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Avignon 2024

•Off 2024• "Au nom du père, du fils, et de Jackie Chan" Ne laissez pas les circonstances vous contrôler Changez les circonstances

N'est-ce pas là un bon présage que de porter comme nom de famille "Fortune" ? Un prénom de bon augure pour ce comédien qui se lance dans une nouvelle aventure. Celle d'un seul en scène où il vient raconter et se livrer pendant une heure et demie. Avant d'assister à ce qu'appelle sa très "smart" metteuse en scène – Anne-Sophie Liban – une mise en espace, j'ai d'abord entendu le texte lors du Festival d'Avignon.



© Vincent Arnaud.
© Vincent Arnaud.
Un texte avec lequel Matthias Fortune vient nous conter son enfance et sa passion pour un héros qui porte le nom de Jackie Chan. De cette star de ciné, maîtrisant l'art martial, le kung-fu en particulier, il en connaît un rayon, Matthias, enfin, Arthur dans le spectacle. Un spectacle désormais bien vivant, mis en musique et en espace avec sobriété, tact et belle maîtrise des mouvements.

Arthur a grandi avec les films de Jackie Chan et dit même de lui : "qu'il lui a sauvé la vie". Quelle vie ? Celle d'un petit garçon qui a grandi au milieu d'enfants pas tout à fait comme lui. Des filles et des garçons porteurs d'un handicap que ses parents ont accueilli des années dans une communauté appelée "Le ruisseau tranquille". C'est beau. Pas uniquement le nom donné à cette association, mais aussi ce désir de venir en aide aux autres, ne pas regarder que son nombril…

Seulement, le point précis de ce solo, c'est mettre en avant les avantages de vivre dans une famille à la fois précieuse grâce à son engagement auprès de l'autre, mais aussi les inconvénients d'être un enfant, celui de deux parents qui, parfois, oublient le leur. Lui. Matthias. Petit. Matthias devenu Arthur pour le spectacle vivant.

© Vincent Arnaud.
© Vincent Arnaud.
Jackie Chan, c'est PaoPao devenu grand. C'est ce qu'Arthur vient raconter lors de ses séances de psy où, adulte, il atterrit pétri d'angoisses, d'émotions en pagaille, de mots qu'il n'a pas dit, de colères qu'il n'a pas assouvi. Les maux d'un enfant qui s'est trop souvent tu, face à ses parents. C'est si fréquent. En parlant de PaoPao, ce petit garçon élevé à la dure dans une école d'art martial où il restera des années avant d'en sortir haut et grand, il va se battre, combattre, perdre et gagner. Gagner son étoile de star de ciné ! Pour le petit Arthur, c'est un modèle et d'ailleurs lui aussi s'entraîne. Jackie Chan est son héros comme d'autres à son âge voulaient ressembler à Superman !

Matthias Fortune est un excellent comédien, il se glisse dans la peau de chacun des personnages – les parents, les pensionnaires de l'association, son héros, la psy – avec une certaine dextérité et, tel un Jackie Chan, il excelle en acrobatie et art martial. Il a bossé pour ce seul en scène, cela se voit. C'est là que son solo devient original. Il ne fait pas que raconter sa vie et ses soucis, son corps s'en mêle aussi et il assure sur scène de superbes chorégraphies.

© Vincent Arnaud.
© Vincent Arnaud.
Dans cette famille "originale" où la communication ne semblait pas être le plat principal, le comédien a su garder le meilleur pour rendre un hommage vibrant à ses parents. Cet ami précieux qu'aura été PaoPao lui a permis l'évasion, le rêve et la passion. Peu à peu, Arthur va se découvrir et quitter le nid pour vivre sa propre vie.

Quelle vie ! Matthias porte, en effet, un nom de bon présage, il suffit aujourd'hui de le voir exceller sur le plateau et donner au public la meilleure version de lui-même. Celle d'un homme, d'un compagnon, d'un père de famille et tout naturellement d'un comédien accompli !

Titre : phrase de Jackie Chan.

"Au nom du père, du fils, et de Jackie Chan"

© Vincent Arnaud.
© Vincent Arnaud.
"Enfance, courage, kung-fu et pop cantonaise"
Auteur : Matthias Fortune.
Mise en scène : Anne-Sophie Liban.
Avec : Matthias Fortune.
Chorégraphie et combat scénique : Maurice Chan.
Compositeur bande originale : Félix Carcone.
Musicien et compositeur : Léo Grise.
Création lumières : Emma Schler.
Par la Compagnie Le Homard Bleu.
Tout public à partir de 10 ans.
Durée 1 h 30.

•Avignon Off 2024•
Du 3 au 21 juillet 2024.
Tous les jours à 16 h 25. Relâche le mardi.
Théâtre Artéphile, 5bis-7, rue du Bourg-Neuf, Avignon.
Réservations : 04 90 03 01 90.
>> artephile.com

Isabelle Lauriou
Mardi 18 Juin 2024

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À Découvrir

•Off 2024• "Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
14/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• Lou Casa "Barbara & Brel" À nouveau un souffle singulier et virtuose passe sur l'œuvre de Barbara et de Brel

Ils sont peu nombreux ceux qui ont une réelle vision d'interprétation d'œuvres d'artistes "monuments" tels Brel, Barbara, Brassens, Piaf et bien d'autres. Lou Casa fait partie de ces rares virtuoses qui arrivent à imprimer leur signature sans effacer le filigrane du monstre sacré interprété. Après une relecture lumineuse en 2016 de quelques chansons de Barbara, voici le profond et solaire "Barbara & Brel".

© Betül Balkan.
Comme dans son précédent opus "À ce jour" (consacré à Barbara), Marc Casa est habité par ses choix, donnant un souffle original et unique à chaque titre choisi. Évitant musicalement l'écueil des orchestrations "datées" en optant systématiquement pour des sonorités contemporaines, chaque chanson est synonyme d'une grande richesse et variété instrumentales. Le timbre de la voix est prenant et fait montre à chaque fois d'une émouvante et artistique sincérité.

On retrouve dans cet album une réelle intensité pour chaque interprétation, une profondeur dans la tessiture, dans les tonalités exprimées dont on sent qu'elles puisent tant dans l'âme créatrice des illustres auteurs que dans les recoins intimes, les chemins de vie personnelle de Marc Casa, pour y mettre, dans une manière discrète et maîtrisée, emplie de sincérité, un peu de sa propre histoire.

"Nous mettons en écho des chansons de Barbara et Brel qui ont abordé les mêmes thèmes mais de manières différentes. L'idée est juste d'utiliser leur matière, leur art, tout en gardant une distance, en s'affranchissant de ce qu'ils sont, de ce qu'ils représentent aujourd'hui dans la culture populaire, dans la culture en général… qui est énorme !"

Gil Chauveau
19/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• "Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles…

… face aux normalisations sociétales et idéologiques

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© Philippe Hanula.
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N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
26/03/2024