Elles ne se comptent que sur les doigts d'une seule main, les Intégrales des messes de Josquin Desprez (ou Des Prés). On se souvient de celle de Peter Phillips (en 9 volumes) avec les Tallis Scholars, et voici que se profile l'aboutissement d'années d'un dur labeur et d'une passion impressionnante, celle de Maurice Bourbon et ses amis. Paraît en effet le neuvième volume de l'Intégrale des messes (18 en tout) initiée par ce chanteur, chef de chœur, musicologue, compositeur et fondateur d'ensembles de solistes a cappella - dont les Métamorphoses, neuf chanteurs internationaux talentueusement dirigés pour les deux messes de ce volume 9 par l'une d'entre eux, la soprano Juliette de Massy.
Cet énorme travail, fruit d'un artisanat admirable, tombe presque sous le sens quand on connaît la place qu'occupait le compositeur franco-flamand, né (vers 1440-50) à Beaurevoir (02) et mort à Condé-sur-Escaut (59) en 1521 dans un État placé sous l'autorité des Ducs de Bourgogne. Chantre dès l'enfance dans divers centres tels que l'Église collégiale de Saint-Quentin (Aisne), biscantor, puis maître de chapelle très prisé des princes en Italie et ailleurs, un des premiers compositeurs de l'école franco-flamande dont l'œuvre sacrée et profane connaît une publication de son vivant, Josquin Desprez fait rayonner au-delà des frontières du Comté du Hainaut (la France et la Belgique d'aujourd'hui) son art.
Et singulièrement ses messes - la messe, cette forme prédominante européenne de la musique sacrée de son temps. Les deux messes, qui font tout l'objet de cet avant-dernier volume consacré à "Josquin et Bruxelles", démontrent son art de l'innovation ("Messe Faysant regretz") comme l'aboutissement d'un tradition polyphonique franco-flamande dans son œuvre (amplifiée par exemple dans cette Messe "Sine nomine") pour une esthétique très personnelle, un "Ars combinatoria" très prisé à Bruxelles et au-delà.
Cet énorme travail, fruit d'un artisanat admirable, tombe presque sous le sens quand on connaît la place qu'occupait le compositeur franco-flamand, né (vers 1440-50) à Beaurevoir (02) et mort à Condé-sur-Escaut (59) en 1521 dans un État placé sous l'autorité des Ducs de Bourgogne. Chantre dès l'enfance dans divers centres tels que l'Église collégiale de Saint-Quentin (Aisne), biscantor, puis maître de chapelle très prisé des princes en Italie et ailleurs, un des premiers compositeurs de l'école franco-flamande dont l'œuvre sacrée et profane connaît une publication de son vivant, Josquin Desprez fait rayonner au-delà des frontières du Comté du Hainaut (la France et la Belgique d'aujourd'hui) son art.
Et singulièrement ses messes - la messe, cette forme prédominante européenne de la musique sacrée de son temps. Les deux messes, qui font tout l'objet de cet avant-dernier volume consacré à "Josquin et Bruxelles", démontrent son art de l'innovation ("Messe Faysant regretz") comme l'aboutissement d'un tradition polyphonique franco-flamande dans son œuvre (amplifiée par exemple dans cette Messe "Sine nomine") pour une esthétique très personnelle, un "Ars combinatoria" très prisé à Bruxelles et au-delà.
Alors qu'on commémore les cinq cents ans de sa disparition, ces deux messes de Josquin confirment précisément son art original de la dédicace (la répétition de voyelles dans un motif mélodique du nom de la régente Marguerite d'Autriche, fille de l'Empereur Maximilien, avec la voyellisation musicale "Fa - Ré - Mi - Ré" dans la "Faysant regretz", entre autres cellules selon un schéma déjà utilisé par lui ailleurs), sa virtuosité dans l'écriture contrapuntique avec changements de durée, de rythmes et de hauteurs mettant en lumière la beauté linéaire des lignes mélodiques superposées comme leur signification propre.
Sans oublier, dans ces deux œuvres comme dans tant d'autres, son apport au quatuor vocal (et ses jeux de duos), ses recherches sur la distribution des voix (voir la variation des tessitures) et leurs combinaisons canoniques, mais aussi sa technique du mélisme : syllabes chantées sur plusieurs notes en plus des beaux effets de décalages et d'échos.
Les chanteurs de l'Ensemble Métamorphoses rendent justice à cette belle texture polyphonique empreinte d'une lumineuse spiritualité. Les caractères dramatiques, méditatifs ou hymniques des parties d'une messe sont soulignés et même exaltés avec le cœur, mais aussi un vrai sens du phrasé et de la fluidité. Juliette de Massy, qui a souhaité redonner vie à "des images, des caractères et des affects" induits par le compositeur, sait à notre intention redonner à ces messes tout leur relief architectural. De la belle ouvrage qui remet à sa place (une des premières) l'héritage d'un grand artiste mort deux ans après un autre sans doute (injustement) plus fameux, Léonard de Vinci.
Sans oublier, dans ces deux œuvres comme dans tant d'autres, son apport au quatuor vocal (et ses jeux de duos), ses recherches sur la distribution des voix (voir la variation des tessitures) et leurs combinaisons canoniques, mais aussi sa technique du mélisme : syllabes chantées sur plusieurs notes en plus des beaux effets de décalages et d'échos.
Les chanteurs de l'Ensemble Métamorphoses rendent justice à cette belle texture polyphonique empreinte d'une lumineuse spiritualité. Les caractères dramatiques, méditatifs ou hymniques des parties d'une messe sont soulignés et même exaltés avec le cœur, mais aussi un vrai sens du phrasé et de la fluidité. Juliette de Massy, qui a souhaité redonner vie à "des images, des caractères et des affects" induits par le compositeur, sait à notre intention redonner à ces messes tout leur relief architectural. De la belle ouvrage qui remet à sa place (une des premières) l'héritage d'un grand artiste mort deux ans après un autre sans doute (injustement) plus fameux, Léonard de Vinci.
● Ensemble Métamorphoses "Josquin Desprez, "Messes Faysant regretz, Sine nomine".
Label : AR RE-SE.
Distribution : Socadisc.
Sortie : avril 2021.
Métamorphoses :
Corinne Bahuaud, mezzo.
Léo Fernique, contre-ténor.
Clément Debieuvre, Vincent Lièvre-Picard, Marcio Soarès-Holanda, haute-contre.
Fabrice Foison, ténor.
Enrico Bava, Philippe Roche, basses.
Juliette de Massy, direction.
Label : AR RE-SE.
Distribution : Socadisc.
Sortie : avril 2021.
Métamorphoses :
Corinne Bahuaud, mezzo.
Léo Fernique, contre-ténor.
Clément Debieuvre, Vincent Lièvre-Picard, Marcio Soarès-Holanda, haute-contre.
Fabrice Foison, ténor.
Enrico Bava, Philippe Roche, basses.
Juliette de Massy, direction.