Puis, il ouvre le feu sur elles, tuant six d'entre elles et blessant trois autres. Il continue son macabre parcours dans les couloirs de l'établissement, blessant trois autres étudiantes et tuant encore quatorze autres, allant même jusqu'à achever avec son couteau Maryse Leclair qui demandait de l'aide. Il se suicide une vingtaine de minutes après avoir commencé son massacre.
Comment se fait-il que cette tuerie, la plus meurtrière de l'histoire du Canada, ne soit pas plus connue de tout le monde ? Il est vrai que ceci remonte à trente ans et que, depuis, malheureusement, ce genre de faits ne cesse de se produire, quelles qu'en soient les raisons : racistes, sexistes, terroristes.
Dans cette pièce bouleversante de Claire Bosse-Platière, il s'agit de se remémorer d'une tuerie purement "sexiste" et féministe, et de rendre hommage à "La" femme, devenue une cible de plus en plus fréquente. En 1989, le mot "masculinisme" n'existait pas encore. C'est le cas aujourd'hui ! L'assassin de l'École polytechnique aurait-il pu se revendiquer d'une telle appartenance ? Il est fort probable que oui !
Fabrice Drouelle, dans sa célèbre émission "Affaires sensibles", sur France Inter, évoquera ce fait dramatique le 25 avril 2024, le faisant connaître de façon plus large et le revendiquant comme étant le premier féminicide de masse revendiqué.
"J'hais les féministes", dira et écrira le meurtrier, un homme, après enquête, finalement charmant, gentil, bon élève, mais aucunement instable ni misogyne, comme on aurait pu le penser. Claire Bosse-Platière, artiste franco-britannique, s'empare à bras le corps de cet attentat abominable que l'on a du mal à concevoir, le dépouille totalement sur le plan scénographique, pour en retirer la substantifique moelle, et l'adapter de manière artistique et politique de la façon la plus exceptionnelle qui soit.
Comment se fait-il que cette tuerie, la plus meurtrière de l'histoire du Canada, ne soit pas plus connue de tout le monde ? Il est vrai que ceci remonte à trente ans et que, depuis, malheureusement, ce genre de faits ne cesse de se produire, quelles qu'en soient les raisons : racistes, sexistes, terroristes.
Dans cette pièce bouleversante de Claire Bosse-Platière, il s'agit de se remémorer d'une tuerie purement "sexiste" et féministe, et de rendre hommage à "La" femme, devenue une cible de plus en plus fréquente. En 1989, le mot "masculinisme" n'existait pas encore. C'est le cas aujourd'hui ! L'assassin de l'École polytechnique aurait-il pu se revendiquer d'une telle appartenance ? Il est fort probable que oui !
Fabrice Drouelle, dans sa célèbre émission "Affaires sensibles", sur France Inter, évoquera ce fait dramatique le 25 avril 2024, le faisant connaître de façon plus large et le revendiquant comme étant le premier féminicide de masse revendiqué.
"J'hais les féministes", dira et écrira le meurtrier, un homme, après enquête, finalement charmant, gentil, bon élève, mais aucunement instable ni misogyne, comme on aurait pu le penser. Claire Bosse-Platière, artiste franco-britannique, s'empare à bras le corps de cet attentat abominable que l'on a du mal à concevoir, le dépouille totalement sur le plan scénographique, pour en retirer la substantifique moelle, et l'adapter de manière artistique et politique de la façon la plus exceptionnelle qui soit.
Plateau noir, murs noirs et seulement deux chaises. Sept comédiennes, les victimes de l'École, et un comédien, le meurtrier. Et surtout, un texte comme on les aime : brut, cinglant, percutant, dépourvu de réelle syntaxe. "Juste" un flot de mots déversés comme celui des balles tirées par le meurtrier, prononcés avec une infinie justesse et une puissance remarquable de jeu par l'ensemble des jeunes comédiennes et du comédien.
