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Avignon 2024

•Off 2024• "Cabaret Canaille" Un hommage féministe très convaincant, entre liberté des corps et paillettes

Pour son nouveau spectacle, la troupe du Burlesque Klub de Valentina del Pearls a arrêté sa machine à voyager dans le temps dans les années 1920 à 1940, pour raconter avec fantaisie l'âge d'or du Burlesque américain et de l'effeuillage, érigé au rang de star.
Derrière les plumes et les paillettes, c'est aussi l'histoire d'une désobéissance féminine qui nous est relatée. Et aussi comment les lois de la Prohibition, la censure et surtout les moyens de la contourner, façonnèrent cet ancêtre du strip-tease élevé au rang d'Art à part entière.



© Émilie Brouchon.
© Émilie Brouchon.
Au Théâtre Michel, dimanche 30 mars, c'était l'avant-dernière représentation de "Cabaret Canaille" à Paris, avant la programmation au Festival Off d'Avignon 2024. Avant même le début du spectacle, le spectateur est projeté d'emblée dans l'ambiance du burlesque, comme une forme de méta-théâtre désobéissant et libératoire qui le prépare à ce qui va suivre (rares sont les exemples où, avant la représentation, les artistes reçoivent les spectateurs et spectatrices dès le hall du théâtre comme dans un avant-spectacle original et festif).

Trop souvent marginalisé et confondu avec l'univers du strip-tease, le cabaret burlesque, appelé aussi "effeuillage", est né dans les salles de cabaret américaines au début du XXe siècle. C'est un art qui convoque à la fois l'audace, la libération, la féminité, l'humour et, surtout, le glamour.

Actuellement en pleine résurgence, certaines femmes s'essayant à cette pratique artistique disent d'elle qu'elle encourage avant tout l'expression de la confiance en soi, la féminité et une grande libération des normes sociales rigides liées à ce qui est considéré comme beau et attirant. Le spectacle "Cabaret Canaille" en est une remarquable démonstration !

© Émilie Brouchon.
© Émilie Brouchon.
Sirotant du champagne à sa guise dans le bar du théâtre, bercé par des chansons suaves accompagnées au piano, le spectateur en est soudainement écarté par les injonctions d'un artiste-policier lui rappelant que l'alcool et les bars clandestins sont strictement interdits. C'est la Prohibition. Le ton est donné. Le public doit suivre les ordres virulents et vider le bar illico presto.

Puis commence le spectacle à proprement parler durant lequel Valentina del Pearls évoque de façon succincte, mais évocatrice – place au show avant tout –, les années contrariées de cet Art burlesque né aux États-Unis.

Ensuite, ce n'est que féérie de costumes éclatants et sophistiqués, chorégraphies savamment interprétées par les danseuses et le danseur interprètes maniant de gigantesques éventails en plumes avec grande dextérité, musiques et autres chansons évocatrices des années trente américaines, quelques chansons d'artistes français aussi, comme le regretté Arno ou Brigitte Fontaine, le tout sublimé par des lumières chatoyantes, comme une allégorie poétique des intentions subtilement dissimulées.

© Émilie Brouchon.
© Émilie Brouchon.
"Cabaret Canaille" enrobe le public de mille feux et, quand bien même l'effeuillage est au centre du propos, à bien y regarder, le message de ce dernier n'est guère très éloigné du mouvement #MeToo de notre XXe siècle libérateur…

"C'est dans les side-show des cirques ambulants que l'effeuillage burlesque a connu ses heures de gloire, paradoxalement, pas loin des freaks et autres individus étranges, en amont des années vingt-soixante et du règne de la pin-up. En créant Cabaret Canaille, j'ai voulu proposer un voyage rétro infusé de petits rappels historiques pour rendre hommage à ces filles qui ont ouvert la voie, non sans mal, à un art scénique des plus joyeux", indique Valentina del Pearls.

Des tableaux particulièrement esthétiques, interprétés avec brio sur le plan chorégraphique, s'enchaînent tout au long de la représentation, notamment celui de l'ouverture, offrant aux yeux du public la plastique et la gestuelle de l'artiste Chanelle de Mai qui frôle la perfection.

De beaux effets scéniques, encore une fois magnifiés par les lumières, ponctuent certains tableaux tels de véritables œuvres d'art, comme celui de Sucre d'Orge maniant "la poudre" de façon subtile et très sensuelle, ou encore celui du duo "Chanelle de Mai et Vicomte Harbourg" digne des plus belles sculptures grecques.

Une mention toute particulière à la prestation contorsionniste, incroyablement illuminée de Romane Chandelier. Mais ne divulgâchons pas la totalité du spectacle qui réserve bien d'autres splendides moments, fort brillamment conçus par l'ensemble des interprètes, sous l'ingénieuse houlette de Valentina del Pearls

Le Théâtre Le Rouge-Gorge à Avignon, lieu incontournable du Festival, situé au pied des remparts, saura sublimer encore davantage ce spectacle aux intentions plastiques, esthétiques et morales très nécessaires et très méritoires.

"Cabaret Canaille"

© Émilie Brouchon.
© Émilie Brouchon.
Cabaret Burlesque de Valentina del Pearls.
Interprètes à Paris : Calie Tee, Chanelle de Mai, Katie Krow, Sucre d'Orge, Valentina del Pearls, Vicomte Harbourg et Romane Chandelier.
Katie Krow ne sera pas dans la programmation du Rouge-Gorge lors du Festival Off.
À partir de 16 ans.
Durée 1 H 20.

•Avignon Off 2024•
Du 3 au 21 juillet 2024.
Tous les jours à 19 h 05. Relâche le mardi.
Théâtre Le Rouge-Gorge, 10, Place de la Mirande, Avignon.
Réservations : 04 84 51 24 34.
>> lerougegorge.fr

Brigitte Corrigou
Mardi 16 Avril 2024

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•Off 2024• "Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
14/06/2024
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© Betül Balkan.
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On retrouve dans cet album une réelle intensité pour chaque interprétation, une profondeur dans la tessiture, dans les tonalités exprimées dont on sent qu'elles puisent tant dans l'âme créatrice des illustres auteurs que dans les recoins intimes, les chemins de vie personnelle de Marc Casa, pour y mettre, dans une manière discrète et maîtrisée, emplie de sincérité, un peu de sa propre histoire.

"Nous mettons en écho des chansons de Barbara et Brel qui ont abordé les mêmes thèmes mais de manières différentes. L'idée est juste d'utiliser leur matière, leur art, tout en gardant une distance, en s'affranchissant de ce qu'ils sont, de ce qu'ils représentent aujourd'hui dans la culture populaire, dans la culture en général… qui est énorme !"

Gil Chauveau
19/06/2024
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© Philippe Hanula.
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Gil Chauveau
26/03/2024