"Every drop of my blood". Cette étape du projet porté superbement par la chorégraphe et danseuse russo-française Nadia Larina nous immerge dans une installation plastique "habitée" par deux interprètes, danseur et danseuse et un musicien, les trois - dans une première partie déjà très aboutie - accompagnés au plateau de spectateurs anonymes "figurant" les voix enregistrées d'autres anonymes.
Laboratoire de création à vue, les interprètes se confrontent au plafond et parois de verre de deux cubes desquels ils vont tenter de s'extraire. La pression des résistances, offertes par les assignations leur "ordonnant" la place contrainte figurée par l'espace réduit des mobiles dans lesquels ils se meuvent, est telle que leurs mouvements empêchés rendent compte à eux seuls des pesanteurs à soulever pour tenter d'advenir hors des prescriptions normées.
Laboratoire de création à vue, les interprètes se confrontent au plafond et parois de verre de deux cubes desquels ils vont tenter de s'extraire. La pression des résistances, offertes par les assignations leur "ordonnant" la place contrainte figurée par l'espace réduit des mobiles dans lesquels ils se meuvent, est telle que leurs mouvements empêchés rendent compte à eux seuls des pesanteurs à soulever pour tenter d'advenir hors des prescriptions normées.
Combat dantesque rythmé par la musique en live rendant palpable le poids des héritages d'un patriarcat ayant colonisé les têtes, cette mise en corps des oppressions incorporées renvoie bouler le discours dominant érigeant la binarité des sexes en gardienne de l'ordre établi. Dans une seconde partie - à élaguer peut-être - ce sont les interprètes eux-mêmes qui se font les porte-paroles de terribles petites phrases communes à connotation insidieuse.
Présentant les moments très forts d'un projet exigeant tant au niveau de sa réalisation chorégraphiée, de son interprétation investie, que de sa genèse documentée (travail théorique, autour de "Je suis un monstre qui vous parle" de Paul B. Preciado, et recherche de terrain, avec des rencontres en amont de personnes "ayant à dire sur le sujet"), "Every drop of my blood" a tout pour séduire un public en quête d'émotions artistiques fécondes.
Présentant les moments très forts d'un projet exigeant tant au niveau de sa réalisation chorégraphiée, de son interprétation investie, que de sa genèse documentée (travail théorique, autour de "Je suis un monstre qui vous parle" de Paul B. Preciado, et recherche de terrain, avec des rencontres en amont de personnes "ayant à dire sur le sujet"), "Every drop of my blood" a tout pour séduire un public en quête d'émotions artistiques fécondes.
"Se faire la belle". Si en 2019, dans ce même Festival Trente Trente, Leïla Ka nous avait littéralement subjugués avec son "Pode Ser" (peut-être) révélant la quintessence de l'art en mouvement, depuis elle n'a cessé de nous surprendre en imposant sa force fragile dans ses chorégraphies à haute valeur subversive où la revendication d'être soi s'accompagne d'une rage salvatrice. Ainsi de "C'est toi qu'on adore" en 2021 où deux formes unisexes se livraient - souvent en écho l'une de l'autre, parfois en opposition comme pour souligner un déchirement intérieur - à un combat chorégraphié au millimètre contre les forces invisibles les assignant à une place héritée à l'insu de leur volonté.
Troisième volet de ce triptyque, "Se faire la belle", dont le titre évocateur inscrit d'emblée la recherche du côté d'une évasion à jamais inaccomplie, amplifie le propos en faisant apparaître la performeuse "incluse" dans une camisole, ses deux bras entravés sur le ventre. Vêtement à haute valeur symbolique évoquant autant celui porté par nos grands-mères, prisonnières de la place où elles étaient assignées, que l'instrument de contention utilisé en psychiatrie, la camisole à elle seule annonce le combat acharné pour tenter de s'en délivrer.
