"Méditation", de Stéphanie Aflalo, avec Jérôme Chaudière, Grégoire Schaller et… Stéphanie Aflalo, est un petit bijou de drôleries faussement innocentes distillées sur un ton en totale contrepoint avec le propos. Les complices (ils le sont bien au-delà de ce que ce mot peut avoir de convenu), visage passé au blanc de clown, air pénétré et lenteur d'expression marquant l'intensité de la réflexion mobilisée pour dire… rien de rien sur la mort, nous transportent dans une jubilation intérieure, sorte de réplique sismique de celle que les comédiens sur scène ont du mal (parfois) à contenir.
Tout commence par les présentations où chacun tour à tour, sans se départir du sérieux de circonstance requis par la gravité post-mortem du sujet à aborder, lâche toute retenue pour élucubrer librement autour du prénom qui le dénomme. "L'autrice de cette pièce, dans le cadre de "Vive le sujet"… moi, Stéphanie Affalo ou Steph ou Sac à merde ou Mademoiselle…". "Moi, je suis Jérôme Chaudière, vous pouvez m'appeler Jérôme Cumulus ou Jérôme Perd ses cheveux…". "Moi, c'est Grégoire S.c.h.a.l.l.e.r. Comme c'est de l'allemand, j'épelle. J'ai failli hériter du prénom Sigmund…".
Tout commence par les présentations où chacun tour à tour, sans se départir du sérieux de circonstance requis par la gravité post-mortem du sujet à aborder, lâche toute retenue pour élucubrer librement autour du prénom qui le dénomme. "L'autrice de cette pièce, dans le cadre de "Vive le sujet"… moi, Stéphanie Affalo ou Steph ou Sac à merde ou Mademoiselle…". "Moi, je suis Jérôme Chaudière, vous pouvez m'appeler Jérôme Cumulus ou Jérôme Perd ses cheveux…". "Moi, c'est Grégoire S.c.h.a.l.l.e.r. Comme c'est de l'allemand, j'épelle. J'ai failli hériter du prénom Sigmund…".
Ceci étant dit, et bien dit, on peut passer au cœur du sujet dans ce Jardin de la Vierge du "Lycée Saint-Jo" où "c'est calme pour méditer sur… la mort"… "ou l'autre rive"… "ou la fin du voyage"… Stéphanie (ou Steph ou…) déplie alors avec gravité un long papier où elle a noté scrupuleusement une citation de Montaigne propre à donner la mesure de la qualité des "Méditations" à venir. Débitant les mots du philosophe du XVIe dont elle ne semble pas très bien saisir la teneur, elle refile ses "essais" à son acolyte qui s'empresse, très sérieusement lui aussi, d'en rajouter une couche en faisant une référence savante aux Égyptiens et à leur rapport à la fragilité de la vie, d'où les Pyramides.
Suivra une litanie d'associations libres (très libres) sur le mode "La mort, c'est comme… un feu rouge éternel sur la route du temps… un panneau stop sur l'autoroute de l'avenir… un péage où il faut payer de sa vie", ceci ne constituant que les prémices infinitésimales d'une très longue liste à mourir… de rire, à découvrir sans limite de temps, aucune péremption, ad vitam æternam…
Suivra une litanie d'associations libres (très libres) sur le mode "La mort, c'est comme… un feu rouge éternel sur la route du temps… un panneau stop sur l'autoroute de l'avenir… un péage où il faut payer de sa vie", ceci ne constituant que les prémices infinitésimales d'une très longue liste à mourir… de rire, à découvrir sans limite de temps, aucune péremption, ad vitam æternam…
Mais les trois bons vivants, à l'air de croque-morts zélés, ne se contenteront pas de saillies iconoclastes délivrées sur un ton neutre et appliqué, ils les enrichiront de pauses performées à vertus hilarantes. Ainsi des accompagnements (très) sonores délivrés par la bouche (très) en verve du performeur Grégoire, imitant à s'y tromper une chasse d'eau ultra-puissante engloutissant en un clin d'œil l'existence, ou encore le vrombissement d'un véhicule supersonique s'éloignant à la vitesse grand V pour évoquer la disparition instantanée des conférenciers sur scène, dès que la fin de leur mortelle apparition aura sonné. Sans omettre le numéro de Jérôme (Cumulus…) pianotant, durant sa pause et l'air ahuri, un SMS sur un clavier imaginaire. Ou encore l'appel lancé à la vieille dame nostalgique des manèges de son enfance, l'enjoignant en toute bienveillance à laisser sa place aux enfants d'aujourd'hui… en ayant la gentillesse de bien vouloir débrancher son respirateur afin de libérer la prise pour la recharge de leurs Game Boy.
