La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Coin de l’œil

Young Adult : l’éternelle jeunesse est un naufrage - 06/04/2012

Il y a pire que refuser de vieillir : ne pas arriver à grandir. Si, dans "Juno", Jason Reitman filmait une adolescente très mature, dans "Young Adult", au contraire, il s’intéresse aux fantasmes, mi-eau de rose, mi-bourbon sec, d’une adulte qui rêve d’avoir toujours de l’acné. Grandir n’est pas forcément donné à tout le monde. Pour certains et pour certaines, qui veulent se persuader qu’on a tous...  

La Dame en Noir : brumes et mélancolie - 13/03/2012

Pour son premier rôle post-Harry Potter, Daniel Radcliffe enfile le costume très british d’un clerc de notaire dépressif aux prises avec un fantôme vengeur, dans un film qui renoue avec la tradition de l’épouvante gothique. Aux commandes, un jeune réalisateur qui puise son inspiration dans les leçons des grands anciens, sous la bannière de la Hammer ressuscitée. À chacun sa mode vintage. Tandis...  

L’exercice de l’État : rêver, peut-être… - 27/02/2012

À la veille d’une élection aussi cruciale que la présidentielle, "L’Exercice de l’État" n’est peut-être pas le film idéal à voir. Quoique… Peut-être, au contraire, l’est-il. Ne serait-ce que pour ne pas se bercer d’illusion sur les réelles intentions de l’élu(e) que l’on enverra sur le trône élyséen avec notre bulletin de vote, et sur les marges de manœuvres dont disposeront les pions qui...  

The Ward : l’asile à l’ancienne - 21/02/2012

Dire qu’il nous manquait relève de l’euphémisme. Depuis "Ghost of Mars", John Carpenter boudait les studios, pendant que ses fans se rongeaient les ongles en revoyant en boucle "La nuit des masques", "The Thing", "Vampires" ou "L’Antre de la folie". Achevé depuis deux ans, "The Ward" arrive enfin chez nous, directement en DVD - il faut dire qu’il n’est pas en 3D… Lors de la présentation en...  

La désintégration : l’appel du néant - 15/02/2012

Si "l’intégration", cette fameuse adhésion sociale au "modèle républicain" que nombre de politiques invoquent avec plus ou moins d’arrières pensées, est un long et chaotique processus, l’inverse, en revanche, peut aller très vite. Et être irréversible. C’est ce que montre "La désintégration", dont le titre doit impérativement s’entendre dans son double sens. Car quand Ali (Rashid Debbouze, frère...  

J. Edgar : le bureau des affaires obscures - 01/02/2012

Quand l’incarnation de l’inspecteur Harry se penche sur la vie de l’inventeur des "Incorruptibles", c’est bien plus qu’une histoire de flics qui nous est racontée. Clint Eastwood et John Edgar Hoover étaient évidemment faits pour se rencontrer. Au cinéma, en tout cas. Il est des films qui semblent n’avoir attendu qu’un réalisateur, et un seul, pour voir le jour. "J. Edgar" est de ceux-ci....  

Malveillance : La vie est un long fleuve pourri - 06/01/2012

Le psychopathe mis en scène par Jaume Balagueró n’est pas Hannibal Lecter. Il ne dévore pas ses victimes. Du moins pas au sens littéral du terme. Pour être exact, il se contente de les ronger de l’intérieur. À première vue, Cesar est un garçon parfait. Il se lève aux aurores, avec précaution pour ne pas déranger la jeune femme qui dort profondément à ses côtés, et, après s’être brossé...  

I’m Still Here : théâtre filmé... - 20/12/2011

Comment finir dans les égouts de la gloire du jour au lendemain quand on est une star de Hollywood ? Devant la caméra de Casey Affleck, Joaquin Phoenix paye de sa personne pour nous fournir le mode d’emploi détaillé. Et les deux complices de cette énorme mystification livrent par la même occasion un film-concept, qui prouve que théâtre et cinéma peuvent ne faire qu’un. On a beaucoup disserté,...  

L’Empire des Rastelli : Finance demi-écrémée - 16/12/2011

Vendre du lait et vendre du vent, ce n’est pas forcément le même métier. C’est ce que nous montre Andrea Molaioli, en s’attaquant à l’affaire Parmalat, énorme scandale transalpin - parmi d’autres - du début des années 2000. Une histoire italienne, mais 100 % mondialisée. C’est bien beau de produire du lait, encore faut-il réussir à en faire son beurre. C’est tout le problème d’Amanzio Rastelli,...  

Les Neiges du Kilimandjaro : la vieille garde ne se rend pas - 25/11/2011

Un film d’aujourd’hui, avec des héros d’hier, qui ne veulent pas rater demain. Voilà le programme de Robert Guédiguian, qui n’est pas candidat à la présidentielle mais qui n’en pense pas moins. Si le thème du voyage dans le temps est un classique récurent de la science-fiction, il est en revanche plus rarement utilisé dans le cinéma social. Attention, cela ne veut pas dire que Robert Guédiguian...  
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À Découvrir

"La Chute" Une adaptation réussie portée par un jeu d'une force organique hors du commun

Dans un bar à matelots d'Amsterdam, le Mexico-City, un homme interpelle un autre homme.
Une longue conversation s'initie entre eux. Jean-Baptiste Clamence, le narrateur, exerçant dans ce bar l'intriguant métier de juge-pénitent, fait lui-même les questions et les réponses face à son interlocuteur muet.

