée et amusante, énergie et légèreté qui font voir la danse classique à mille lieues d'une discipline et d'une rigueur figées dont peut être parée celle-ci. L'humour, les effets comiques, transpirent dans la gestuelle, les attitudes et les expressions des danseurs.

"Tutu" est composé de mariages multiples entre danse moderne et danse classique, entre légèreté et technicité, entre humour et grâce. Les danseurs ont, chacun, leur identité propre avec une approche virile pour les uns, gracieuse pour les autres (voire très féminine) ou timide et timoré pour les suivants.

C'est un bel hommage rendu à la danse classique lui donnant des lettres de noblesse dont elle ne s'était pas encore parée, celles de l'humour, de la légèreté, de l'originalité et d'une autodérision qui devrait en amener plus d'un à voir le classique d'un autre œil.

"Tutu"

© DR.
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Par les Chicos Mambo.
Conception/Chorégraphie : Philippe Lafeuille.
Assistante : Flavie Hennion.
Avec : Loïc Consalvo, Anthony Couroyer ou Jimmy Vairon, Mikael Fau, Pierre-Emmanuel Langry, Julien Mercier et Alexis Ochin.
Tutologue : Romain Compingt.
Son : Antisten.
Costumes : Corinne Petitpierre, assistée d'Anne Tesson.
Lumières : Dominique Mabileau.
Photographe : Francette Levieux.
Durée : 1 h 30.

© DR.
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Prolongations jusqu'au 24 mai 2015.
Du mercredi au samedi à 19 h, dimanche à 16 h (sauf les 5, 8, 12, 19 & 23/05).
Bobino, Paris 14e, 01 43 27 24 24.
>> www.bobino.fr

Safidin Alouache
Lundi 9 Mars 2015

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"La Chute" Une adaptation réussie portée par un jeu d'une force organique hors du commun

Dans un bar à matelots d'Amsterdam, le Mexico-City, un homme interpelle un autre homme.
Une longue conversation s'initie entre eux. Jean-Baptiste Clamence, le narrateur, exerçant dans ce bar l'intriguant métier de juge-pénitent, fait lui-même les questions et les réponses face à son interlocuteur muet.

© Philippe Hanula.
Il commence alors à lever le voile sur son passé glorieux et sa vie d'avocat parisien. Une vie réussie et brillante, jusqu'au jour où il croise une jeune femme sur le pont Royal à Paris, et qu'elle se jette dans la Seine juste après son passage. Il ne fera rien pour tenter de la sauver. Dès lors, Clamence commence sa "chute" et finit par se remémorer les événements noirs de son passé.

Il en est ainsi à chaque fois que nous prévoyons d'assister à une adaptation d'une œuvre d'Albert Camus : un frémissement d'incertitude et la crainte bien tangible d'être déçue nous titillent systématiquement. Car nous portons l'auteur en question au pinacle, tout comme Jacques Galaud, l'enseignant-initiateur bien inspiré auprès du comédien auquel, il a proposé, un jour, cette adaptation.

Pas de raison particulière pour que, cette fois-ci, il en eût été autrement… D'autant plus qu'à nos yeux, ce roman de Camus recèle en lui bien des considérations qui nous sont propres depuis toujours : le moi, la conscience, le sens de la vie, l'absurdité de cette dernière, la solitude, la culpabilité. Entre autres.

Brigitte Corrigou
09/10/2024
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"Dub" Unité et harmonie dans la différence !

La dernière création d'Amala Dianor nous plonge dans l'univers du Dub. Au travers de différents tableaux, le chorégraphe manie avec rythme et subtilité les multiples visages du 6ᵉ art dans lequel il bâtit un puzzle artistique où ce qui lie l'ensemble est une gestuelle en opposition de styles, à la fois virevoltante et hachée, qu'ondulante et courbe.

© Pierre Gondard.
En arrière-scène, dans une lumière un peu sombre, la scénographie laisse découvrir sept grands carrés vides disposés les uns sur les autres. Celui situé en bas et au centre dessine une entrée. L'ensemble représente ainsi une maison, grande demeure avec ses pièces vides.

Devant cette scénographie, onze danseurs investissent les planches à tour de rôle, chacun y apportant sa griffe, sa marque par le style de danse qu'il incarne, comme à l'image du Dub, genre musical issu du reggae jamaïcain dont l'origine est due à une erreur de gravure de disque de l'ingénieur du son Osbourne Ruddock, alias King Tubby, en mettant du reggae en version instrumentale. En 1967, en Jamaïque, le disc-jockey Rudy Redwood va le diffuser dans un dance floor. Le succès est immédiat.

L'apogée du Dub a eu lieu dans les années soixante-dix jusqu'au milieu des années quatre-vingt. Les codes ont changé depuis, le mariage d'une hétérogénéité de tendances musicales est, depuis de nombreuses années, devenu courant. Le Dub met en exergue le couple rythmique basse et batterie en lui incorporant des effets sonores. Awir Leon, situé côté jardin derrière sa table de mixage, est aux commandes.

Safidin Alouache
17/12/2024
Spectacle à la Une

"R.O.B.I.N." Un spectacle jeune public intelligent et porteur de sens

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© DR.
C'est l'injustice sociale que les auteurs et la metteure en scène Maïa Sandoz veulent mettre au premier plan des thèmes abordés. Notre époque, qui veut que les riches soient de plus en plus riches et les pauvres de plus pauvres, sert de caisse de résonance extrêmement puissante à cette intention. Rien n'étonne, en fait, lorsque la mère de Robin et de sa sœur, Christabelle, est jetée en prison pour avoir volé un peu de nourriture dans un supermarché pour nourrir ses enfants suite à la perte de son emploi et la disparition du père. Une histoire presque banale dans notre monde, mais un acte que le bon sens répugne à condamner, tandis que les lois économiques et politiques condamnent sans aucune conscience.

Le spectacle s'adresse au sens inné de la justice que portent en eux les enfants pour, en partant de cette situation aux allures tristement documentaires et réalistes, les emporter vers une fiction porteuse d'espoir, de rires et de rêves. Les enfants Robin et Christabelle échappent aux services sociaux d'aide à l'enfance pour s'introduire dans la forêt interdite et commencer une vie affranchie des règles injustes de la cité et de leur maître, quitte à risquer les foudres de la justice.

Bruno Fougniès
13/12/2024