Un moment exceptionnel d'intelligence à vif, d'humour (noir) distancié et d'investissement artistique pleinement vivant… qui fait mortellement mouche… car ainsi va la vie, qu'à la fin "nonobstant, on retourne au compost".
Un moment exceptionnel d'intelligence à vif, d'humour (noir) distancié et d'investissement artistique pleinement vivant… qui fait mortellement mouche… car ainsi va la vie, qu'à la fin "nonobstant, on retourne au compost".
"Baara", (travail en langue bambara), de Tidiani N'Diaye, offre une performance dansée à résonances sociologiques et politiques. S'emparant des gestes réitérés jusqu'à épuisement par les travailleurs manuels africains, ouvriers, agriculteurs ou encore éboueurs, les deux danseurs les "incorporent" pour faire spectacle. Accompagnés par la musique en live d'une musicienne utilisant autant les ressources du synthétiseur que celles des bols tibétains, ils déploient une énergie sans faille les propulsant violemment au sol, ou les projetant en l'air. Leur corps, sorte de plaque sensible des émotions traversées, vibre à l'unisson des efforts produits.
Et si une certaine lassitude pourrait être ressentie face à la (re)présentation en boucle de figures analogues, on peut se dire qu'elle naît de la monotonie même d'un travail où la répétition a force de loi. D'autre part, le paysage évoqué, si rude et asservissant soit-il, se teinte de moments plus souriants lorsque, chez les deux performeurs "faisant corps", se lit le plaisir de faire communauté.
◙ Yves Kafka
Vu le samedi 13 juillet 2024 au Jardin de la Vierge du Lycée Saint-Joseph d'Avignon.
Et si une certaine lassitude pourrait être ressentie face à la (re)présentation en boucle de figures analogues, on peut se dire qu'elle naît de la monotonie même d'un travail où la répétition a force de loi. D'autre part, le paysage évoqué, si rude et asservissant soit-il, se teinte de moments plus souriants lorsque, chez les deux performeurs "faisant corps", se lit le plaisir de faire communauté.
◙ Yves Kafka
Vu le samedi 13 juillet 2024 au Jardin de la Vierge du Lycée Saint-Joseph d'Avignon.
Vive le sujet ! Tentatives - Série 2, avec la SACD
"Méditation"
France - Création 2024.
Texte : Stéphanie Aflalo (Projet Récréations philosophiques).
Mise en scène : Stéphanie Aflalo.
Avec : Stéphanie Aflalo, le comédien Jérôme Chaudière (Cie l'Oiseau-Mouche) et le performeur Grégoire Schaller.
Collaboration à la chorégraphie : Grégoire Schaller.
Collaboration à la dramaturgie : Samuel Hackwill.
Durée : 45 minutes.
"Baara"
Mali - Création 2024.
De : Tidiani N'Diaye.
Avec : Tidiani N'Diaye, Adonis Nebié Tauwindsida.
Musicienne : Clara De Asís.
Chorégraphie : Tidiani N'Diaye, Adonis Nebié Tauwindsida.
Collaboration artistique et dramaturgie : Andreya Ouamba.
Musique originale : Clara De Asís.
Durée : 30 minutes.
•Avignon In 2024•
A été joué du 11 au 14 juillet 2024.
Représenté à 10 h 30 et 18 h.
Jardin de la Vierge du Lycée Saint-Joseph, Avignon.
Réservations : 04 90 14 14 14, tous les jours de 10 h à 19 h.
>> festival-avignon.com
France - Création 2024.
Texte : Stéphanie Aflalo (Projet Récréations philosophiques).
Mise en scène : Stéphanie Aflalo.
Avec : Stéphanie Aflalo, le comédien Jérôme Chaudière (Cie l'Oiseau-Mouche) et le performeur Grégoire Schaller.
Collaboration à la chorégraphie : Grégoire Schaller.
Collaboration à la dramaturgie : Samuel Hackwill.
Durée : 45 minutes.
"Baara"
Mali - Création 2024.
De : Tidiani N'Diaye.
Avec : Tidiani N'Diaye, Adonis Nebié Tauwindsida.
Musicienne : Clara De Asís.
Chorégraphie : Tidiani N'Diaye, Adonis Nebié Tauwindsida.
Collaboration artistique et dramaturgie : Andreya Ouamba.
Musique originale : Clara De Asís.
Durée : 30 minutes.
•Avignon In 2024•
A été joué du 11 au 14 juillet 2024.
Représenté à 10 h 30 et 18 h.
Jardin de la Vierge du Lycée Saint-Joseph, Avignon.
Réservations : 04 90 14 14 14, tous les jours de 10 h à 19 h.
>> festival-avignon.com