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Festivals

Charleville-Mézières... Du pain et des marionnettes

20/09 au 29/09/2013, Festival Mondial des Théâtres de Marionnettes, Charleville-Mézières, Ardennes

Du théâtre de papier au grand spectacle, la biennale des marionnettes de Charleville-Mézières fait s’entrechoquer tous les modes, tous les genres, toutes les scènes. L’abondance de spectacles est telle que le spectateur festivalier est invité à chiner, faire son chemin singulier dans les allées d’un art marionnettique en pleine effervescence.



"Les mains de Camille ou le Temps de l'oubli" par Les Anges au Plafond © Vincent Muteau.
"Les mains de Camille ou le Temps de l'oubli" par Les Anges au Plafond © Vincent Muteau.
Encadrée par les grands précurseurs du vingtième siècle (en introduction par le Bread and Puppet et en final par Philippe Genty), le festival mondial permettra de voir les dernières créations de Barbara Mélois, Agnès Limbos, Denis Chabroullet, Cyril Bourgois, Collectif label brut, Camille Trouvé… et tous les autres venant de tous les pays tant la marionnette est universelle.

Il y a les recherches esthétiques et plastiques contemporaines. C’est ainsi que Bérangère Vantusso, artiste invité, s’empare de Jon Fosse et de Maeterlinck ; et présente des marionnettes au format surréel. Les comédiens sont "manipulateurs" et manipulés. Les expositions déambulation de Roland Shön ou de François Lazaro, accompagné de son complice Francis Marshall, conduisent dans un monde d’objets absurdiste.

"Forget Me Not/Ne M'oublie Pas", Cie Philippe Genty © Pascal François.
"Forget Me Not/Ne M'oublie Pas", Cie Philippe Genty © Pascal François.
Il y a les marionnettes traditionnelles d’Iran ou de Chine. Et aussi, en fil conducteur grand public et gratuit, un tournoi opposant Polichinelle venu de Naples à tous ses avatars de tous horizons. Perpétuellement colériques téméraires (insatiables de défis), ils argumenteront, joueront, interpelleront le public : de bien beaux duels en perspectives de traîtrises et de réconciliations et, ce, dans l’enceinte baroque de la place ducale…

Présenté sur scène, l’objet manipulé se révèle porteur d’une charge affective que ce soit dans la joie ou la peur. Dans un rapport étrange et familier, le vouloir croire du public s’accroit au fur et à mesure de la représentation. C’est que le spectacle marionnettique, porté par les objets manipulés, explore des dimensions fantastiques que le monde du théâtre ou du cinéma ont bien du mal à reproduire. Le lien avec les artistes résulte d'une très forte connivence et l’effet est thérapique, le rire salvateur…

Ce que rappelle fort opportunément, en marge du festival, le colloque marionnette et thérapie qui cette année s’empare d’une citation de Claudel pour mieux interroger nos consciences : "La marionnette n’est pas un acteur qui parle, c’est une parole qui agit…"

"Mooooooooooonstres", Label Brut © Sylvain Sechet.
"Mooooooooooonstres", Label Brut © Sylvain Sechet.
Du 20 au 29 septembre 2013.
Festival Mondial des Théâtres de Marionnettes
25 rue du Petit-Bois, Charleville-Mézières (08), 03 24 59 94 94.
>> festival-marionnette.com

"Eden Palace", Théâtre de la Mezzanine © Cécile Maquet.
"Eden Palace", Théâtre de la Mezzanine © Cécile Maquet.

"Sindbad", Cie Darvak © DR.
"Sindbad", Cie Darvak © DR.

Jean Grapin
Mardi 17 Septembre 2013

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•Off 2024• "Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
14/06/2024
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•Off 2024• Lou Casa "Barbara & Brel" À nouveau un souffle singulier et virtuose passe sur l'œuvre de Barbara et de Brel

Ils sont peu nombreux ceux qui ont une réelle vision d'interprétation d'œuvres d'artistes "monuments" tels Brel, Barbara, Brassens, Piaf et bien d'autres. Lou Casa fait partie de ces rares virtuoses qui arrivent à imprimer leur signature sans effacer le filigrane du monstre sacré interprété. Après une relecture lumineuse en 2016 de quelques chansons de Barbara, voici le profond et solaire "Barbara & Brel".

© Betül Balkan.
Comme dans son précédent opus "À ce jour" (consacré à Barbara), Marc Casa est habité par ses choix, donnant un souffle original et unique à chaque titre choisi. Évitant musicalement l'écueil des orchestrations "datées" en optant systématiquement pour des sonorités contemporaines, chaque chanson est synonyme d'une grande richesse et variété instrumentales. Le timbre de la voix est prenant et fait montre à chaque fois d'une émouvante et artistique sincérité.

On retrouve dans cet album une réelle intensité pour chaque interprétation, une profondeur dans la tessiture, dans les tonalités exprimées dont on sent qu'elles puisent tant dans l'âme créatrice des illustres auteurs que dans les recoins intimes, les chemins de vie personnelle de Marc Casa, pour y mettre, dans une manière discrète et maîtrisée, emplie de sincérité, un peu de sa propre histoire.

"Nous mettons en écho des chansons de Barbara et Brel qui ont abordé les mêmes thèmes mais de manières différentes. L'idée est juste d'utiliser leur matière, leur art, tout en gardant une distance, en s'affranchissant de ce qu'ils sont, de ce qu'ils représentent aujourd'hui dans la culture populaire, dans la culture en général… qui est énorme !"

Gil Chauveau
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•Off 2024• "Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles…

… face aux normalisations sociétales et idéologiques

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© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

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Gil Chauveau
26/03/2024