À la fois nouvel engagement artistique construit sur deux expériences professionnelles – récemment acquises ou passées – et questionnement personnel sur la relation avec son corps, celui de l'enfance, pas forcément genré ; celui de l'adolescence, souvent compliquée, sous influence – celle des modèles sublimes, ci-devant mannequins éthérés, celle du regard masculin, celle des normes imposées – ; celui de l'âge adulte avec ses troubles, ses désespoirs, la colère, mais aussi la découverte de la vie, différente, du plaisir, de la jouissance, de l'orgasme ; celui de la maturité, de la prise de recul et de la capacité à la dérision. Ce fil du vivant, profondément organique, va tisser le récit de Fanny Chériaux.
À la base de cette création, comme l’émergence d’un catalyseur involontaire, s’impose la nécessaire question du "pourquoi" de l’énigmatique titre "Venise". À l’origine du projet, il s’agit du titre d'une chanson que Fanny écrivit en voyant des images de Venise durant le confinement avec le retour des dauphins dans la lagune vénitienne. Ainsi paraissait possible l’obtention d’une eau dépolluée, l’espoir d’une nature apaisée, retrouvée, et l’éventualité d’un avenir enfin vivable pour chacun. Les paroles, parlant de constat et de renouveau, de soi et du monde, notamment, seront le déclencheur de ce nouveau spectacle.
À la base de cette création, comme l’émergence d’un catalyseur involontaire, s’impose la nécessaire question du "pourquoi" de l’énigmatique titre "Venise". À l’origine du projet, il s’agit du titre d'une chanson que Fanny écrivit en voyant des images de Venise durant le confinement avec le retour des dauphins dans la lagune vénitienne. Ainsi paraissait possible l’obtention d’une eau dépolluée, l’espoir d’une nature apaisée, retrouvée, et l’éventualité d’un avenir enfin vivable pour chacun. Les paroles, parlant de constat et de renouveau, de soi et du monde, notamment, seront le déclencheur de ce nouveau spectacle.
Et de cette chanson partagée alors sur les réseaux sociaux vont éclore des petites propositions chorégraphiques émanant de deux amis artistes bien inspirés. Ce sera le point de départ pour Fanny d'un retour au spectacle de chansons, non plus en récital purement et simplement (pratiqué au début de sa carrière, avec deux albums studio et un prix coup de cœur Charles Gros à son actif), mais avec une création ayant un fil narratif. Pour cela, elle pourra puiser dans son expérience acquise durant ces dix dernières années "théâtrales" qu'elle a passées au sein de la compagnie La Volige.
De ces pas de danse vont naître un début de travail partagé avec les deux amis impliqués. Ces tentatives de différentes chorégraphies communes, inédites pour Fanny, vont faire naître un malaise dû à la difficulté d'utiliser son corps, de bouger avec et de s'exprimer physiquement comme une danseuse avec, rapidement, l'interrogation artistique de "montrer" son corps ainsi. De là s'élabore pour elle une histoire avec ce corps, son corps, mais aussi le corps féminin en général.
Les questions fusent – Qu’est-ce que je veux cacher de ce corps, quelle est mon histoire avec lui ? Est-ce que ça a toujours été compliqué ? Est-ce que mon corps et moi nous entendions mieux "avant" ? Et avant quoi, justement ? Y’a-t-il eu un âge d’or de mon corps ? – et le récit se construit, cheminant sur son propre parcours de femme.
De ces pas de danse vont naître un début de travail partagé avec les deux amis impliqués. Ces tentatives de différentes chorégraphies communes, inédites pour Fanny, vont faire naître un malaise dû à la difficulté d'utiliser son corps, de bouger avec et de s'exprimer physiquement comme une danseuse avec, rapidement, l'interrogation artistique de "montrer" son corps ainsi. De là s'élabore pour elle une histoire avec ce corps, son corps, mais aussi le corps féminin en général.
Les questions fusent – Qu’est-ce que je veux cacher de ce corps, quelle est mon histoire avec lui ? Est-ce que ça a toujours été compliqué ? Est-ce que mon corps et moi nous entendions mieux "avant" ? Et avant quoi, justement ? Y’a-t-il eu un âge d’or de mon corps ? – et le récit se construit, cheminant sur son propre parcours de femme.
La trajectoire de Fanny Chériaux dans cet acte artistique original et pluridisciplinaire prend son départ à la fin des années soixante-dix avec sa naissance et les premières années de cette petite fille qu'elle est : bagarreuse, garçon manqué, aimant le foot, à la fois rigolote, énergique et sensible. Les souvenirs d'enfance jaillissent, suivis rapidement par ceux de l'adolescence, ponctués tout autant de tumultueuses problématiques (comme celle inévitable de l'arrivée des premières règles, sujet plus que tabou et empreint de difficultés pratiques, les distributeurs de serviettes hygiéniques n'existaient pas) que des moments de réconfort générés par les parties de rigolade avec les copines.
Au fil des étapes temporelles, ce sont les symboles de ces années-là que les spectatrices et spectateurs découvrent ou redécouvrent (selon l'âge de chacun) également. Des films super 8 montrant cette petite fille à la mer, libre, enjouée aux "tubes" diffusés par la radio de la R19 familiale sur la route des vacances, on reprend aussi conscience de la perception de la femme à cette époque où, notamment, les chansons évoquaient le corps des femmes, souvent par le menu détail, de bas en haut, si l'on peut dire.
