"Le ciel, la nuit et la fête" est une trilogie de Molière, composée de "Tartuffe ou l'imposteur" (1669), "Dom Juan ou le festin de pierre" (1665) et "Psyché" (1671), complètement revisitée par le Nouveau Théâtre Populaire. Elle traite de l'amour et du sexe, de l'hypocrisie et de la vérité, de l'infidélité et de l'honnêteté, des ambitions et du pouvoir, de la religion et de ses faux prophètes. La pulsion, amoureuse et sexuelle, en est le fil rouge. Le Nouveau Théâtre Populaire a réussi à mettre en miroir, aussi inversé que complémentaire, ces trois pièces en les articulant sur ce même socle commun.
Car c'est avant tout une montée en puissance de la pulsion qui se joue entre la première et la dernière pièce. Entre "Tartuffe" et "Psyché", elle se terre pour se montrer ensuite sans fard. Elle est cachée sous les apparats de Tartuffe (Julien Campani), à découvert pour Dom Juan et étalée dans "Psyché", tragédie-ballet composée avec Quinault et Racine. Pour celle-ci, Lully et Beauchamp ont créé respectivement la musique et la danse. Les fantasmes refoulés percutent des désirs affirmés en face de pratiques sexuelles au grand jour. Tout s'articule autour de ce fil rouge avec le verbe comme élément unique d'un désir soit refoulé, soit assuré quand il s'accompagne du verbe et de touchers, et quasi mutique avec le corps comme seule expressivité quand l'unique pulsion est au rendez-vous, l'acte et le geste étant aux commandes.
Car c'est avant tout une montée en puissance de la pulsion qui se joue entre la première et la dernière pièce. Entre "Tartuffe" et "Psyché", elle se terre pour se montrer ensuite sans fard. Elle est cachée sous les apparats de Tartuffe (Julien Campani), à découvert pour Dom Juan et étalée dans "Psyché", tragédie-ballet composée avec Quinault et Racine. Pour celle-ci, Lully et Beauchamp ont créé respectivement la musique et la danse. Les fantasmes refoulés percutent des désirs affirmés en face de pratiques sexuelles au grand jour. Tout s'articule autour de ce fil rouge avec le verbe comme élément unique d'un désir soit refoulé, soit assuré quand il s'accompagne du verbe et de touchers, et quasi mutique avec le corps comme seule expressivité quand l'unique pulsion est au rendez-vous, l'acte et le geste étant aux commandes.
Le commandeur (Éric Herson-Macarel) est la figure de la Loi quand, symboliquement, Dom Juan (Lazare Herson-Macarel) en serait le fils dévoyé, Psyché (Morgane Nairaud), sa fille et Tartuffe, un renégat. Dans "Tartuffe ou l'imposteur", les protagonistes, tous habillés de noir et blanc, sont dans un rapport frontal, le verbe haut et le geste très marqué. Le corps devient lui-même un dit, l'expression un aveu quand le verbe se déguise souvent. Tout est sous couvert et le jeu des comédiens est très physique.
Molière en a écrit trois versions. Celle qui a été jouée (1667) est la deuxième version et n'a eu qu'une seule représentation avant qu'elle ne soit interdite. Elle fait intervenir la figure du Roi comme exécuteur humain de la justice divine. Dans cette approche, nous sommes au plus près du rôle que Molière pouvait avoir auprès de son protecteur royal, comme un hommage à celui-ci, dans un système politique où le roi était puissance absolue et incarnation divine sur terre.
Le bruitage est un élément très important. Ce sont des portes qui claquent dans "Tartuffe", marquant, au-delà des scènes et des actes, des temps forts et des revirements. Dans "Dom Juan", les bruits de pas sont comme un écoulement accéléré du temps ou de l'arrivée précipitée d'un événement qui donne une dynamique et une tension dans le jeu, même quand les protagonistes sont statiques. Dans "Tartuffe", tout se déroule quasiment dans une seule pièce, délimitée par deux portes, avec l'action incarnée par le jeu tout en tension des comédiens.
Molière en a écrit trois versions. Celle qui a été jouée (1667) est la deuxième version et n'a eu qu'une seule représentation avant qu'elle ne soit interdite. Elle fait intervenir la figure du Roi comme exécuteur humain de la justice divine. Dans cette approche, nous sommes au plus près du rôle que Molière pouvait avoir auprès de son protecteur royal, comme un hommage à celui-ci, dans un système politique où le roi était puissance absolue et incarnation divine sur terre.
Le bruitage est un élément très important. Ce sont des portes qui claquent dans "Tartuffe", marquant, au-delà des scènes et des actes, des temps forts et des revirements. Dans "Dom Juan", les bruits de pas sont comme un écoulement accéléré du temps ou de l'arrivée précipitée d'un événement qui donne une dynamique et une tension dans le jeu, même quand les protagonistes sont statiques. Dans "Tartuffe", tout se déroule quasiment dans une seule pièce, délimitée par deux portes, avec l'action incarnée par le jeu tout en tension des comédiens.
