La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.



Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager
Festivals

FAB 2021 "Searching for John", "Lignes ouvertes" et "La Coulée douce", le réenchantement du réel en guise de bouquet final…

Trois dernières formes pour clore cette sixième édition du Festival des Arts de Bordeaux Métropole. "Trois petits tours et puis s'en vont", selon le refrain de la chanson ayant bercé l'enfance, FAB 2021 tire en douceur sa révérence. Trois moments oniriques trouant le réel pour le réenchanter… fabuleusement !



"Searching for John" © Pierre Planchenault.
"Searching for John" © Pierre Planchenault.
"Searching for John" puise ses racines dans celles bien réelles de son auteur et interprète - Stefan Kinsman, américano-suisse ayant grandi au Costa Rica - pour nous nous embarquer hors-sol vers des contrées oniriques où la magie règne. Ainsi de ce conte fantastique imaginé par cet héritier des clochards célestes, prêt à tout pour (r)éveiller notre désir de merveilleux.

Sous une cabane barnum - fleurant bon un passé hors du temps avec ses loupiotes, sa radio TSF, son guéridon et son fauteuil à bascule - dressée dans un plus grand chapiteau qui l'abrite, les spectateurs serrés sur trois rangées de gradins assistent à n'en pas croire leurs yeux à des prodiges en cascade…

Un grand gaillard aux cheveux longs, campé sur ses deux jambes, se détache de l'obscurité pour très vite "émerger" sous d'autres apparences… celles des anciens habitants venus hanter ce lieu dont il est, selon toutes probabilités, l'héritier. Par on ne sait quel tour miraculeux (on ne le dévoilera pas...), ses couches de vêtements - comme on pèle un oignon - vont se dépiauter une à une sous l'effet apparent de la traction de son corps arc bouté, laissant apparaître comme dans un mirage des êtres de chair et d'os en leurs habits anciens.

"Searching for John" © Pierre Planchenault.
"Searching for John" © Pierre Planchenault.
Pliée sous une latte du plancher, une chemise à carreaux de la beat generation l'attend. Dès lors, paré des habits de cow-boy et coiffé du chapeau qui va avec, il devient le héros de faits d'armes "diablement" menés convoquant l'art circassien, la musique et le jeu, pour partir à la recherche de Mary ; John et Mary, couple mythique cristallisant une certaine idée de l'Amérique dont il est issu. Et comme les objets qui l'entourent ont une âme qui s'attache à la sienne (pardon Alphonse de Lamartine pour cet aventureux plagiat), pas étonnant alors qu'il les cajole, leur parle avec amour… et qu'en réponse ces derniers tressautent de plaisir.

En particulier la lampe articulée, aux fines attaches, qui vibre, valse, se colle à lui, cligne de l'œil, s'allumant et s'éteignant, l'allumant à le rendre maboul. Et ce n'est pas l'orage déversant des trombes d'eau sur le plateau qui refroidira son désir de retrouver Mary, jusque dans le grenier, les gradins… Le clou de ce voyage en apesanteur, marquant l'épiphanie de sa recherche du temps retrouvé (pardon Marcel Proust pour ce fabuleux emprunt) réside dans le point d'orgue des roues Cyr, aimantées, virtuoses, comme l'Apothéose d'une danse aux vertus enivrantes.

"Lignes ouvertes" © Pierre Planchenault.
"Lignes ouvertes" © Pierre Planchenault.
"Lignes ouvertes" prolonge la magie en ouvrant grand l'espace à l'insoutenable légèreté de l'être (pardon Milan Kundera pour cette "en-volée")… Repoussant les limites du possible, la funambule Tatania-Mosio Bongonga s'affranchit de toutes assises terrestres, rompt avec les pesanteurs vécues, offrant un moment d'intense liberté à nous qui la regardons, terriens d'ici-bas, éperdus d'admiration et d'envie…

Perchée à plus de trente-cinq mètres au-dessus de nos têtes, accrochée à son seul sourire et à son assurance aérienne, elle semble traverser en apesanteur les quelque cent quatre-vingts mètres séparant deux immeubles du parc. Dansant au rythme cadencé de ses musiciens, improvisant de folles figures acrobatiques (dans le vide, retenue par une seule cheville), elle habite féériquement l'espace, le réenchantant de sa présence solaire.

Refusant de s'attribuer l'exploit - qu'elle partage avec ses musiciens, ses cordistes, les nombreux habitants venus lui prêter mainforte pour éviter que sous l'effet du vent le fil ne tangue, et avec toutes celles et ceux venus la "soutenir des yeux" -, son élégance et générosité naturelles impressionnent autant que ses prouesses, nous hissant dans un ailleurs aux vertus "planantes".

