De l'univers de la TV à celui de la politique, elle va se heurter à bien des difficultés par rapport à son don et en subir largement les séquences… Se présenter aux élections présidentielles et abandonner son rôle à succès du "soap opéra" était-ce une bonne idée ? Comment réagiriez-vous si, un jour, on vous prédisait votre avenir, notamment les malheurs qui vous attendent ?
Librement inspirée du mythe grec de "Cassandre", l'écriture de Rodolphe Corrion aborde cette question, entre autres, en mettant en scène une jeune femme moderne, libre de ses choix, déterminée, qui accepte son destin avec déterminisme et ne fait pas du don qu'elle possède une affaire d'État ni n'en abuse. Toutefois, elle ne parvient pas à s'en départir totalement et cela lui joue des tours.
À bien y regarder, cette pièce ne se limite pas à une simple peinture féministe revendicatrice – ce qui ferait de ce spectacle, sur la scène théâtrale contemporaine, un de plus autour du thème en question -, mais elle aborde de manière subtile et plutôt émouvante les conditions du métier de comédienne en traitant avec élégance, grâce à l'interprétation de Manon Balthazard, rayonnante et charismatique, les contraintes et les vicissitudes d'un métier "à part", parfois tendre, parfois cruel ou injuste.
Le grand public sait-il véritablement en quoi consiste ce métier, et ce qu'il faut bien souvent endurer pour espérer être au sommet de l'affiche ? Ou tout simplement pour décrocher un contrat ? Et les auditions ? L'envers du décor ? Lui qui s'installe bien confortablement dans son fauteuil, qui applaudit à la fin de la représentation et qui rentre chez lui, satisfait – ou pas – du moment de loisir artistique qu'il vient de vivre ?
C'est cet univers particulier que Rodolphe Corrion a choisi d'évoquer dans "Cassandra" et, peut-être, aurait-il été préférable qu'il s'y limite. Car il s'agit là d'un propos paradoxalement peu traité au théâtre, ce qui est assez regrettable selon nous. À certains égards, il y est parvenu à en parler justement ! Mais l'auteur a choisi aussi un autre angle qui, à nos yeux, ternit quelque peu le propos d'origine. À moins que ce ne soit cet angle d'écriture qui en ait été à la source !
Peu importe, cela dit !
Librement inspirée du mythe grec de "Cassandre", l'écriture de Rodolphe Corrion aborde cette question, entre autres, en mettant en scène une jeune femme moderne, libre de ses choix, déterminée, qui accepte son destin avec déterminisme et ne fait pas du don qu'elle possède une affaire d'État ni n'en abuse. Toutefois, elle ne parvient pas à s'en départir totalement et cela lui joue des tours.
À bien y regarder, cette pièce ne se limite pas à une simple peinture féministe revendicatrice – ce qui ferait de ce spectacle, sur la scène théâtrale contemporaine, un de plus autour du thème en question -, mais elle aborde de manière subtile et plutôt émouvante les conditions du métier de comédienne en traitant avec élégance, grâce à l'interprétation de Manon Balthazard, rayonnante et charismatique, les contraintes et les vicissitudes d'un métier "à part", parfois tendre, parfois cruel ou injuste.
Le grand public sait-il véritablement en quoi consiste ce métier, et ce qu'il faut bien souvent endurer pour espérer être au sommet de l'affiche ? Ou tout simplement pour décrocher un contrat ? Et les auditions ? L'envers du décor ? Lui qui s'installe bien confortablement dans son fauteuil, qui applaudit à la fin de la représentation et qui rentre chez lui, satisfait – ou pas – du moment de loisir artistique qu'il vient de vivre ?
C'est cet univers particulier que Rodolphe Corrion a choisi d'évoquer dans "Cassandra" et, peut-être, aurait-il été préférable qu'il s'y limite. Car il s'agit là d'un propos paradoxalement peu traité au théâtre, ce qui est assez regrettable selon nous. À certains égards, il y est parvenu à en parler justement ! Mais l'auteur a choisi aussi un autre angle qui, à nos yeux, ternit quelque peu le propos d'origine. À moins que ce ne soit cet angle d'écriture qui en ait été à la source !
Peu importe, cela dit !
Car c'est dans les moments du spectacle où la comédienne, à la longue chevelure rousse et au corps de déesse, parle de son métier qu'elle est la plus convaincante, la plus sincère et la plus poétiquement émouvante.
"Cassandra, c'est de la fiction, moi, je vais au réel à présent. À moins que je ne sois faite pour la fiction et non pas pour la réalité".
Cassandra va basculer du monde des planches à celui de l'arène politique et, à ce titre, nous entendons les intentions de l'écriture toutes légitimes, car la politique n'est-elle pas, elle aussi, un vaste théâtre mêlant jeu de masques, de remises en question, de faux-semblant, de revirements de situation, etc. ?
Théodora et Cassandra, finalement, ne sont qu'une seule et même personne, quand bien même, au théâtre, il lui faut forcément adopter d'autres postures que celles de sa vie quotidienne. Les planches, c'est la vie qui lui convient, celle pour laquelle elle est faite. "Rien n'est plus beau que de faire semblant pour parler de soi !"
Théodora n'est pas faite pour la jungle politique, parce que dans ce monde-là, elle ne pourra pas être elle-même… On tirera les ficelles pour elle, et un jour, ces ficelles se briseront et elle s'effondrera.
