La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.



Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager
Festivals

Souvenirs d'été... Des chants de marins et des musiques des mers du monde dans la tête !

Week-end du 15 août, beau temps sur la Bretagne... Plus précisément dans le Pays du Trégor-Goëlo. Paimpol est envahie par une foule dense et joyeuse qui a répondu présente pour découvrir l'incroyable diversité de la programmation de la douzième édition du Festival du Chant de Marin et des Musiques des Mers du Monde. Le mot d'ordre de cette nouvelle édition : "Cap aux Suds !"



Couscous Clan (Rachid Taha, Rodolphe Burger) © Dominique Debeauvais.
Couscous Clan (Rachid Taha, Rodolphe Burger) © Dominique Debeauvais.
Pari réussi pour Pierre Morvan (président du festival) et son équipe (dont près de 1 800 bénévoles) qui, une nouvelle fois, ont réuni la crème de la musique et de la chanson bretonne (groupes de chant de marin, fanfares, bagadoù, festoù-noz, etc.) tout en invitant des formations musicales ou des artistes venant d’Occitanie, de Catalogne, du Pays Basque, d’Andalousie, du Portugal… ou de plus loin comme des Balkans, d’Afrique, d’Amérique du Sud, de Louisiane, des rives du Mississippi, etc. Et tout cela sans renoncer à la dimension "humaine", conviviale, chaleureuse et familiale de ce festival créé en 1989.

Avec cette programmation très éclectique (160 groupes, 2 000 artistes sur 7 scènes installées autour du port), dépassant le cadre des côtes armoricaines et allant des mélodies orientales aux rythmes sud-américains, un très large public s'était retrouvé sur les quais festifs de l'ancien port morutier, largement "décorés" par plus de 200 vieux gréements amarrés, aux pavois colorés.

Bevinda © Dominique Debeauvais.
Bevinda © Dominique Debeauvais.
La vitesse de croisière a été atteinte dès le premier jour avec une affiche particulièrement bien construite où l'on retrouvait Les Marins d'Iroise, Hughes Aufray, Plazia Francia, Denez Prigent, Orange Blossom, etc., sur la grande scène Stan Hugill (1). Pour notre part, nous étions présents les 15 et 16 août. Le samedi, sur la même scène se produisaient Coucous Clan (nouveau duo épicé composé de Rachid Taha et Rudolphe Burger), suivi de l'étonnant et bourré d'énergie bluegrass band : The Broken Circle Breakdown. Sortis tout droit du film "Alabama Monroe", les Belges du Broken Circle ont fait un triomphe auprès des festivaliers avec leur fraîcheur, leur humour et leur générosité. Donnant sans compter, ils ont dépoussiéré avec un enthousiasme non feint un style musical qui peut paraître parfois vieillot, le bluegrass.

Un peu plus tard dans la soirée, I Muvrini finissait son concert avec un très beau cadeau pour Paimpol... les frères Bernardini interprétant une superbe version de Tri Martolod en breton. Entre-temps, un petit saut du côté du cabaret Michel Tonnerre (2) nous permettait d'apprécier, dans le cadre d'une soirée "Cap aux Suds", la superbe voix teintée de mélancolie de Bevinda qui sait, entre fado et saudade, nous nourrir de textes de Pessoa ou de reprises de Cesaria Evora. Et de découvrir le trio guadeloupéen FM Laeti avec la charismatique Laetitia Bourgeois au chant.

Luz Casal © Gil Chauveau.
Luz Casal © Gil Chauveau.
Le dimanche 16 août était marqué par le récital de la sublime et talentueuse Luz Casal. Celle qui connut la célébrité avec "Piensa en mí", la chanson mexicaine du film de Pédro Aldomovar, "Talons aiguilles", est devenu aujourd'hui une star internationale et chante avec une luminosité particulière l'âme espagnole. Telle Barbara (qu'elle admire), elle chante ses propres compositions, sur des airs de bossa, avec une voix légèrement rocailleuse mais toujours en équilibre entre puissance et douceur. Un grand moment d'émotion et de grâce. La nuit se poursuivait avec un voyage au Sénégal en compagnie de l'excellent Youssou N'Dour et à la Jamaîque en compagnie de Winston McAnuff et Fixi (du groupe Java)... où quand le reggae rencontre l'accordéon.

