Semi-obscurité sur scène. Quatre hommes marchent côte à côte lentement, longeant, en arrière-scène et en diagonal, les planches pour se diriger au fil de l'eau vers le milieu du plateau. Ils se suivent comme des ombres, le silence les entourant comme compagnon de route. Ils sont proches, la main de chacun sur l'épaule de l'autre. Au même pas. Ils sont sur une gestuelle très lente et font sentir leur présence masculine dans des parcours où le pied qui se pose et le genou qui se lève donnent à leurs déplacements une intensité et une consistance autant corporelles que temporelles, comme si chaque instant avait sa caractéristique unique, bien qu'il se répète.
Puis, des danseurs interviennent avec leur propre rythme. Sans que ce soit une rupture, mais l'apport d'une nouvelle pièce dans ce puzzle chorégraphique. Cette diversité dans les gestuelles et le tempo apportent une dimension surprenante et variée, car construite par vagues successives. La musique de Laurie Anderson et du Kronos Quartet (tirée de l'album "Landfall") accompagne le tout. Elle est enveloppante, à la fois douce et rythmée et colle parfaitement aux multiples chorégraphies.
Puis, des danseurs interviennent avec leur propre rythme. Sans que ce soit une rupture, mais l'apport d'une nouvelle pièce dans ce puzzle chorégraphique. Cette diversité dans les gestuelles et le tempo apportent une dimension surprenante et variée, car construite par vagues successives. La musique de Laurie Anderson et du Kronos Quartet (tirée de l'album "Landfall") accompagne le tout. Elle est enveloppante, à la fois douce et rythmée et colle parfaitement aux multiples chorégraphies.
La scène est appréhendée sur toute sa surface par les onze interprètes qui se répartissent en quatuor pour les uns et en solos, duos ou trios pour les autres. Ce rapport à l'espace est aussi celui lié au temps avec des degrés et des intensités différents. C'est un véritable bouquet de gestes, comme un cocktail avec ses tempos colorés aussi divers les uns que les autres.
Le spectacle est découpé en trois groupes avec, pour le premier, des artistes qui se touchent le haut des troncs et en appui des uns des autres. Pour le deuxième, ce sont des solos dans lesquels chacun d'eux a une expressivité forte, nerveuse, syncopée et élastique avec un corps qui se déhanche dans ses éléments épars et, pour le troisième, une gestique des plus relâchées avec d'amples mouvements déliés. En arrière-scène, il y a un mur noir avec ses prises où se perchent nos quatre premiers artistes. Puis vient l'ensemble de la compagnie pour faire de ce mur, un passage qu'ils empruntent tous pour disparaître et revenir ensuite sur les planches.
Dans les solos, les bras se lèvent et se tendent, les jambes se plient quand le corps parfois s'allonge au sol pour s'assoir. Les duos empruntent une gestuelle dans laquelle souplesse et grâce cohabitent, les regards, eux, sont parfois perdus ou perchés au loin. Puis, tous se réunissent, tournant le dos au public, sur une même ligne, avec deux solos s'intégrant dans une cohérence artistique portée par l'ensemble du groupe. Les mouvements sont aussi de temps en temps très localisés, comme le postérieur d'un des danseurs dont les fessiers se contractent et se relâchent à tour de rôle en avant-scène alors qu'il fait un grand écart dos au public.
Le spectacle est découpé en trois groupes avec, pour le premier, des artistes qui se touchent le haut des troncs et en appui des uns des autres. Pour le deuxième, ce sont des solos dans lesquels chacun d'eux a une expressivité forte, nerveuse, syncopée et élastique avec un corps qui se déhanche dans ses éléments épars et, pour le troisième, une gestique des plus relâchées avec d'amples mouvements déliés. En arrière-scène, il y a un mur noir avec ses prises où se perchent nos quatre premiers artistes. Puis vient l'ensemble de la compagnie pour faire de ce mur, un passage qu'ils empruntent tous pour disparaître et revenir ensuite sur les planches.