"Je n'ai pas la fibre politique, mais il y a des gens qui sont prêts à m'en confier pourtant les rênes".
Encore une fois, au risque de nous répéter, l'inspiration de l'auteur aurait sans doute dû passer outre cette dimension particulière, néanmoins toute légitime… Manon Balthazard y est bien moins crédible, forçant parfois son interprétation, surjouant, dansant sans raison apparente ou, encore, faisant un grand-écart déplacé qui n'apporte rien au propos.
Le talent de la comédienne aurait pu être mis en valeur encore davantage et, pour ce faire, la scénographie de Loïc Bartolini aurait mérité d'être un peu plus épurée, plus minimaliste, ce qui n'aurait en rien gâché certains propos subliminaux et très méritoires de l'écriture, comme, le clin d'œil aux pouvoirs des médias, de la TV et de ses multiples interférences sur la population et ses protagonistes, ou celui d'une comédienne à la recherche d'elle-même se brûlant les ailes dans l'arène politique et voulant juste être elle-même.
L'ensemble aurait certainement gagné en profondeur, en émotion et en poésie. Cassandra dit que les comédiennes et comédiens n'aiment pas se voir jouer. Peut-être que le public préférerait, lui aussi, découvrir Manon Balthazard moins extravagante dans un rôle qui lui convient davantage.
Les "Cassandre" disent la vérité. À notre tour d'en faire de même.
"Cassandra, c'est de la fiction, moi, je vais au réel à présent. À moins que je ne sois faite pour la fiction et non pas pour la réalité".
Cassandra va basculer du monde des planches à celui de l'arène politique et, à ce titre, nous entendons les intentions de l'écriture toutes légitimes, car la politique n'est-elle pas, elle aussi, un vaste théâtre mêlant jeu de masques, de remises en question, de faux-semblant, de revirements de situation, etc. ?
Théodora et Cassandra, finalement, ne sont qu'une seule et même personne, quand bien même, au théâtre, il lui faut forcément adopter d'autres postures que celles de sa vie quotidienne. Les planches, c'est la vie qui lui convient, celle pour laquelle elle est faite. "Rien n'est plus beau que de faire semblant pour parler de soi !"
Théodora n'est pas faite pour la jungle politique, parce que dans ce monde-là, elle ne pourra pas être elle-même… On tirera les ficelles pour elle, et un jour, ces ficelles se briseront et elle s'effondrera.
"Je n'ai pas la fibre politique, mais il y a des gens qui sont prêts à m'en confier pourtant les rênes".
Encore une fois, au risque de nous répéter, l'inspiration de l'auteur aurait sans doute dû passer outre cette dimension particulière, néanmoins toute légitime… Manon Balthazard y est bien moins crédible, forçant parfois son interprétation, surjouant, dansant sans raison apparente ou, encore, faisant un grand-écart déplacé qui n'apporte rien au propos.
Le talent de la comédienne aurait pu être mis en valeur encore davantage et, pour ce faire, la scénographie de Loïc Bartolini aurait mérité d'être un peu plus épurée, plus minimaliste, ce qui n'aurait en rien gâché certains propos subliminaux et très méritoires de l'écriture, comme, le clin d'œil aux pouvoirs des médias, de la TV et de ses multiples interférences sur la population et ses protagonistes, ou celui d'une comédienne à la recherche d'elle-même se brûlant les ailes dans l'arène politique et voulant juste être elle-même.
L'ensemble aurait certainement gagné en profondeur, en émotion et en poésie. Cassandra dit que les comédiennes et comédiens n'aiment pas se voir jouer. Peut-être que le public préférerait, lui aussi, découvrir Manon Balthazard moins extravagante dans un rôle qui lui convient davantage.
Les "Cassandre" disent la vérité. À notre tour d'en faire de même.
"Cassandra"
Seule en scène.
D'après le texte de Rodolphe Corrion (Édition de l'Œil du Prince).
Adaptation : Manon Balthazard.
Mise en scène et scénographie : Loïc Bartolini.
Avec : Manon Balthazard.
Chorégraphies : Laura Colin.
Création sonore : Damien Dufour.
Lumières : Stéphane Poirrier.
Par Lotus Compagnie.
Durée : 1 h 15.
•Avignon Off 2024•
Du 29 juin au 21 juillet 2024.
Tous les jours à 12 h 20. Relâche les 4, 10 et 16 juillet.
Théâtre Pixel, 18, rue Guillaume Puy, Avignon.
Réservations : 07 82 04 88 01.
>> pixelavignon.com
D'après le texte de Rodolphe Corrion (Édition de l'Œil du Prince).
Adaptation : Manon Balthazard.
Mise en scène et scénographie : Loïc Bartolini.
Avec : Manon Balthazard.
Chorégraphies : Laura Colin.
Création sonore : Damien Dufour.
Lumières : Stéphane Poirrier.
Par Lotus Compagnie.
Durée : 1 h 15.
•Avignon Off 2024•
Du 29 juin au 21 juillet 2024.
Tous les jours à 12 h 20. Relâche les 4, 10 et 16 juillet.
Théâtre Pixel, 18, rue Guillaume Puy, Avignon.
Réservations : 07 82 04 88 01.
>> pixelavignon.com