Au cœur du département de l'Ain, au pied des contreforts du Bugey, le vieux village d'Ambronay possède l'une des plus jolies abbayes bénédictines depuis sa fondation par un chevalier de Charlemagne au XIe siècle. Avec son abbatiale pittoresque, le lieu est un écrin de choix pour le Centre culturel de rencontre d'Ambronay, avec sa résidence d'artistes et ses autres activités comme son Académie, un label discographique (qui fête ses dix ans) et un festival d'automne réputé dans toute l'Europe.
La 36e édition s'est ouverte avec un récital Haendel donné par le contre-ténor Franco Fagioli, donnant le ton à ce cru 2015 placé sous la double conjonction cosmogonique des "Mythes et Mystères" du monde baroque. Tout au long des quatre week-ends (allongés) du festival, les grandes figures mythologiques tels Orphée, le Roi Arthur ou encore Hercule sont à l'honneur dans la programmation à destination du public - y compris des jeunes.
En ce deuxième temps du festival d'Ambronay, les 19 et 20 septembre, où les visiteurs des journées du patrimoine se confondaient avec les mélomanes avertis ou occasionnels, quelques beaux moments de musique furent l'occasion de rendre grâce aux Olympiens et à leurs aèdes. Après deux ans de résidence dans ce même lieu, l'ensemble Seconda Pratica offraient avec leurs Polyphonies ibériques un beau voyage dans le répertoire des cancioneros des XVe au XVIIe siècles.
La 36e édition s'est ouverte avec un récital Haendel donné par le contre-ténor Franco Fagioli, donnant le ton à ce cru 2015 placé sous la double conjonction cosmogonique des "Mythes et Mystères" du monde baroque. Tout au long des quatre week-ends (allongés) du festival, les grandes figures mythologiques tels Orphée, le Roi Arthur ou encore Hercule sont à l'honneur dans la programmation à destination du public - y compris des jeunes.
En ce deuxième temps du festival d'Ambronay, les 19 et 20 septembre, où les visiteurs des journées du patrimoine se confondaient avec les mélomanes avertis ou occasionnels, quelques beaux moments de musique furent l'occasion de rendre grâce aux Olympiens et à leurs aèdes. Après deux ans de résidence dans ce même lieu, l'ensemble Seconda Pratica offraient avec leurs Polyphonies ibériques un beau voyage dans le répertoire des cancioneros des XVe au XVIIe siècles.
L'ensemble La Fenice et les solistes et chœur de Vox Luminis donnaient une version concentrée et enlevée du semi-opéra de Purcell, "King Arthur" (1). Loin du drame terrible qu'a popularisé Ariane Mnouchkine dans son film sur Molière avec un Air du Froid funèbre (devenu un hit mondial peu de temps après grâce à Klaus Nomi), les artistes emmenés par Jean Tubéry rendaient à l'œuvre sa clarté ludique et burlesque, son caractère d'aimable divertissement tout à la gloire du pays des Angles. Avec un ensemble léger réduit à un quatuor à cordes, les bois et deux trompettes, et grâce au talent des baryton et basse Victor Sicard et Lionel Meunier, la soirée débutait de façon guillerette.
Le concert de la nuit fut l'occasion de retrouver le talentueux ensemble Les Surprises, fondé par Juliette Guignard (à la viole de gambe) et Louis-Noël de Camboulas (clavecin et orgue), avec leurs complices, dans de très belles "Mysterien Kantaten" (2) du XVIIe siècle. Dans l'intimité du chœur de l'abbatiale, le baryton Étienne Bazola faisait revivre le "De Profundis Clamavi" de Nicolaus Bruhns, avec une vraie distinction et son habituelle sensibilité pour cette méditation tirée du Psaume 130. Le choc de la soirée fut la découverte de la jeune soprano Maïlys de Villoutreys à la ligne de chant idéale et au timbre cristallin, stupéfiante de grâce et d'expressivité dans le répertoire vocal de Dietrich Buxtehude.
