Un noir sur scène délimite un cercle baigné d'une lumière blanche. Une musique rythmée, qui devient, au fil de l'eau, entêtante et envoûtante, accompagne tout le spectacle. L'obscurité devient aussi parfois compagnon de route en baignant les planches de sa noirceur. Celle-là devient pause et rupture de jeu avec un flou lumineux qui s'en dégage scéniquement. Les artistes jaillissent à tour de rôle de l'obscurité pour traverser rapidement le plateau de sa longueur. Du noir à la lumière, leurs apparitions sont furtives, rapides et au pas de course.
Durant leur traversée scénique, les danseurs, chacun à tour de rôle, tournent sur eux-mêmes, les bras et les jambes un peu lâches. Ils sont pris d'un tournoiement sans fin et animés d'une quête effrénée de fuites. Seuls, toujours seuls, ils sont de temps en temps en groupe, répartis autour du cercle éclairé, mais chacun dans leur solitude. Ils ne se regardent pas et ne s'appréhendent pas, bien qu'ils puissent être ensemble à la lisière de la scène, attendant parfois autour d'elle.
Leurs jambes tiennent lieu d'appui flageolant où les plantes des pieds ont des directions en biais, jamais rectilignes, même si la trajectoire l'est. Les troncs et les membres inférieurs et supérieurs participent à cette dynamique en adoptant de petites gestiques jamais fixes, au périmètre réduit. Leur latitude est toujours près du tronc. Le déséquilibre est toujours présent, les interprètes se laissant porter par un mouvement dont, à dessein, ils ne semblent maîtriser ni la trajectoire, ni l'intention.
Durant leur traversée scénique, les danseurs, chacun à tour de rôle, tournent sur eux-mêmes, les bras et les jambes un peu lâches. Ils sont pris d'un tournoiement sans fin et animés d'une quête effrénée de fuites. Seuls, toujours seuls, ils sont de temps en temps en groupe, répartis autour du cercle éclairé, mais chacun dans leur solitude. Ils ne se regardent pas et ne s'appréhendent pas, bien qu'ils puissent être ensemble à la lisière de la scène, attendant parfois autour d'elle.
Leurs jambes tiennent lieu d'appui flageolant où les plantes des pieds ont des directions en biais, jamais rectilignes, même si la trajectoire l'est. Les troncs et les membres inférieurs et supérieurs participent à cette dynamique en adoptant de petites gestiques jamais fixes, au périmètre réduit. Leur latitude est toujours près du tronc. Le déséquilibre est toujours présent, les interprètes se laissant porter par un mouvement dont, à dessein, ils ne semblent maîtriser ni la trajectoire, ni l'intention.
Durant toute la représentation, la course devient infinie et indéfinie. Elle s'arrête uniquement quand le noir s'installe par intermittence. À tour de rôle, ces courses s'enchaînent sans qu'il soit aisé de savoir ce qui les amène. Cela part d'un point d'on ne sait le lieu vers une destination dont on ne peut deviner la trajectoire, celle-ci disparaissant dans l'obscurité. Seule la musique entêtante, rythmée et enivrante devient un repère, un axe, un phare dans une scénographie à la lumière tamisée où se dessinent des corps mis en relief par celle-ci. Les muscles sont relâchés, les bras restant un peu flasques, finis par des mains arrondies et des poings fermés qui tombent des poignets en angle droit. Les mouvements et les attitudes semblent être ceux d'une pantomime embarquée dans une course malgré elle.
Les artistes sont à tour de rôle des réceptacles d'une force intérieure ou extérieure qui les pousse et dont ils n'ont pas de prise, ayant une faible consistance musculaire. Ou une faiblesse psychique qui les désarme. Ils sont poussés vers des non-lieux symbolisés par l'extérieur du cercle. L'esthétique et la grâce n'ont pas droit de cité. Ce n'est pas l'objet de la chorégraphie qui est celui de la dépossession d'une volition comme emportée, balayée par le souffle d'éléments invisibles. Nul vent, nulle force n'est incarné. On ne sait pas ce qui pousse nos danseurs à traverser ce cercle de lumière, mettant en exergue ainsi un caractère de perte de soi. Peut-être eux-mêmes embarqués dans celle-ci malgré eux.
