Pour "Ce qui s'appelle encore peau", Laure Terrier et ses quatre complices "sortent" de leur lieu de prédilection - l'espace urbain (cf. "Sensibles quartiers") - pour élire le plateau comme lieu de leurs recherches. Désormais à l'abri des bruits du dehors, dans un environnement sonore qu'ils créent de toutes pièces, ils vont dans une juxtaposition de "tableaux vivants" tenter de mettre à jour les mystères de la peau, cette frontière perméable, lieu d'échanges physiques et sensuels entre soi, les autres et l'environnement.
Entre une caravane posée là et une peinture de nuages en toile de fond, les corps se plaisent à glisser, à s'enjamber, à se regrouper, pour "se découvrir" sensuellement dans des chorégraphies harmonieuses d'où émane le plaisir palpable du contact avec l'autre, semblable et différent. La parole au micro commente les mille et un états de cette membrane tactile, se métamorphosant autant que le désir, et sans laquelle aucun de ces plaisirs ne serait.
Entre une caravane posée là et une peinture de nuages en toile de fond, les corps se plaisent à glisser, à s'enjamber, à se regrouper, pour "se découvrir" sensuellement dans des chorégraphies harmonieuses d'où émane le plaisir palpable du contact avec l'autre, semblable et différent. La parole au micro commente les mille et un états de cette membrane tactile, se métamorphosant autant que le désir, et sans laquelle aucun de ces plaisirs ne serait.
À la poésie sensuelle des corps vêtus sous lesquels on sent "battre la peau", succèdent nombre de tableaux questionnant le rapport que chacun entretient avec sa nudité. Pour accompagner ce corps-à-corps intime, comédiens et comédiennes s'accordent pour expérimenter face au public ce lien des plus personnels qui les relie à leur enveloppe charnelle dévoilée. Pour ce faire, "l'exposé" du nu n'hésite pas à épouser des figures diverses et variées, portées par les accents d'instruments n'hésitant pas eux non plus à donner de la voix, le tout soutenu par un "dé-lire" poétisant les errements sauvages des "moi peau" mis à nu.
Si l'on ne peut douter de l'engagement des artistes, le ressenti ne semble pas à la hauteur de leur implication. En effet, la juxtaposition, une (longue) heure durant de séquences à portées très inégales - les unes créant une poétique propre à ressentir les battements à fleur de peau, les autres pouvant être apparentées à des parades de foire avec leur cortège de montreurs -, coupe souvent de l'essentiel : explorer sans tabou, mais sans complaisance non plus, les échanges subtils entre l'intérieur et l'extérieur au travers de la membrane ô combien sensible de "ce qui s'appelle encore peau".
Si l'on ne peut douter de l'engagement des artistes, le ressenti ne semble pas à la hauteur de leur implication. En effet, la juxtaposition, une (longue) heure durant de séquences à portées très inégales - les unes créant une poétique propre à ressentir les battements à fleur de peau, les autres pouvant être apparentées à des parades de foire avec leur cortège de montreurs -, coupe souvent de l'essentiel : explorer sans tabou, mais sans complaisance non plus, les échanges subtils entre l'intérieur et l'extérieur au travers de la membrane ô combien sensible de "ce qui s'appelle encore peau".
"BôPEUPL [Nouvelles du parc humain]" s'inscrit dans le droit fil de "Cheptel", présenté lors de l'édition 2017 du FAB, qui mettait en jeu une communauté de préadolescents dotés d'un kit de survie face au troupeau des adultes pressés dans les travées. Ce titre de "BôPEUPL", claquant de nouveau comme une énigme, traduit à lui seul le désir de Michel Schweitzer de poursuivre inlassablement l'exploration du même bestiaire - celui du vivant - initié naguère par "Fauves", "Primitifs", "Bâtards". En l'occurrence, l'objet élu sera ici le Peuple dans ce qu'il a de plus attachant.
Six représentants (cinq hommes et une femme) de la race humaine, vivants parmi les vivants, sont invités à se raconter par les mots, les corps, les musiques. La mise en récit de leur parcours singulier entrera - ou pas - en résonance avec celle des autres existences afin d'aller vers "l'inséparation", horizon d'attente semble-t-il de ce nouvel opus. Choisis pour le "visage paysage" du monde que chacun représente, pour leur vulnérabilité aussi qui fait naître l'attention, c'est à eux qu'il reviendra de "faire théâtre" en projetant sur scène un rapport au vivant qui soit le plus brut possible, le plus primitif, le plus direct.
Six représentants (cinq hommes et une femme) de la race humaine, vivants parmi les vivants, sont invités à se raconter par les mots, les corps, les musiques. La mise en récit de leur parcours singulier entrera - ou pas - en résonance avec celle des autres existences afin d'aller vers "l'inséparation", horizon d'attente semble-t-il de ce nouvel opus. Choisis pour le "visage paysage" du monde que chacun représente, pour leur vulnérabilité aussi qui fait naître l'attention, c'est à eux qu'il reviendra de "faire théâtre" en projetant sur scène un rapport au vivant qui soit le plus brut possible, le plus primitif, le plus direct.
