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Coulisses & Cie

Quelles pratiques culturelles des français pour le spectacle vivant en 2023 ?

Le PRODISS a dévoilé ce jour son baromètre annuel du spectacle vivant à l'occasion des BIS de Nantes. Réalisé par l'institut de sondage Harris Interactive, ce baromètre propose, depuis 2014, un instantané des pratiques et attentes des Français en matière de spectacles vivants. Cette édition s'inscrit dans un contexte particulier puisque le PRODISS s'est transformé au 1er janvier 2024 et intègre désormais dans son champ les secteurs du théâtre et du cabaret. Ainsi, avec l'élargissement de son périmètre, le baromètre du spectacle vivant permet aux professionnels de mieux connaitre les publics et les défis à relever. L'enquête de l'année 2023 révèle que, malgré les conséquences de la crise sanitaire et le contexte d'inflation, l'attrait des Français pour les spectacles ne se dément pas.



Selah Sue, Festival du Chant de Marin à Paimpol, 4 août 2023 © Gil Chauveau.
Selah Sue, Festival du Chant de Marin à Paimpol, 4 août 2023 © Gil Chauveau.
Une image positive du secteur des spectacles en France

À une très large majorité, les Français se déclarent satisfaits de l'offre de spectacles : 88 % d'entre eux considèrent que des spectacles variés, de qualité et pour tous les publics, sont proposés. Par ailleurs, 85 % estiment que le secteur des spectacles est dynamique et évolue avec son temps. Cette image favorable est stable dans le temps long. On note également la forte progression de la perception du spectacle comme un remède à la crise (75 %, en hausse de 18 points par rapport à 2014).

La moitié des Français se rend régulièrement à des spectacles et des festivals

51 % des Français déclarent assister à l'un des 5 types de spectacles du périmètre du PRODISS au moins une fois par an : ils sont 36 % pour les concerts de musiques actuelles, 29 % pour les spectacles d'humour, 29 % pour les pièces de théâtre, 16 % pour les comédies musicales et 13 % pour le cabaret. Ces indicateurs sont stables ou en hausse par rapport à 2019. En ce qui concerne les festivals, la moitié des Français déclarent assister à l'un des 3 types de festivals du périmètre PRODISS au moins tous les 2 ou 3 ans (musiques actuelles, humour, théâtre). Ce sont particulièrement les jeunes qui assistent le plus régulièrement à ces différents d'événements. Dans un contexte d'inflation généralisée, les Français considèrent que les billets pour les spectacles et les festivals ont été un peu moins touchés que d'autres produits ou services de loisirs.

La recherche d'émotions et de moments de convivialité, première raison pour se rendre à un spectacle

Les spectateurs sondés avancent comme principales motivations pour assister à un spectacle ou un festival se changer les idées (91 %), ressentir des émotions et vivre quelque chose d'exceptionnel (91 %) et partager des moments avec des proches (90 %). Interrogés sur la place des nouvelles technologies, plus de 6 spectateurs sur 10 se montrent intéressés par l'intégration d'expériences interactives ou de réalité augmentée dans le cadre des spectacles et festivals. Les publics les plus jeunes y sont particulièrement sensibles.

L'engagement environnemental, un point d'attention pour le public

Comme l'an dernier, plus de 7 Français sur 10 jugent que l'engagement des spectacles et festivals en faveur de l'environnement est important (71%). Il l'est encore davantage pour les plus jeunes. Parmi les mesures jugées les plus prioritaires figurent le tri des déchets (63 %) et leur réduction (56 %), la préservation du site (61 %) et la bonne gestion de l'eau (51 %). Toutefois, seule une minorité de spectateurs se sent bien informée sur les mesures environnementales prises par les organisateurs de spectacles (46 %) et de festivals (52 %). Enfin, plus de la moitié des spectateurs déclare qu'elle pourrait renoncer à se rendre à un spectacle ou à un festival pour des questions d'impact environnemental, même si peu en sont "certains".