Le concert de la nuit fut l'occasion de retrouver le talentueux ensemble Les Surprises, fondé par Juliette Guignard (à la viole de gambe) et Louis-Noël de Camboulas (clavecin et orgue), avec leurs complices, dans de très belles "Mysterien Kantaten" (2) du XVIIe siècle. Dans l'intimité du chœur de l'abbatiale, le baryton Étienne Bazola faisait revivre le "De Profundis Clamavi" de Nicolaus Bruhns, avec une vraie distinction et son habituelle sensibilité pour cette méditation tirée du Psaume 130. Le choc de la soirée fut la découverte de la jeune soprano Maïlys de Villoutreys à la ligne de chant idéale et au timbre cristallin, stupéfiante de grâce et d'expressivité dans le répertoire vocal de Dietrich Buxtehude.
C'est donc avec une joie immense que le public put l'entendre à nouveau le lendemain, avec le si bien nommé Banquet Céleste du contre-ténor Damien Guillon, dans quatre des cantates de Bach composées entre Weimar et Leipzig (3). Son timbre assurément céleste se mariait alors à la perfection à l'irrésistible voix du fondateur de l'ensemble. Dénuée des afféteries pénibles à l'oreille de certains de ses confrères, la voix de Damien Guillon rappelait qu'on n'avait pas entendu pareille splendeur depuis Andreas Scholl. À noter aussi l'extraordinaire performance du violoniste Baptiste Lopez.
Pour autant, le Festival d'Ambronay continue et promet encore de belles heures d'émotion avec, entre autres, une "Passion selon Saint-Marc" de Bach reconstituée par Itay Jedlin, une Messe à quarante voix de Striggio rappelée à la vie par Hervé Niquet et son Concert Spirituel, mais aussi Jordi Savall ou les Arts Florissants. Si vous avez raté le concert "Aashenayi" par le Canticum Novum d'Emmanuel Bardon, faisant dialoguer Orient et Occident (avec des musiques ottomane, persane, arménienne, européenne, le 23 septembre), précipitez-vous sur leur CD enregistré justement sous le label Ambronay. Cette belle rencontre musicale (ou "aashenayi" en persan) entre des musiciens traditionnels et baroques est une des plus intéressantes parutions discographiques du printemps.
Pour autant, le Festival d'Ambronay continue et promet encore de belles heures d'émotion avec, entre autres, une "Passion selon Saint-Marc" de Bach reconstituée par Itay Jedlin, une Messe à quarante voix de Striggio rappelée à la vie par Hervé Niquet et son Concert Spirituel, mais aussi Jordi Savall ou les Arts Florissants. Si vous avez raté le concert "Aashenayi" par le Canticum Novum d'Emmanuel Bardon, faisant dialoguer Orient et Occident (avec des musiques ottomane, persane, arménienne, européenne, le 23 septembre), précipitez-vous sur leur CD enregistré justement sous le label Ambronay. Cette belle rencontre musicale (ou "aashenayi" en persan) entre des musiciens traditionnels et baroques est une des plus intéressantes parutions discographiques du printemps.
(1) Concert diffusé le 20 octobre à 19h sur France Musique.
(2) Concert diffusé le 15 octobre à 14h sur France Musique.
(3) Concert diffusé le 16 octobre à 14h sur France Musique.
Du 11 septembre au 4 octobre 2015.
Festival d'Ambronay, 04 74 38 74 00.
Centre culturel de rencontre d'Ambronay.
Place de l'Abbaye, Ambronay (01).
>> ambronay.org
● "Aashenayi - Rencontre musicale en terre ottomane".
Canticum Novum - Emmanuel Bardon, direction.
Label : Ambronay Editions.
Distribution : harmonia mundi.
Sortie : 21 avril 2015.
(2) Concert diffusé le 15 octobre à 14h sur France Musique.
(3) Concert diffusé le 16 octobre à 14h sur France Musique.
Du 11 septembre au 4 octobre 2015.
Festival d'Ambronay, 04 74 38 74 00.
Centre culturel de rencontre d'Ambronay.
Place de l'Abbaye, Ambronay (01).
>> ambronay.org
● "Aashenayi - Rencontre musicale en terre ottomane".
Canticum Novum - Emmanuel Bardon, direction.
Label : Ambronay Editions.
Distribution : harmonia mundi.
Sortie : 21 avril 2015.