Lia Rodrigues, connue pour son engagement auprès des habitants de la favela de Maré - où sont nés certains de ses danseurs -, présente là un nouveau tableau vibrant des émotions de ceux que l'on voudrait faire taire.
Jair Bolsonaro, élu démocratiquement (sic), gouverne en tyran décomplexé, faisant montre d'un arbitraire défiant le simple entendement. "Les policiers ont tiré d'un hélicoptère, comme si les gens qui vivent dans la favela étaient des animaux qu'ils chassent", dixit Lia Rodrigues sur France Culture, le 12 décembre 2018. Dès lors, la chorégraphe, engagée depuis 2003 dans ce bidonville de Rio, convoque ses armes à elle, la puissance de ses créations artistiques, pour projeter sur la scène l'insoupçonnable vitalité des parias.
Neuf danseuses et danseurs, habités par une frénésie les liant les uns aux autres pour ne former qu'un seul corps (é)mouvant, fusionnant, se déchirant, se rapprochant, se chevauchant pour dire les pulsions de vie inaliénable. Neuf sujets représentant à eux seuls la favela prise pour cible mais extraordinairement vivante. Accompagnée de percussions mêlées d'ahanements (ceux de leurs bourreaux éructant ou bien ceux émis par leur corps malmené ?) enflant d'intensité jusqu'à devenir hypnotiques tant leur répétition intensive n'offre aucune fuite, cette horde à la dérive nous éclabousse littéralement de couleurs et de sons explosifs.
Jair Bolsonaro, élu démocratiquement (sic), gouverne en tyran décomplexé, faisant montre d'un arbitraire défiant le simple entendement. "Les policiers ont tiré d'un hélicoptère, comme si les gens qui vivent dans la favela étaient des animaux qu'ils chassent", dixit Lia Rodrigues sur France Culture, le 12 décembre 2018. Dès lors, la chorégraphe, engagée depuis 2003 dans ce bidonville de Rio, convoque ses armes à elle, la puissance de ses créations artistiques, pour projeter sur la scène l'insoupçonnable vitalité des parias.
Neuf danseuses et danseurs, habités par une frénésie les liant les uns aux autres pour ne former qu'un seul corps (é)mouvant, fusionnant, se déchirant, se rapprochant, se chevauchant pour dire les pulsions de vie inaliénable. Neuf sujets représentant à eux seuls la favela prise pour cible mais extraordinairement vivante. Accompagnée de percussions mêlées d'ahanements (ceux de leurs bourreaux éructant ou bien ceux émis par leur corps malmené ?) enflant d'intensité jusqu'à devenir hypnotiques tant leur répétition intensive n'offre aucune fuite, cette horde à la dérive nous éclabousse littéralement de couleurs et de sons explosifs.
D'abord hésitantes, sortant d'une épaisse nuit, les ombres se relèvent… Rien ne résiste alors à ses corps "dé-chaînés". L'appétit sexuel, leur libido porteuse de la pulsion de vie, ne rencontre aucun tabou comme pour clamer la liberté que d'aucuns voudraient frapper du sceau de l'interdit. Les rapports des hommes et des femmes s'adonnant à toutes les combinaisons que les genres offrent, échappent à la normalisation d'une société bien-pensante, avide d'encadrer la sexualité comme elle dicte ses autres attendus afin de mettre sous le joug les populations les moins enclines à respecter "l'ordre".
Rien jamais de vulgaire dans cette fureur vitale représentée de manière chorégraphiée, transcendant l'énergie sexuelle en force plastique, sans rien éluder de ce qui se joue là du désir à l'œuvre. Femmes et hommes exhibant fièrement leur sexe qu'ils revendiquent comme une force en eux, se livrant à des rapports de domination et soumission s'inversant à l'instant suivant. Visages contorsionnés exprimant la fureur ou la fierté, corps torturés ou triomphants.
Ainsi une superbe métisse aux seins nus chevauchera fièrement un homme blanc tiré au sol par deux autres femmes, trônant sur les jambes relevées de sa monture humaine alors qu'un serviteur noir tendra respectueusement au-dessus de sa tête hiératique un petit parasol. Parallèlement, un homme noir, cagoule "rouge brésil" sur la tête, s'assiéra majestueusement sur la croupe de deux femmes blanches à quatre pattes avant de se livrer sur lui-même à un acte sacrificiel. Des hommes relèveront leur robe pour faire danser hardiment leur sexe alors qu'un autre se roulera à terre en tenant entre ses mains son précieux attribut.
