Trois compositeurs à l’honneur, Piotr Illitch Tchaïkovski, Dimitri Chostakovitch, Evgueni Galperine choisis ici comme autant d’instantanés d’une psyché vraiment russe, et d’œuvres conçues comme citadelles intérieures et espaces de liberté à l’heure du tsarisme, de l’ère bolchevique puis de l’ère Poutine. D’abord le XIXe siècle de Tchaïkovski avec sa "Sérénade pour cordes" opus 48, parfois appelée "Souvenir de Florence". Une œuvre légère comme le veut le genre de la sérénade, plutôt inhabituelle pour ce musicien angoissé et dépressif. Sur ces quatre mouvements souffle l’esprit mozartien, autant dire une véritable grâce.
Dimitri Chostakovitch et sa "Symphonie de chambre en ut mineur" opus 110A est choisi pour le XXe siècle. Sa symphonie ? Une petite formation de douze musiciens (pour l’Orchestre de chambre Nouvelle Europe), une durée de l’œuvre d’une vingtaine de minutes : voilà qui ne ressemble guère au gigantisme des autres symphonies du maître de Leningrad ! Il s’agit en fait d’une transcription réalisée en 1967 par Rudolph Barchaï du "Quatuor à cordes n°8". Pièce que le compositeur s’est dédicacé à lui-même telle une inscription funéraire : "Dédié à la mémoire de l’auteur de ce quatuor" !
Dimitri Chostakovitch et sa "Symphonie de chambre en ut mineur" opus 110A est choisi pour le XXe siècle. Sa symphonie ? Une petite formation de douze musiciens (pour l’Orchestre de chambre Nouvelle Europe), une durée de l’œuvre d’une vingtaine de minutes : voilà qui ne ressemble guère au gigantisme des autres symphonies du maître de Leningrad ! Il s’agit en fait d’une transcription réalisée en 1967 par Rudolph Barchaï du "Quatuor à cordes n°8". Pièce que le compositeur s’est dédicacé à lui-même telle une inscription funéraire : "Dédié à la mémoire de l’auteur de ce quatuor" !
Barchaï, fidèle à l’original, conserve les thèmes du quatuor - dont le principal contient une vraie signature de Chostakovitch, avec l’utilisation des notes DSCH - et les diverses auto-citations que l’ironique compositeur a semé dans les mouvements : rappels de motifs de certaines symphonies, de son opéra censuré "Lady Macbeth of Mzensk", et même d’un chant révolutionnaire au titre explicite, "Victimes de la terrible prison" ! Les ténèbres, l’emphase lyrique, l’énigme mélancolique succèdent à l’âpreté la plus violente et la plus féroce en cinq mouvements cycliques. Ce langage nouveau, dissonant et consonant bien dans la manière chostakovienne, évoque sotto voce Mahler et Schönberg. Cette "Symphonie de chambre" avait reçu l’approbation du créateur du quatuor d’origine : on le comprend sans mal à l’écoute !
Une commande de l’Orchestre Nouvelle Europe vient terminer avec pertinence ce programme : une courte pièce pour trompette de huit minutes, "Par cœur", d’Evgueni Galperine, ce jeune compositeur franco-russe né en 1975. Connu surtout pour ses musiques de films - la bande originale du film de Jacques Audiard "De rouille et d’os", c’est lui - il se révèle un excellent compositeur, sachant aussi bien utiliser la touche jazz-rock de son trompettiste virtuose Sergeï Nakariakov (impeccable), que citer ci et là quelques accords des grands maîtres russes d’hier. Comme de lointains échos d’aînés tels Igor Stravinski et Chostakovitch disséminés dans une pièce triomphante, pleine d’espoir quand même pour ce début de XXIe siècle.
Une commande de l’Orchestre Nouvelle Europe vient terminer avec pertinence ce programme : une courte pièce pour trompette de huit minutes, "Par cœur", d’Evgueni Galperine, ce jeune compositeur franco-russe né en 1975. Connu surtout pour ses musiques de films - la bande originale du film de Jacques Audiard "De rouille et d’os", c’est lui - il se révèle un excellent compositeur, sachant aussi bien utiliser la touche jazz-rock de son trompettiste virtuose Sergeï Nakariakov (impeccable), que citer ci et là quelques accords des grands maîtres russes d’hier. Comme de lointains échos d’aînés tels Igor Stravinski et Chostakovitch disséminés dans une pièce triomphante, pleine d’espoir quand même pour ce début de XXIe siècle.
L’Orchestre Nouvelle Europe, actuellement en résidence à la Fondation La Borie-en-Limousin, recèle les chambristes et solistes de demain. Cette pépinière de jeunes talents ne manque pas de fraîcheur, d’engagement et de passion. Et on souscrit sans réserve à la pensée musicale de son chef, Nicolas Krauze. On pourra cependant regretter la médiocrité technique de l’enregistrement studio, qui ne leur rend pas tout à fait honneur.
• Orchestre de Chambre Nouvelle Europe "Russie XIXe - XXIe siècles".
Sorti le 23 octobre 2012.
Label : Laborie Records. Distribution : Abeille musique.
Orchestre de chambre Nouvelle Europe :
Nicolas Krauze, direction.
Sergeï Nakariakov, trompette.
Vinh Pham, violon solo.
Anastasia Karizna, violon.
Julie Gehan Rodriguez, violon.
Christophe Ribière, violon.
Karen Jauffreau, chef d’attaque violon II.
Oriane Carcy, violon II.
Ahim Horvath Kisromay, violon II.
Othar Melikichvili, alto solo.
Cynthia Perrin, alto.
Dimitri Maslennikov, violoncelle solo.
Livia Stanese, violoncelle solo.
Alexandre Baile, contrebasse.
Concert :
Le 8 novembre 2012 au Théâtre le Village, 4 rue de Chézy, Neuilly-sur-Seine, 01 55 62 60 35.
>> orchestre-nouvelle-europe.com
• Orchestre de Chambre Nouvelle Europe "Russie XIXe - XXIe siècles".
Sorti le 23 octobre 2012.
Label : Laborie Records. Distribution : Abeille musique.
Orchestre de chambre Nouvelle Europe :
Nicolas Krauze, direction.
Sergeï Nakariakov, trompette.
Vinh Pham, violon solo.
Anastasia Karizna, violon.
Julie Gehan Rodriguez, violon.
Christophe Ribière, violon.
Karen Jauffreau, chef d’attaque violon II.
Oriane Carcy, violon II.
Ahim Horvath Kisromay, violon II.
Othar Melikichvili, alto solo.
Cynthia Perrin, alto.
Dimitri Maslennikov, violoncelle solo.
Livia Stanese, violoncelle solo.
Alexandre Baile, contrebasse.
Concert :
Le 8 novembre 2012 au Théâtre le Village, 4 rue de Chézy, Neuilly-sur-Seine, 01 55 62 60 35.
>> orchestre-nouvelle-europe.com