La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.



Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager
Avignon 2024

•Off 2024• "Tout le monde écrit des chansons" One-man-show unique durant lequel la musique, entre audace et enthousiasme, devient accessible

À bien y regarder, tout le monde écrit des chansons à sa manière. Tout le temps… Sous la douche, en marchant, dans sa voiture, au marché, en faisant son jogging, etc. Certains et certaines d'entre nous – et c'est le cas de Julien Joubert – ont décidé d'en faire leur métier. Pas de recettes dans ce spectacle pour y parvenir, cela dit, mais quelques pistes pour sonder les mystères de la création musicale.



Julien Joubert © Olivier Carton.
Julien Joubert © Olivier Carton.
Bon nombre de personnes possèdent un sens créatif et sont finalement musiciennes et musiciens, mais elles l'ignorent… Bon nombre, aussi, ont toujours rêvé de jouer d'un instrument de musique, de déchiffrer une partition avec aisance et spontanéité, ou encore de composer.

Mais, bien souvent, les choses se passent tout autrement et, au fil du temps, rien ne se passe. Probablement parce que la rencontre avec LA bonne personne ne s'est pas faite en temps et en heure ou pour toute autre raison…

Assister au spectacle de Julien Joubert pourrait bien nous faire sauter le pas et nous ouvrir les yeux sur nos rêves enfouis, tant son savoir-faire ludico-pédagogique est inspirant et hautement créatif !

Violoncelliste, pianiste, chanteur à ses heures, compositeur de musique symphonique, de chambre, de ballet, de théâtre, de comédie musicale, en passant par l'opéra et la musique de films, sans oublier ses opéras pour chœurs d'enfants, Julien Joubert œuvre aussi avec l'Orchestre national de Lille, l'Orchestre philharmonique de Radio-France, et l'Orchestre du Capitole. Mais ici, il ne se contente pas de manipuler les touches de son piano avec virtuosité ou de saturer de notes de musique les pages blanches de ses feuillets, seul à sa table ! Il manie aussi la parole avec brio et les mots virevoltent avec un humour élégant, à l'image d'un Raymond Devos, d'un Stéphane de Groot. Ou, dans sa gestuelle proche d'un clown désorienté, d'un Charlot attendrissant.

© Olivier Carton.
© Olivier Carton.
Point d'érudition ostentatoire dans ce seul-en-scène pédagogico-musical, mais bien davantage une démonstration suave et savoureuse d'une heure vingt de laquelle le public ressort enthousiaste et conquis, en ayant bien ri. Ce qui, par les temps qui courent, n'est pas négligeable. On y compose une chanson, temps imparti, parce qu'il faut que ça marche et aussi par respect pour le spectacle qui suit… La scène a ses raisons que la création ignore.

On survole plusieurs horizons musicaux variés et convoque certains compositeurs en passant pas Johann Strauss, Patrick Bruel, Françoise Hardy, Yves Duteil, entre autres, sans bien sûr oublier Beethoven et Mozart.

"Mozart, il joue avec nos nerfs ! Il jouait de la musique contemporaine et tout le monde connaissait les codes… Thomas Pesquet, c'est de la rigolade à côté !"

Le ton est donné, entre émotions, fines instructions, humour et pantomimes justement ciblées, comme lors de l'évocation du "Pont Mirabeau" de Guillaume Apollinaire, "Le Beau Danube bleu" de Johann Strauss, ou encore Beethoven dont Julien Joubert dit qu'il est le champion des fins (sic).
"Tout le monde écrit des chansons" est un seul en scène hautement instructif mené en cadence et brio par un musicien compositeur comédien pédagogue hors pair.

Bien lui en a pris de quitter quelque temps le silence feutré de son bureau, de ses répétitions et de ses concerts pour concevoir ce spectacle, nous parler de musique et, surtout, nous la faire voir !
Que vous soyez mélomane ou pas, ne ratez pas ce bien joli moment de spectacle qui, sous la houlette bien originale de Julien Joubert, saura vous séduire sans commune mesure.

"Le chat ouvrit les yeux, le soleil y entra.
Le chat ferma les yeux, le soleil y resta.
Voilà pourquoi le soir, quand le chat se réveille, j'aperçois dans le noir, deux morceaux de soleil".


Les notions de "carrure, de prosodie, de modulation, de mélodie, d'harmonie ou d'accords" vous resteront peut-être inconnues malgré tout. Mais peu importe !
Au moins, vous saurez qu'elles existent… Et vous aurez chanté !

"Tout le monde écrit des chansons"

© Olivier Carton.
© Olivier Carton.
Stand-up pédagogique et musical.
Texte : Julien Joubert.
Mise en scène : Julien Joubert.
Avec : Julien Joubert.
Compagnie Let it Be.
Durée : 1 h 10.

Du 11 janvier au 9 mai 2024.
Jeudi à 19 h 30.
Supplémentaires les samedis 6 et 27 avril à 16 h 30.
Théâtre Montmartre-Galabru, Paris 18e, 01 42 23 15 85.
>> theatregalabru.com

•Avignon Off 2024•
Du 3 juillet au 21 juillet 2024.
Tous les jours à 17 h 30. Relâche le jeudi.
BA Café-Théâtre, 25, rue Saint-Jean-le-Vieux, Avignon.
Réservations : 04 65 87 54 40.

