Implantée en pays de Saintonge au XIIe siècle, l'Abbaye aux Dames fut le premier monastère de femmes dans cette belle région du Poitou-Charentes. Avec son abbatiale de style roman et ses bâtiments conventuels classiques, ce monument élégant non loin des bords de la Charente offre depuis quatre décades son cadre exceptionnel au Festival de Saintes. Mais la Cité musicale est aussi un lieu de formation pour de jeunes artistes recrutés, depuis vingt ans, au sein du Jeune Orchestre de l'Abbaye jouant sur instruments anciens, dirigé chaque année en juillet par les meilleurs chefs.
Parmi tant de rendez-vous et de répertoires variés (la programmation du festival s'est depuis longtemps diversifiée), les deux dernières journées du festival ont offert un feu d'artifice musical inoubliable. Grâce en soit rendue au directeur artistique de la manifestation depuis 2002, Stephan Maciejewski, ancien des Arts Florissants et de la Chapelle Royale.
La soirée du 21 juillet a proposé d'abord deux des symphonies parisiennes de Joseph Haydn interprétées par le Jeune Orchestre de l'Abbaye, dirigé pour la première fois avec une jeunesse contagieuse par William Christie. La n°85 ("La Reine") et la n°82 ("L'Ours") ont retrouvé sous la baguette du chef anglais pétillant, vigueur et humour. Deux airs de Mozart donnés par la soprano Emmanuelle de Negri en ont constitué l'ornement radieux et enchanteur.
Parmi tant de rendez-vous et de répertoires variés (la programmation du festival s'est depuis longtemps diversifiée), les deux dernières journées du festival ont offert un feu d'artifice musical inoubliable. Grâce en soit rendue au directeur artistique de la manifestation depuis 2002, Stephan Maciejewski, ancien des Arts Florissants et de la Chapelle Royale.
La soirée du 21 juillet a proposé d'abord deux des symphonies parisiennes de Joseph Haydn interprétées par le Jeune Orchestre de l'Abbaye, dirigé pour la première fois avec une jeunesse contagieuse par William Christie. La n°85 ("La Reine") et la n°82 ("L'Ours") ont retrouvé sous la baguette du chef anglais pétillant, vigueur et humour. Deux airs de Mozart donnés par la soprano Emmanuelle de Negri en ont constitué l'ornement radieux et enchanteur.
La soirée s'est poursuivie à 22 heures par un concert qui sera redonné en octobre au Festival de Royaumont, "L'Orgue du Sultan" (1). L'ensemble L'Achéron dirigé par François Joubert-Caillet a eu l'excellente idée d'inviter l'ensemble Sultan Veled pour raconter en musique le voyage fait au tournant des XVe et XVIe siècles par Thomas Dallam à destination de la Sublime Porte. Chargé de convoyer un orgue semi-mécanique offert par la reine Elisabeth I au sultan Mehmet III entre Londres et Constantinople, le facteur d'orgues anglais a découvert avec enthousiasme l'Orient et sa culture avec une ouverture d'esprit peu commune.
Chacune des formations incarne ainsi la rencontre féconde entre l'Occident renaissant (avec des airs d'Anthony Holborne, John Dowland, Alfonso Ferrabosco) et l'Empire ottoman (avec ses airs traditionnels), un mariage magique entre les instruments de la cour anglaise (violon, flûte, hautbois, clavecin, orgue) et ceux de la cour du sultan (qanun, oud, tombak, bendir, entre autres), entre polyphonie et mélisme monodique, modes occidentaux et makams.
Un mariage que vérifie la cohésion des artistes très complices sur scène. La superbe soprano Amel Brahim-Djelloul, incarnation de la Muse, triomphe avec art en incarnant idéalement cette rencontre. Elle passe sans aucune peine les deux rives du chant tant européen qu'ottoman. Un voyage passionnant, voire extatique pour l'auditeur tant cette soirée transporte. On ne peut que trouver géniale cette proposition dans notre contexte d'intolérance et de peur de l'autre.
Chacune des formations incarne ainsi la rencontre féconde entre l'Occident renaissant (avec des airs d'Anthony Holborne, John Dowland, Alfonso Ferrabosco) et l'Empire ottoman (avec ses airs traditionnels), un mariage magique entre les instruments de la cour anglaise (violon, flûte, hautbois, clavecin, orgue) et ceux de la cour du sultan (qanun, oud, tombak, bendir, entre autres), entre polyphonie et mélisme monodique, modes occidentaux et makams.