Sans jamais que ses pieds rivés au sol ne puissent s'en extraire, le corps traversé de soubresauts désarticulés autant que rageurs va n'avoir de cesse de faire craquer les coutures du conditionnement. Sa tête aux cheveux courts bringuebalée en tous sens, elle développe une énergie surhumaine pour tenter de devenir… humaine, simplement humaine, libérée des injonctions liées aux représentations sexistes introjectées dès la prime enfance.
La musique répétitive libérée par les pulsations électroniques se mêlant aux lumières stéréoscopiques soulignant les soubresauts du corps en révolte, ajoute à l'intensité dramatique du combat livré sous nos yeux par cette jeune femme désireuse d'en finir avec les diktats d'une autre époque. En refusant corps et âme d'accorder force de loi à ce qui n'est que construction ancestrale, Leïla Ka, "guerrillère ordinaire", libère de "l'encrage" du Livre des Pères et inscrit son écriture chorégraphique dans un à-venir à conquérir de hautes luttes.
Troisième volet de ce triptyque, "Se faire la belle", dont le titre évocateur inscrit d'emblée la recherche du côté d'une évasion à jamais inaccomplie, amplifie le propos en faisant apparaître la performeuse "incluse" dans une camisole, ses deux bras entravés sur le ventre. Vêtement à haute valeur symbolique évoquant autant celui porté par nos grands-mères, prisonnières de la place où elles étaient assignées, que l'instrument de contention utilisé en psychiatrie, la camisole à elle seule annonce le combat acharné pour tenter de s'en délivrer.
Sans jamais que ses pieds rivés au sol ne puissent s'en extraire, le corps traversé de soubresauts désarticulés autant que rageurs va n'avoir de cesse de faire craquer les coutures du conditionnement. Sa tête aux cheveux courts bringuebalée en tous sens, elle développe une énergie surhumaine pour tenter de devenir… humaine, simplement humaine, libérée des injonctions liées aux représentations sexistes introjectées dès la prime enfance.
La musique répétitive libérée par les pulsations électroniques se mêlant aux lumières stéréoscopiques soulignant les soubresauts du corps en révolte, ajoute à l'intensité dramatique du combat livré sous nos yeux par cette jeune femme désireuse d'en finir avec les diktats d'une autre époque. En refusant corps et âme d'accorder force de loi à ce qui n'est que construction ancestrale, Leïla Ka, "guerrillère ordinaire", libère de "l'encrage" du Livre des Pères et inscrit son écriture chorégraphique dans un à-venir à conquérir de hautes luttes.
"Today is beautiful day". En choisissant un titre en forme d'antiphrase, le chorégraphe danseur musicien plasticien Youness Aboulakoul prend "visiblement" le contrepied de la béatitude en se proposant de déconstruire sciemment les sombres impacts de la violence sur son corps mis à l'épreuve d'une époque peu amène…
Ce faisant, sur un plateau regorgeant d'accessoires divers - cordes descendant des cintres auxquelles il s'attelle, casques intégraux enserrant son crâne, barres lumineuses scintillantes l'aveuglant, machines fumigènes faisant disparaître son existence -, il s'agite en tous sens… sans que le sens nous en apparaisse.
En effet, à l'instar des généreuses fumées envahissant le plateau, cette débauche de moyens convoqués fait vite long feu… On aurait souhaité plus de sobriété dans la technique mobilisée, ainsi que plus de profondeur dans le message que l'artiste se dit vouloir transmettre. Bref - malgré l'apparition de la voix chaude et puissante du Genius, Ray Charles -, ce galimatias aurait par trop tendance à nous laisser de glace. Un flop ? Certains, dont nous sommes, ne seraient pas loin de le penser… Un flop en 3D.
Ce faisant, sur un plateau regorgeant d'accessoires divers - cordes descendant des cintres auxquelles il s'attelle, casques intégraux enserrant son crâne, barres lumineuses scintillantes l'aveuglant, machines fumigènes faisant disparaître son existence -, il s'agite en tous sens… sans que le sens nous en apparaisse.