"La Coulée douce" © Pierre Planchenault.
"La Coulée douce" © Pierre Planchenault.
"La Coulée douce", création in situ. Après "Le Temps des cerises" de Jean-Baptiste Clément, dédié à la Commune libre et autogérée de Paris en 1871, voici venu "Le Temps de La Coulée Douce" de Cyril Jaubert et l'Opéra Pagaï, flanqués de leurs équipiers de la Scène nationale Carré-Colonnes et du FAB 2021, dédié lui au fondateur de La Commune libérée et théâtralisée de Saint-Médard-en-Jalles. Le Printemps en Automne, "le Rêve éveillé" de Médard ressuscité par une foultitude de jardiniers musiciens en tabliers bleus, de fiers-à-bras éclatant les bûches pour alimenter le feu sacré d'une fête païenne embrasant la ville et les imaginaires. Une super production zen, illuminée par des milliers de bougies, à faire pâlir de jalousie les temples bouddhistes…

"Il suffira d'une étincelle/D'un rien, d'un geste/Il suffira d'une étincelle/Et d'un mot d'amour/Pour Allumer le feu/Et faire danser les diables et les dieux/Et voir grandir la flamme dans vos yeux…". Ainsi Johnny (pardon à son âme de butiner son répertoire) enflammait-il les foules à l'aube du deuxième millénaire... Dans son sillage, mais avec une sérénité jouissive, l'Opéra Pagaï et ses complices créent un véritable événement dont les mémoires embrasées se feront les porte-flammes afin d'illuminer les longues nuits d'hiver…

"La Coulée douce" © Pierre Planchenault.
"La Coulée douce" © Pierre Planchenault.
Imaginez un carrelet d'altitude juché sur le toit du monde (le Théâtre) ayant à lui seul cristallisé, durant l'enfermement, le désir d'horizons lointains d'où s'échappent les mélodies envoûtantes de concertistes lunaires. Imaginez une Scène nationale entièrement customisée en ferme verte… Des plantations luxuriantes envahissant les bureaux, des bocaux d'aromates bousculant allègrement les dossiers des étagères, des hydrolats de fleurs distillés dans les locaux techniques, des poules caquetant en s'égayant parmi les ordinateurs, des tontes d'ovins exhalant au passage leur odeur forte de suint dans les couloirs des coulisses, des moutons broutant benoîtement l'herbe grasse de l'immense plateau sous l'œil candide d'une petite fille à la balançoire, avec en arrière-plan, là où habituellement prend place le public, des rangées de maïs jusqu'à plus soif… Le paradis bucolique du monde d'après ?

Et ceci n'étant qu'un infime aperçu d'un voyage au pays des merveilles faisant vaciller les repères ordinaires des visiteurs entraînés sans résistance possible de l'autre côté du miroir… et ne constituant encore que "l'avant-scène" de l'aventure proposée… Suivant le sentier lumineux de la grand place, on pénètre de l'autre côté de la grand rue dans le "Jardin secret" foisonnant de plantations et de légendes urbaines. Fruits des graines plantées d'abord en pots par les habitants en mai dernier, les plantes ont pris leur quartier d'été pour raconter, lorsque le vent les anime, la légende de Saint-Médard et de sa "Coulée douce", lui qui avait le don de faire proliférer les potagers par sa seule présence. Les invités, pressés autour d'un feu, médusés, écoutent une conteuse et un ancêtre local raconter la fabuleuse histoire de la fondation de leur ville (Rome, caput) tandis qu'un piano égraine dans la nuit ses notes suaves.

"La Coulée douce" © Pierre Planchenault.
"La Coulée douce" © Pierre Planchenault.
Pour clôturer ce festival (un très bon cru… avec à la clé, soupe de potimarrons, maïs et châtaignes grillés au feu de bois, éclades de moules et petit verre de blanc, le tout préparé par une flotte de bénévoles sans lesquels le FAB n'existerait pas), il aurait été compliqué de rêver mieux que de cette bal(l)ade grandeur nature, guidée par de mythiques lucioles (bougies glanées par les habitants et mises en pots) ayant pour un soir échappé à la régression du vivant, reliant la Scène nationale du Carré à son "Jardin secret"…

Un rêve éveillé partagé entre toutes et tous, communauté abandonnant un temps ses semelles de plomb engluées dans un réel peu amène pour s'élever aux confins d'une poésie en actes. La flamme brillait indubitablement dans les yeux des invités à cette cérémonie païenne en l'honneur des dieux Pan (divinité de la nature, protecteur des bergers et des troupeaux) et Apollon (dieu des arts, du chant, de la musique, de la poésie, de la lumière, et dieu des purifications et de la guérison !), littéralement "enchantés" par cette traversée onirique placée sous la (haute) bienveillance de chanteurs et musiciens d'exception.
The fun, à l'état pur.

"Searching for John"

"Searching for John" © Pierre Planchenault.
"Searching for John" © Pierre Planchenault.
Création 2021.
Auteur et interprète : Stefan Kinsman.
Scénographie : Jean Marc Billon et Jani Nuutinen (Circo Aereo).
Création costumes : Kim Marro.
Création son : Chloé Levoy.
Création lumière : Gautier Devoucoux.
Régisseur général : Nicolas Flacard.
Photographe : Ximena Lemaire Castro.
Aide avec le texte : Michel Cerda.
Grand remerciement conseils et soutien, Andrea Speranza.
Par la Cie La Frontera.
Durée : 1 h.