Dans "Psyché", tout est musique et chants dans un concert où les décibels sont de la partie, le silence n'ayant pas droit de cité, où se découvre une scène de concert intitulée "Olympe" avec deux escaliers, respectivement côté cour et jardin, se rejoignant en hauteur sur une longue bande traversant longitudinalement le plateau. La déclinaison qui en est faite est très moderne avec un personnage en Monsieur Loyal (Clovis Fouin) qui joue le maître de cérémonie. Dans "Dom Juan", les escaliers prennent une large place sur le plateau et le commandeur apparaît grimé, en hauteur et en arrière-scène.
Dans "Le ciel, la nuit et la fête", les trois fables se nourrissent, pour "Tartuffe", de réel pouvant être en écho aux réalités du monde, quand pour "Psyché", les caractères sont, en grande partie, mythologiques. Entre ces deux rives, il y a "Dom Juan" qui mêle autant la vraie vie avec ses débordements, ses infidélités et ses gourmandises que la figure tutélaire mythique du commandeur. L'articulation de cette trilogie monte aussi en puissance dans l'immersion de l'imaginaire au fil des fables pour les baigner dans une cohabitation amour et sexe aux relents cachés dans "Tartuffe", dans une nature fantasmatique et débridée dans "Psyché".
Sur cet entre-deux, "Dom Juan" est dans une posture toute terrienne et gourmande des plaisirs érotiques, en mettant au défi la figure morale du commandeur. Il est à l'intersection de ce qui délimite le transgressif, son Moi ayant pris fait et cause du Ça contre le Surmoi.
Dans "Tartuffe", le jeu est extrêmement physique avec des voix qui portent haut, accompagnées parfois de coups, sans pour autant qu'il y ait algarades, mais plutôt punition physique sur Tartuffe avec des martinets tissés de cordes. L'action est à l'image d'un jeu qui se décharne, à dessein, de toute nuance et légèreté. Pour "Psyché", guitare, basse, batterie et clavier sont présents. La troupe devient chauffeuse de salle avant même que la représentation débute. C'est aussi une progression avec un jeu aux consonances classiques pour "Tartuffe", qui s'habille d'une franche modernité pour "Dom Juan", pour aller vers un timbre décalé et complètement fantasque pour "Psyché".
Le baromètre de cette progression se lit dans les costumes et les attitudes. Les voix, tout au long de la trilogie, sont énergiques, avec une vigueur plus forte dans la première pièce, plus sobre dans "Dom Juan" et, à dessein, plus relâchée, selon les protagonistes, pour "Psyché". Entre les pièces, le jeu continue avec des intermèdes radiophoniques.
Tour à tour, on y voit des embardées sexuelles, comme on y entend des déclarations d'amour. Le tout se mêle. Dans "Psyché", les deux sont étroitement mis en écho, reflet inversé d'une passion amoureuse entre Psyché et l'Amour (Julien Romelard), à l'opposé des débordements sexuels qui les entourent. Côté sexuel, l'approche est directe, sans autre consonance pour "Psyché". Elle aurait pu être plus nuancée avec un apport suggestif, parfois, qui aurait donné au sexe un cachet surprenant et un peu moins automatique.
La trilogie reste toutefois de très belles compositions et toujours dans une approche audacieuse. Elle s'est déroulée le 8 février au théâtre de la Commune.
◙ Safidin Alouache
Dans "Le ciel, la nuit et la fête", les trois fables se nourrissent, pour "Tartuffe", de réel pouvant être en écho aux réalités du monde, quand pour "Psyché", les caractères sont, en grande partie, mythologiques. Entre ces deux rives, il y a "Dom Juan" qui mêle autant la vraie vie avec ses débordements, ses infidélités et ses gourmandises que la figure tutélaire mythique du commandeur. L'articulation de cette trilogie monte aussi en puissance dans l'immersion de l'imaginaire au fil des fables pour les baigner dans une cohabitation amour et sexe aux relents cachés dans "Tartuffe", dans une nature fantasmatique et débridée dans "Psyché".
Sur cet entre-deux, "Dom Juan" est dans une posture toute terrienne et gourmande des plaisirs érotiques, en mettant au défi la figure morale du commandeur. Il est à l'intersection de ce qui délimite le transgressif, son Moi ayant pris fait et cause du Ça contre le Surmoi.