En effet, à l'instar des généreuses fumées envahissant le plateau, cette débauche de moyens convoqués fait vite long feu… On aurait souhaité plus de sobriété dans la technique mobilisée, ainsi que plus de profondeur dans le message que l'artiste se dit vouloir transmettre. Bref - malgré l'apparition de la voix chaude et puissante du Genius, Ray Charles -, ce galimatias aurait par trop tendance à nous laisser de glace. Un flop ? Certains, dont nous sommes, ne seraient pas loin de le penser… Un flop en 3D.
Ces trois spectacles ont été vus dans le cadre du Festival Trente Trente de Bordeaux-Métropole-Boulazac. Le premier à l'Atelier des Marches, lors de la soirée du jeudi 20 janvier à 18 h 15 et les deux autres ce même jeudi à 20 h et 21 h à La Manufacture CDCN.
"Every drop of my blood"
Danse - Nouvelle-Aquitaine (Bordeaux).
Présentation d'une étape de travail, création prévue en septembre 2022.
Conception et direction artistique : Nadia Larina.
Texte : Mélanie Trugeon, Nadia Larina, Elie Nassar, Alexandre Bado et les enregistrements de personnes rencontrées lors des ateliers de médiation.
Chorégraphie et danse : Nadia Larina, Alexandre Bado, Danaë Suteau.
Musique live (guitare, clavier, percussions, musique électronique) : Bastien Fréjaville.
Production : Cie FluO.
Durée : 40 minutes.
"Every drop of my blood"
Danse - Nouvelle-Aquitaine (Bordeaux).
Présentation d'une étape de travail, création prévue en septembre 2022.
Conception et direction artistique : Nadia Larina.
Texte : Mélanie Trugeon, Nadia Larina, Elie Nassar, Alexandre Bado et les enregistrements de personnes rencontrées lors des ateliers de médiation.
Chorégraphie et danse : Nadia Larina, Alexandre Bado, Danaë Suteau.
Musique live (guitare, clavier, percussions, musique électronique) : Bastien Fréjaville.
Production : Cie FluO.
Durée : 40 minutes.
"Se faire la belle"
Danse - Pays de la Loire (Saint-Nazaire).
Avant-première, création prévue en mars 2022.
Chorégraphie et interprétation : Leïla Ka.
Création lumière : Laurent Fallot.
Durée : 20 minutes.
"Today is beautiful day"
Danse - Île-de-France (Paris).
Youness Aboulakoul/Compagnie Ayoun
Conception, chorégraphie et interprétation : Youness Aboulakoul.
Regard extérieur : Youness Atbane.
Création son : Youness Aboulakoul.
Lumières : Omar Boukdeir.
Création médias : Jeronimo Roe.
Accompagnement dramaturgique : Gabrielle Cram.
Production : Compagnie Ayoun.
Durée : 45 minutes.
Festival Trente Trente,
19e Rencontres de la forme courte dans les arts vivants.
Du 18 janvier au 10 février 2022.
Billetterie : 05 56 17 03 83 et info@trentetrente.com.
>> trentetrente.com
Danse - Pays de la Loire (Saint-Nazaire).
Avant-première, création prévue en mars 2022.
Chorégraphie et interprétation : Leïla Ka.
Création lumière : Laurent Fallot.
Durée : 20 minutes.
"Today is beautiful day"
Danse - Île-de-France (Paris).
Youness Aboulakoul/Compagnie Ayoun
Conception, chorégraphie et interprétation : Youness Aboulakoul.
Regard extérieur : Youness Atbane.
Création son : Youness Aboulakoul.
Lumières : Omar Boukdeir.
Création médias : Jeronimo Roe.
Accompagnement dramaturgique : Gabrielle Cram.
Production : Compagnie Ayoun.
Durée : 45 minutes.
Festival Trente Trente,
19e Rencontres de la forme courte dans les arts vivants.
Du 18 janvier au 10 février 2022.
Billetterie : 05 56 17 03 83 et info@trentetrente.com.
>> trentetrente.com