Sur les quais, parmi les dizaines de groupes présents, vocaux ou musicaux, offrant tous des moments festifs et joyeux aux festivaliers flânant au gré des différents vents artistiques, nous avons particulièrement aimé les très belles et colorées prestations musicales de la Compagnie Blaka et du Groupe Kar Ha Pistouill.

Enfin, dans les belles histoires de cette édition, retenons celle du groupe chilien Chamal qui rêvait de venir se produire à Paimpol. Mais le Chili est loin... près de 11 000 km. Cette formation créée il y a quarante ans s'est donc patiemment organisé en cherchant notamment des aides pour financer leur voyage. Leur souhait s'est réalisé cette année et ils furent présents avec huit de leurs membres sur trente. Chamal propose une musique d'inspiration traditionnelle qui parle des racines, de la vie des Chiliens, et surtout des marins de l'île de Chiloé. Ils se sont produits le vendredi sur le Bateau Fée de L'Aulne et le samedi sur la grande scène Stan Hugill.

L'événement paimpolais tient le cap et navigue maintenant en pleine mer avec plus de 150 000 visiteurs à son bord. Il ne reste plus qu'à patienter avant la prochaine édition qui se déroulera les 11, 12, et 13 août 2017.

Kar Ha Pistouill © Dominique Debeauvais.
Kar Ha Pistouill © Dominique Debeauvais.
(1) Stan Hugill (Stanley James Hugill) : chanteur britannique (1906-1992) de chants de marins et peintre de marines.
(2) Michel Tonnerre : auteur, compositeur et interprète de Quimperlé (1949-2012).

Gil Chauveau
Jeudi 10 Septembre 2015

Nouveau commentaire :

Théâtre | Danse | Concerts & Lyrique | À l'affiche | À l'affiche bis | Cirque & Rue | Humour | Festivals | Pitchouns | Paroles & Musique | Avignon 2017 | Avignon 2018 | Avignon 2019 | CédéDévédé | Trib'Une | RV du Jour | Pièce du boucher | Coulisses & Cie | Coin de l’œil | Archives | Avignon 2021 | Avignon 2022 | Avignon 2023 | Avignon 2024 | À l'affiche ter





Numéros Papier

Anciens Numéros de La Revue du Spectacle (10)

Vente des numéros "Collectors" de La Revue du Spectacle.
10 euros l'exemplaire, frais de port compris.






À Découvrir

•Off 2024• "Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
14/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• Lou Casa "Barbara & Brel" À nouveau un souffle singulier et virtuose passe sur l'œuvre de Barbara et de Brel

Ils sont peu nombreux ceux qui ont une réelle vision d'interprétation d'œuvres d'artistes "monuments" tels Brel, Barbara, Brassens, Piaf et bien d'autres. Lou Casa fait partie de ces rares virtuoses qui arrivent à imprimer leur signature sans effacer le filigrane du monstre sacré interprété. Après une relecture lumineuse en 2016 de quelques chansons de Barbara, voici le profond et solaire "Barbara & Brel".

© Betül Balkan.
Comme dans son précédent opus "À ce jour" (consacré à Barbara), Marc Casa est habité par ses choix, donnant un souffle original et unique à chaque titre choisi. Évitant musicalement l'écueil des orchestrations "datées" en optant systématiquement pour des sonorités contemporaines, chaque chanson est synonyme d'une grande richesse et variété instrumentales. Le timbre de la voix est prenant et fait montre à chaque fois d'une émouvante et artistique sincérité.

On retrouve dans cet album une réelle intensité pour chaque interprétation, une profondeur dans la tessiture, dans les tonalités exprimées dont on sent qu'elles puisent tant dans l'âme créatrice des illustres auteurs que dans les recoins intimes, les chemins de vie personnelle de Marc Casa, pour y mettre, dans une manière discrète et maîtrisée, emplie de sincérité, un peu de sa propre histoire.

"Nous mettons en écho des chansons de Barbara et Brel qui ont abordé les mêmes thèmes mais de manières différentes. L'idée est juste d'utiliser leur matière, leur art, tout en gardant une distance, en s'affranchissant de ce qu'ils sont, de ce qu'ils représentent aujourd'hui dans la culture populaire, dans la culture en général… qui est énorme !"

Gil Chauveau
19/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• "Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles…

… face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
26/03/2024