"Glisse, rampe dans les escaliers depuis le haut, ne regarde pas à droite, ni à gauche, glisse sur le sang, main au ventre, plaie béante, mon sang sur lequel je glisse.
Brouhaha continu dans l'oreille, douleur, nouvelle, inouïe, infinie.
Il faut trouver les mots justes qui apaisent, ils se taisent, introuvables, les mots sont pauvres, faibles, minables, parole minable, langue insuffisante, tout mon corps crie à tue-tête."
Dès les premiers instants du spectacle, quelque chose nous rappelle immédiatement les chorégraphies de la Batscheva Dance Compagnie d'Ohar Naharin, danseur-chorégraphe israélien de génie, à l'origine du mouvement Gaga, dont Barichnikov dira qu'il n'a jamais vu une telle alliance de beauté, d'énergie et de technique (sic).
Comme chez Ohad Naharin, il y a, dans "Seules face à lui", quelque chose d'animal, un mélange d'organisation et de chaos, porté à la fois par l'interprétation des comédiennes et du comédien, et par un texte hautement ciselé, allant à l'essentiel, comme organiquement animal. La dramaturge et metteuse en scène Claire Bosse-Platière serait-elle "la Ohad Naharin" du Théâtre ? À titre personnel, nous le pensons.
"Glisse, rampe dans les escaliers depuis le haut, ne regarde pas à droite, ni à gauche, glisse sur le sang, main au ventre, plaie béante, mon sang sur lequel je glisse.
Brouhaha continu dans l'oreille, douleur, nouvelle, inouïe, infinie.
Il faut trouver les mots justes qui apaisent, ils se taisent, introuvables, les mots sont pauvres, faibles, minables, parole minable, langue insuffisante, tout mon corps crie à tue-tête."
Dès les premiers instants du spectacle, quelque chose nous rappelle immédiatement les chorégraphies de la Batscheva Dance Compagnie d'Ohar Naharin, danseur-chorégraphe israélien de génie, à l'origine du mouvement Gaga, dont Barichnikov dira qu'il n'a jamais vu une telle alliance de beauté, d'énergie et de technique (sic).
Comme chez Ohad Naharin, il y a, dans "Seules face à lui", quelque chose d'animal, un mélange d'organisation et de chaos, porté à la fois par l'interprétation des comédiennes et du comédien, et par un texte hautement ciselé, allant à l'essentiel, comme organiquement animal. La dramaturge et metteuse en scène Claire Bosse-Platière serait-elle "la Ohad Naharin" du Théâtre ? À titre personnel, nous le pensons.
En choisissant de raconter les instants précis de cette tuerie, à la fois par les mots du meurtrier lui-même que par ceux des femmes victimes, mais aussi via les histoires des victimes, dont la mère du meurtrier, la dramaturge place le public face à la mémoire en conflit, la mémoire en bataille, pour que cette dernière, peut-être, s'efface. Ou pas !
L'épure de la mise en scène est remarquablement valorisée par des lumières justement imaginées par Eléna Guy, mettant en valeur les mots des comédiennes et du comédien.
"Seules face à lui" est un spectacle organique où chaque personnage joue sa partition avec brio. Un théâtre dans lequel l'intime rencontre le politique, et dans lequel les corps sont particulièrement mis en valeur et magnifiés par "un texte à la Ohad Naharin". L'ensemble est physique, puissant, percutant, engagé, exigeant, sensuel, explosif.
Dans la salle du Nouveau Théâtre de l'Atalante, ceci est doublement frappant en raison de l'espace restreint qui existe entre le plateau et les spectateurs, appuyé aussi par les entrées de certaines comédiennes par la salle elle-même ou directement assises aux côtés du public. "Ce qui est central dans mon travail, c'est la tension créée et maintenue entre l'action et les spectateurs".
Ce fut le cas pour nous et gageons que ce sera le cas aussi pour tous les prochains spectateurs !
◙ Brigitte Corrigou
Vu au Nouveau Théâtre de l'Atalante, Paris 18e, fin mars 2025.
