On perçoit une atmosphère comparable aux chefs-d'œuvre angoissants d'un Alfred Hitchcock où la réalité ordinaire du départ va vite, on le pressent, se fissurer pour dévoiler les secrets ténébreux malfaisants ou pervers cachés sous les apparences. Et comme chez Hitchcock, l'héroïne est blonde, jolie, pleine de vie ; elle revient dans la maison de la famille après neuf ans d'absence. Une maison qui fut jadis un bar fréquenté, lieu de vie, de joie, d'ivresse, un bar maintenant déserté comme la plaine dans laquelle il est situé, déserté par tout le monde.
Là vivent encore ses deux jeunes sœurs, sa mère et son père, vieux, grabataire, alité, mourant. Il est la raison de son retour. Elle vient pour lui parler avant qu'il meure.
Alice Schwab, autrice et metteuse en scène, propose à ses personnages un monde en décomposition. En ruine. Un bar abandonné, dans une vallée devenue infertile, une famille désargentée, en survie, une mère qui semble un peu folle, mais dirigiste, à sauver les meubles, les apparences, les liens et des sœurs en asphyxie, et un père réduit au silence, au pouvoir de sa famille, toutes des femmes, toutes ces femmes qui l'entourent et prennent soin de lui.
Là vivent encore ses deux jeunes sœurs, sa mère et son père, vieux, grabataire, alité, mourant. Il est la raison de son retour. Elle vient pour lui parler avant qu'il meure.
Alice Schwab, autrice et metteuse en scène, propose à ses personnages un monde en décomposition. En ruine. Un bar abandonné, dans une vallée devenue infertile, une famille désargentée, en survie, une mère qui semble un peu folle, mais dirigiste, à sauver les meubles, les apparences, les liens et des sœurs en asphyxie, et un père réduit au silence, au pouvoir de sa famille, toutes des femmes, toutes ces femmes qui l'entourent et prennent soin de lui.
C'est le western et son univers qui servent de code dans la narration de cette maison. Comme dans ce cinéma des années de gloire d'Hollywood, ce qui ne se dit pas est chargé de sens. Alice Schwab a choisi ce medium, et ce style, et cette imagerie de cowboys pour laisser naître et faire ressentir au public la complexité de la mémoire du viol. Elle exprime avec ce choix autant de pudeur par la distance qu'il impose que de force. L'étrangeté du monde qu'elle met en place, c'est la même étrangeté à laquelle est confrontée une victime d'inceste face à la normalité apparente de la vie familiale, qui continue malgré la violence, les tortures, à ne plus savoir si la réalité est le viol ou bien cette "normalité" qui sauve les apparences.
Toute la dramaturgie et le jeu des interprètes tendent au public ce miroir déformant, fuyant comme un paysage vu à travers l'air chaud, qui permet de faire ressentir le sentiment de perdition, la peur de la folie et l'insécurité totale dans laquelle une victime de violence sexuelle se retrouve d'un coup.
Et pourtant, le ton général de la représentation est vif, empli de scènes souvent drôles ou touchantes, émaillé de moments plus calmes, plus graves, où l'on sent que ce monde d'avant, ces souvenirs, cette maison doit finir de disparaître pour que l'avenir de celles qu'elle a démolies puisse exister. La vie, ici, est habile à cacher les blessures. Et toute la distribution s'emploie avec un bel ensemble à rester sur ce fil tendu entre le dit et le non-dit.
◙ Bruno Fougniès
Toute la dramaturgie et le jeu des interprètes tendent au public ce miroir déformant, fuyant comme un paysage vu à travers l'air chaud, qui permet de faire ressentir le sentiment de perdition, la peur de la folie et l'insécurité totale dans laquelle une victime de violence sexuelle se retrouve d'un coup.
Et pourtant, le ton général de la représentation est vif, empli de scènes souvent drôles ou touchantes, émaillé de moments plus calmes, plus graves, où l'on sent que ce monde d'avant, ces souvenirs, cette maison doit finir de disparaître pour que l'avenir de celles qu'elle a démolies puisse exister. La vie, ici, est habile à cacher les blessures. Et toute la distribution s'emploie avec un bel ensemble à rester sur ce fil tendu entre le dit et le non-dit.
◙ Bruno Fougniès
"Les Plaines de la calamité"
Texte et mise en scène : Alice Schwab.
Avec : Marine Arena, Laurence Côte, Rémi Giordan, Noé Hermelin, Marie Narbonne, Leonor Oberson ou Romane de Stabenrath (en alternance) et une marionnette.
Intentions chorégraphiques : Lilou-Magali Robert.
Scénographie : Angèle Prédan et Alice Schwab.
Costumes : Louise Depardieu, Temuleen Nyamdorj et Caroline Schwab.
Marionnettes : Caroline Schwab - Atelier cinq à 10.
Création sonore : Clément Ferrigno.
Création lumière : Zoé Ritchie.
Production : Compagnie Prosodie.
À partir de 14 ans.
Durée : 1 h 25.
Du 12 avril au 3 mai 2025.
Mardi et jeudi à 19 h, samedi à 18 h.
Théâtre de la Reine Blanche - Scène des Arts et des Sciences, Grande Salle, Paris 18e, 01 40 05 06 96.
>> reineblanche.com
Avec : Marine Arena, Laurence Côte, Rémi Giordan, Noé Hermelin, Marie Narbonne, Leonor Oberson ou Romane de Stabenrath (en alternance) et une marionnette.
Intentions chorégraphiques : Lilou-Magali Robert.
Scénographie : Angèle Prédan et Alice Schwab.
Costumes : Louise Depardieu, Temuleen Nyamdorj et Caroline Schwab.
Marionnettes : Caroline Schwab - Atelier cinq à 10.
Création sonore : Clément Ferrigno.
Création lumière : Zoé Ritchie.
Production : Compagnie Prosodie.
À partir de 14 ans.
Durée : 1 h 25.
Du 12 avril au 3 mai 2025.
Mardi et jeudi à 19 h, samedi à 18 h.
Théâtre de la Reine Blanche - Scène des Arts et des Sciences, Grande Salle, Paris 18e, 01 40 05 06 96.
>> reineblanche.com