Afin de tenter de gommer la ligne de faille qui sépare, comme une fatalité indépassable, les êtres et leur environnement, chacun va dérouler son "propre rapport" dans une urgence à dire prenant tout son temps (oxymore visant à renverser les attendus). En effet, le contrat est que ce show, improvisé à partir d'une écriture le cadrant, soit ressenti comme le chef-d’œuvre indispensable des Compagnons faisant don à leur communauté d'une part d'eux-mêmes pour penser l'Être comme inséparation (cf. le philosophe Dominique Quessada, référence de Michel Schweitzer).
Ainsi, l'un développera son rapport sensible, essentiel, à ses collines colonisées par la soif du profit ; l'autre offrira une chorégraphie "jusqu'à l'os" d'une vitalité à tout rompre ; le troisième endossera la veste d'une popstar contente d'elle-même pour inclure le public dans son trip à deux balles ("numéro" un peu longuet et surtout sonnant moins juste…) ; le quatrième parlera de son plaisir d'être ici, à partir de là où il se trouve (acteur handicapé), dans un désir de se confondre avec le monde ; le cinquième, musicien aux tresses rasta symboles de liberté et de solidarité aux peuples opprimés, fera voyager dans les rues de Port-au-Prince ou de Bogotá à la rencontre des "enfants jetables" livrés aux escadrons du nettoyage social ; le tout sous les yeux d'une très jeune femme à la voix sublime, embrassant l'ensemble de son regard décalé.
Ainsi, l'un développera son rapport sensible, essentiel, à ses collines colonisées par la soif du profit ; l'autre offrira une chorégraphie "jusqu'à l'os" d'une vitalité à tout rompre ; le troisième endossera la veste d'une popstar contente d'elle-même pour inclure le public dans son trip à deux balles ("numéro" un peu longuet et surtout sonnant moins juste…) ; le quatrième parlera de son plaisir d'être ici, à partir de là où il se trouve (acteur handicapé), dans un désir de se confondre avec le monde ; le cinquième, musicien aux tresses rasta symboles de liberté et de solidarité aux peuples opprimés, fera voyager dans les rues de Port-au-Prince ou de Bogotá à la rencontre des "enfants jetables" livrés aux escadrons du nettoyage social ; le tout sous les yeux d'une très jeune femme à la voix sublime, embrassant l'ensemble de son regard décalé.
Au terme de cette traversée au cœur du "Parc humain", on ressent une double impression. D'abord celle, fort agréable, de retrouver l'ADN de son auteur chevillé au désir de construire une œuvre où l'humain deviendrait l'objet même de la re-présentation théâtrale. Ensuite le sentiment que la philosophie actée dans ce nouvel opus (inspirée de l'inséparation de Dominique Quessada) mériterait d'être approfondie, voire questionnée pour éclaircir une ambiguïté…
En effet, si faire œuvre commune (même si sur le plateau, en dehors des "passerelles", c'est plutôt à une collection de témoignages que l'on assiste…), en rendant perméables l'intérieur et l'extérieur confondus, soulève judicieusement la question des entités closes, on pourrait se demander si l'assimilation des organismes dans la même entité est un horizon enviable… Assimiler, au risque de perdre les singularités liées à chaque parcours, ou intégrer harmonieusement les singularismes dans une société respectueuse des marques d'altérité, afin que différence ne soit plus synonyme de différend porteur de rejet du non semblable . Non, un récit commun à construire "coûte que coûte", mais plutôt des récits identitaires mis en commun, s'enrichissant les uns des autres, sans suprématie des uns sur les autres.
En effet, si faire œuvre commune (même si sur le plateau, en dehors des "passerelles", c'est plutôt à une collection de témoignages que l'on assiste…), en rendant perméables l'intérieur et l'extérieur confondus, soulève judicieusement la question des entités closes, on pourrait se demander si l'assimilation des organismes dans la même entité est un horizon enviable… Assimiler, au risque de perdre les singularités liées à chaque parcours, ou intégrer harmonieusement les singularismes dans une société respectueuse des marques d'altérité, afin que différence ne soit plus synonyme de différend porteur de rejet du non semblable . Non, un récit commun à construire "coûte que coûte", mais plutôt des récits identitaires mis en commun, s'enrichissant les uns des autres, sans suprématie des uns sur les autres.
"Ce qui s'appelle encore peau"
Création 2021 Première française
Écriture, chorégraphie et interprétation : Laure Terrier.
Écriture et interprétation : Céline Kerrec, Anne-Laure Pigache, Camille Perrin.
Écriture sonore et interprétation : Mathias Forge.
Mise en son : Mathieu Mellec.
Mise en lumière : Franck Besson.
regard textile, Marion Bourdil.
Scénographe : Frédéric Hocké.
Soutiens à l'écriture : Laetitia Andrieu, Lionel Disez.
Durée : 1 h 15.
Vu le samedi 9 octobre 2021 à 16 h à la MECA, Bordeaux, dans le cadre du festival FAB 2021.
