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Avignon 2019

•Off 2019• On voudrait revivre Entrée en Poésie pleine de tact… et hommage au Poète

Tout commence dans une obscurité bienveillante, dans l'intimité apaisante des diodes belles comme des étoiles dans la nuit. Il y a le magnéto à bandes, la sono, le micro, les guitares mythiques, les claviers fidèles compagnons. Chloé Brugnon met en scène "On voudrait revivre" pièce écrite à trois mains à partir des textes de Gérard Manset.



© Félix Taulelle.
© Félix Taulelle.
Et le comédien (Maxime Kerzanet), sur son cube de bois, témoigne de son amour pour Nerval et Manset qu'il vient de découvrir. Gérard de Nerval et Gérard Manset…

Tout un programme. Une histoire qui relie deux Ténébreux, deux Inconsolés aux luths constellés… Et dans ce studio d'adolescence apparaît comme un bon génie, apparaît la muse complice (Léopoldine Hummel), facétieuse, qui amplifie les désirs et les comble. En solo, en duo, les rêves se concrétisent.

Dans ce spectacle composé comme une suite d'intermèdes et de danses discrètes, tous les jeux du théâtre, les rideaux, les fumigènes, les lumières, le son, sont utilisés avec délicatesse et justesse. Les voix dialoguent, en fugue, en fusion. La parole sait varier les registres pour mieux ajuster l'effet. T'as ton putain de cahier sur le piano, tu regardes, tu frappes le do, puis le mi, puis le sol. Tu fais do-mi, puis la tierce, puis la quinte. Et là, t'entends ce que c'est que l'harmonie.

© Félix Taulelle.
© Félix Taulelle.
Et l'harmonie, les acteurs, à la fois comédiens, chanteurs et musiciens y parviennent. Le spectateur assiste au dédoublement des comédiens en êtres fantasmatiques.

C'est un peu comme si s'effectuait comme un retour de la pavane, cette danse à deux, élégante et lente. Comme une déclaration d'amour du théâtre à la musique et à la poésie. Comme une entrée en Poésie pleine de tact. Un hommage au Poète.

Le spectateur peut ne pas connaître Gérard Manset. Lové au sein du public, il fait partie du voyage en solitaire et voudrait revivre, encore, ce spectacle.

"On voudrait revivre"

© Félix Taulelle.
© Félix Taulelle.
À partir des chansons de Gérard Manset.
Mise en scène : Chloé Brugnon.
Jeu et création musicale : Léopoldine Hummel, Maxime Kerzanet.
Lumières : Hugo Dragone.
Son : Mathieu Diemert.
Costumes : Jennifer Minard.
Scénographie : Félix Taulelle.
Par la Compagnie Claire Sergent.
Durée : 1 h 25.
Tout public à partir de 13 ans.

•Avignon Off 2019•
Du 6 au 22 juillet 2019.
Tous les jours à 11 h, relâche les 9 et 16 juillet.
La Caserne
116, rue de la Carreterie.
Réservations : 04 90 39 57 63.
>> grandest.fr

Jean Grapin
Mercredi 3 Juillet 2019

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•Off 2024• "Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
14/06/2024
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© Betül Balkan.
Comme dans son précédent opus "À ce jour" (consacré à Barbara), Marc Casa est habité par ses choix, donnant un souffle original et unique à chaque titre choisi. Évitant musicalement l'écueil des orchestrations "datées" en optant systématiquement pour des sonorités contemporaines, chaque chanson est synonyme d'une grande richesse et variété instrumentales. Le timbre de la voix est prenant et fait montre à chaque fois d'une émouvante et artistique sincérité.

On retrouve dans cet album une réelle intensité pour chaque interprétation, une profondeur dans la tessiture, dans les tonalités exprimées dont on sent qu'elles puisent tant dans l'âme créatrice des illustres auteurs que dans les recoins intimes, les chemins de vie personnelle de Marc Casa, pour y mettre, dans une manière discrète et maîtrisée, emplie de sincérité, un peu de sa propre histoire.

"Nous mettons en écho des chansons de Barbara et Brel qui ont abordé les mêmes thèmes mais de manières différentes. L'idée est juste d'utiliser leur matière, leur art, tout en gardant une distance, en s'affranchissant de ce qu'ils sont, de ce qu'ils représentent aujourd'hui dans la culture populaire, dans la culture en général… qui est énorme !"

Gil Chauveau
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© Philippe Hanula.
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Gil Chauveau
26/03/2024