Après s'être frottée au thème de la migration (suite à la percée préoccupante de l'extrême droite dans son île, dès l'élection présidentielle de 2017) avec quatre danseurs sur scène, à celui de la place de la femme noire métisse se mettant à nu (elle-même) pour raconter les résistances d'une vie entière, Soraya Thomas projette maintenant six de ses danseurs sur un plateau balayé par le souffle du vent. En guise de point de capiton à son triptyque sur la violence et l'intime, dans ce dernier volet, elle se propose de tester les capacités de résistance d'un clan soumis à de fortes turbulences extérieures.
Dans le noir complet, un grondement continu, dont la tonalité s'amplifie au fur et à mesure du temps, annonce la possibilité d'un cataclysme. Nos yeux s'habituant à l'obscurité découvrent alors le corps d'une danseuse allongée au sol, inerte, puis d'une autre. La lumière se faisant, d'immenses rideaux de tulle ondulant sous l'effet d'un vent devenu plus léger sont tirés par les quatre autres danseurs redressant les cubes de constructions mises à bas. La vie reprend, et avec elle, le ballet incessant des gestes à mutualiser pour faire cohésion face aux dérèglements d'ordre climatique ou politique mettant à mal l'existence de chacun.
Dans le noir complet, un grondement continu, dont la tonalité s'amplifie au fur et à mesure du temps, annonce la possibilité d'un cataclysme. Nos yeux s'habituant à l'obscurité découvrent alors le corps d'une danseuse allongée au sol, inerte, puis d'une autre. La lumière se faisant, d'immenses rideaux de tulle ondulant sous l'effet d'un vent devenu plus léger sont tirés par les quatre autres danseurs redressant les cubes de constructions mises à bas. La vie reprend, et avec elle, le ballet incessant des gestes à mutualiser pour faire cohésion face aux dérèglements d'ordre climatique ou politique mettant à mal l'existence de chacun.
L'intranquillité qui habite les danseurs se lit dans les regards inquiets. Leur détermination s'affiche dans les postures énergiques où bras défensifs tendus vers l'extérieur dominent. Alternant pauses, ralentis et accélérations, leur danse est un sport de combat dont l'enjeu n'est autre que la survie du clan. Les jeux de lumière oscillant entre éclairage franc et semi-obscurité impriment le tempo de ce corps à corps avec le danger tempétueux. Reprenant leur souffle, au rythme d'une respiration expressive, dans leur costume les faisant confondre, les quatre danseuses et deux danseurs développent une chorégraphie chorale où le soutien – réel et figuré – aux partenaires prend fonction de viatique leur permettant de traverser ensemble ces zones de turbulence.
Parfois l'une d'entre eux craque, faisant entendre un rire glaçant. Aussitôt prise en charge par l'un de ses alter egos l'entourant de ses bras protecteurs, elle reprend pied pour se joindre aux vicissitudes du groupe dont les membres tour à tour s'épuisent, se désarticulent, s'écroulent avant de se relancer de plus belle dans l'action. L'énergie sans faille qui les anime est à mesurer à l'aune du danger qu'ils encourent et leur saine révolte tonitrue jusqu'à nous.
Parfois l'une d'entre eux craque, faisant entendre un rire glaçant. Aussitôt prise en charge par l'un de ses alter egos l'entourant de ses bras protecteurs, elle reprend pied pour se joindre aux vicissitudes du groupe dont les membres tour à tour s'épuisent, se désarticulent, s'écroulent avant de se relancer de plus belle dans l'action. L'énergie sans faille qui les anime est à mesurer à l'aune du danger qu'ils encourent et leur saine révolte tonitrue jusqu'à nous.
Pour peu que l'on accepte un temps de lâcher prise, de se dessiller les yeux pour faire face à nos propres terreurs, cette chorégraphie de la violence et de l'intime prend statut de donneur d'alerte résonnant dans notre propre intimité. Ainsi "Souffle", de Soraya Thomas et de ses danseuses et danseurs faisant corps, nous offre-t-il une respiration salutaire de nature à réanimer notre devoir de rébellion. Reprendre ensemble souffle pour ne pas capituler devant les dangers menaçant notre "humanité".
Vu le vendredi 22 mars à La Manufacture CDCN de Bordeaux.
Vu le vendredi 22 mars à La Manufacture CDCN de Bordeaux.
"Souffle"
Pièce chorégraphique tout public à partir de 10 ans, Création 2022.
Chorégraphie : Soraya Thomas,
Avec : Maëva Curco-Llovera, Sarah Dunaud, Amélie Pialot, Claudio Rabemananjara, Jules Martin, Manon Payet.
Conception scénographique : Frédéric Dussoulier, Soraya Thomas.
Construction scénographique : Frédéric Dussoulier, Cédric Perraudeaux.
Création lumière : Christophe Bruyas.
Création musicale : Thierry Th Desseaux
Musicien : David Fourdrinoy (percussions).
Voix : Sabine Deglise.
Régisseur général : Frédéric Dubreuil.
Costumes : Chloé Petitpierre.
Par la Cie Morphose.
Durée : 55 minutes.
Représenté le vendredi 22 mars à La Manufacture CDCN de Bordeaux (33)
Tournée
Jeudi 28 mars 2024 : Teat Champ Fleuri, Saint-Denis, La Réunion (974).
Chorégraphie : Soraya Thomas,
Avec : Maëva Curco-Llovera, Sarah Dunaud, Amélie Pialot, Claudio Rabemananjara, Jules Martin, Manon Payet.
Conception scénographique : Frédéric Dussoulier, Soraya Thomas.
Construction scénographique : Frédéric Dussoulier, Cédric Perraudeaux.
Création lumière : Christophe Bruyas.
Création musicale : Thierry Th Desseaux
Musicien : David Fourdrinoy (percussions).
Voix : Sabine Deglise.
Régisseur général : Frédéric Dubreuil.
Costumes : Chloé Petitpierre.
Par la Cie Morphose.
Durée : 55 minutes.
Représenté le vendredi 22 mars à La Manufacture CDCN de Bordeaux (33)
Tournée
Jeudi 28 mars 2024 : Teat Champ Fleuri, Saint-Denis, La Réunion (974).
© Marie-Julie Gascon.