Dans les solos, les bras se lèvent et se tendent, les jambes se plient quand le corps parfois s'allonge au sol pour s'assoir. Les duos empruntent une gestuelle dans laquelle souplesse et grâce cohabitent, les regards, eux, sont parfois perdus ou perchés au loin. Puis, tous se réunissent, tournant le dos au public, sur une même ligne, avec deux solos s'intégrant dans une cohérence artistique portée par l'ensemble du groupe. Les mouvements sont aussi de temps en temps très localisés, comme le postérieur d'un des danseurs dont les fessiers se contractent et se relâchent à tour de rôle en avant-scène alors qu'il fait un grand écart dos au public.
C'est un kaléidoscope autant visuel que corporel, la beauté se greffant à chaque déplacement et à chaque geste effectué. Ce qui étonne au premier abord est cette diversité, cette richesse où l'expressivité des interprètes bouscule les évidences avec un danseur et son tutu, un autre jouant avec son derrière. Les corps ne questionnent plus car ils établissent ce qu'ils sont par ce qu'ils expriment. Les barres de danse classique utilisées dans un tableau donnent à voir, à l'opposé de ce type de danse, des pas exécutés très rapidement et furtivement au sol quand, au loin, tout continue son cours à un rythme des plus sereins.
À un endroit, les mouvements sont harmonieux avec une gestique ayant une lenteur faisant que celle-ci est décomposée par une vitesse qui a sa raison d'être dans un rapport amoureux au temps. À côté, ils sont beaucoup plus rapides, presque hachés quand derrière, ils sont déliés. Ce sont trois rapports au temps qui impriment les corps. Ainsi, sur le même plateau, plusieurs chorégraphies aussi diverses les unes que les autres s'exécutent au même moment de façon harmonieuse.
Tout est décentré, chaque parcelle de la scène devient centre de gravité de ce qui se joue car l'ailleurs est ici. Pas de pondération d'un geste sur un autre, pas de focus particulier d'un espace sur son voisin. C'est un puzzle humain vivant où chaque partie est complémentaire d'un tout qui donne à voir une multitude de situations. L'ensemble est beau, superbe dans ses complexités et ses variétés. Impossible d'embrasser d'un seul regard le plateau dans ses particularités. Il s'agit d'observer par bout l'ensemble pour en découvrir ses contours, reliefs et richesses multiples.
À un endroit, les mouvements sont harmonieux avec une gestique ayant une lenteur faisant que celle-ci est décomposée par une vitesse qui a sa raison d'être dans un rapport amoureux au temps. À côté, ils sont beaucoup plus rapides, presque hachés quand derrière, ils sont déliés. Ce sont trois rapports au temps qui impriment les corps. Ainsi, sur le même plateau, plusieurs chorégraphies aussi diverses les unes que les autres s'exécutent au même moment de façon harmonieuse.
Tout est décentré, chaque parcelle de la scène devient centre de gravité de ce qui se joue car l'ailleurs est ici. Pas de pondération d'un geste sur un autre, pas de focus particulier d'un espace sur son voisin. C'est un puzzle humain vivant où chaque partie est complémentaire d'un tout qui donne à voir une multitude de situations. L'ensemble est beau, superbe dans ses complexités et ses variétés. Impossible d'embrasser d'un seul regard le plateau dans ses particularités. Il s'agit d'observer par bout l'ensemble pour en découvrir ses contours, reliefs et richesses multiples.
Même si l'Art ne peut tout faire, il contribue à sortir de son chez-soi. Ohad Naharin donne à penser depuis toujours un monde complexe, subtil et nuancé où, sur une même scène, peut exister la vision, exprimée par gestiques, des uns qui peuvent être différente de celles des autres. Il montre que chacune apporte un plus sans pour autant que certaines s'en trouvent occultées, niées ou violentées, à l'inverse de ce qui s'est passé au démarrage de la représentation où le public a conspué - dont certaines personnes avec des cris, insultes et propos racistes désobligeant leur dignité humaine - quatre personnes qui étaient montées sur scène calmement avec un drapeau palestinien.
