"Moonburn", une installation du collectif néerlandais Stichting Barstow. La verticalité s'est manifestement invitée à la soirée inaugurale du samedi 30 septembre, annonçant d'autres performances aériennes… D'abord sous la forme de cette lune d'artistes, "Moonburn", juchée – coincée – sur le toit d'un hangar, vestige de l'activité commerciale du "Port de la Lune" et faisant face, elle, à une rayonnante pleine lune éclairant ce soir-là les eaux miroitantes de la Garonne.
D'aucuns – des poètes – ont pu toutefois regretter que l'œuvre phosphorescente, dont le "lever de lune" réfléchissant de nuit la lumière du jour était annoncé, soit restée désespérément endormie, ancrée lourdement à quelques mètres de hauteur, contrastant avec l'astre naturel qui lui vivait en toute liberté son envoûtante trajectoire céleste. Pour plagier le poète Paul Éluard, on pourrait avancer que si effectivement "la lune est bleue comme une orange", elle aurait mérité d'être "animée" pour le moins d'un souffle de fantaisie lui prêtant vie.
D'aucuns – des poètes – ont pu toutefois regretter que l'œuvre phosphorescente, dont le "lever de lune" réfléchissant de nuit la lumière du jour était annoncé, soit restée désespérément endormie, ancrée lourdement à quelques mètres de hauteur, contrastant avec l'astre naturel qui lui vivait en toute liberté son envoûtante trajectoire céleste. Pour plagier le poète Paul Éluard, on pourrait avancer que si effectivement "la lune est bleue comme une orange", elle aurait mérité d'être "animée" pour le moins d'un souffle de fantaisie lui prêtant vie.
"Chantier, Piano Vertical" d'Alain Roche. Une fois franchi l'ouvrage d'art (très contemporain) reliant les deux rives, le clou de la verticalité était à trouver dans l'événement de clôture de soirée proposant un "fantastique" ballet aérien. Là, dans l'immense chantier en construction du quartier Brazza, au milieu des tiges de ferrailles émergeant du béton roi, le récital en haute altitude donné par un piano à la verticale crée les sensations attendues.
Suspendu aux filins d'acier de l'une des trois gigantesques grues, le piano à queue du musicien solidement harnaché à son instrument délivre son enchaînement d'accords. Les bruits préenregistrés du chantier à ciel ouvert, se mêlant aux arrangements joués en live, composent une ambiance sonore mixant la réalité urbaine et celle du récital. Quant aux mouvements de balancier imprimés par un expert grutier méritant à ce titre l'appellation d'artiste, ils rendent l'instant… "spectaculaire", en accord parfait avec "le cahier des charges".
Suspendu aux filins d'acier de l'une des trois gigantesques grues, le piano à queue du musicien solidement harnaché à son instrument délivre son enchaînement d'accords. Les bruits préenregistrés du chantier à ciel ouvert, se mêlant aux arrangements joués en live, composent une ambiance sonore mixant la réalité urbaine et celle du récital. Quant aux mouvements de balancier imprimés par un expert grutier méritant à ce titre l'appellation d'artiste, ils rendent l'instant… "spectaculaire", en accord parfait avec "le cahier des charges".
"LOStheULTRAMAR" de la Compagnie mexicaine Foco alAire. Le coup de cœur de cette inauguration, nous l'accorderons sans coup férir à un défilé "horizontal", celui de "LOStheULTRAMAR". Certes moins spectaculaire (quoique…), avec une économie redoutable de moyens, cette déambulation menée au rythme de pas envoûtants exhale une inquiétante étrangeté nous transportant loin, très haut dans des sphères inexplorées… La dizaine d'artistes mexicains, têtes entourées d'une collerette-entonnoir d'où s'échappent à l'arrière des visages de cire, avance et recule à petits pas dans un incessant mouvement scandé par le tempo répétitif d'une musique "sans gravité".
Habillés de costumes noirs, ils rivalisent de mimiques expressionnistes contrastant avec l'uniformité de leurs déplacements réglés comme la partition musicale rythmant leur progression millimétrée. Fascinés, nous le sommes, comme on peut l'être sous hypnose, happés jusqu'à perdre pied, attirés irrésistiblement par cette étrange procession propre à nous faire passer de l'autre côté du miroir… Avec, au final, une incitation à traverser ledit miroir sous la forme d'une danse "innocente" invitant chacun et chacune à rejoindre dans leur monde les protagonistes de cette énigmatique traversée. Fabuleux.
