La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.



Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager
Festivals

Les arts envahissent de nouveau la rue à Aurillac

Aurillac 2019 ouvre grand ses portes donnant sur la rue… Il est temps d'aller dehors découvrir les nouvelles créations des artistes, des compagnie qui créent tout au long de l'année des spectacles, mélange salutaire de fraîcheur artistique, d'imaginaire partagé, de culture populaire et d'engagement citoyen. Les arts de la rue ont un terrain de jeu, Aurillac, et un lieu de résidence, le Parapluie.



"Désorceler La Finance", Loop-s © Beata Szparagowska.
"Désorceler La Finance", Loop-s © Beata Szparagowska.
Créé en 1986 par Michel Crespin (directeur jusqu'en 1993) et inscrit dès le départ volontairement dans un territoire rural, le festival d'Aurillac s'est imposé comme l'une des principales manifestations de spectacle vivant en France, et il est devenu une référence à l'échelle internationale en matière de théâtre de rue. En 2019, c'est Frédéric Remy qui est nommé à la direction de l'association Éclat-Centre National des Arts de la Rue et de l'Espace Public (Festival d'Aurillac et Le Parapluie).

Tout en ouvrant la programmation à des formes très différentes, Michel Crespin puis Jean-Marie Songy (directeur de 1994 à 2018) - et leurs équipes - ont créé avec les artistes de rue des relations fortes et durables, aidé en cela par la création en 2004 d'un lieu de résidence, Le Parapluie. Depuis 86, le nombre de compagnies n'a cessé d'augmenter, passant de six "officielles" et une de passage, la première année, à vingt aujourd'hui.

Viennent en parallèle, pour constituer le grand marché du spectacle de rue, plus de six cents compagnies de passage qui font du festival une manifestation exceptionnelle où émergent de nombreuses créations, des processus de recherche et où se met en place une réelle vitrine pour la diffusion artistique. Des rendez-vous professionnels, conférences et rencontres publiques complètent ces moments d'exploration artistique.

"NonDeDieu", Kumulus © Jean-Pierre Estournet.
"NonDeDieu", Kumulus © Jean-Pierre Estournet.
Parmi les performances que nous vous invitons à découvrir absolument, création 2019 après une résidence au Parapluie, "NonDeDieu" de Kumulus - confrontés aux années et à leurs corps cassés, un metteur en scène et "ses" comédiens(es) font le pari de créer un spectacle de cirque, regards côté piste et côté loges - ; "Véro 1ère, Reine d'Angleterre" de 26000 couverts - fable aussi morale que perverse qui conte l'extraordinaire destin de Véronique qui n'osait se rêver gérante de Franprix et finit pourtant Reine d'Angleterre.

Nous aimons également "Désorceler la finance" de la compagnie belge Loop-s - rituels de désenvoûtements de la finance qui se déroulent, pour le public, dans un espace de partage et d'expérimentations de pratiques artistiques et sorcières - ; "Ma maison en l'air" de Jisoo Yoo, coréenne vivant et travaillant à Pantin qui, au moyen de dessins, de sculptures, d'installations, développe un univers autour des questions du corps, du déplacement de l'identité ; et Les Souffleurs commandos poétiques avec "Terra Lingua, chantier de paroles" (création 2019 après une résidence au Parapluie). Les Souffleurs usent d'une langue qui ne sert pas seulement à parler mais qui permet aussi de penser le monde. La mise en mouvement de cette puissance poétique, artistique et jubilatoire de l'être humain est l'ambition de Terra Lingua.