Brigitte Corrigou
Lundi 25 Mars 2024

Nouveau commentaire :

Théâtre | Danse | Concerts & Lyrique | À l'affiche | À l'affiche bis | Cirque & Rue | Humour | Festivals | Pitchouns | Paroles & Musique | Avignon 2017 | Avignon 2018 | Avignon 2019 | CédéDévédé | Trib'Une | RV du Jour | Pièce du boucher | Coulisses & Cie | Coin de l’œil | Archives | Avignon 2021 | Avignon 2022 | Avignon 2023 | Avignon 2024 | À l'affiche ter




Numéros Papier

Anciens Numéros de La Revue du Spectacle (10)

Vente des numéros "Collectors" de La Revue du Spectacle.
10 euros l'exemplaire, frais de port compris.






À Découvrir

"La Chute" Une adaptation réussie portée par un jeu d'une force organique hors du commun

Dans un bar à matelots d'Amsterdam, le Mexico-City, un homme interpelle un autre homme.
Une longue conversation s'initie entre eux. Jean-Baptiste Clamence, le narrateur, exerçant dans ce bar l'intriguant métier de juge-pénitent, fait lui-même les questions et les réponses face à son interlocuteur muet.

© Philippe Hanula.
Il commence alors à lever le voile sur son passé glorieux et sa vie d'avocat parisien. Une vie réussie et brillante, jusqu'au jour où il croise une jeune femme sur le pont Royal à Paris, et qu'elle se jette dans la Seine juste après son passage. Il ne fera rien pour tenter de la sauver. Dès lors, Clamence commence sa "chute" et finit par se remémorer les événements noirs de son passé.

Il en est ainsi à chaque fois que nous prévoyons d'assister à une adaptation d'une œuvre d'Albert Camus : un frémissement d'incertitude et la crainte bien tangible d'être déçue nous titillent systématiquement. Car nous portons l'auteur en question au pinacle, tout comme Jacques Galaud, l'enseignant-initiateur bien inspiré auprès du comédien auquel, il a proposé, un jour, cette adaptation.

Pas de raison particulière pour que, cette fois-ci, il en eût été autrement… D'autant plus qu'à nos yeux, ce roman de Camus recèle en lui bien des considérations qui nous sont propres depuis toujours : le moi, la conscience, le sens de la vie, l'absurdité de cette dernière, la solitude, la culpabilité. Entre autres.

Brigitte Corrigou
09/10/2024
Spectacle à la Une

"Dub" Unité et harmonie dans la différence !

La dernière création d'Amala Dianor nous plonge dans l'univers du Dub. Au travers de différents tableaux, le chorégraphe manie avec rythme et subtilité les multiples visages du 6ᵉ art dans lequel il bâtit un puzzle artistique où ce qui lie l'ensemble est une gestuelle en opposition de styles, à la fois virevoltante et hachée, qu'ondulante et courbe.

© Pierre Gondard.
En arrière-scène, dans une lumière un peu sombre, la scénographie laisse découvrir sept grands carrés vides disposés les uns sur les autres. Celui situé en bas et au centre dessine une entrée. L'ensemble représente ainsi une maison, grande demeure avec ses pièces vides.

Devant cette scénographie, onze danseurs investissent les planches à tour de rôle, chacun y apportant sa griffe, sa marque par le style de danse qu'il incarne, comme à l'image du Dub, genre musical issu du reggae jamaïcain dont l'origine est due à une erreur de gravure de disque de l'ingénieur du son Osbourne Ruddock, alias King Tubby, en mettant du reggae en version instrumentale. En 1967, en Jamaïque, le disc-jockey Rudy Redwood va le diffuser dans un dance floor. Le succès est immédiat.

L'apogée du Dub a eu lieu dans les années soixante-dix jusqu'au milieu des années quatre-vingt. Les codes ont changé depuis, le mariage d'une hétérogénéité de tendances musicales est, depuis de nombreuses années, devenu courant. Le Dub met en exergue le couple rythmique basse et batterie en lui incorporant des effets sonores. Awir Leon, situé côté jardin derrière sa table de mixage, est aux commandes.

Safidin Alouache
17/12/2024
Spectacle à la Une

"R.O.B.I.N." Un spectacle jeune public intelligent et porteur de sens

Le trio d'auteurs, Clémence Barbier, Paul Moulin, Maïa Sandoz, s'emparent du mythique Robin des Bois avec une totale liberté. L'histoire ne se situe plus dans un passé lointain fait de combats de flèches et d'épées, mais dans une réalité explicitement beaucoup plus proche de nous : une ville moderne, sécuritaire. Dans cette adaptation destinée au jeune public, Robin est un enfant vivant pauvrement avec sa mère et sa sœur dans une sorte de cité tenue d'une main de fer par un être sans scrupules, richissime et profiteur.

© DR.
C'est l'injustice sociale que les auteurs et la metteure en scène Maïa Sandoz veulent mettre au premier plan des thèmes abordés. Notre époque, qui veut que les riches soient de plus en plus riches et les pauvres de plus pauvres, sert de caisse de résonance extrêmement puissante à cette intention. Rien n'étonne, en fait, lorsque la mère de Robin et de sa sœur, Christabelle, est jetée en prison pour avoir volé un peu de nourriture dans un supermarché pour nourrir ses enfants suite à la perte de son emploi et la disparition du père. Une histoire presque banale dans notre monde, mais un acte que le bon sens répugne à condamner, tandis que les lois économiques et politiques condamnent sans aucune conscience.

Le spectacle s'adresse au sens inné de la justice que portent en eux les enfants pour, en partant de cette situation aux allures tristement documentaires et réalistes, les emporter vers une fiction porteuse d'espoir, de rires et de rêves. Les enfants Robin et Christabelle échappent aux services sociaux d'aide à l'enfance pour s'introduire dans la forêt interdite et commencer une vie affranchie des règles injustes de la cité et de leur maître, quitte à risquer les foudres de la justice.

Bruno Fougniès
13/12/2024