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"La Divine"… Quand même ! Sarah Bernhardt, "l'impératrice" et éternellement grande comédienne

Il faut de l'expérience pour incarner sur scène, celle que Cocteau a baptisée : "le monstre sacré" du théâtre : Sarah Bernhardt. À une comédienne débutante qui lui avait été imposée, elle lui a adressé ceci alors que cette jeune actrice lui expliquait qu'elle n'avait pas le trac : "ça viendra, avec le talent". Il faut une sacrée confiance en soi pour balancer cela. Sarah Bernhardt n'avait peur de rien mais craignait la concurrence et ses mots pouvaient être d'une grande violence.



Copyright Pierrette Dupoyet © 2024 - Tous droits réservés.
Copyright Pierrette Dupoyet © 2024 - Tous droits réservés.
Cependant, il est difficile de ne pas s'attacher à ce destin hors du commun. À celle qui a parcouru le monde entier et peut se glorifier d'avoir été applaudie triomphalement, avec son tempérament dramatique et sa diction emphatique, sur les cinq continents.

Du caractère, c'est le moins que l'on puisse dire et elle est presque née avec. Petite, c'était une enfant colérique, têtue et affirmée qui, du haut de ses neuf ans, a dit : "je ferai toute ma vie ce que je veux faire". Têtue, bornée et assurée, elle ne fera pas toujours l'unanimité.

Les années passent, le Conservatoire, la Comédie-Française, puis, une gifle plus tard, adressée à une actrice, elle quitte l'institution. Ce tempérament volcanique lui vaudra aussi de jouer dans des pièces peu reluisantes, dont les succès sont minimes, mais elle joue, elle vit la scène et ne semble guère passionnée par autre chose que le "théâââââtre", les mots, les vers, les personnages. Tout cela finira par séduire un public de plus en plus grand, sans oublier sa grande idylle artistique avec Edmond Rostand qui lui offrira des rôles emblématiques.

Copyright Pierrette Dupoyet © 2024 - Tous droits réservés.
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Amputée de la jambe droite, à 70 ans, après un accident, elle continuera de jouer, assise. Si ce n'est pas de la folie, cela ! Sacrée Sarah, quelle forte femme qui aura "quand même" pris un peu de temps pour devenir maman.

Pierrette Dupoyet, que de nombreux spectateurs venus ce dimanche au théâtre de la Contrescarpe connaissent et suivent depuis des années, pour ne pas dire, des décennies, est réputée pour ne jamais s'arrêter. Elle fêtera son 41ᵉ Avignon cet été. Passionnée, elle crée, se met en scène, écrit et joue partout où son cœur la porte et semble vouloir encore la porter, pour le plaisir des spectateurs venus en nombre l'applaudir.

Cela n'est donc pas surprenant qu'elle incarne aussi bien une autre grande dame du théâtre. Pierrette Dupoyet est extra, douce, émouvante et terriblement captivante. Seule, en lumière, face à son miroir, elle vient conter une sacrée histoire. La Divine Sarah Bernhardt renaît et avec elle, tous les souvenirs d'une grande star du théâtre français.

Ce spectacle est beau et permet à celles et ceux qui ne connaissent pas ce grand nom du "drama" de la découvrir et aux autres, comme moi, qui l'admirent, de prendre beaucoup de plaisir à la voir revivre et grâce à Pierrette Dupoyet, ne jamais l'oublier.

"Sarah Bernhardt"

Copyright Pierrette Dupoyet © 2024 - Tous droits réservés.
Copyright Pierrette Dupoyet © 2024 - Tous droits réservés.
Texte : Pierrette Dupoyet.
Interprète : Pierrette Dupoyet.
Mise en scène : Pierrette Dupoyet.
Costumes : Annick Lebedyk.
Création bande son : Jean-Marie Bourdat.
Accompagnement musical : René Aubry, Armand Amar, Henri Torgue et Serge Houppen, Nicolas Peigney, Lorena Mc Kennit, Hugues Le Bars.
Durée : 1 h 15.

Tournée
Dimanche 25 août 2024 : Festival Forêt des Livres, Château de Chanceaux, Chanceaux-près-Loches (37).

Du 29 Juin au 21 Juillet 2024, Pierrette Dupoyet sera à nouveau au Festival Off d'Avignon avec :
"Louis Braille, au-delà des yeux clos" à 11 h 30 au Théâtre Buffon.
"Les parias chez Victor Hugo" à 16 h 15 au Théâtre Luna.

Isabelle Lauriou
Vendredi 7 Juin 2024

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À Découvrir

•Off 2024• "Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
14/06/2024
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•Off 2024• Lou Casa "Barbara & Brel" À nouveau un souffle singulier et virtuose passe sur l'œuvre de Barbara et de Brel

Ils sont peu nombreux ceux qui ont une réelle vision d'interprétation d'œuvres d'artistes "monuments" tels Brel, Barbara, Brassens, Piaf et bien d'autres. Lou Casa fait partie de ces rares virtuoses qui arrivent à imprimer leur signature sans effacer le filigrane du monstre sacré interprété. Après une relecture lumineuse en 2016 de quelques chansons de Barbara, voici le profond et solaire "Barbara & Brel".

© Betül Balkan.
Comme dans son précédent opus "À ce jour" (consacré à Barbara), Marc Casa est habité par ses choix, donnant un souffle original et unique à chaque titre choisi. Évitant musicalement l'écueil des orchestrations "datées" en optant systématiquement pour des sonorités contemporaines, chaque chanson est synonyme d'une grande richesse et variété instrumentales. Le timbre de la voix est prenant et fait montre à chaque fois d'une émouvante et artistique sincérité.

On retrouve dans cet album une réelle intensité pour chaque interprétation, une profondeur dans la tessiture, dans les tonalités exprimées dont on sent qu'elles puisent tant dans l'âme créatrice des illustres auteurs que dans les recoins intimes, les chemins de vie personnelle de Marc Casa, pour y mettre, dans une manière discrète et maîtrisée, emplie de sincérité, un peu de sa propre histoire.

"Nous mettons en écho des chansons de Barbara et Brel qui ont abordé les mêmes thèmes mais de manières différentes. L'idée est juste d'utiliser leur matière, leur art, tout en gardant une distance, en s'affranchissant de ce qu'ils sont, de ce qu'ils représentent aujourd'hui dans la culture populaire, dans la culture en général… qui est énorme !"

Gil Chauveau
19/06/2024
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•Off 2024• "Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles…

… face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
26/03/2024