"Moondance", Compagnie Rêverie © DR.
"Moondance", Compagnie Rêverie © DR.
Dans les compagnies de passage, nous avons retenu en toute subjectivité la Compagnie Rêverie (pour la première à Aurillac). Celle-ci présentera chaque jour trois spectacles de danse verticale en suspension sur le mur de l'Hôtel de Ville d'Aurillac : "Aile Émoi", "Don d'Amour" et "Moondance"… de réels moments poétiques, éthérés, délicats et magiques ! Nous apprécions aussi les Italiens de la Cie Nando e Maila qui présente "Sconcerto d'amore"… ou les acrobaties musicales (tissus aériens et trapèze) d'un couple en désaccord ; les installations sonores interactives des Cyclophones et du collectif RECREA'T ; le théâtre de rue burlesque (presque sans parole) de la Cie Théâtre 33, avec son "El Grande Teatro Toboso" et son équipage menant carriole, à laquelle est enchaîné un étrange géant…

Et enfin, une variation sur le thème du corps très librement inspirée du "Journal d'un corps" de Daniel Pennac qui est ici intitulée "Journal de nos corps" par la Cie Aller-Retour, un mix de cirque contemporain et de théâtre burlesque qui décline le corps dans tous ses états, des codes et canons préétablis en passant par ses défauts et aux expressions de la gestique animale…

Festival International de Théâtre de Rue d'Aurillac et
Le Rendez-vous des compagnies de passage.

Du 21 au 24 août 2019.
Association Éclat, Aurillac (15).
Tél. : 04 71 43 43 70.
festival@aurillac.net
>> aurillac.net

Gil Chauveau
Mercredi 21 Août 2019

Nouveau commentaire :

Théâtre | Danse | Concerts & Lyrique | À l'affiche | À l'affiche bis | Cirque & Rue | Humour | Festivals | Pitchouns | Paroles & Musique | Avignon 2017 | Avignon 2018 | Avignon 2019 | CédéDévédé | Trib'Une | RV du Jour | Pièce du boucher | Coulisses & Cie | Coin de l’œil | Archives | Avignon 2021 | Avignon 2022 | Avignon 2023 | Avignon 2024 | À l'affiche ter





Numéros Papier

Anciens Numéros de La Revue du Spectacle (10)

Vente des numéros "Collectors" de La Revue du Spectacle.
10 euros l'exemplaire, frais de port compris.






À Découvrir

•Off 2024• "Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
14/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• Lou Casa "Barbara & Brel" À nouveau un souffle singulier et virtuose passe sur l'œuvre de Barbara et de Brel

Ils sont peu nombreux ceux qui ont une réelle vision d'interprétation d'œuvres d'artistes "monuments" tels Brel, Barbara, Brassens, Piaf et bien d'autres. Lou Casa fait partie de ces rares virtuoses qui arrivent à imprimer leur signature sans effacer le filigrane du monstre sacré interprété. Après une relecture lumineuse en 2016 de quelques chansons de Barbara, voici le profond et solaire "Barbara & Brel".

© Betül Balkan.
Comme dans son précédent opus "À ce jour" (consacré à Barbara), Marc Casa est habité par ses choix, donnant un souffle original et unique à chaque titre choisi. Évitant musicalement l'écueil des orchestrations "datées" en optant systématiquement pour des sonorités contemporaines, chaque chanson est synonyme d'une grande richesse et variété instrumentales. Le timbre de la voix est prenant et fait montre à chaque fois d'une émouvante et artistique sincérité.

On retrouve dans cet album une réelle intensité pour chaque interprétation, une profondeur dans la tessiture, dans les tonalités exprimées dont on sent qu'elles puisent tant dans l'âme créatrice des illustres auteurs que dans les recoins intimes, les chemins de vie personnelle de Marc Casa, pour y mettre, dans une manière discrète et maîtrisée, emplie de sincérité, un peu de sa propre histoire.

"Nous mettons en écho des chansons de Barbara et Brel qui ont abordé les mêmes thèmes mais de manières différentes. L'idée est juste d'utiliser leur matière, leur art, tout en gardant une distance, en s'affranchissant de ce qu'ils sont, de ce qu'ils représentent aujourd'hui dans la culture populaire, dans la culture en général… qui est énorme !"

Gil Chauveau
19/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• "Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles…

… face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
26/03/2024