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"Je me souviens" Partager avec les "Renversés" un sursaut d'espoir et une lueur d'humanité

"Je me souviens", c'était début juillet cette année. Laurie Marzougui, cette fée du bien-être à l'âme sensible et au sourire si délicat, comédienne et metteure en scène, me propose d'assister à la représentation du spectacle joué par la joyeuse troupe des "Renversés". Troupe qu'elle anime avec passion et conviction. Elle m'avait déjà parlé de ce collectif, parrainé par Bruno Gaccio et Romane Bohringer.



© Milan et Éric Prados.
© Milan et Éric Prados.
Rien que cela aurait pu suffire à me convaincre de venir. Non pas pour aller briller auprès de célébrités, mais pour le bien que ces deux personnalités véhiculent par leurs idées et leur présence si humaine dans une société qui part en vrille. Puis, pour elle aussi, Laurie Marzougui, une femme aux airs de petite fille.

Cette compagnie vit et comme d'autres plus "visibles", il faut l'accueillir et la soutenir. Ces "Renversés", ce sont des hommes, des femmes, toutes et tous ont un handicap, parfois visible, parfois moins, d'autres sont en situation d'exclusion et ensemble, ils ont surtout cette grande soif d'explosion. L'exclusion, ce mot me fait mal autant à l'écrit qu'à l'oral.

C'est en les découvrant sur scène que ce mot, soudain, s'oublie, comme ce déferlement de violence, d'actes et de comportements haineux que ce monde ne cesse de revivre et qui me fragilisent tellement. Là, il y a de la beauté, de la légèreté, de l'égalité et une chance infinie de rentrer dans une bulle qui leur appartient, mais qu'ils nous ouvrent, eux, avec un cœur immense, sans a priori, sans se prendre au sérieux et encore moins sans condescendance…

© Milan et Éric Prados.
© Milan et Éric Prados.
Cette condescendance que, sans doute, certains d'entre eux ont rencontrée au fil de leur existence. Parce qu'ils sont "différents", ils ne s'expriment pas toujours facilement, mais, à la fois, beaucoup trop parlent pour ne rien dire et c'est si fatigant ! Leurs gestes ne sont pas spécialement synchronisés, mais nous sommes au spectacle et, s'il y a cela de bien vivant, c'est de les regarder avec un sourire qui dépasse les frontières du visage, tant des pieds à la tête, je me suis laissé embarquer par leur grande sincérité. Ce sont des modèles ces "Renversés" car, dans ce monde si cruel, si dingue, si dénaturé, eux seuls trouvent la force de considérer le plaisir et le bonheur comme une indispensable réalité.

Chacun vient nous raconter, nous offrir un souvenir. "Je me souviens". Ne pas oublier, garder en mémoire, vibrer et s'émouvoir. Ce que cette jolie troupe vit intensément sur le plateau à travers leurs corps, le cœur et les mots, nous renvoie directement à ce que nous sommes, nous aussi. Ce public venu nombreux ce jour-là. Des femmes, des hommes, parfois pétris de doutes ou de croyances, quelquefois lassés de cette société usée par les convenances ou les bien-pensances, ou simplement heureux face à la mer qui s'étend au loin et qui peu à peu prend de la distance nous laissant là, contempler la vie et le temps qui passe indiscutablement.

Les Renversés m'ont permis cela. Une forte émotion, un désir de profiter, une envie de toutes et tous les prendre dans les bras, leur dire merci pour ce grand moment de partage et de spectacle si vibrant, si vivant. Laurie Marzougui. Voilà, une âme qui non seulement a l'air, mais aussi les belles paroles, comme le répétait mon père. Il suffit de voir son implication sur scène, auprès d'eux et avec eux. De voir son sourire à l'issue du spectacle et de la regarder vivre la scène. Ses yeux brillent comme ceux d'une petite fille qui a tout gagné et qui se moque bien des préjugés, comme ces "Renversés" qui sont venus frapper mon cœur d'un sursaut d'espoir et de lueur d'humanité.

"Je me souviens"

"Pour ne pas oublier qui nous sommes…"
Mise en scène : Laurie Marzougui.
Par la Cie Les renversés.

Lundi 11 décembre 2023 à 19 h 30.
Café de la Gare, Paris 4e, 01 42 78 52 51.
>> cdlg.org
>> Réservation

Isabelle Lauriou
Mardi 14 Novembre 2023

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