Tout commence par un rêve ayant traversé les temps… Un rêve doux, celui porté par un chant apaisant pour temps de guerre. Un rêve naïf – mais essentiel – mettant en scène un petit oiseau apportant, avec la venue du printemps, l'espoir. Faisant corps entre elles, propulsant à leur tête une petite fille pétillante de vie faisant figure de proue, elles avancent et reculent au rythme d'une vague pérenne qu'aucune force, fût-elle armée, ne pourra arrêter. Mais les vagues, même les plus tranquilles d'entre elles, ont aussi pour effet d'effacer les traces inscrites dans le sable. Le flux et le reflux de la mémoire humaine ne fonctionnent pas autrement, ils effacent toutes traces d'horreurs "impensables". Ainsi en est-il de l'amnésie, symptôme post-traumatique des temps guerriers.
"Sur la paix", projeté sur la façade monumentale du Palais, ouvre le temps du partage, celui du chant de beignets traditionnels, celui des douceurs à déguster en toute fraternité, en dansant, s'embrassant. "Sur la violence", lui succède apportant dans les plis de ses paroles la souffrance d'une enfant implorant sa mère de la sauver. Un cri déchirant, avec en contrepoint une berceuse enfantine contrastant avec l'extrême violence vécue. "Sur le viol" intensifie encore l'horreur en rappelant que le viol concerne essentiellement les femmes, mais aussi les hommes, n'épargnant aucun âge. De un à quatre-vingt-cinq ans, comme le révèlent les consultations gratuites mises en place pour recueillir la parole des victimes de la soldatesque russe, ayant banalisé la pratique du viol pour démultiplier la souffrance en l'étendant à la vie entière de la victime. Les chorégraphies désarticulées et vindicatives du chœur des femmes "parlent" alors autant de la douleur qui les submerge que de leur colère de combattantes.
"Sur la paix", projeté sur la façade monumentale du Palais, ouvre le temps du partage, celui du chant de beignets traditionnels, celui des douceurs à déguster en toute fraternité, en dansant, s'embrassant. "Sur la violence", lui succède apportant dans les plis de ses paroles la souffrance d'une enfant implorant sa mère de la sauver. Un cri déchirant, avec en contrepoint une berceuse enfantine contrastant avec l'extrême violence vécue. "Sur le viol" intensifie encore l'horreur en rappelant que le viol concerne essentiellement les femmes, mais aussi les hommes, n'épargnant aucun âge. De un à quatre-vingt-cinq ans, comme le révèlent les consultations gratuites mises en place pour recueillir la parole des victimes de la soldatesque russe, ayant banalisé la pratique du viol pour démultiplier la souffrance en l'étendant à la vie entière de la victime. Les chorégraphies désarticulées et vindicatives du chœur des femmes "parlent" alors autant de la douleur qui les submerge que de leur colère de combattantes.
Et l'Europe dans tout ça ? Scandale qu'elle soit si éloignée de l'Ukraine. Déclaration d'amour proclamée par le chœur, "l'amour est plus fort que la mort". Et la révolte plus importante que la passivité face au malheur, "Le rôle des pleureuses sur des os ne nous suffit plus. Notre chant ne s'arrêtera pas".
Viendra l'heure des "Mothers monologues", chacune énonçant son prénom et la ville d'Ukraine qu'elle a dû fuir, Kyiv, Soumy, Irpin, Kharkiv… Elle fera part ensuite de ses goûts ordinaires, de ce qui la constitue comme être de désirs, un sujet pleinement vivant que les atrocités guerrières n'ont pas réussi à détruire… Même si elles savent, ces femmes, que la guerre survivra en elles à la paix.
Moments sensibles portés par ces chants chorégraphiés à la force expressive amplifiée par la solennité des lieux. Moments partagés avec les spectateurs faisant communauté avec ces héroïnes ordinaires n'ayant rien rabattu de leurs aspirations… Et même si, l'émotion (réelle) ressentie dans ce haut lieu de La Cour d'Honneur résonnant des bruits et fureurs de représentations mythiques se dissipera (peut-être pas, allez savoir…) au premier mistral venu, cette forme chorale est de nature à réveiller notre assoupissement chronique… pour hisser notre légitime indignation à la hauteur de l'énergie déployée par ces guérillères exemplaires.
