"Tristan und Isolde", l'opéra créé à Munich en 1865 (mais terminé depuis 1859), fait l'objet d'un culte bien connu et, bonheur insigne, pas moins de trois maisons françaises le programment cette saison. Après le Théâtre du Capitole à Toulouse en janvier et avant l'Opéra de Bordeaux la semaine prochaine, c'est l'Opéra national du Rhin qui attire tous les adeptes de cette secte très spéciale - celle des adorateurs de la Nuit, exaltée par ce "drame musical" en trois actes.
Poème d'amour et de mort d'une richesse symphonique inouïe, vrai philtre sonore aux propriétés stupéfiantes (distillé par la mélodie continue et entre autres par le tissage des leitmotive du Désir, de la Mort, du Philtre - le fameux "grundthema" wagnérien) : on s'y rend comme à la messe - mieux comme dans une fumerie d'opium.
Plus long duo d'amour de l'histoire de l'opéra, sans action ou presque, le chanter, le diriger et le mettre en scène se révèlent une dangereuse épreuve où beaucoup n'osent se risquer. Nous saluerons donc la vaillance des impétrants qui affrontent cette redoutable gageure.
Poème d'amour et de mort d'une richesse symphonique inouïe, vrai philtre sonore aux propriétés stupéfiantes (distillé par la mélodie continue et entre autres par le tissage des leitmotive du Désir, de la Mort, du Philtre - le fameux "grundthema" wagnérien) : on s'y rend comme à la messe - mieux comme dans une fumerie d'opium.
Plus long duo d'amour de l'histoire de l'opéra, sans action ou presque, le chanter, le diriger et le mettre en scène se révèlent une dangereuse épreuve où beaucoup n'osent se risquer. Nous saluerons donc la vaillance des impétrants qui affrontent cette redoutable gageure.
À commencer par ce qui a déplu dans cette nouvelle production, signalons le parti pris du directeur musical Axel Kober dont les tempi exagérément alanguis ôtent presque toute tension dramatique et vénéneuse à cette sublime partition et nous retiennent plus de quatre heures - sans compter les entractes (à comparer avec la célèbre version de référence de 1966 avec Karl Böhm à la baguette qui courait la poste en trois heures quarante !). Oublions le flou qui brouille parfois l'homogénéité des différents plans sonores et des pupitres inégaux. Même le célèbre accord final en si majeur, accord parfait toujours retardé toujours désiré, se noie ultimement. Ô déception.
La mise en scène d'Anthony McDonald (décorateur et costumier aussi) déçoit également. Un affreux paquebot décati au premier acte, une chambre bourgeoise défraîchie au second, une chambre de sanatorium hideuse au troisième - sans parler des lumières affreuses -, tout rappelle les pires heures du Regie Theater (une sorte de sous Marthaler), tout contribue à faire de la Princesse irlandaise, du Preux Tristan et du Roi Marke des personnages bourgeois, triviaux, sans charisme. Affirmant s'être inspiré d'un film de Neil Jordan ("La Fin d'une liaison" d'après Graham Greene) et d'Ibsen, McDonald rate son "Tristan" en voulant le "rendre accessible" et le désacraliser (oublions aussi cette bataille grotesque de choux entre marins à l'acte I…).
La mise en scène d'Anthony McDonald (décorateur et costumier aussi) déçoit également. Un affreux paquebot décati au premier acte, une chambre bourgeoise défraîchie au second, une chambre de sanatorium hideuse au troisième - sans parler des lumières affreuses -, tout rappelle les pires heures du Regie Theater (une sorte de sous Marthaler), tout contribue à faire de la Princesse irlandaise, du Preux Tristan et du Roi Marke des personnages bourgeois, triviaux, sans charisme. Affirmant s'être inspiré d'un film de Neil Jordan ("La Fin d'une liaison" d'après Graham Greene) et d'Ibsen, McDonald rate son "Tristan" en voulant le "rendre accessible" et le désacraliser (oublions aussi cette bataille grotesque de choux entre marins à l'acte I…).
Reste une distribution vocale de grande qualité. La soprano allemande Melanie Diener dotée d'une vraie belle voix (aux sonorités puissantes dans le registre central mais avec des aigus parfois peu assurés) est une Isolde convaincante. Le ténor Ian Storey ne parvient qu'à la fin de l'acte I à habiter en heldentenor son personnage - une fois le philtre bu ! - mais ensuite son jeu et son chant nous touchent infiniment : modelé de la phrase, expression, plasticité, morbidezza, il est Tristan. Outre le Roi Marke d'Attila Jun impressionnant, le coup de foudre de la soirée est réservé au baryton-basse Raimund Nolte - de retour à l'Opéra du Rhin comme Melanie Diener. Un magnifique et robuste chanteur au timbre clair qui donne âme et noblesse au fidèle Kurwenal. Remercions-les : ils nous ont emmenés bien loin aux confins de la Nuit.
Du 18 mars au 2 avril 2015.
Mercredi 18 mars, samedi 21 mars, mardi 24 mars, lundi 30 mars et jeudi 2 avril à 18 h 30.
Opéra national du Rhin, 0 825 84 14 84.
19, Place du Petit Broglie, Strasbourg (67).
Du 18 mars au 2 avril 2015.
Mercredi 18 mars, samedi 21 mars, mardi 24 mars, lundi 30 mars et jeudi 2 avril à 18 h 30.
Opéra national du Rhin, 0 825 84 14 84.
19, Place du Petit Broglie, Strasbourg (67).
>> operanationaldurhin.eu
Production reprise à La Filature de Mulhouse :
Vendredi 17 avril 2015 à 18 h 30.
Dimanche 19 avril 2015 à 15 h.
"Tristan und Isolde" (1865).
Musique et livret : Richard Wagner.
En allemand surtitré français.
Durée : 5 h (avec entractes).
Axel Kober, direction musicale.
Antony McDonald, mise en scène, décors et costumes.
Mimi Jordan Sherin, lumières.
Helen Cooper, dramaturgie.
Production reprise à La Filature de Mulhouse :
Vendredi 17 avril 2015 à 18 h 30.
Dimanche 19 avril 2015 à 15 h.
"Tristan und Isolde" (1865).
Musique et livret : Richard Wagner.
En allemand surtitré français.
Durée : 5 h (avec entractes).
Axel Kober, direction musicale.
Antony McDonald, mise en scène, décors et costumes.
Mimi Jordan Sherin, lumières.
Helen Cooper, dramaturgie.
Ian Storey, Tristan.
Melanie Diener, Isolde.
Attila Jun, Le Roi Marke.
Raimund Nolte, Kurwenal.
Michelle Breedt, Brangäne.
Gijs van der Linden, Melot.
Sunggo Lee, Un Berger, Un Marin.
Fabien gaschy, Un Timonier.
Chœurs de l'Opéra national du Rhin.
Sandrine Abello, direction.
Orchestre philharmonique de Strasbourg.
Melanie Diener, Isolde.
Attila Jun, Le Roi Marke.
Raimund Nolte, Kurwenal.
Michelle Breedt, Brangäne.
Gijs van der Linden, Melot.
Sunggo Lee, Un Berger, Un Marin.
Fabien gaschy, Un Timonier.
Chœurs de l'Opéra national du Rhin.
Sandrine Abello, direction.
Orchestre philharmonique de Strasbourg.