Le spectacle vivant, un moyen de faire société

Les Français estiment que les spectacles et festivals organisés près de chez eux ont un impact positif sur la vie locale, notamment sur son animation (77 %), son économie (75 %), le tourisme (74 %), l'image du lieu (73 %), mais aussi la création artistique (68 %) et la création d'emplois (64 %). Par ailleurs, une majorité de spectateurs a constaté que les salles de spectacles et les festivals s'étaient mobilisés pour mettre en place des mesures de sécurité et de prévention contre les violences sexistes et sexuelles (58 %) et les trois quarts d'entre eux ont fait le même constat sur les mesures d'accessibilité pour les personnes en situation de handicap (73 %).

Communiqué de presse du PRODISS diffusé le 17 janvier 2024.

Comment est réalisé le Baromètre du spectacle vivant ?
1) Enquête réalisée en ligne du 4 au 6 décembre 2023 par Harris Interactive France, institut d'études et de sondages d'opinions.
2) Échantillon de 1 042 personnes représentatif des Français âgés de 15 ans et plus.
3) Méthode des quotas et redressement appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle et région de l'interviewé(e).

À propos du PRODISS - Le PRODISS élargi réunit trois syndicats majeurs du spectacle vivant privé (PRODISS, SNDTP et CAMULC). Avec plus de 600 entreprises adhérentes, le syndicat est aujourd'hui le premier réseau d'entreprises privées du spectacle vivant, présentes sur tout le territoire. Le PRODISS élargi représente et accompagne producteurs de spectacles, exploitants de salles de concert, directeurs de théâtres ou de cabarets, diffuseurs et organisateurs de festivals pour encourager et soutenir la création dans un écosystème en profonde mutation. Le PRODISS élargi est aussi un lieu de plaidoyer auprès des acteurs publics, un réseau au service de ses membres, et un lieu pour faire rayonner nos scènes en France et à l'international. Pour remplir sa mission, le PRODISS élargi s'appuie sur trois valeurs : passion de la création, audace pragmatique et esprit collectif.

La Rédaction
Jeudi 18 Janvier 2024

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À Découvrir

"La Chute" Une adaptation réussie portée par un jeu d'une force organique hors du commun

Dans un bar à matelots d'Amsterdam, le Mexico-City, un homme interpelle un autre homme.
Une longue conversation s'initie entre eux. Jean-Baptiste Clamence, le narrateur, exerçant dans ce bar l'intriguant métier de juge-pénitent, fait lui-même les questions et les réponses face à son interlocuteur muet.

© Philippe Hanula.
Il commence alors à lever le voile sur son passé glorieux et sa vie d'avocat parisien. Une vie réussie et brillante, jusqu'au jour où il croise une jeune femme sur le pont Royal à Paris, et qu'elle se jette dans la Seine juste après son passage. Il ne fera rien pour tenter de la sauver. Dès lors, Clamence commence sa "chute" et finit par se remémorer les événements noirs de son passé.

Il en est ainsi à chaque fois que nous prévoyons d'assister à une adaptation d'une œuvre d'Albert Camus : un frémissement d'incertitude et la crainte bien tangible d'être déçue nous titillent systématiquement. Car nous portons l'auteur en question au pinacle, tout comme Jacques Galaud, l'enseignant-initiateur bien inspiré auprès du comédien auquel, il a proposé, un jour, cette adaptation.

Pas de raison particulière pour que, cette fois-ci, il en eût été autrement… D'autant plus qu'à nos yeux, ce roman de Camus recèle en lui bien des considérations qui nous sont propres depuis toujours : le moi, la conscience, le sens de la vie, l'absurdité de cette dernière, la solitude, la culpabilité. Entre autres.

Brigitte Corrigou
09/10/2024
Spectacle à la Une

"Dub" Unité et harmonie dans la différence !

La dernière création d'Amala Dianor nous plonge dans l'univers du Dub. Au travers de différents tableaux, le chorégraphe manie avec rythme et subtilité les multiples visages du 6ᵉ art dans lequel il bâtit un puzzle artistique où ce qui lie l'ensemble est une gestuelle en opposition de styles, à la fois virevoltante et hachée, qu'ondulante et courbe.