L'épure de la mise en scène est remarquablement valorisée par des lumières justement imaginées par Eléna Guy, mettant en valeur les mots des comédiennes et du comédien.
"Seules face à lui" est un spectacle organique où chaque personnage joue sa partition avec brio. Un théâtre dans lequel l'intime rencontre le politique, et dans lequel les corps sont particulièrement mis en valeur et magnifiés par "un texte à la Ohad Naharin". L'ensemble est physique, puissant, percutant, engagé, exigeant, sensuel, explosif.
Dans la salle du Nouveau Théâtre de l'Atalante, ceci est doublement frappant en raison de l'espace restreint qui existe entre le plateau et les spectateurs, appuyé aussi par les entrées de certaines comédiennes par la salle elle-même ou directement assises aux côtés du public. "Ce qui est central dans mon travail, c'est la tension créée et maintenue entre l'action et les spectateurs".
Ce fut le cas pour nous et gageons que ce sera le cas aussi pour tous les prochains spectateurs !
◙ Brigitte Corrigou
Vu au Nouveau Théâtre de l'Atalante, Paris 18e, fin mars 2025.
"Seules face à lui"
Texte : Claire Bosse-Platière (aux éditions L'Œil du Prince).
Mise en scène : Claire Bosse-Platière.
Avec : Salomé Benchimol, Paul Delbreil ou Matthew Luret, Elsa Habibi ou Claire Bosse-Platière, Fanny Kervarec, Gwenaëlle Martin, Emma Prin et Nadège Rigaut (artistes issus de l'ESAD (Paris).
Costumes : Claire Fayel.
Composition et musique live : Léa Moreau.
Lumières : Eléna Guy et Claire Bosse-Platière.
Régie : Milan Denis.
La pièce a été finaliste du Prix des jeunes metteuses et metteurs en scène du Théâtre 13 en 2022, sélectionnée par le JT24 en mai 2024 pour jouer au Théâtre de la Cité internationale et a été finaliste du Prix de la Librairie Théâtrale.
A été représenté du 26 au 30 mars 2025 à 19 h au Nouveau Théâtre de l'Atalante, Paris 18e.
Tournée
Du 17 au 20 avril 2025 : Studio Asnières, Asnières-sur-Seine (92).
20 et 21 septembre 2025 : Théâtre du Duende, Ivry-sur-Seine (94).
25 et 26 sepembre 2025 : Anis Gras le Lieu de l'Autre, Arcueil 94).
10, 12, 17, 19, 24 et 26 octobre 2025 : 3T Théâtre du Troisième type, Saint-Denis (93).
Mise en scène : Claire Bosse-Platière.
Avec : Salomé Benchimol, Paul Delbreil ou Matthew Luret, Elsa Habibi ou Claire Bosse-Platière, Fanny Kervarec, Gwenaëlle Martin, Emma Prin et Nadège Rigaut (artistes issus de l'ESAD (Paris).
Costumes : Claire Fayel.
Composition et musique live : Léa Moreau.
Lumières : Eléna Guy et Claire Bosse-Platière.
Régie : Milan Denis.
La pièce a été finaliste du Prix des jeunes metteuses et metteurs en scène du Théâtre 13 en 2022, sélectionnée par le JT24 en mai 2024 pour jouer au Théâtre de la Cité internationale et a été finaliste du Prix de la Librairie Théâtrale.
A été représenté du 26 au 30 mars 2025 à 19 h au Nouveau Théâtre de l'Atalante, Paris 18e.
Tournée
Du 17 au 20 avril 2025 : Studio Asnières, Asnières-sur-Seine (92).
20 et 21 septembre 2025 : Théâtre du Duende, Ivry-sur-Seine (94).
25 et 26 sepembre 2025 : Anis Gras le Lieu de l'Autre, Arcueil 94).
10, 12, 17, 19, 24 et 26 octobre 2025 : 3T Théâtre du Troisième type, Saint-Denis (93).