Dans "Tartuffe", le jeu est extrêmement physique avec des voix qui portent haut, accompagnées parfois de coups, sans pour autant qu'il y ait algarades, mais plutôt punition physique sur Tartuffe avec des martinets tissés de cordes. L'action est à l'image d'un jeu qui se décharne, à dessein, de toute nuance et légèreté. Pour "Psyché", guitare, basse, batterie et clavier sont présents. La troupe devient chauffeuse de salle avant même que la représentation débute. C'est aussi une progression avec un jeu aux consonances classiques pour "Tartuffe", qui s'habille d'une franche modernité pour "Dom Juan", pour aller vers un timbre décalé et complètement fantasque pour "Psyché".
Le baromètre de cette progression se lit dans les costumes et les attitudes. Les voix, tout au long de la trilogie, sont énergiques, avec une vigueur plus forte dans la première pièce, plus sobre dans "Dom Juan" et, à dessein, plus relâchée, selon les protagonistes, pour "Psyché". Entre les pièces, le jeu continue avec des intermèdes radiophoniques.
Tour à tour, on y voit des embardées sexuelles, comme on y entend des déclarations d'amour. Le tout se mêle. Dans "Psyché", les deux sont étroitement mis en écho, reflet inversé d'une passion amoureuse entre Psyché et l'Amour (Julien Romelard), à l'opposé des débordements sexuels qui les entourent. Côté sexuel, l'approche est directe, sans autre consonance pour "Psyché". Elle aurait pu être plus nuancée avec un apport suggestif, parfois, qui aurait donné au sexe un cachet surprenant et un peu moins automatique.
La trilogie reste toutefois de très belles compositions et toujours dans une approche audacieuse. Elle s'est déroulée le 8 février au théâtre de la Commune.
◙ Safidin Alouache
"Le ciel, la nuit et la fête, Le Tartuffe, Dom Juan, Psyché"
"Le ciel, la nuit et la fête, Le Tartuffe, Dom Juan, Psyché"
D'après Molière.
Mise en scène : Léo Cohen-Paperman, Émilien Diard-Detœuf, Julien Romelard.
Conception et mise en scène Grand Siècle (radio) : Frédéric Jessua.
Avec : Camille Bernon, Marco Benigno, Pauline Bolcatto, Valentin Boraud, Julien Campani, Philippe Canales, Léo Cohen-Paperman, Émilien Diard-Detœuf, Clovis Fouin, Joseph Fourez, Elsa Grzeszczak, Éric Herson-Macarel, Lazare Herson-Macarel, Frédéric Jessua, Morgane Nairaud, Julien Romelard, Claire Sermonne, Sacha Todorov.
Conception scénographique : Anne-Sophie Grac.
Collaboration scénographie et accessoires : Pierre Lebon.
Lumière : Thomas Chrétien.
Costumes : Zoé Lenglare et Manon Naudet.
Musique : Baptiste Bravo.
Son : Lucas Lelièvre, assisté de Baudouin Rencurel.
Régie générale : Marco Benigno assisté de Thomas Mousseau-Fernandez.
Maquillage et coiffure : Pauline Bry.
Collaboration artistique : Lola Lucas.
Régie son : Lucas Soudi et Alex Wallet.
Habillage : Pauline Bry et Zoé Lenglare.
Par le Nouveau Théâtre Populaire.
Durée : 6 h 45.
A été représenté les 5 et 8 février 2025 au Théâtre La Commune - CDN, Aubervilliers (93).
D'après Molière.
Mise en scène : Léo Cohen-Paperman, Émilien Diard-Detœuf, Julien Romelard.
Conception et mise en scène Grand Siècle (radio) : Frédéric Jessua.
Avec : Camille Bernon, Marco Benigno, Pauline Bolcatto, Valentin Boraud, Julien Campani, Philippe Canales, Léo Cohen-Paperman, Émilien Diard-Detœuf, Clovis Fouin, Joseph Fourez, Elsa Grzeszczak, Éric Herson-Macarel, Lazare Herson-Macarel, Frédéric Jessua, Morgane Nairaud, Julien Romelard, Claire Sermonne, Sacha Todorov.
Conception scénographique : Anne-Sophie Grac.
Collaboration scénographie et accessoires : Pierre Lebon.
Lumière : Thomas Chrétien.
Costumes : Zoé Lenglare et Manon Naudet.
Musique : Baptiste Bravo.
Son : Lucas Lelièvre, assisté de Baudouin Rencurel.
Régie générale : Marco Benigno assisté de Thomas Mousseau-Fernandez.
Maquillage et coiffure : Pauline Bry.
Collaboration artistique : Lola Lucas.
Régie son : Lucas Soudi et Alex Wallet.
Habillage : Pauline Bry et Zoé Lenglare.
Par le Nouveau Théâtre Populaire.
Durée : 6 h 45.
A été représenté les 5 et 8 février 2025 au Théâtre La Commune - CDN, Aubervilliers (93).