Le double meurtre annoncé dans le titre digne d'un polar a pour lieu l'univers d'un cirque (celui de la comédie humaine) avec son rideau rouge et ses guirlandes lumineuses tombant des cintres. Accueilli par un clown blanc, sorte de chauffeur de salle annonçant le retour à une normalité que tout démentira, le public devient instantanément captif des scènes de vie chorégraphiée. Alternant danses traditionnelles et contemporaines, figures harmoniques et dysharmoniques, les danseurs offrent un tableau fragmenté des comportements sociaux en milieu (in)tempéré, de l'union à la désunion, de l'entraide à l'agressivité. Ainsi des moments réitérés à l'envi où chacun à son tour tranche la jugulaire de son partenaire s'effondrant au sol.
Soutenus par une partition du même chorégraphe israélien jouant de toutes les ressources musicales pour enivrer les sens, les massacres à la chaîne s'inscrivent dans des chorégraphies composées comme des tableaux. Tandis que les lumières stroboscopiques sculptent l'espace-temps, les faces distordues des protagonistes ajoutent au réalisme magique des scènes où la violence déferle comme une vague irrépressible. Ainsi, comme des fragments d'un discours discontinu, l'essence de la violence humaine fait sens en nous.
Soutenus par une partition du même chorégraphe israélien jouant de toutes les ressources musicales pour enivrer les sens, les massacres à la chaîne s'inscrivent dans des chorégraphies composées comme des tableaux. Tandis que les lumières stroboscopiques sculptent l'espace-temps, les faces distordues des protagonistes ajoutent au réalisme magique des scènes où la violence déferle comme une vague irrépressible. Ainsi, comme des fragments d'un discours discontinu, l'essence de la violence humaine fait sens en nous.
Après l'entracte - nécessaire pour "aérer" les oreilles mises grandement à contribution - les tableaux présentés ne perdront en rien de leur énergie vitale. Sauf que le tempo musical s'assagira un tant soit peu au rythme de la quête d'une résilience à construire. Celle-ci n'étant pas donnée, mais restant une conquête suscitant de vifs ébats où ralentis et mouvements accélérés se succèderont, s'étayant les uns les autres pour cheminer vers un ailleurs plus aimable. La communauté solidaire des danseurs faisant chœur prendra soin des détresses individuelles, jusqu'à déborder dans la salle…
Si l'expression "expérience à vivre" appliquée à un spectacle d'art vivant peut paraître depuis longtemps galvaudée, ici elle reprend toutes ses couleurs tant c'est à une immersion sensorielle sans pareille à laquelle le spectateur - muni de bouchons d'oreilles et prévenu des effets stroboscopiques - est convié. Ainsi, même si les ressorts dramatiques de "Double Murder" (hormis l'opposition violence/résilience) peuvent apparaître ténus, si les tableaux sont inlassablement scandés par le retour du même, c'est au bénéfice d'une répétition compulsive propre à "parler aux sens". Une chorégraphie humaine, plus qu'humaine où, tel Janus, violence et résilience sont les deux faces indissociables du même.
Vu le 30 novembre 2022 au TnBA de Bordeaux (Grande salle Vitez). A été représenté du 30 novembre au 2 décembre au TnBA, en partenariat avec l'Opéra National de Bordeaux.
Si l'expression "expérience à vivre" appliquée à un spectacle d'art vivant peut paraître depuis longtemps galvaudée, ici elle reprend toutes ses couleurs tant c'est à une immersion sensorielle sans pareille à laquelle le spectateur - muni de bouchons d'oreilles et prévenu des effets stroboscopiques - est convié. Ainsi, même si les ressorts dramatiques de "Double Murder" (hormis l'opposition violence/résilience) peuvent apparaître ténus, si les tableaux sont inlassablement scandés par le retour du même, c'est au bénéfice d'une répétition compulsive propre à "parler aux sens". Une chorégraphie humaine, plus qu'humaine où, tel Janus, violence et résilience sont les deux faces indissociables du même.
Vu le 30 novembre 2022 au TnBA de Bordeaux (Grande salle Vitez). A été représenté du 30 novembre au 2 décembre au TnBA, en partenariat avec l'Opéra National de Bordeaux.
"Double Murder, (Clowns/The Fix)"
Chorégraphie et musique : Hofesh Shechter.
Avec : Robinson Cassarino, Frédéric Despierre, Rachel Fallon, Emma Farnell-Watson, Mickaël Frappat, Natalia Gabrielczyk, Charles Heinrich, Yeji Kim, Zee Zunnur, Juliette Valerio.
Conception lumière "The Fix" : Tom Visser.
Costumes "The Fix" : Peter Todd.
Conception lumière "Clowns" : Lee Curran.
Conception lumières additionnelles "Clowns" : Richard Godin.
Créations de costumes "Clowns" : Christina Cunningham.
Directeur artistique associé : Bruno Guillore.
Musiques additionnelles : "Clowns", "Can Can", composé par Jacques Offenbach et "The Sun", joué par Kim Jung Mi, écrit et édité par Shin Joong Hyun (KOMCA) ; "The Fix", "Le Roi Renaud" (version instrumentale) composé par Pierre Bensusan.
Par la Hofesh Shechter Company.
Durée : 1 h 35 avec entracte.
"Soucieux du bien-être en salle de nos spectatrices et spectateurs, nous tenons à vous informer de la présence d'effets stroboscopiques dans le spectacle. Par ailleurs, des bouchons d'oreille sont à votre disposition à l'entrée de la salle".
Avec : Robinson Cassarino, Frédéric Despierre, Rachel Fallon, Emma Farnell-Watson, Mickaël Frappat, Natalia Gabrielczyk, Charles Heinrich, Yeji Kim, Zee Zunnur, Juliette Valerio.
Conception lumière "The Fix" : Tom Visser.
Costumes "The Fix" : Peter Todd.
Conception lumière "Clowns" : Lee Curran.
Conception lumières additionnelles "Clowns" : Richard Godin.
Créations de costumes "Clowns" : Christina Cunningham.
Directeur artistique associé : Bruno Guillore.
Musiques additionnelles : "Clowns", "Can Can", composé par Jacques Offenbach et "The Sun", joué par Kim Jung Mi, écrit et édité par Shin Joong Hyun (KOMCA) ; "The Fix", "Le Roi Renaud" (version instrumentale) composé par Pierre Bensusan.
Par la Hofesh Shechter Company.
Durée : 1 h 35 avec entracte.
"Soucieux du bien-être en salle de nos spectatrices et spectateurs, nous tenons à vous informer de la présence d'effets stroboscopiques dans le spectacle. Par ailleurs, des bouchons d'oreille sont à votre disposition à l'entrée de la salle".