© Philippe Hanula.
Il commence alors à lever le voile sur son passé glorieux et sa vie d'avocat parisien. Une vie réussie et brillante, jusqu'au jour où il croise une jeune femme sur le pont Royal à Paris, et qu'elle se jette dans la Seine juste après son passage. Il ne fera rien pour tenter de la sauver. Dès lors, Clamence commence sa "chute" et finit par se remémorer les événements noirs de son passé.

Il en est ainsi à chaque fois que nous prévoyons d'assister à une adaptation d'une œuvre d'Albert Camus : un frémissement d'incertitude et la crainte bien tangible d'être déçue nous titillent systématiquement. Car nous portons l'auteur en question au pinacle, tout comme Jacques Galaud, l'enseignant-initiateur bien inspiré auprès du comédien auquel, il a proposé, un jour, cette adaptation.

Pas de raison particulière pour que, cette fois-ci, il en eût été autrement… D'autant plus qu'à nos yeux, ce roman de Camus recèle en lui bien des considérations qui nous sont propres depuis toujours : le moi, la conscience, le sens de la vie, l'absurdité de cette dernière, la solitude, la culpabilité. Entre autres.

Brigitte Corrigou
09/10/2024
Spectacle à la Une

"Dub" Unité et harmonie dans la différence !

La dernière création d'Amala Dianor nous plonge dans l'univers du Dub. Au travers de différents tableaux, le chorégraphe manie avec rythme et subtilité les multiples visages du 6ᵉ art dans lequel il bâtit un puzzle artistique où ce qui lie l'ensemble est une gestuelle en opposition de styles, à la fois virevoltante et hachée, qu'ondulante et courbe.

© Pierre Gondard.
En arrière-scène, dans une lumière un peu sombre, la scénographie laisse découvrir sept grands carrés vides disposés les uns sur les autres. Celui situé en bas et au centre dessine une entrée. L'ensemble représente ainsi une maison, grande demeure avec ses pièces vides.

Devant cette scénographie, onze danseurs investissent les planches à tour de rôle, chacun y apportant sa griffe, sa marque par le style de danse qu'il incarne, comme à l'image du Dub, genre musical issu du reggae jamaïcain dont l'origine est due à une erreur de gravure de disque de l'ingénieur du son Osbourne Ruddock, alias King Tubby, en mettant du reggae en version instrumentale. En 1967, en Jamaïque, le disc-jockey Rudy Redwood va le diffuser dans un dance floor. Le succès est immédiat.

L'apogée du Dub a eu lieu dans les années soixante-dix jusqu'au milieu des années quatre-vingt. Les codes ont changé depuis, le mariage d'une hétérogénéité de tendances musicales est, depuis de nombreuses années, devenu courant. Le Dub met en exergue le couple rythmique basse et batterie en lui incorporant des effets sonores. Awir Leon, situé côté jardin derrière sa table de mixage, est aux commandes.

Safidin Alouache
17/12/2024
Spectacle à la Une

"R.O.B.I.N." Un spectacle jeune public intelligent et porteur de sens

Le trio d'auteurs, Clémence Barbier, Paul Moulin, Maïa Sandoz, s'emparent du mythique Robin des Bois avec une totale liberté. L'histoire ne se situe plus dans un passé lointain fait de combats de flèches et d'épées, mais dans une réalité explicitement beaucoup plus proche de nous : une ville moderne, sécuritaire. Dans cette adaptation destinée au jeune public, Robin est un enfant vivant pauvrement avec sa mère et sa sœur dans une sorte de cité tenue d'une main de fer par un être sans scrupules, richissime et profiteur.

© DR.
C'est l'injustice sociale que les auteurs et la metteure en scène Maïa Sandoz veulent mettre au premier plan des thèmes abordés. Notre époque, qui veut que les riches soient de plus en plus riches et les pauvres de plus pauvres, sert de caisse de résonance extrêmement puissante à cette intention. Rien n'étonne, en fait, lorsque la mère de Robin et de sa sœur, Christabelle, est jetée en prison pour avoir volé un peu de nourriture dans un supermarché pour nourrir ses enfants suite à la perte de son emploi et la disparition du père. Une histoire presque banale dans notre monde, mais un acte que le bon sens répugne à condamner, tandis que les lois économiques et politiques condamnent sans aucune conscience.

Le spectacle s'adresse au sens inné de la justice que portent en eux les enfants pour, en partant de cette situation aux allures tristement documentaires et réalistes, les emporter vers une fiction porteuse d'espoir, de rires et de rêves. Les enfants Robin et Christabelle échappent aux services sociaux d'aide à l'enfance pour s'introduire dans la forêt interdite et commencer une vie affranchie des règles injustes de la cité et de leur maître, quitte à risquer les foudres de la justice.

Bruno Fougniès
13/12/2024