La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Avignon 2017

•Avignon Off 2017• La Cie le Vélo Volé fait sonner une critique acerbe de la comédie de Molière… mais en respecte l'esprit et l'humour - 18/07/2017

En habits contemporains, certes, mais dans un code de jeu à l'opposé du réalisme que ce choix entraîne habituellement, "Tartuffe", la pièce corrosive de Molière, nous parvient dans une virginité nouvelle. Le texte, les personnages et les idées qui s'y développent atterrissent sans filtre dans nos esprits : soyons clair, le Tartuffe, tel qu'il est montré dans cette mise en scène, est un être...  

•Avignon Off 2017• Un double plaidoyer à l'intensité rare : étude sensible de l'émancipation pour le premier et magnifique poème pour la paix pour le second - 16/07/2017

Ce sont deux parties distinctes qui composent ce spectacle : "Assez" de Samuel Beckett et "Stabat Mater Furiosa" de Jean-Pierre Siméon. Deux styles d'écritures aussi très dissemblables, reconnaissables aussi. Et deux femmes, à travers les mots de deux auteurs contemporains différents, pour proposer ces chemins poétiques inédits. Premier temps, le texte de Samuel Beckett incarné par Clémence Longy...  

•Avignon Off 2017• "Revue rouge", si actuel, si nécessaire… - 14/07/2017

Une Norah Krief dynamitée. Un David Lescot protéiforme et politique, celui-là même qui joue autant avec l’instrument, le théâtre et la chanson. Le tout mis en scène par Éric Lascarade… C’est "Revue rouge" dans le Off d’Avignon, actuel, nécessaire et si ardent ! Norah Krief est connue pour sa voix chaude et profonde. Ceux qui l'ont entendue aux côtés d'Isabelle Huppert dans "Phèdre(s)" ont pu...  

•Avignon Off 2017• "Le chien, la nuit et le couteau", déconcertant et absolument remarquable ! - 13/07/2017

Plongée hallucinante dans les méandres d’une conscience en lutte avec son inconscient. Louis Arène (ancien pensionnaire de la Comédie-Française) signe, avec sa compagnie le Munstrum Théâtre, une mise en scène exigeante, tenue par une direction d’acteurs taillée au couteau. On connaissait Louis Arène sur les planches du Français, mais un peu moins en tant que metteur en scène, scénographe,...  

•Avignon Off 2017• "Le Courage de la mère" Une petite polyphonie concertante laissant entendre la voix de l’intime - 09/07/2017

Il est un vieil adage selon lequel la réalité dépasse la fiction. Et quelquefois cette réalité est tellement puissante qu’elle peut même défier l’entendement. Et, dans un retournement ironique, tout récit se heurtant à l’indicible et au vraisemblable prend des allures d'imaginaire. Des faits incontestables peuvent en effet par leur ampleur entraîner des réflexes de dénégation. Qu'il faut savoir...  

•Avignon Off 2017• "À 90 degrés"… drôle souvent, émouvant toujours - 06/07/2017

Dans "À 90 degrés" de Frédérique Keddari-Devisme, Elisabeth Mazev porte à un haut degré l'Art du théâtre. De cet art qui porte la parole de ceux qui n'en ont pas ou plus. De cet art qui, dans sa lucidité à dire, laisse entrevoir le jeu qui relie le sujet, l'objet et le spectateur. Ce jeu qui permet de voir en toute lumière la beauté qui sans lui disparaitrait. Ce jeu qui permet d'entendre ces...  

•Avignon Off 2017• "La vie trépidante de Laura Wilson" pointe les cruautés de la société tout en délivrant un message d'optimisme - 05/07/2017

Ils sont quatre à filer le récit de "La vie trépidante de Laura Wilson" de Jean-Marie Piemme. Quatre comédiens qui, de manière décidée, avec l'aisance d'un véritable quatuor, fondent et enchaînent les scènes de genre et les images d'une super héros tueuse de séries filmiques tout en montrant la trame qui raconte l'histoire (en français moderne "story telling"). "La vie trépidante de Laura Wilson"...  

•Avignon Off 2017• Un concentré civique auquel les événements récents donnent une saveur certaine - 28/06/2017

En route vers le pouvoir ! "Quand je serai grand j'aurai voté" de Boris Le Roy montre des enfants qui, à la rentrée des classes, sont candidats à l'élection des délégués. Élection. Mot magique. Que le professeur des écoles, "l'instit", organise avec une lucide réticence. C'est que la campagne électorale vire vite. De l'émulation à la compétition, puis à l'affrontement. L'un surnommé "Cachot" est...  

•Avignon Off 2017• Entre Occident et Moyen-Orient… Un voyage initiatique lumineux - 27/06/2017

Lumineux et qui éclaire sur les béances creusées au ventre de la jeunesse d’aujourd’hui. Elle, la jeunesse, convulsivement happée par l’esprit de profit, de profiter et de faire proliférer ses désirs, ses possessions matérielles et ses pouvoirs, bonheur exclusif tant vanté par le libéralisme mondial, une jeunesse qui se retrouve soudain en manque de spiritualité, de transmission, de socle. Wajdi...  

•Avignon Off 2017• "Les Fourberies de Scapin"… En un élan créatif et impertinent, une version chaleureuse et revigorante - 15/06/2017

Jeunesse amoureuse, frondeuse et insoumise. Amour acté et signé sans consentement de leurs géniteurs et, en secours rusé mais généreux, l'homme Scapin au pedigree de valet futé donne la cadence de la danse. Dans un pur esprit de troupe, Emmanuel Besnault et une ribambelle de comédiens musiciens chanteurs nous prouvent, avec impétuosité et fraîcheur, l'intemporalité du texte de Molière. Le...  
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À Découvrir

•Off 2024• "Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
14/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• Lou Casa "Barbara & Brel" À nouveau un souffle singulier et virtuose passe sur l'œuvre de Barbara et de Brel

Ils sont peu nombreux ceux qui ont une réelle vision d'interprétation d'œuvres d'artistes "monuments" tels Brel, Barbara, Brassens, Piaf et bien d'autres. Lou Casa fait partie de ces rares virtuoses qui arrivent à imprimer leur signature sans effacer le filigrane du monstre sacré interprété. Après une relecture lumineuse en 2016 de quelques chansons de Barbara, voici le profond et solaire "Barbara & Brel".

© Betül Balkan.
Comme dans son précédent opus "À ce jour" (consacré à Barbara), Marc Casa est habité par ses choix, donnant un souffle original et unique à chaque titre choisi. Évitant musicalement l'écueil des orchestrations "datées" en optant systématiquement pour des sonorités contemporaines, chaque chanson est synonyme d'une grande richesse et variété instrumentales. Le timbre de la voix est prenant et fait montre à chaque fois d'une émouvante et artistique sincérité.

On retrouve dans cet album une réelle intensité pour chaque interprétation, une profondeur dans la tessiture, dans les tonalités exprimées dont on sent qu'elles puisent tant dans l'âme créatrice des illustres auteurs que dans les recoins intimes, les chemins de vie personnelle de Marc Casa, pour y mettre, dans une manière discrète et maîtrisée, emplie de sincérité, un peu de sa propre histoire.

"Nous mettons en écho des chansons de Barbara et Brel qui ont abordé les mêmes thèmes mais de manières différentes. L'idée est juste d'utiliser leur matière, leur art, tout en gardant une distance, en s'affranchissant de ce qu'ils sont, de ce qu'ils représentent aujourd'hui dans la culture populaire, dans la culture en général… qui est énorme !"

Gil Chauveau
19/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• "Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles…

… face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
26/03/2024