Le spectacle de Naharin est une véritable bouffée d'oxygène face à une radicalité qui se banalise, où la tolérance et la nuance peinent à exister. C'est le combat que mène le chorégraphe israélien depuis de nombreuses années dans ses créations et dans ses prises de positions politiques pour le vivre-ensemble et contre les dérives extrémistes. Que ces spectacles ne soient pas uniquement applaudis comme le soir de cette représentation mais bel et bien entendus. Ce serait donner écho aux messages politiques et artistiques de ce créateur ouvert, subtil et talentueux, qui a peut-être eu l'audace d'appeler cette œuvre "Momo" comme un clin d'œil autant à Moshe qu'à Mohamed.
Le spectacle de Naharin est une véritable bouffée d'oxygène face à une radicalité qui se banalise, où la tolérance et la nuance peinent à exister. C'est le combat que mène le chorégraphe israélien depuis de nombreuses années dans ses créations et dans ses prises de positions politiques pour le vivre-ensemble et contre les dérives extrémistes. Que ces spectacles ne soient pas uniquement applaudis comme le soir de cette représentation mais bel et bien entendus. Ce serait donner écho aux messages politiques et artistiques de ce créateur ouvert, subtil et talentueux, qui a peut-être eu l'audace d'appeler cette œuvre "Momo" comme un clin d'œil autant à Moshe qu'à Mohamed.
"Momo"
Création Batsheva Dance Company.
Chorégraphe : Ohad Naharin.
Co-créateurs : Danseurs de la Batsheva Dance Company et Ariel Cohen.
Avec (Batsheva Dance Company saison 2022-2023) : Chen Agron, Yarden Bareket, Billy Barry, Yael Ben Ezer, Matan Cohen, Guy Davidson, Ben Green, Chiaki Horita, Li-En Hsu, Sean Howe, Londiwe Khoza, Adrienne Lipson, Ohad Mazor, Eri Nakamura, Gianni Notarnicola, Danai Porat, Igor Ptashenchuk, Yoni (Yonatan) Simon.
Directeur artistique : Lior Avizoor.
Directeur général : Dina Aldor.
Conception des éclairages : Avi Yona Bueno (Bambi).
Conception des décors et des accessoires : Gadi Tzachor.
Conception des costumes : Eri Nakamura.
Conception sonore et montage : Maxim Waratt.
Musique : extraits de l'album "Landfall" de Laurie Anderson et du Kronos Quartet ; "Metamorphosis II" de Philip Glass ; "Madre Acapella" d'Arca ; Maxim Waratt.
Durée : 1 h.
Du 24 mai au 3 juin 2023.
Du mardi au vendredi à 20 h, samedi à 19 h et dimanche à 15 h.
Chaillot -Théâtre national de la Danse à La Grande Halle de La Villette,
Grande Halle de la Villette, Paris 19e, 01 40 03 75 75.
>> lavillette.com
Chorégraphe : Ohad Naharin.
Co-créateurs : Danseurs de la Batsheva Dance Company et Ariel Cohen.
Avec (Batsheva Dance Company saison 2022-2023) : Chen Agron, Yarden Bareket, Billy Barry, Yael Ben Ezer, Matan Cohen, Guy Davidson, Ben Green, Chiaki Horita, Li-En Hsu, Sean Howe, Londiwe Khoza, Adrienne Lipson, Ohad Mazor, Eri Nakamura, Gianni Notarnicola, Danai Porat, Igor Ptashenchuk, Yoni (Yonatan) Simon.
Directeur artistique : Lior Avizoor.
Directeur général : Dina Aldor.
Conception des éclairages : Avi Yona Bueno (Bambi).
Conception des décors et des accessoires : Gadi Tzachor.
Conception des costumes : Eri Nakamura.
Conception sonore et montage : Maxim Waratt.
Musique : extraits de l'album "Landfall" de Laurie Anderson et du Kronos Quartet ; "Metamorphosis II" de Philip Glass ; "Madre Acapella" d'Arca ; Maxim Waratt.
Durée : 1 h.
Du 24 mai au 3 juin 2023.
Du mardi au vendredi à 20 h, samedi à 19 h et dimanche à 15 h.
Chaillot -Théâtre national de la Danse à La Grande Halle de La Villette,
Grande Halle de la Villette, Paris 19e, 01 40 03 75 75.
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