La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Théâtre

"Zaï Zaï Zaï Zaï" Road movie déjanté… Tout ça pour un poireau ! - 29/10/2020

Ne devoir son salut qu'à un légume à bulbe blanc et à longues feuilles vertes, brandi sous le nez d'un vigile expert en roulade arrière dissuasive, marque le point de bascule de ce jeune homme - peu recommandable, il est auteur de BD - venant de commettre l'impensable : ne pas avoir été en mesure de présenter sa carte de fidélité à la caissière ! Telle est l'origine de la folle cavale du "héros"...  

"La Scortecata" Ô vieillesse ennemie… une fable sans âge, désopilante et cruelle - 22/10/2020

On se souvient encore de la force expressive des corps nus exhibés dans "Bestie di scena", créé à Avignon en 2017, l'un des chefs-d'œuvre du corpus théâtral d'Emma Dante reconnue pour élire le corps réel - jeune, vieux, maigre, enveloppé - au centre de son esthétisme. En adaptant "La Scortecata", conte napolitain du XVIIe, la metteure en scène née à Palerme récidive de créativité libérée en...  

"The Mountain" La vérité ? Un mythe qui a de l'avenir… l'avenir d'une illusion - 21/10/2020

Si, dans le mythe de la caverne, Platon mettait en lumière l'aveugle tendance des hommes à prendre des vessies pour des lanternes, tant ils confondent les ombres projetées avec le vrai monde auquel ils tournent le dos, dans "The Mountain", le mythe de la vérité prend de l'altitude pour tenter d'atteindre le sommet de l'Everest… avant de se crasher - en beauté - dans les machineries du théâtre...  

"Saccage" Le bulldozer pour rétablir l'Ordre ! - 20/10/2020

Survolant cinquante années de résistances citoyennes, "Saccage" est une pièce militante qui raconte, dans un débridement assumé, les luttes contre un pouvoir étatique. Entre victoires et désillusions, le bilan de ces combats civils est à la fois désespéré et revivifiant. Une bonne goulée d'un poison souverain que l'on appelle la liberté citoyenne. Judith Bernard au texte, à la mise en scène et...  

"Perce-neige"… Heurts, amour et tendresse - 15/10/2020

Le Théâtre 13 organise depuis quinze ans un concours de jeunes metteurs en scène qui s'est déroulé cette année du 2 au 14 octobre. Cinq pièces étaient en compétition dont "Perce-Neige" qui traite de la maladie psychique au sein d'un hôpital. Traiter de personnes atteintes de troubles psychiques au théâtre dans un lieu où la parole, intime, est rendue publique, relève de la gageure. Peu s'y...  

"Mes ancêtres les Gaulois" Naissance d'une nation… - 14/10/2020

Nicolas Bonneau est un conteur qui a réussi, au fil de ses créations, à libérer l'art du conte de l'univers imaginaire un peu magique qu'il contient souvent pour le plonger dans le réel. Avec "Sortie d'usine", il s'intéressait au monde ouvrier, sa vie quotidienne, ses combats, sa fierté muette, mais aussi à l'histoire de son père. Ses autres créations sont sourcées aux témoignages populaires,...  

"La Gioia" Voyage au bout de la joie, florilège débridé au doux parfum de mélancolie - 13/10/2020

Pippo Delbono occupe une place à part dans le paysage artistique, lui qui - à une exception près, son inclassable "Henry V" d'après Shakespeare - ne fait pas matière théâtrale des textes consacrés mais puise dans son vivier existentiel le suc de ses créations. Présentement, redonnant à l'expression resucée "homme de théâtre" toute sa saveur originelle, il invite sur un plateau jonché de fleurs...  

"L'Occupation" L'hydre insatiable de la jalousie : une histoire commune… - 12/10/2020

Les Québécois ont une expression fort imagée pour dire ce que présage toute relation amoureuse : "Tomber en amour"… c'est s'exposer à "entrer en jalousie", un peu comme on entre dans les ordres, soumis à un appel irrésistible déjouant toute raison. Annie Ernaux, faisant matière littéraire des heurs et malheurs de son existence, a commis à l'aube des années 2000 un petit livre contant par le menu...  

"Pinocchio" Les aventures d'un pantin de bois en version féérie foraine un peu cruelle mais résolument jouissive - 12/10/2020

Il était une fois une bûche qu'un brave menuisier en désir d'enfant transforma en pantin de bois. Sauf qu'ici nous ne sommes pas dans le monde merveilleux et sirupeux de Disney et Pinocchio, puisque c'est de lui dont il s'agit, tue d'emblée et sans précaution le grillon moralisateur et perturbateur de conscience ; et se tire illico de chez son créateur pour voir si la vie de Patachon n'est pas...  

"Pinocchio" Les aventures d'un pantin de bois en version féérie foraine un peu cruelle mais résolument jouissive - 09/01/2023

Il était une fois une bûche qu'un brave menuisier en désir d'enfant transforma en pantin de bois. Sauf qu'ici nous ne sommes pas dans le monde merveilleux et sirupeux de Disney et Pinocchio, puisque c'est de lui dont il s'agit, tue d'emblée et sans précaution le grillon moralisateur et perturbateur de conscience ; et se tire illico de chez son créateur pour voir si la vie de Patachon n'est pas...  
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À Découvrir

•Off 2024• "Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
14/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• Lou Casa "Barbara & Brel" À nouveau un souffle singulier et virtuose passe sur l'œuvre de Barbara et de Brel

Ils sont peu nombreux ceux qui ont une réelle vision d'interprétation d'œuvres d'artistes "monuments" tels Brel, Barbara, Brassens, Piaf et bien d'autres. Lou Casa fait partie de ces rares virtuoses qui arrivent à imprimer leur signature sans effacer le filigrane du monstre sacré interprété. Après une relecture lumineuse en 2016 de quelques chansons de Barbara, voici le profond et solaire "Barbara & Brel".

© Betül Balkan.
Comme dans son précédent opus "À ce jour" (consacré à Barbara), Marc Casa est habité par ses choix, donnant un souffle original et unique à chaque titre choisi. Évitant musicalement l'écueil des orchestrations "datées" en optant systématiquement pour des sonorités contemporaines, chaque chanson est synonyme d'une grande richesse et variété instrumentales. Le timbre de la voix est prenant et fait montre à chaque fois d'une émouvante et artistique sincérité.

On retrouve dans cet album une réelle intensité pour chaque interprétation, une profondeur dans la tessiture, dans les tonalités exprimées dont on sent qu'elles puisent tant dans l'âme créatrice des illustres auteurs que dans les recoins intimes, les chemins de vie personnelle de Marc Casa, pour y mettre, dans une manière discrète et maîtrisée, emplie de sincérité, un peu de sa propre histoire.

"Nous mettons en écho des chansons de Barbara et Brel qui ont abordé les mêmes thèmes mais de manières différentes. L'idée est juste d'utiliser leur matière, leur art, tout en gardant une distance, en s'affranchissant de ce qu'ils sont, de ce qu'ils représentent aujourd'hui dans la culture populaire, dans la culture en général… qui est énorme !"

Gil Chauveau
19/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• "Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles…

… face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
26/03/2024