Tournée
25 novembre 2021 : L'Empreinte - scène nationale Brive/Tulle, Tulle (19).
17 décembre 2021 : Théâtre à Châtillon, Châtillon (92).
17 mars 2022 : La Mégisserie, Saint-Junien (87).
26 mars 2022 : Culture Commune, Loos-en-Gohelle (62).
Du 29 au 31 mars 2022 : L'Avant-Scène, Cognac (16).
Écriture, chorégraphie et interprétation : Laure Terrier.
Écriture et interprétation : Céline Kerrec, Anne-Laure Pigache, Camille Perrin.
Écriture sonore et interprétation : Mathias Forge.
Mise en son : Mathieu Mellec.
Mise en lumière : Franck Besson.
regard textile, Marion Bourdil.
Scénographe : Frédéric Hocké.
Soutiens à l'écriture : Laetitia Andrieu, Lionel Disez.
Durée : 1 h 15.
Vu le samedi 9 octobre 2021 à 16 h à la MECA, Bordeaux, dans le cadre du festival FAB 2021.
Tournée
25 novembre 2021 : L'Empreinte - scène nationale Brive/Tulle, Tulle (19).
17 décembre 2021 : Théâtre à Châtillon, Châtillon (92).
17 mars 2022 : La Mégisserie, Saint-Junien (87).
26 mars 2022 : Culture Commune, Loos-en-Gohelle (62).
Du 29 au 31 mars 2022 : L'Avant-Scène, Cognac (16).
"BôPEUPL (Nouvelles du parc humain)"
Création 2021
De Michel Schweizer/Cie La Coma.
Avec : Aliénor Bartelmé, Patrick Bedel, Marco Berrettini, Jérôme Chaudière, Frank Micheletti, Frédéric Tavernini.
Avec la collaboration du philosophe Dominique Quessada.
Lecture des textes : Pascal Quéneau.
Collaboration artistique : Cécile Broqua.
Scénographie : Éric Blosse et Michel Schweizer.
Travail vocal et musical : Dalila Khatir.
Photographie : Ludovic Alussi, Antoine Herscher, Frédéric Desmesure.
Création vidéo : Manuelle Blanc.
Création lumière : Éric Blosse.
Création sonore : Nicolas Barillot.
Régie générale et suivi de construction décor : Jeff Yvenou.
Régie son : Nicolas Barillot ou Sylvain Gaillard.
Construction décor : Michel Petit.
Accompagnants : Johann Daunoy, Justine Olivereau, Gwendal Wolf.
Durée : 1 h 30.
Vu le vendredi 15 octobre à 20 h à La Manufacture-CDCN, Bordeaux, dans le cadre du festival FAB 2021.
De Michel Schweizer/Cie La Coma.
Avec : Aliénor Bartelmé, Patrick Bedel, Marco Berrettini, Jérôme Chaudière, Frank Micheletti, Frédéric Tavernini.
Avec la collaboration du philosophe Dominique Quessada.
Lecture des textes : Pascal Quéneau.
Collaboration artistique : Cécile Broqua.
Scénographie : Éric Blosse et Michel Schweizer.
Travail vocal et musical : Dalila Khatir.
Photographie : Ludovic Alussi, Antoine Herscher, Frédéric Desmesure.
Création vidéo : Manuelle Blanc.
Création lumière : Éric Blosse.
Création sonore : Nicolas Barillot.
Régie générale et suivi de construction décor : Jeff Yvenou.
Régie son : Nicolas Barillot ou Sylvain Gaillard.
Construction décor : Michel Petit.
Accompagnants : Johann Daunoy, Justine Olivereau, Gwendal Wolf.
Durée : 1 h 30.
Vu le vendredi 15 octobre à 20 h à La Manufacture-CDCN, Bordeaux, dans le cadre du festival FAB 2021.
Tournée
23et 24 octobre 2021 : Le T2G, Gennevilliers (92).
6 janvier 2022 : L'Onde théâtre - Centre d'art, Vélizy-Villacoublay (78).
12, 13 et 14 janvier 2022 : Théâtre Centre dramatique national, Lorient (56).
18 janvier 2022 : Espaces Pluriels, Pau (64).
6 et 7 avril 2022 : Les 2 scènes - scène nationale, Besançon (25).
FAB - 6e Festival International des Arts de Bordeaux Métropole.
A eu lieu du 1er au 23 octobre 2021.
>> fab.festivalbordeaux.com
23et 24 octobre 2021 : Le T2G, Gennevilliers (92).
6 janvier 2022 : L'Onde théâtre - Centre d'art, Vélizy-Villacoublay (78).
12, 13 et 14 janvier 2022 : Théâtre Centre dramatique national, Lorient (56).
18 janvier 2022 : Espaces Pluriels, Pau (64).
6 et 7 avril 2022 : Les 2 scènes - scène nationale, Besançon (25).
FAB - 6e Festival International des Arts de Bordeaux Métropole.
A eu lieu du 1er au 23 octobre 2021.
>> fab.festivalbordeaux.com