© Pierre Gondard.
En arrière-scène, dans une lumière un peu sombre, la scénographie laisse découvrir sept grands carrés vides disposés les uns sur les autres. Celui situé en bas et au centre dessine une entrée. L'ensemble représente ainsi une maison, grande demeure avec ses pièces vides.

Devant cette scénographie, onze danseurs investissent les planches à tour de rôle, chacun y apportant sa griffe, sa marque par le style de danse qu'il incarne, comme à l'image du Dub, genre musical issu du reggae jamaïcain dont l'origine est due à une erreur de gravure de disque de l'ingénieur du son Osbourne Ruddock, alias King Tubby, en mettant du reggae en version instrumentale. En 1967, en Jamaïque, le disc-jockey Rudy Redwood va le diffuser dans un dance floor. Le succès est immédiat.

L'apogée du Dub a eu lieu dans les années soixante-dix jusqu'au milieu des années quatre-vingt. Les codes ont changé depuis, le mariage d'une hétérogénéité de tendances musicales est, depuis de nombreuses années, devenu courant. Le Dub met en exergue le couple rythmique basse et batterie en lui incorporant des effets sonores. Awir Leon, situé côté jardin derrière sa table de mixage, est aux commandes.

Safidin Alouache
17/12/2024
Spectacle à la Une

"La vie secrète des vieux" Aimer même trop, même mal… Aimer jusqu'à la déchirure

"Telle est ma quête", ainsi parlait l'Homme de la Mancha de Jacques Brel au Théâtre des Champs-Élysées en 1968… Une quête qu'ont fait leur cette troupe de vieux messieurs et vieilles dames "indignes" (cf. "La vieille dame indigne" de René Allio, 1965, véritable ode à la liberté) avides de vivre "jusqu'au bout" (ouaf… la crudité revendiquée de leur langue émancipée y autorise) ce qui constitue, n'en déplaise aux catholiques conservateurs, le sel de l'existence. Autour de leur metteur en scène, Mohamed El Khatib, ils vont bousculer les règles de la bienséance apprise pour dire sereinement l'amour chevillé au corps des vieux.

© Christophe Raynaud de Lage.
Votre ticket n'est plus valable. Prenez vos pilules, jouez au Monopoly, au Scrabble, regardez la télé… des jeux de votre âge quoi ! Et surtout, ayez la dignité d'attendre la mort en silence, on ne veut pas entendre vos jérémiades et – encore moins ! – vos chuchotements de plaisir et vos cris d'amour… Mohamed El Khatib, fin observateur des us et coutumes de nos sociétés occidentales, a documenté son projet théâtral par une série d'entretiens pris sur le vif en Ehpad au moment de la Covid, des mouroirs avec eau et électricité à tous les étages. Autour de lui et d'une aide-soignante, artiste professionnelle pétillante de malice, vont exister pleinement huit vieux et vieilles revendiquant avec une belle tranquillité leur droit au sexe et à l'amour (ce sont, aussi, des sentimentaux, pas que des addicts de la baise).

Un fauteuil roulant poussé par un vieux très guilleret fait son entrée… On nous avertit alors qu'en fonction du grand âge des participant(e)s au plateau, et malgré les deux défibrillateurs à disposition, certain(e)s sont susceptibles de mourir sur scène, ce qui – on l'admettra aisément – est un meilleur destin que mourir en Ehpad… Humour noir et vieilles dentelles, le ton est donné. De son fauteuil, la doyenne de la troupe, 91 ans, Belge et ancienne présentatrice du journal TV, va ar-ti-cu-ler son texte, elle qui a renoncé à son abonnement à la Comédie-Française car "ils" ne savent plus scander, un vrai scandale ! Confiant plus sérieusement que, ce qui lui manque aujourd'hui – elle qui a eu la chance d'avoir beaucoup d'hommes –, c'est d'embrasser quelqu'un sur la bouche et de manquer à quelqu'un.

Yves Kafka
30/08/2024