Le vernis est pourtant tout à fait brillant : une famille, le père médecin, la mère assistante du plus génial plasticien du moment, un fils adolescent englué dans l'univers technologique et la recherche de lui-même. Ils sont de ceux dont on dit qu'ils ont fait leur place dans le monde, qu'ils ont réussi. Hyperactifs, conscients, intellectuels. Une façade que l'auteur fait tomber immédiatement en nous immergeant dans les pensées intimes, les doutes et le dialogue de ces parents inquiets en installant un système récurrent d'adresse au public qui reviendra tout au long de la pièce.
Un beau rouage d'horlogerie que cette vie sociale réussie qui absorbe en totalité la vie, le temps. Et qui finit par rendre jusqu'aux sentiments, mécanique. Jusqu'aux règles de savoir-vivre. Mécanique. Jusqu'aux gestes, aux affections, factuelles, rituelles, et vidés de leurs chairs. C'est au travers de ce microcosme une interrogation vitale sur la pensée de la citadelle européenne, de l'âme démocratique, sur le monde, sur ses propres valeurs, et sur sa réalité démocratique.
En satellite de cette cellule familiale, déboulent d'un côté la star plasticienne (sorte de caricature de l'artiste visionnaire) et une femme de ménage censée s'occuper du fils laissé à lui-même, sans identité. Jeu de quilles alors et grand écart social avec lequel s'amuse von Mayenburg (en se laissant parfois aller au plaisir du mot qui allonge certaines scènes) pour élargir sa vision dépourvue de héros. Ici, chacun semble sauver sa peau dans une vision qui frise un peu trop de didactisme par moments.
Un beau rouage d'horlogerie que cette vie sociale réussie qui absorbe en totalité la vie, le temps. Et qui finit par rendre jusqu'aux sentiments, mécanique. Jusqu'aux règles de savoir-vivre. Mécanique. Jusqu'aux gestes, aux affections, factuelles, rituelles, et vidés de leurs chairs. C'est au travers de ce microcosme une interrogation vitale sur la pensée de la citadelle européenne, de l'âme démocratique, sur le monde, sur ses propres valeurs, et sur sa réalité démocratique.
En satellite de cette cellule familiale, déboulent d'un côté la star plasticienne (sorte de caricature de l'artiste visionnaire) et une femme de ménage censée s'occuper du fils laissé à lui-même, sans identité. Jeu de quilles alors et grand écart social avec lequel s'amuse von Mayenburg (en se laissant parfois aller au plaisir du mot qui allonge certaines scènes) pour élargir sa vision dépourvue de héros. Ici, chacun semble sauver sa peau dans une vision qui frise un peu trop de didactisme par moments.
Mais Patrice Bigel transforme ce qui pourrait être un huis clos en vision élargie du monde. Toute l'action se déroule dans un espace dégagé, lumineux, presque aseptisé, où les signes d'un intérieur bourgeois sont des éléments disposés au large de manière à ce que tout l'espace soit libre, clinique, et que les scènes et les personnages y circulent comme dans un immense corridor. Cela donne au propos de la pièce une dimension universelle avec des relents de mort. On les croirait presque dans un paradis artificiel.
Dans cet univers sans vie, les personnages prennent une forme extrême. Pas seulement à cause de la scénographie mais surtout grâce à la direction d'acteurs et à la performance de chaque comédien. Il faudrait les citer tous car chacun construit un personnage totalement crédible, magnifique, original. Une distribution qui s'équilibre, se répond, joue ensemble à la perfection chacun dans une interprétation collant à son rôle. Comme un orchestre où chaque instrument résonne dans son timbre, son rythme.
Et tous, emportés dans une mise en scène, fluide, mouvante et vive, créent un spectacle qui établit une sorte de constat d'échec de la société allemande, ou occidentale, et de la pensée, table rase sur laquelle poser peut-être la première pierre d'un avenir ? Ce n'est pas dit. Et pourtant, le sentiment qui reste à la fin de la pièce est plutôt optimiste, comme si l'éclatement de cet ordre familial et social donnait place à une multitude individuelle capable de recréer autre chose.
Dans cet univers sans vie, les personnages prennent une forme extrême. Pas seulement à cause de la scénographie mais surtout grâce à la direction d'acteurs et à la performance de chaque comédien. Il faudrait les citer tous car chacun construit un personnage totalement crédible, magnifique, original. Une distribution qui s'équilibre, se répond, joue ensemble à la perfection chacun dans une interprétation collant à son rôle. Comme un orchestre où chaque instrument résonne dans son timbre, son rythme.
Et tous, emportés dans une mise en scène, fluide, mouvante et vive, créent un spectacle qui établit une sorte de constat d'échec de la société allemande, ou occidentale, et de la pensée, table rase sur laquelle poser peut-être la première pierre d'un avenir ? Ce n'est pas dit. Et pourtant, le sentiment qui reste à la fin de la pièce est plutôt optimiste, comme si l'éclatement de cet ordre familial et social donnait place à une multitude individuelle capable de recréer autre chose.
"Pièce en plastique"
Texte : Marius von Mayenburg.
Traduction : Mathilde Sobottke (L'Arche est éditeur et agent théâtral du texte représenté).
Mise en scène : Patrice Bigel.
Avec : Karl-Ludwig Francisco, Bettina Kühlke, Jean-Michel Marnet, Juliette Parmantier et (en alternance) Auguste Daniau, Loris Perna, Julien Vion.
Scénographie, lumières : Jean-Charles Clair.
Compagnie La Rumeur.
Durée : 2 h 10.
A été joué du 12 au 22 octobre 2017.
Du 9 novembre au 3 décembre 2017.
Jeudi, vendredi, samedi à 20 h 30, dimanche à 18 h.
Usine Hollander, Choisy-le-Roi (94), 01 46 82 19 63.
>> usinehollander.blogspot.fr
Traduction : Mathilde Sobottke (L'Arche est éditeur et agent théâtral du texte représenté).
Mise en scène : Patrice Bigel.
Avec : Karl-Ludwig Francisco, Bettina Kühlke, Jean-Michel Marnet, Juliette Parmantier et (en alternance) Auguste Daniau, Loris Perna, Julien Vion.
Scénographie, lumières : Jean-Charles Clair.
Compagnie La Rumeur.
Durée : 2 h 10.
A été joué du 12 au 22 octobre 2017.
Du 9 novembre au 3 décembre 2017.
Jeudi, vendredi, samedi à 20 h 30, dimanche à 18 h.
Usine Hollander, Choisy-le-Roi (94), 01 46 82 19 63.
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