Un mariage que vérifie la cohésion des artistes très complices sur scène. La superbe soprano Amel Brahim-Djelloul, incarnation de la Muse, triomphe avec art en incarnant idéalement cette rencontre. Elle passe sans aucune peine les deux rives du chant tant européen qu'ottoman. Un voyage passionnant, voire extatique pour l'auditeur tant cette soirée transporte. On ne peut que trouver géniale cette proposition dans notre contexte d'intolérance et de peur de l'autre.
Pour clore la fête le compagnon des premiers jours du festival, Philippe Herreweghe, a dirigé l'Orchestre des Champs-Élysées, son vieux complice dans un programme résolument germanique (2), accompagné d'un autre de ses fidèles, le baryton Dietrich Henschel. Six des Mörike-Lieder composés en 1888 par Hugo Wolf ont précédé les quatre Lieder eines fahrenden Gesellen ("Chants d'un Compagnon errant") écrits dès 1880 par Gustav Mahler - son condisciple au Conservatoire de Vienne. Avec son sens du mot, son élégance, son lyrisme fiévreux et son incarnation transcendante, le baryton allemand a bouleversé le public qui l'a acclamé à juste titre.
L'orchestre a aussi emporté tous les suffrages avec la première symphonie en ut mineur de Johannes Brahms. Terminée au terme de trente ans de réflexion (entre 1850 et 1876), Brahms y rend hommage au génie de Beethoven et invente sa propre formule en remplaçant le scherzo attendu par un troisième mouvement "un poco Allegretto e gracioso".
Le romantisme y joue pourtant déjà à plein avec un premier mouvement plein d'inquiétude et son deuxième "Andante sostenuto" à l'orchestration savante. Le mouvement final, citant l'Ode à la joie de la neuvième de Beethoven, court son train - de l'angoisse au triomphe glorieux. L'interprétation donnée ce soir-là est tout simplement admirable.
L'orchestre a aussi emporté tous les suffrages avec la première symphonie en ut mineur de Johannes Brahms. Terminée au terme de trente ans de réflexion (entre 1850 et 1876), Brahms y rend hommage au génie de Beethoven et invente sa propre formule en remplaçant le scherzo attendu par un troisième mouvement "un poco Allegretto e gracioso".
Le romantisme y joue pourtant déjà à plein avec un premier mouvement plein d'inquiétude et son deuxième "Andante sostenuto" à l'orchestration savante. Le mouvement final, citant l'Ode à la joie de la neuvième de Beethoven, court son train - de l'angoisse au triomphe glorieux. L'interprétation donnée ce soir-là est tout simplement admirable.
Exigence, qualité et convivialité sont décidément les maîtres mots du festival. On comprend dès lors que le public lui soit attaché depuis plus de quarante ans.
(1) "L'Orgue du Sultan", concert le 8 octobre 2017 à 15h au Festival de Royaumont (95).
(2) Ce concert sera redonné le 9 octobre 2017 à 20h30 au Théâtre des Champs-Élysées (75).
Festival de Saintes.
S'est déroulé du 14 au 22 juillet 2017.
Abbaye aux Dames, la Cité Musicale.
>> abbayeauxdames.org
Siestes sonores sous les étoiles.
Du 1er août au 29 août 2017 inclus.
Mardi de 17 h à 20 h.
Dans les jardins de l’abbaye.
Équipé d’un casque, confortablement installé dans un transat, des concerts inédits enregistrés en son binaural dans l’abbatiale pendant le Festival de Saintes.
Au choix :
L.v. Beethoven - La Symphonie Pastorale n°6.
G. Onslow - "L’ouverture et la cantate de Caïn maudit, ou la mort d’Abel". C. Monteverdi - "Les Vêpres pour la bienheureuse Vierge".
Durée : entre 1 h et 1 h 30.
(1) "L'Orgue du Sultan", concert le 8 octobre 2017 à 15h au Festival de Royaumont (95).
(2) Ce concert sera redonné le 9 octobre 2017 à 20h30 au Théâtre des Champs-Élysées (75).
Festival de Saintes.
S'est déroulé du 14 au 22 juillet 2017.
Abbaye aux Dames, la Cité Musicale.
>> abbayeauxdames.org
Siestes sonores sous les étoiles.
Du 1er août au 29 août 2017 inclus.
Mardi de 17 h à 20 h.
Dans les jardins de l’abbaye.
Équipé d’un casque, confortablement installé dans un transat, des concerts inédits enregistrés en son binaural dans l’abbatiale pendant le Festival de Saintes.
Au choix :
L.v. Beethoven - La Symphonie Pastorale n°6.
G. Onslow - "L’ouverture et la cantate de Caïn maudit, ou la mort d’Abel". C. Monteverdi - "Les Vêpres pour la bienheureuse Vierge".
Durée : entre 1 h et 1 h 30.