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Avignon 2024

•Off 2024• "Piaf Olympia 61" Un concert événement et une magistrale interprétation de la dame en noir

Nathalie Romier, considérée comme l'une des meilleures interprètes d'Édith Piaf, reconstitue le concert mythique de celle que l'on surnommait "La Môme", donné à l'Olympia en 1961. Vingt minutes de "standing-ovation", record jamais égalé à cette époque par une artiste française.
Renouant avec le même univers visuel et les mêmes chansons, le spectacle raconte ce récital.



© Bruno Romier.
© Bruno Romier.
C'est à coup sûr sans beaucoup d'appréhension que la comédienne, chanteuse, artiste plurielle, Nathalie Romier, a décidé d'interpréter le dernier concert que la chanteuse mythique, Édith Piaf, a donné à l'Olympia en janvier 1961 ! Elle chante ses chansons depuis si longtemps ! Depuis qu'elle est toute petite – sa maman étant une fan inconditionnelle –, et il semblerait qu'au cours de toutes ces années d'une fidélité et d'une passion sans faille, l'artiste s'en soit imprégnée corps et âme, tant son interprétation est magistrale. On s'y croirait presque à l'Olympia en 1961 et on frôle la réincarnation !

Vêtue de sa fameuse robe noire, Nathalie Romier émeut le public dès les premières notes. Il n'est pas étonnant que le spectacle ait connu un tel succès l'an dernier au Off d'Avignon ! Les spectateurs sont embarqués, comme envahis par l'émotion qui se dégage de l'interprétation de l'artiste et, pour peu que l'on connaisse un tant soit peu l'histoire de l'Olympia, on n'en est que plus chamboulé. En 1961, la célèbre salle de spectacle ne vit pas ses meilleurs moments. Dirigée par Bruno Coquatrix, elle est au bord de la faillite et Édith Piaf ne veut plus monter sur scène.

© Bruno Romier.
© Bruno Romier.
Atteinte pourtant d'une polyarthrite invalidante, elle accepte une série de concerts à l'Olympia grâce notamment à une chanson écrite par Michel Vauquaire et composée par Charles Dumont : "Non, je ne regrette rien". Piaf ressent immédiatement un coup de foudre dès la première écoute de cette chanson et, en décembre 1960, elle signe pour trois mois. L'Olympia ressurgit de ses cendres grâce à elle.

Il est notoire que Nathalie Romier connaissait tout cela par cœur, car son interprétation est bouleversante. Elle ne chante pas seulement, elle incarne l'artiste. L'osmose avec la célèbre chanteuse est phénoménale, profonde, presque déroutante par moments.

Pourtant, Nathalie Romier a d'autres cordes à son arc. Elle n'est pas que la môme Piaf, elle est également magicienne et a aussi pratiqué le "Quick change" en partenariat avec Jérôme Murat dans un spectacle musical où, là aussi, elle interprétait de nombreuses chansons.

Mais c'est probablement sa passion pour la chanson française qui l'emporte pour elle et notamment celle pour Piaf, à laquelle elle redonne vie en se produisant dans des cabarets parisiens comme Le Canotier du Pied de la Butte ou Le Don Camillo, etc., ou aussi le Palace, le Montmartre-Galabru et les Enfants du Paradis, scènes parisiennes historiques. Sans oublier l'étranger comme le Québec, la Russie, l'Allemagne, le Maroc.

Des projections en noir et blanc, en toile de fond, apportent un supplément d'âme à l'interprétation de la chanteuse qui, via une gestuelle d'une grande fidélité à celle d'Édith Piaf, ne cherche pourtant pas à l'imiter ! Juste à lui rendre hommage avec une finesse débordante et grand talent.

Nathalie Romier nous touche au cœur de façon bouleversante.

"Piaf Olympia 61"

Spectacle musical.
Texte : Nathalie Romier.
Avec : Nathalie Romier.
Arrangement musical : Léo Debono.
Les bandes sons ont été enregistrées au Studio Bop City (Pantin).
Les musiques sont interprétées par le Quatuor du Marais : David Galoustov (1er violon), Tatiana Kiosava (2e violon), Dima Tsypkin (violoncelle) Andreï Malakhov (alto) et Léo Débono (piano).
Tout public à partir de 8 ans.
Durée : 1 h 10.

•Avignon Off 2024•
Du 29 juin au 21 juillet 2024.
Tous les jours à 16 h. Relâche le jeudi.
B.A Théâtre (Ex "Shams"), 25, rue Saint-Jean-le-Vieux (Place Pie), Avignon.
Réservations : 04 65 87 54 40 ou 06 60 96 84 82.

Brigitte Corrigou
Vendredi 7 Juin 2024

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À Découvrir

•Off 2024• "Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
14/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• Lou Casa "Barbara & Brel" À nouveau un souffle singulier et virtuose passe sur l'œuvre de Barbara et de Brel

Ils sont peu nombreux ceux qui ont une réelle vision d'interprétation d'œuvres d'artistes "monuments" tels Brel, Barbara, Brassens, Piaf et bien d'autres. Lou Casa fait partie de ces rares virtuoses qui arrivent à imprimer leur signature sans effacer le filigrane du monstre sacré interprété. Après une relecture lumineuse en 2016 de quelques chansons de Barbara, voici le profond et solaire "Barbara & Brel".

© Betül Balkan.
Comme dans son précédent opus "À ce jour" (consacré à Barbara), Marc Casa est habité par ses choix, donnant un souffle original et unique à chaque titre choisi. Évitant musicalement l'écueil des orchestrations "datées" en optant systématiquement pour des sonorités contemporaines, chaque chanson est synonyme d'une grande richesse et variété instrumentales. Le timbre de la voix est prenant et fait montre à chaque fois d'une émouvante et artistique sincérité.

On retrouve dans cet album une réelle intensité pour chaque interprétation, une profondeur dans la tessiture, dans les tonalités exprimées dont on sent qu'elles puisent tant dans l'âme créatrice des illustres auteurs que dans les recoins intimes, les chemins de vie personnelle de Marc Casa, pour y mettre, dans une manière discrète et maîtrisée, emplie de sincérité, un peu de sa propre histoire.

"Nous mettons en écho des chansons de Barbara et Brel qui ont abordé les mêmes thèmes mais de manières différentes. L'idée est juste d'utiliser leur matière, leur art, tout en gardant une distance, en s'affranchissant de ce qu'ils sont, de ce qu'ils représentent aujourd'hui dans la culture populaire, dans la culture en général… qui est énorme !"

Gil Chauveau
19/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• "Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles…

… face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
26/03/2024