On connaît encore assez peu le compositeur Nicolaï Miaskovsky né en 1880 dans la Russie tsariste et mort en 1950 en URSS. Son parcours est à nul autre pareil. Destiné à une carrière d'ingénieur militaire comme son père dans l'armée du tsar - il est d'ailleurs diplômé de l'Académie militaire de Moscou -, Miaskovsky poursuit parallèlement des études en tant que musicien amateur, avec Glière entre autres. Entré au conservatoire de Saint-Pétersbourg après avoir démissionné de l'armée comme étudiant, Miaskovsky deviendra, à 40 ans, en 1921 professeur au conservatoire de Moscou. Compositeur prolifique de 27 symphonies, ami de Prokofiev et contemporain de Chostakovitch - connaissant les mêmes hauts et bas dans ses relations avec le régime -, il a aussi composé neuf sonates entre 1906 et 1949.
Si Miaskovsky n'atteint jamais au génie d'un Chostakovitch, son œuvre demeure très attachante. Emporté en 1950 par un cancer de l'estomac - celui des mélancoliques et des angoissés ? -, Miaskovsky a connu les mêmes affres que ses collègues soviétiques. Mourant trois ans avant Staline (et Prokofiev), il ne connaîtra jamais la période plus heureuse - ou à peu près - de la déstalinisation. C'est la sonate et en particulier la dernière ici gravée, la numéro neuf opus 84, qui cernera au mieux pour nous la citadelle intérieure que sut se construire Miaskovsky dans l'horreur du siècle.
Ce parcours ne pouvait que rencontrer l'artiste inclassable qu'est Lydia Jardon. On sait qu'elle a créé le label AR RE-SE consacré à des compositrices ou des compositeurs oubliés ou méconnus. Elle a donc déjà enregistré dans un précédent CD trois sonates de Miaskovsky, les numéros deux, trois et quatre. Ce cycle se poursuit aujourd'hui avec la première, la cinquième et la dernière sonate, la neuvième. Elle explore ainsi les deux extrémités de la carrière de compositeur de Miaskovsky. La sonate numéro un opus six composée entre 1907 et 1909 est celle d'un étudiant de conservatoire - un vieil étudiant pour tout dire. Un bon élève qui sait ici se souvenir de l'écriture de la fugue chez Bach mais aussi de ses devanciers russes. Lydia Jardon en restitue à merveille ce qu'elle appelle sa "densité mystique".
Si Miaskovsky n'atteint jamais au génie d'un Chostakovitch, son œuvre demeure très attachante. Emporté en 1950 par un cancer de l'estomac - celui des mélancoliques et des angoissés ? -, Miaskovsky a connu les mêmes affres que ses collègues soviétiques. Mourant trois ans avant Staline (et Prokofiev), il ne connaîtra jamais la période plus heureuse - ou à peu près - de la déstalinisation. C'est la sonate et en particulier la dernière ici gravée, la numéro neuf opus 84, qui cernera au mieux pour nous la citadelle intérieure que sut se construire Miaskovsky dans l'horreur du siècle.
Ce parcours ne pouvait que rencontrer l'artiste inclassable qu'est Lydia Jardon. On sait qu'elle a créé le label AR RE-SE consacré à des compositrices ou des compositeurs oubliés ou méconnus. Elle a donc déjà enregistré dans un précédent CD trois sonates de Miaskovsky, les numéros deux, trois et quatre. Ce cycle se poursuit aujourd'hui avec la première, la cinquième et la dernière sonate, la neuvième. Elle explore ainsi les deux extrémités de la carrière de compositeur de Miaskovsky. La sonate numéro un opus six composée entre 1907 et 1909 est celle d'un étudiant de conservatoire - un vieil étudiant pour tout dire. Un bon élève qui sait ici se souvenir de l'écriture de la fugue chez Bach mais aussi de ses devanciers russes. Lydia Jardon en restitue à merveille ce qu'elle appelle sa "densité mystique".
C'est en artisan et en femme passionnée, qui nous a habitués aux tempêtes émotionnelles dans un jeu pourtant très maîtrisé, qu'elle s'attaque ici avec amour à une œuvre méditée et travaillée selon son propre aveu depuis des années. Les phrases sinueuses et la fine architecture de l'écriture riche d'une ambiguïté tonale et parfois de dissonances sont restituées ici avec lyrisme. La sonate numéro cinq opus 64 numéro un composée pendant la même période montre un compositeur à l'identité peut-être plus affirmée. L'œuvre semble se libérer, offrant une plus large palette de couleurs et de sentiments.
Le jeu impressionniste encore, les martèlements d'accords toujours, le geste large concluant l'Allegro Energico et l'œuvre, les envolées crescendo et decrescendo du Largo Expressivo, la joie pure du Vivo, ne sont pas seulement le refuge de l'intime, n'hésitant pas à communiquer à l'auditeur les états changeants du cœur et de l'esprit. Toujours sur le fil, au cœur même de ce brasier, Lydia Jardon nous emporte dans sa quête absolue. Une quête absolue dont la sincérité nous touche comme toujours avec cette pianiste au jeu vif-argent. Une quête qui trouve dans la neuvième sonate son accomplissement.
En 1949, l'inspiration du compositeur stoïcien frappe par sa beauté et son élévation. Avec un jeu subtil, toujours aérien, d'une plasticité vraiment admirable, Lydia Jardon rend toute justice à ce testament qui fait retour au langage tonal, venant conclure un enregistrement qu'on pourrait appeler les mémoires d'une âme. Une œuvre écrite et vécue comme un lieu inexpugnable, un ordre - une construction qui protège du désordre de l'Histoire et nous pouvons être reconnaissants à la pianiste de nous la léguer.
Le jeu impressionniste encore, les martèlements d'accords toujours, le geste large concluant l'Allegro Energico et l'œuvre, les envolées crescendo et decrescendo du Largo Expressivo, la joie pure du Vivo, ne sont pas seulement le refuge de l'intime, n'hésitant pas à communiquer à l'auditeur les états changeants du cœur et de l'esprit. Toujours sur le fil, au cœur même de ce brasier, Lydia Jardon nous emporte dans sa quête absolue. Une quête absolue dont la sincérité nous touche comme toujours avec cette pianiste au jeu vif-argent. Une quête qui trouve dans la neuvième sonate son accomplissement.
En 1949, l'inspiration du compositeur stoïcien frappe par sa beauté et son élévation. Avec un jeu subtil, toujours aérien, d'une plasticité vraiment admirable, Lydia Jardon rend toute justice à ce testament qui fait retour au langage tonal, venant conclure un enregistrement qu'on pourrait appeler les mémoires d'une âme. Une œuvre écrite et vécue comme un lieu inexpugnable, un ordre - une construction qui protège du désordre de l'Histoire et nous pouvons être reconnaissants à la pianiste de nous la léguer.
● Lydia Jardon "Miaskovsky, Sonates pour piano n° 1, 5 et 9".
Label et distribution : AR RE-SE.
Sortie : 15 mai 2020.
>> arre-se.com
>> lydiajardon.com
Label et distribution : AR RE-SE.
Sortie : 15 mai 2020.
>> arre-se.com
>> lydiajardon.com