Ceci peut faire écho à une course effrénée vers l'avant dans laquelle plonge parfois notre société quand le manque d'imagination met en arrêt nos capacités inventives de réflexion et de rébellion. Ou quand trop de gens sont happés à perdre leur vie à la gagner. La musique en donne un aspect très rythmé dont on aime à suivre le tempo pour s'en trouver embarqué malgré nous.
La danse est dans un rapport répétitif à la scénographie et à la musique. Tout n'est que passage et vitesse. Quelques arrêts ponctuent la chorégraphie. Aucune bifurcation, aucun pas de côté n'est effectué pour sortir de ce cercle vicieux de dépossession. Aller jusqu'à sa perte pour oublier son enveloppe corporelle qui nous le rappelle trop bien quand les limites en sont dépassées.
Le propos de Rousseau, "Plus le corps est faible, plus il commande, plus il est fort, plus il obéit", ne fait pas écho à ce qui se joue sur les planches. Car le corps est faible et n'obéit pas chez Nacera Belaza dont le propos artistique, intéressant et interrogatif, m'a laissé toutefois un peu sur la réserve.
Les artistes sont à tour de rôle des réceptacles d'une force intérieure ou extérieure qui les pousse et dont ils n'ont pas de prise, ayant une faible consistance musculaire. Ou une faiblesse psychique qui les désarme. Ils sont poussés vers des non-lieux symbolisés par l'extérieur du cercle. L'esthétique et la grâce n'ont pas droit de cité. Ce n'est pas l'objet de la chorégraphie qui est celui de la dépossession d'une volition comme emportée, balayée par le souffle d'éléments invisibles. Nul vent, nulle force n'est incarné. On ne sait pas ce qui pousse nos danseurs à traverser ce cercle de lumière, mettant en exergue ainsi un caractère de perte de soi. Peut-être eux-mêmes embarqués dans celle-ci malgré eux.
Ceci peut faire écho à une course effrénée vers l'avant dans laquelle plonge parfois notre société quand le manque d'imagination met en arrêt nos capacités inventives de réflexion et de rébellion. Ou quand trop de gens sont happés à perdre leur vie à la gagner. La musique en donne un aspect très rythmé dont on aime à suivre le tempo pour s'en trouver embarqué malgré nous.
La danse est dans un rapport répétitif à la scénographie et à la musique. Tout n'est que passage et vitesse. Quelques arrêts ponctuent la chorégraphie. Aucune bifurcation, aucun pas de côté n'est effectué pour sortir de ce cercle vicieux de dépossession. Aller jusqu'à sa perte pour oublier son enveloppe corporelle qui nous le rappelle trop bien quand les limites en sont dépassées.
Le propos de Rousseau, "Plus le corps est faible, plus il commande, plus il est fort, plus il obéit", ne fait pas écho à ce qui se joue sur les planches. Car le corps est faible et n'obéit pas chez Nacera Belaza dont le propos artistique, intéressant et interrogatif, m'a laissé toutefois un peu sur la réserve.
"Sur le fil"
Chorégraphie : Nacera Belaza.
Conception son et lumière : Nacera Belaza.
Régie son et lumière : Christophe Renaud.
Avec : Nacera Belaza, Dalila Belaza, Aurélie Berland, Paulin Blanc.
Et la participation de : Bouramou Coulibaly, Marc Ethane Olandzobo Ndr Ikogni, Arindra Rakotobe et Miranto Rakotobe, Chaïa Malécot.
Production : Compagnie Nacera Belaza.
Durée : 1 h 10.
Spectacle ayant eu lieu les 15 et 16 novembre 2023 dans le cadre du du Festival d'Automne 2023.
Théâtre national de Chaillot, Salle Firmin Gemier, Paris 16e.
Programme du Festival d'Automne
Conception son et lumière : Nacera Belaza.
Régie son et lumière : Christophe Renaud.
Avec : Nacera Belaza, Dalila Belaza, Aurélie Berland, Paulin Blanc.
Et la participation de : Bouramou Coulibaly, Marc Ethane Olandzobo Ndr Ikogni, Arindra Rakotobe et Miranto Rakotobe, Chaïa Malécot.
Production : Compagnie Nacera Belaza.
Durée : 1 h 10.
Spectacle ayant eu lieu les 15 et 16 novembre 2023 dans le cadre du du Festival d'Automne 2023.
Théâtre national de Chaillot, Salle Firmin Gemier, Paris 16e.
Programme du Festival d'Automne