Habillés de costumes noirs, ils rivalisent de mimiques expressionnistes contrastant avec l'uniformité de leurs déplacements réglés comme la partition musicale rythmant leur progression millimétrée. Fascinés, nous le sommes, comme on peut l'être sous hypnose, happés jusqu'à perdre pied, attirés irrésistiblement par cette étrange procession propre à nous faire passer de l'autre côté du miroir… Avec, au final, une incitation à traverser ledit miroir sous la forme d'une danse "innocente" invitant chacun et chacune à rejoindre dans leur monde les protagonistes de cette énigmatique traversée. Fabuleux.
"La Bibliothèque sonore des femmes" de Julie Gilbert. Plus tôt dans l'après-midi, une installation "hautement artistique" nous a littéralement séduits. Entre les murs de la médiathèque de Mériadeck, située à proximité de l'Hôtel de Ville, quarante-deux téléphones vintage, émergeant d'un passé ne demandant qu'à revivre, attendent silencieusement que le visiteur, la visiteuse, décroche leur combiné… Leur conceptrice, Julie Gilbert, a eu l'idée d'inventer – comme on "invente un trésor" – cette "Bibliothèque sonore" dédiée aux femmes écrivaines, donnant ainsi à entendre leurs voix connues ou pas afin de les faire (re)découvrir. Pour ce faire, elle a confié à quarante-deux autrices de recomposer chacune "sa" représentation de l'écrivaine élue pour la faire revivre telle qu'en elle-même dans un monologue de sa composition.
Se coulant dans l'œuvre et l'existence de l'auteure, chaque texte porté par la voix enregistrée d'une actrice contemporaine nous parvient comme si nous en étions le dépositaire unique. Entendre "en direct", au creux de notre oreille, Virginia Woolf, Agota Kristof, Emily Dickinson, Françoise Héritier, Simone de Beauvoir, Marguerite Duras (la dernière arrivée de cette collection s'enrichissant de nouvelles venues au gré des "rencontres"), mais aussi Sappho (VIe siècle avant J-C), Sylvia Plath (texte de Solenn Denis, autrice bordelaise), Marguerite de Navarre et bien d'autres encore, revêt un caractère des plus troublants… Notre imaginaire, sollicité par le biais de cette conversation adressée, s'enrichit à son tour d'une bibliothèque "matrimoniale" composée selon nos goûts. Bouleversant.
Se coulant dans l'œuvre et l'existence de l'auteure, chaque texte porté par la voix enregistrée d'une actrice contemporaine nous parvient comme si nous en étions le dépositaire unique. Entendre "en direct", au creux de notre oreille, Virginia Woolf, Agota Kristof, Emily Dickinson, Françoise Héritier, Simone de Beauvoir, Marguerite Duras (la dernière arrivée de cette collection s'enrichissant de nouvelles venues au gré des "rencontres"), mais aussi Sappho (VIe siècle avant J-C), Sylvia Plath (texte de Solenn Denis, autrice bordelaise), Marguerite de Navarre et bien d'autres encore, revêt un caractère des plus troublants… Notre imaginaire, sollicité par le biais de cette conversation adressée, s'enrichit à son tour d'une bibliothèque "matrimoniale" composée selon nos goûts. Bouleversant.
"Ça traverse" de Sylvain Prunenec & Ryan Kernoa. Le lendemain dimanche, comme une pause "urbaine" après les émotions fortes de la veille, une balade en mode déplacement doux dans le quartier en pleine mutation de Belcier permet de "découvrir" la ville sous d'autres angles de vue…
Des citernes d'Amédée Saint-Germain, monument patrimonial restauré s'élevant anachroniquement entre des d'immeubles à l'architecture résolument contemporaine, à l'esplanade futuriste de La Maison de l'économie créative et de la culture en Nouvelle-Aquitaine (MÉCA), construite sur l'emplacement même d'anciens abattoirs, en passant par le quai désaffecté de l'ancien site ferroviaire en friche, ou encore en traversant le parking souterrain sans âme d'une toute nouvelle construction, la mise en abyme de l'ancien monde emboîté dans le nouveau offre matière à méditation. Ces paysages, peuplés pour la circonstance d'une nuée bénévole d'oiseaux migrateurs, siffleurs à visage humain coachés par un danseur à la tête végétalisée, résonnent dans la mémoire de l'homo urbanus que nous sommes devenus ; animal humain saisi à vif dans son environnement mutant.