◙ Yves Kafka
Vu le mercredi 10 juillet 2024 dans la Cour d'honneur du Palais des papes, Avignon.
Viendra l'heure des "Mothers monologues", chacune énonçant son prénom et la ville d'Ukraine qu'elle a dû fuir, Kyiv, Soumy, Irpin, Kharkiv… Elle fera part ensuite de ses goûts ordinaires, de ce qui la constitue comme être de désirs, un sujet pleinement vivant que les atrocités guerrières n'ont pas réussi à détruire… Même si elles savent, ces femmes, que la guerre survivra en elles à la paix.
Moments sensibles portés par ces chants chorégraphiés à la force expressive amplifiée par la solennité des lieux. Moments partagés avec les spectateurs faisant communauté avec ces héroïnes ordinaires n'ayant rien rabattu de leurs aspirations… Et même si, l'émotion (réelle) ressentie dans ce haut lieu de La Cour d'Honneur résonnant des bruits et fureurs de représentations mythiques se dissipera (peut-être pas, allez savoir…) au premier mistral venu, cette forme chorale est de nature à réveiller notre assoupissement chronique… pour hisser notre légitime indignation à la hauteur de l'énergie déployée par ces guérillères exemplaires.
◙ Yves Kafka
Vu le mercredi 10 juillet 2024 dans la Cour d'honneur du Palais des papes, Avignon.
"Mothers, A Song for Wartime"
"Mothers, A Song for Wartime"
Pologne - Création 2023.
Conception et mise en scène : Marta Górnicka.
Assistantes à la mise en scène : Maria Wierzbicka, Bazhena Shamovich.
Avec : Katerina Aleinikova, Svitlana Berestovska, Sasha Cherkas, Palina Dabravolskaja, Katarzyna Jaźnicka, Volha Kalakoltsava, Ewa Konstanciak, Liza Kozlova, Anastasiia Kulinich, Natalia Mazur, Kamila Michalska, Hanna Mykhailova, Valeriia Obodianska, Svitlana Onischak, Yuliia Ridna, Maria Robaszkiewicz, Polina Shkliar, Aleksandra Sroka, Mariia Tabachuk, Kateryna Taran, Bohdana Zazhytska, Elena Zui-Voitekhovskaya.
Libretto : Marta Górnicka & Ensemble.
Musique : Marta Górnicka.
Dramaturgie : Olga Byrska, Maria Jasińska.
Scénographie : Robert Rumas.
Assistante à la chorégraphie : Maria Bijak.
Chorégraphie : Evelin Facchini.
Lumière : Artur Sienicki.
Vidéo : Michał Jankowski.
Costumes : Joanna Załęska.
Collaboration musicale : Wojciech Frycz.
Coaching vocal : Joanna Piech-Sławecka.
Conseil d'ethnomusicologie urkainienne : Anna Ohrimchuk.
Conseil sur les jeux d'enfants ukrainiens : Venera Ibragimova.
Traduction pour le libretto : Cecile Bocianowski (français), Aleksandra Paszkowska (anglais).
Régie plateau : Bazhena Shamovich.
Régie surtitre : Zofia Szymanowska.
Traduction pour le surtitrage : Cécile Bocianowski (français), Aleksandra Paszkowska (anglais).
Durée : 1 h.
Pologne - Création 2023.
Conception et mise en scène : Marta Górnicka.
Assistantes à la mise en scène : Maria Wierzbicka, Bazhena Shamovich.
Avec : Katerina Aleinikova, Svitlana Berestovska, Sasha Cherkas, Palina Dabravolskaja, Katarzyna Jaźnicka, Volha Kalakoltsava, Ewa Konstanciak, Liza Kozlova, Anastasiia Kulinich, Natalia Mazur, Kamila Michalska, Hanna Mykhailova, Valeriia Obodianska, Svitlana Onischak, Yuliia Ridna, Maria Robaszkiewicz, Polina Shkliar, Aleksandra Sroka, Mariia Tabachuk, Kateryna Taran, Bohdana Zazhytska, Elena Zui-Voitekhovskaya.
