La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Danse

"Souffle", Le vent se lève… Entre intranquillités, pauses et rébellions, Soraya Thomas clôture avec force son triptyque de la révolte - 27/03/2024

À croire que les rapports entre la nature et l'humain sont si imbriqués qu'ils "impriment" notre vision du monde. Soraya Thomas, chorégraphe réunionnaise, a hérité de son île natale l'impétuosité volcanique du Piton de La Fournaise. Son engagement artistique autour du thème de la révolte et de l'intime (cf. "La révolte des papillons" et "Et mon cœur dans tout cela ?") et contre la menace...  

"Roméo et Juliette"... Passion tragique autant intemporelle que futuriste ! - 19/03/2024

Sur une musique du compositeur russe Prokofiev et une création du chorégraphe britannique Matthew Bourne, la tragédie shakespearienne "Roméo et Juliette" bascule dans une époque très moderne, voire futuriste, avec sa scénographie et un focus particulier sur la violence dans les champs privé et institutionnel. Rideau sur un décor en briques blanches avec, côté jardin, une entrée avec des barreaux...  

"Roommates" Un cocktail explosif… six pièces chorégraphiées pour dire l'ADN de (La) Horde - 14/03/2024

Le Ballet national de Marseille propose un assortiment – sorte de concentré – de ce qui le constitue : des chorégraphies grandement inspirées. Ainsi, pendant près de deux heures, vont se succéder six pièces courtes réunissant sur le même plateau des formes contemporaines reliées entre elles – si diverses soient-elles dans leurs écritures singulières – par un haut degré d'exigence. Interprétés par...  

"Ombres portées" Famille je vous hai… me, mise en lumière poétique des non-dits - 13/02/2024

Au vindicatif "Familles, je vous hais !" d'André Gide, répondait en écho le vengeur "Familles, je vous ai" d'Hervé Bazin. Avec l'écriture qu'est la sienne, un délié d'arabesques aériennes nimbées de clairs-obscurs lumineux, Raphaëlle Boitel apporte ici sa touche personnelle au dévoilement du problématique édifice parental. Transcendant les non-dits familiaux, sans rien édulcorer de leurs...  

"Rencontres" Exploration de tous les champs des possibles générés par les échanges et leur implication dans nos existences - 12/02/2024

Cette pièce chorégraphique a pour thème celui des rencontres. Il s'agit d'explorer le champ des possibles que ces dernières suscitent, la manière dont elles tracent le chemin de notre existence et façonnent l'être que nous sommes. Les rencontres sont les fils du tissage structurant les liens qui nous relient les uns et les unes aux autres. Elles nous révèlent à nous-mêmes en nous donnant...  

"Les jolies choses" Sur le chemin d'une nouvelle forme de liberté des corps - 11/12/2023

Dans sa très belle création qui date de 2022, la chorégraphe Catherine Gaudet nous plonge dans une relation à soi-même, à l'espace et à l'autre. Dans ce triptyque, nous sont présentés, accompagnés d'une musique métronomique des plus enivrantes, cinq danseurs quasi installés dans un parterre de laboratoire afin de se découvrir au travers de mécanismes automatiques dont ils finissent par se...  

"One shot"… Délice de danses urbaines ! - 06/12/2023

Dans une superbe représentation où l'ombre tutélaire d'Osmane Sy reste encore très présente, le chorégraphe français a créé, dans ce spectacle, un mariage de danses urbaines qui offre un kaléidoscope de gestiques où la personnalité de chaque artiste devient surtout l'aiguillon de sa propre expressivité. Place à huit femmes qui investissent la scène avec un DJ déjà présent (Sam One DJ ou DJ SP...  

"Matière(s) Première(s)" Six personnages en quête de leur vérité - 05/12/2023

Leur identité, ils l'ont exaltée par des noms de scène – Barro Dancer, Mademoiselle Do', Willy Kazzama, Black Woman, Salifus, Esther –, ces six superbes danseurs (trois filles et trois garçons) portant fièrement, sur eux et en eux, leurs origines africaines. Comme si, pour raconter l'histoire tourmentée de leur continent, ils éprouvaient le besoin de revêtir une dimension dépassant celle de leur...  

"Sur le fil"… Un temps suspendu où tous les contraires s'unissent - 29/11/2023

Dans le cadre du Festival d'Automne 2023, créé en 1972 et se déroulant jusqu'au 11 février 2024, nous retrouvons Nacera Belaza, artiste associée à Chaillot. La chorégraphe et danseuse franco-algérienne a posé ses ballerines pour deux spectacles dans ce lieu. Dans "Sur le fil", lumière, noir et espace nu délimitent une aire de jeu où le manque de prise à une réalité, porté par une répétition à...  

"Requiem - La mort joyeuse" Viva la vida ! Dansons avec nos morts… - 08/11/2023

Huit jours avant de passer de vie à trépas, l'artiste mexicaine Frida Kahlo peignait une nature morte éclatante de vie où, en grands caractères sur le rouge vif d'une tranche de pastèque, pour l'éternité elle écrivait : "Viva la Vida !"… La chorégraphe Béatrice Massin s'empare quant à elle avec gourmandise du "Requiem" de Mozart pour, avec une grâce océanique, composer un ballet éclatant des...  
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À Découvrir

•Off 2024• "Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
14/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• Lou Casa "Barbara & Brel" À nouveau un souffle singulier et virtuose passe sur l'œuvre de Barbara et de Brel

Ils sont peu nombreux ceux qui ont une réelle vision d'interprétation d'œuvres d'artistes "monuments" tels Brel, Barbara, Brassens, Piaf et bien d'autres. Lou Casa fait partie de ces rares virtuoses qui arrivent à imprimer leur signature sans effacer le filigrane du monstre sacré interprété. Après une relecture lumineuse en 2016 de quelques chansons de Barbara, voici le profond et solaire "Barbara & Brel".

© Betül Balkan.
Comme dans son précédent opus "À ce jour" (consacré à Barbara), Marc Casa est habité par ses choix, donnant un souffle original et unique à chaque titre choisi. Évitant musicalement l'écueil des orchestrations "datées" en optant systématiquement pour des sonorités contemporaines, chaque chanson est synonyme d'une grande richesse et variété instrumentales. Le timbre de la voix est prenant et fait montre à chaque fois d'une émouvante et artistique sincérité.

On retrouve dans cet album une réelle intensité pour chaque interprétation, une profondeur dans la tessiture, dans les tonalités exprimées dont on sent qu'elles puisent tant dans l'âme créatrice des illustres auteurs que dans les recoins intimes, les chemins de vie personnelle de Marc Casa, pour y mettre, dans une manière discrète et maîtrisée, emplie de sincérité, un peu de sa propre histoire.

"Nous mettons en écho des chansons de Barbara et Brel qui ont abordé les mêmes thèmes mais de manières différentes. L'idée est juste d'utiliser leur matière, leur art, tout en gardant une distance, en s'affranchissant de ce qu'ils sont, de ce qu'ils représentent aujourd'hui dans la culture populaire, dans la culture en général… qui est énorme !"

Gil Chauveau
19/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• "Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles…

… face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
26/03/2024