Rien jamais de vulgaire dans cette fureur vitale représentée de manière chorégraphiée, transcendant l'énergie sexuelle en force plastique, sans rien éluder de ce qui se joue là du désir à l'œuvre. Femmes et hommes exhibant fièrement leur sexe qu'ils revendiquent comme une force en eux, se livrant à des rapports de domination et soumission s'inversant à l'instant suivant. Visages contorsionnés exprimant la fureur ou la fierté, corps torturés ou triomphants.
Ainsi une superbe métisse aux seins nus chevauchera fièrement un homme blanc tiré au sol par deux autres femmes, trônant sur les jambes relevées de sa monture humaine alors qu'un serviteur noir tendra respectueusement au-dessus de sa tête hiératique un petit parasol. Parallèlement, un homme noir, cagoule "rouge brésil" sur la tête, s'assiéra majestueusement sur la croupe de deux femmes blanches à quatre pattes avant de se livrer sur lui-même à un acte sacrificiel. Des hommes relèveront leur robe pour faire danser hardiment leur sexe alors qu'un autre se roulera à terre en tenant entre ses mains son précieux attribut.
Suite de tableaux dignes de peintres réalistes (déliés de tabou) quant aux sujets mis en scène, mâtinés de la touche des expressionnistes pour ce qui est de la violence subjective faisant irruption dans le traitement de la réalité, "Fúria" est une déferlante "bruyante" et haute en couleur, propre à engloutir les diktats de dominants tenants d'un ordre (im)moral.
Une fois encore, l'engagement artistique indéfectible de Lia Rodrigues et de ses danseuses et danseurs auprès des persécutés des favelas (cf. les pancartes brandies lors du salut final, "Qui a tué Marielle Franco ?" assassinée par le pouvoir en place pour avoir dénoncé les violations des droits des jeunes noirs et des LGBTI) réveille en chacun la nécessité vitale de toutes luttes visant à affirmer les choix existentiels… quand bien même devrait-on en mourir.
Une fois encore, l'engagement artistique indéfectible de Lia Rodrigues et de ses danseuses et danseurs auprès des persécutés des favelas (cf. les pancartes brandies lors du salut final, "Qui a tué Marielle Franco ?" assassinée par le pouvoir en place pour avoir dénoncé les violations des droits des jeunes noirs et des LGBTI) réveille en chacun la nécessité vitale de toutes luttes visant à affirmer les choix existentiels… quand bien même devrait-on en mourir.
"Fúria"
Date de création : 2018.
Chorégraphie : Lia Rodrigues.
Assistante à la création : Amalia Lima.
Dramaturgie : Silvia Soter.
Dansé et créé en étroite collaboration avec : Leonardo Nunes, Felipe Vian, Clara Cavalcante, Carolina Repetto, Valentina Fittipaldi, Andrey Silva, Karoll Silva, Larissa Lima, Ricardo Xavier.
Collaboration artistique et images : Sammi Landweer.
Lumière : Nicolas Boudier.
Musique, morceaux de chants traditionnels de danses des Kanaks de Nouvelle-Calédonie.
A été présenté au TnBA (Bordeaux), Grande salle Vitez, du 13 au 15 février 2020.
Tournée
14 et 15 mars 2020 : T2G - CDN, Gennevilliers (92).
20 mars 2020 : Théâtre Jean-Vilar, Vitry-sur-Seine (94)
Chorégraphie : Lia Rodrigues.
Assistante à la création : Amalia Lima.
Dramaturgie : Silvia Soter.
Dansé et créé en étroite collaboration avec : Leonardo Nunes, Felipe Vian, Clara Cavalcante, Carolina Repetto, Valentina Fittipaldi, Andrey Silva, Karoll Silva, Larissa Lima, Ricardo Xavier.
Collaboration artistique et images : Sammi Landweer.
Lumière : Nicolas Boudier.
Musique, morceaux de chants traditionnels de danses des Kanaks de Nouvelle-Calédonie.
A été présenté au TnBA (Bordeaux), Grande salle Vitez, du 13 au 15 février 2020.
Tournée
14 et 15 mars 2020 : T2G - CDN, Gennevilliers (92).
20 mars 2020 : Théâtre Jean-Vilar, Vitry-sur-Seine (94)