Ainsi en a-t-il été de notre premier week-end de FAB. À suivre…
Spectacles vus le week-end du 30 septembre et 1ᵉʳ octobre, lors de l'inauguration du Festival International des Arts de Bordeaux Métropole (FAB) qui se déroule du 30 septembre au 15 octobre 2023.
Des citernes d'Amédée Saint-Germain, monument patrimonial restauré s'élevant anachroniquement entre des d'immeubles à l'architecture résolument contemporaine, à l'esplanade futuriste de La Maison de l'économie créative et de la culture en Nouvelle-Aquitaine (MÉCA), construite sur l'emplacement même d'anciens abattoirs, en passant par le quai désaffecté de l'ancien site ferroviaire en friche, ou encore en traversant le parking souterrain sans âme d'une toute nouvelle construction, la mise en abyme de l'ancien monde emboîté dans le nouveau offre matière à méditation. Ces paysages, peuplés pour la circonstance d'une nuée bénévole d'oiseaux migrateurs, siffleurs à visage humain coachés par un danseur à la tête végétalisée, résonnent dans la mémoire de l'homo urbanus que nous sommes devenus ; animal humain saisi à vif dans son environnement mutant.
Ainsi en a-t-il été de notre premier week-end de FAB. À suivre…
Spectacles vus le week-end du 30 septembre et 1ᵉʳ octobre, lors de l'inauguration du Festival International des Arts de Bordeaux Métropole (FAB) qui se déroule du 30 septembre au 15 octobre 2023.
"Moonburn"
Stiching Barstow/Light Art Collection (Pays-Bas).
Du 30 septembre au 15 octobre.
En continu.
Hangar 15, quais des Chartrons, Rive gauche de la Garonne.
"Chantier, Piano Vertical"
Alain Roche (Suisse).
Samedi 30 septembre à 22 h et dimanche 1er octobre à 19 h 30.
Quartier Brazza.
Durée : 45 minutes.
"LOStheULTRAMAR"
Cie Foco alAire (Mexique).
Samedi 30 septembre, 20 h 45, Quai des Chartrons ; dimanche 1er octobre, 11 h, Place des Capucins ; dimanche 1er octobre, 16 h, Place des Chartrons ; mercredi 4 octobre, 17 h, Miroir d'eau.
Durée : 45 minutes à 1 heure.
"La Bibliothèque sonore des femmes"
Julie Gilbert (Suisse).
Vernissage le 30 septembre à 17 h.
En continu jusqu'au 15 octobre.
Bibliothèque Mériadeck.
"Ça traverse"
Sylvain Prunenec et Ryan Kernoa (Île-de-France).
Dimanche 1er octobre à 15 h.
Quartier Belcier.
Durée : 2 heures.
FAB - 8e Festival International des Arts de Bordeaux Métropole.
Du 30 septembre au 15 octobre 2023.
9 rue des Capérans, Bordeaux (33).
Billetterie : 05 57 93 18 93.
billetteriefab@festivalbordeaux.com
>> fab.festivalbordeaux.com
Stiching Barstow/Light Art Collection (Pays-Bas).
Du 30 septembre au 15 octobre.
En continu.
Hangar 15, quais des Chartrons, Rive gauche de la Garonne.
"Chantier, Piano Vertical"
Alain Roche (Suisse).
Samedi 30 septembre à 22 h et dimanche 1er octobre à 19 h 30.
Quartier Brazza.
Durée : 45 minutes.
"LOStheULTRAMAR"
Cie Foco alAire (Mexique).
Samedi 30 septembre, 20 h 45, Quai des Chartrons ; dimanche 1er octobre, 11 h, Place des Capucins ; dimanche 1er octobre, 16 h, Place des Chartrons ; mercredi 4 octobre, 17 h, Miroir d'eau.
Durée : 45 minutes à 1 heure.
"La Bibliothèque sonore des femmes"
Julie Gilbert (Suisse).
Vernissage le 30 septembre à 17 h.
En continu jusqu'au 15 octobre.
Bibliothèque Mériadeck.
"Ça traverse"
Sylvain Prunenec et Ryan Kernoa (Île-de-France).
Dimanche 1er octobre à 15 h.
Quartier Belcier.
Durée : 2 heures.
FAB - 8e Festival International des Arts de Bordeaux Métropole.
Du 30 septembre au 15 octobre 2023.
9 rue des Capérans, Bordeaux (33).
Billetterie : 05 57 93 18 93.
billetteriefab@festivalbordeaux.com
>> fab.festivalbordeaux.com