Vu le samedi 16 octobre à 18 h à l'Esplanade des Terres Neuves à Bègles, dans le cadre du festival FAB 2021

"Lignes ouvertes"

"Lignes ouvertes" © Pierre Planchenault.
"Lignes ouvertes" © Pierre Planchenault.
Funambule : Tatiana-Mosio Bongonga.
Direction technique : Jan Naets.
Cordistes : Gaël Honegger, Rémy Legeay, Simon Pourqué.
Musiciens : Don Julio, Djeyla Roz, Pascale Valenta, Adrien Amey ou Laurent Géhant ou Camille Secheppet.
Ingénieurs son : François -Xavier Delaby et/ou Maxime Leneyle.
Par la Cie Basinga.

Vu le dimanche 17 octobre à 17 h au Parc Pinçon de Bordeaux, présenté par Chahuts - Hors-les-murs, quartier de la Benauge/Bordeaux rive droite dans le cadre du festival FAB 2021.

Tournée
29 octobre au 24 novembre 2021 : Institut français du Chili, Santiago de Chili.
29 novembre au 3décembre 2021 : implantation scolaire avec la Ferme du Buisson, Chelles (77).
9 au 17 décembre 2021 : résidence Pôle National Cirque pour le projet "Soka Tira", L'Agora, Boulazac (24).

"La Coulée douce"

"La Coulée douce" © Pierre Planchenault.
"La Coulée douce" © Pierre Planchenault.
Création in situ de l'Opéra Pagaï.
Écriture et mise en scène : Cyril Jaubert.
Avec toute la compagnie Opéra Pagaï, les équipes élargies de la Scène nationale et du FAB, et les artistes invités.
Ensemble Les Surprises.

Vu le vendredi 22 octobre de 18 h 30 à 21 h 30, au Carré, Place de la République et au Jardin de Saint-Médard-en-Jalles, dans le cadre du festival FAB 2021.

FAB - 6e Festival International des Arts de Bordeaux Métropole.
A eu lieu du 1er au 23 octobre 2021.
>> fab.festivalbordeaux.com

Yves Kafka
Mardi 2 Novembre 2021

Nouveau commentaire :

Théâtre | Danse | Concerts & Lyrique | À l'affiche | À l'affiche bis | Cirque & Rue | Humour | Festivals | Pitchouns | Paroles & Musique | Avignon 2017 | Avignon 2018 | Avignon 2019 | CédéDévédé | Trib'Une | RV du Jour | Pièce du boucher | Coulisses & Cie | Coin de l’œil | Archives | Avignon 2021 | Avignon 2022 | Avignon 2023 | Avignon 2024 | À l'affiche ter





Numéros Papier

Anciens Numéros de La Revue du Spectacle (10)

Vente des numéros "Collectors" de La Revue du Spectacle.
10 euros l'exemplaire, frais de port compris.






À Découvrir

•Off 2024• "Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
14/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• Lou Casa "Barbara & Brel" À nouveau un souffle singulier et virtuose passe sur l'œuvre de Barbara et de Brel

Ils sont peu nombreux ceux qui ont une réelle vision d'interprétation d'œuvres d'artistes "monuments" tels Brel, Barbara, Brassens, Piaf et bien d'autres. Lou Casa fait partie de ces rares virtuoses qui arrivent à imprimer leur signature sans effacer le filigrane du monstre sacré interprété. Après une relecture lumineuse en 2016 de quelques chansons de Barbara, voici le profond et solaire "Barbara & Brel".

© Betül Balkan.
Comme dans son précédent opus "À ce jour" (consacré à Barbara), Marc Casa est habité par ses choix, donnant un souffle original et unique à chaque titre choisi. Évitant musicalement l'écueil des orchestrations "datées" en optant systématiquement pour des sonorités contemporaines, chaque chanson est synonyme d'une grande richesse et variété instrumentales. Le timbre de la voix est prenant et fait montre à chaque fois d'une émouvante et artistique sincérité.

On retrouve dans cet album une réelle intensité pour chaque interprétation, une profondeur dans la tessiture, dans les tonalités exprimées dont on sent qu'elles puisent tant dans l'âme créatrice des illustres auteurs que dans les recoins intimes, les chemins de vie personnelle de Marc Casa, pour y mettre, dans une manière discrète et maîtrisée, emplie de sincérité, un peu de sa propre histoire.

"Nous mettons en écho des chansons de Barbara et Brel qui ont abordé les mêmes thèmes mais de manières différentes. L'idée est juste d'utiliser leur matière, leur art, tout en gardant une distance, en s'affranchissant de ce qu'ils sont, de ce qu'ils représentent aujourd'hui dans la culture populaire, dans la culture en général… qui est énorme !"

Gil Chauveau
19/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• "Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles…

… face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
26/03/2024