Mais la force de la chanteuse, comédienne et, aujourd'hui, danseuse, est de nous amener à des réflexions sur des sujets encore d'actualité comme la différenciation entre garçons/hommes et filles/femmes, notamment sur l'utilisation de l'espace, le premier ayant de celui-ci une occupation large, avec des grands gestes (besoin d'une présence visible). À l'inverse, la femme essaie d'en occuper le moins possible (mains sur les genoux, pas de gestes amples et/ou désordonnés). Également sur l'acte sexuel et la relation physique à l'autre (la notion du viol, de l'acception, ne pas oser dire non, etc.), sur la mode "sans poils" et l'apparition de la nudité au cinéma, le temps consacré à plaire/séduire.
Sans dévoiler, outre mesure, la trame de "Venise récit chanté d'un corps", on peut dire pour finir que Fanny Chériaux, accompagnée de ses deux complices (Thomas Couppey et Sébastien Dalloni officiant avec talent dans les chorégraphies, parfois faisant office de chevalier servant) nous offre ici un spectacle/regard multiple et éclairé sur la femme et son corps, exprimant avec une réelle sincérité et un humour à la fois lucide, espiègle et bienveillant, et surtout une énergie communicative, une manière originale d'aborder la complexité de la femme... et de mettre en avant la nécessité de l'égalité.
◙ Gil Chauveau
Au fil des étapes temporelles, ce sont les symboles de ces années-là que les spectatrices et spectateurs découvrent ou redécouvrent (selon l'âge de chacun) également. Des films super 8 montrant cette petite fille à la mer, libre, enjouée aux "tubes" diffusés par la radio de la R19 familiale sur la route des vacances, on reprend aussi conscience de la perception de la femme à cette époque où, notamment, les chansons évoquaient le corps des femmes, souvent par le menu détail, de bas en haut, si l'on peut dire.
Mais la force de la chanteuse, comédienne et, aujourd'hui, danseuse, est de nous amener à des réflexions sur des sujets encore d'actualité comme la différenciation entre garçons/hommes et filles/femmes, notamment sur l'utilisation de l'espace, le premier ayant de celui-ci une occupation large, avec des grands gestes (besoin d'une présence visible). À l'inverse, la femme essaie d'en occuper le moins possible (mains sur les genoux, pas de gestes amples et/ou désordonnés). Également sur l'acte sexuel et la relation physique à l'autre (la notion du viol, de l'acception, ne pas oser dire non, etc.), sur la mode "sans poils" et l'apparition de la nudité au cinéma, le temps consacré à plaire/séduire.
Sans dévoiler, outre mesure, la trame de "Venise récit chanté d'un corps", on peut dire pour finir que Fanny Chériaux, accompagnée de ses deux complices (Thomas Couppey et Sébastien Dalloni officiant avec talent dans les chorégraphies, parfois faisant office de chevalier servant) nous offre ici un spectacle/regard multiple et éclairé sur la femme et son corps, exprimant avec une réelle sincérité et un humour à la fois lucide, espiègle et bienveillant, et surtout une énergie communicative, une manière originale d'aborder la complexité de la femme... et de mettre en avant la nécessité de l'égalité.
◙ Gil Chauveau
"Venise, récit chanté d'un corps"
Autrice : Fanny Chériaux, dite Fannytastic.
Conception : Fanny Chériaux.
Mise en scène : Fanny Chériaux et Nicolas Bonneau.
Avec : Fanny Chériaux, Thomas Couppey , Sébastien Dalloni.
Musique : Fanny Chériaux.
Création son et vidéo : Gildas Gaboriau.
Création lumière : Stéphanie Petton.
Scénographie : Gaëlle Bouilly.
Montages sonores et vidéos : Fanny Chériaux.
Création costumes : Cécile Pelletier.
Regard extérieur - danse : Suzanne Dubois.
Initiateur et regard extérieur : Eliakim Sénégas-Lajus.
Régie son : Gildas Gaboriau ou Ronan Fouquet.
Régie lumière : Stéphanie Petton ou Olivier Borde.
Production Compagnie La Volige.
Tout public à partir des 13 ans.
Durée : 1 h 15.
•Avignon Off 2024•
Du 2 au 21 juillet 2024.
Tous les jours à 17 h 10. Relâche le lundi.
Théâtre Le 11 Avignon, Salle 2, 11, boulevard Raspail, Avignon.
Réservations : 04 84 51 20 10.
>> 11avignon.com
Conception : Fanny Chériaux.
Mise en scène : Fanny Chériaux et Nicolas Bonneau.
Avec : Fanny Chériaux, Thomas Couppey , Sébastien Dalloni.
Musique : Fanny Chériaux.
Création son et vidéo : Gildas Gaboriau.
Création lumière : Stéphanie Petton.
Scénographie : Gaëlle Bouilly.
Montages sonores et vidéos : Fanny Chériaux.
Création costumes : Cécile Pelletier.
Regard extérieur - danse : Suzanne Dubois.
Initiateur et regard extérieur : Eliakim Sénégas-Lajus.
Régie son : Gildas Gaboriau ou Ronan Fouquet.
Régie lumière : Stéphanie Petton ou Olivier Borde.
Production Compagnie La Volige.
Tout public à partir des 13 ans.
Durée : 1 h 15.
•Avignon Off 2024•
Du 2 au 21 juillet 2024.
Tous les jours à 17 h 10. Relâche le lundi.
Théâtre Le 11 Avignon, Salle 2, 11, boulevard Raspail, Avignon.
Réservations : 04 84 51 20 10.
>> 11avignon.com