Libretto : Marta Górnicka & Ensemble.
Musique : Marta Górnicka.
Dramaturgie : Olga Byrska, Maria Jasińska.
Scénographie : Robert Rumas.
Assistante à la chorégraphie : Maria Bijak.
Chorégraphie : Evelin Facchini.
Lumière : Artur Sienicki.
Vidéo : Michał Jankowski.
Costumes : Joanna Załęska.
Collaboration musicale : Wojciech Frycz.
Coaching vocal : Joanna Piech-Sławecka.
Conseil d'ethnomusicologie urkainienne : Anna Ohrimchuk.
Conseil sur les jeux d'enfants ukrainiens : Venera Ibragimova.
Traduction pour le libretto : Cecile Bocianowski (français), Aleksandra Paszkowska (anglais).
Régie plateau : Bazhena Shamovich.
Régie surtitre : Zofia Szymanowska.
Traduction pour le surtitrage : Cécile Bocianowski (français), Aleksandra Paszkowska (anglais).
Durée : 1 h.
•Avignon In 2024•
A été joué du 9 au 11 juillet 2024.
Représenté à 22 h.
Cour d'honneur du Palais des papes, Avignon.
Réservations : 04 90 14 14 14, tous les jours de 10 h à 19 h.
>> festival-avignon.com
Tournée
15 et 16 août 2024 : Zürcher Theater Spektakel, Zurich (Suisse).
29 et 30 août 2024 : La Comédie, Genève (Suisse).
1er septembre 2024 : Maxim Gorki Theater, Berlin (Allemagne).
5 et 6 octobre 2024 : Teatr Powszechny, Varsovie (Pologne).
Du 9 au 11 octobre 2024 : TnBA, Bordeaux (33).
Du 15 au 19 octobre 2024 : Théâtre du Rond-Point, Paris.
24 et 25 octobre 2024 : Festival Sens Interdits, Lyon (69).
2 novembre 2024 : Maxim Gorki Theater, Berlin (Allemagne).
7 novembre 2024 : Euro-scene Leipzig Theatre Festival, Leipzig (Allemagne).
18 novembre 2024 : The National Festival of Directing Art Interpretations, Katowice (Pologne).
Du 30 novembre au 1er décembre 2024 : Teatr Powszechny, Varsovie (Pologne).
Du 6 au 12 décembre 2024 : International Divine Comedy Theatre Festival, Cracovie (Pologne).
A été joué du 9 au 11 juillet 2024.
Représenté à 22 h.
Cour d'honneur du Palais des papes, Avignon.
Réservations : 04 90 14 14 14, tous les jours de 10 h à 19 h.
>> festival-avignon.com
Tournée
15 et 16 août 2024 : Zürcher Theater Spektakel, Zurich (Suisse).
29 et 30 août 2024 : La Comédie, Genève (Suisse).
1er septembre 2024 : Maxim Gorki Theater, Berlin (Allemagne).
5 et 6 octobre 2024 : Teatr Powszechny, Varsovie (Pologne).
Du 9 au 11 octobre 2024 : TnBA, Bordeaux (33).
Du 15 au 19 octobre 2024 : Théâtre du Rond-Point, Paris.
24 et 25 octobre 2024 : Festival Sens Interdits, Lyon (69).
2 novembre 2024 : Maxim Gorki Theater, Berlin (Allemagne).
7 novembre 2024 : Euro-scene Leipzig Theatre Festival, Leipzig (Allemagne).
18 novembre 2024 : The National Festival of Directing Art Interpretations, Katowice (Pologne).
Du 30 novembre au 1er décembre 2024 : Teatr Powszechny, Varsovie (Pologne).
Du 6 au 12 décembre 2024 : International Divine Comedy Theatre Festival, Cracovie (Pologne).